Décidément, ce gosse faisait tout pour leur mettre des bâtons dans les roues; à croire qu'il était né pour ça tant il mettait du coeur à l'ouvrage à les retarder et leur compliquer la vie à outrance, avec par-dessus le marché un culot et une insolence bien peu reluisantes, surtout pour un individu de son âge et de son grade. Malgré tout, Miharu parvenait à conserver un calme souverain face à l'enquiquinant personnage qui se dressait inlassablement entre eux et leur objectif. N'avait-il donc rien de mieux à faire? Qu'il aille donc jouer aux billes sur l'autoroute, s'il avait du temps à perdre avec ce genre d'intervention pseudo-héroïque. Certes, en d'autres circonstances et contre d'autres individus, se mêler des affaires des gardes de la sorte aurait pû se révéler réellement profitable pour lui; néanmoins, ce n'était pas cette fois que l'on allait acclamer son instinct surdéveloppé, puisqu'il escomptait bien passer la méfiance agaçante de l'adolescent. Il y avait certes de quoi se montrer vigilant, surtout en connaissant les réelles identités du soi-disant petit couple, mais cela n'empêcherait pas le jeune homme de triompher de celui qui s'érigeait comme étant leur adversaire dans cette joute verbale ou les moyens argumentatifs se faisaient divers et variés. Il fallait bien avouer que les investigations puériles de ce garçons se montraient pour le moment plus qu'infructueuses, et attisaient donc d'autant la colère et la frustration des gardes vis-à-vis du fait qu'il intervienne de cette manière dans leur travail. Inéxorablement, en continuant sur cette voie, il allait finir par se faire jeter par les deux gardiens de la porte eux-même à force de les déranger de la sorte dans leur tâche. Cela partait certes probablement d'une bonne intention -encore qu'il eut pû agir de la sorte dans le but d'en retirer le mérite s'il venait à voir juste-, mais à leurs yeux, il était plus pénible qu'autre chose. Le fait que les deux braves hommes, eux, aient été totalement convaincus pesait lourdement dans la balance, qui penchait désormais plus que largement de leur côté et poussait ainsi le chuunin à se surpasser dans son entreprise s'il tenait à persister dans sa voie et à tenter de les percer à jour.

Leur couverture, aussi bâteau qu'elle soit, avait jeté suffisamment de poudre aux yeux aux gardes que pour alimenter une machine à lessiver. Tant était-il qu'il commençait à devenir sérieusement gonflant, autant pour les deux pseudo-touristes que pour ses pairs de Kumo qui semblaient commencer à nourrir une impatience incessamment croissante à son égard, les regards noirs qu'ils lui destinaient aidant à deviner cet état de faits sans difficulté, et sans que cela ne provoque grand étonnement. Il fallait dire qu'au vu de la manière dont il s'immiscait avec le plus grans sans-gêne dans l'accueil de visiteurs alors qu'il ne tenait qu'à eux de s'occuper de cela avait de quoi donner envie de lui apprendre les bonnes manières d'une façon quelque peu brutale, mais passons. S'efforçant de rester on ne peut plus serein, aussi éxubérant que soit leur interlocuteur, il réprima avec difficulté un soupir lorsqu'il leur quémanda une enième preuve sur un ton impérieux que l'on eut envie de lui renfoncer au fond de la gorge sans plus de cérémonies. Cette expression de sa lassitude totale tuée dans l'oeuf le poussa à tousser grassement, en profitant ensuite pour rajuster son bob. L'envie de faire bas les masques et d'entrer en force en un splendide coup d'éclat lui titillait la conscience avec insistance, comme une petite voix aguichante lui susurrant langoureusement de se laisser aller à ces penchants barbares pour faire tourner court à ce passage au crible qui lui tapait sérieusement sur les nerfs. Certes, il aurait certainement fini par appliquer promptement cette solution s'il avait été seul; néanmoins il était avec Raï, et en sus c'était pour elle qu'ils étaient venus. Autrement dit, cette perspective tombait aussitôt à l'eau, malheureusement. L'insolence de ce gamin qui se montrait bien trop hautain pour ce qu'il était mettait ses nerfs ainsi que sa patience à rude épreuve, aussi inébranlables qu'ils soient à l'accoutumée. Il en avait vu des casse-pieds, mais de tous, celui-ci décrochait plus que probablement la palme.

Soit il avait quelque chose contre les couples, soit il était vraiment frustré, mais dans un cas comme dans l'autre son acharnement atteignait des sommets, d'autant plus qu'il paraîssait totalement stéril! Vraiment... Voyager avait beau être un moyen d'épanouissement et de découverte, si c'est pour découvrir des cas sociaux du genre, autant rester au creux de ses pantoufles. Encore que les voyages forment la jeunesse comme l'on dit, mais en ce cas c'est ce charmant bambin qui en aurait bien besoin. Mais cessons donc de parler de lui pour en revenir à Miharu qui, une fois de plus, se retrouvait à devoir échafauder une réplique qui, ce coup-ci, devrait lui permettre de dominer incontestablement cet empêcheur de tourner en rond. Il en avait plus qu'assez de rester à piétiner devant cette porte après laquelle se trouvait leur objectif, et qui plus est, Raï devait voir cette personne au plus vite, aussi comptait-il bien accélérer les choses autant que faire se peut pour elle.Il craignait cependant également qu'elle en vienne à craquer tellement le fait d'être si proche du but et de se retrouver cloué devant sans pouvoir l'attendre pendant des secondes qui deviennent des heures sous le coup de la frénésie pouvait être frustrant dans sa situation. Résultat des courses : au plus vite, au mieux! Cependant, alors qu'il s'affairait mentalement à mettre sur pieds une réponse visant à clouer le bec au morveux, Raï dénonca la vérité sur la raison de leur visite, coupant son élan mensonger. Il serra légèrement les dents sur le coup, estimant que c'était loin d'être la meilleure chose à faire dans la moindre mesure où elle leur révelait par prolongement qu'ils avaient cherché à les duper. Néanmoins, il ne comprenait que trop bien le fait que la native de Suna ne puisse pas attendre plus longtemps, aussi ne lui en tint-il pas rigueur par après. Il se tenait toutefois près au combat désormais, craignant que cet aveu ne provoque quelques tensions belliqueuses. Il ne prit pas la peine de renchérir quoi que ce soit après qu'elle se soit jetée à l'eau; tout était dit, restait à voir comment la situation allait tourner, mais ils allaient possiblement se retrouver en fâcheuse posture et cela n'aidait en rien.

Les mains dans les poches, il entreprit de gliser un kunaï entre chacun de ses doigts avec discrétion, s'armant sans que ses vis-à-vis ne puissent le voir et prenant ainsi une longuer d'avance dans le cadre de cette confrontation. Il se contentait d'arborer un demi-sourire affecté par la tournure que prenaient les événements, le fait d'en découdre semblant se montrer soudainement bien plus envisageable, et il n'avait d'autre option que de s'y tenir prêt et de rester concentré afin de parer à toute éventualité. Le souffle entêtant d'une brise statique venait cingler le visage de Miharu de sa fraîcheur montagnarde. L'air contrit, il fixa à tour de rôle les deux gardes, puis enfin Shigeki, qui au final était à demi parvenu à ses fins. Seulement, il ignorait encore la vérité sur leur condition de couple ainsi que sur leurs réelles identités, même si la possibilité qu'il le découvre dans les moments à venir n'était pas improbable. Sur ses gardes, l'opalin resserra ses doigts sur les armes masquées au creux de ses poches, un souffle de chaos s'élevant alentours... Qu'allait-il donc bien pouvoir se produire? Les dés étaient jetés.