Retrouvailles pour le moins fracassantes [Miharu]

$Retrouvailles pour le moins fracassantes [Miharu] Alina$ Trois ans. Cela faisait trois ans que j'avais été capturée par cet idiot de Suna, qui avait eut une telle chance que j'avais fini par croire que la vie était profondément injuste. Il était venu jusque sur mon territoire et s'était fourré dans le pétrin tout seul, osant m'affronter en un tête à tête exquis. Je n'avais pas eut énormément d'efforts à faire pour lui faire mordre la poussière, mais le destin s'en était ensuite mêlé pour me faire perdre connaissance à cause des restes récalcitrants d'un quelconque jutsu. Genjutsu qui m'avait privée de tous mes souvenirs, desquels je cherchais encore à me défaire en ce jour saint. Cela faisait trois ans jour pour jour que je m'étais échappée de Suna, et que j'avais ressenti la caresse brulante du soleil sur ma chair meurtrie. Mes yeux parcouraient avidement l'étendue toute entière du désert tandis que je laissais mon empreinte rectiligne en son sein. De fines gouttelettes de sueur perlaient sur ma peau de pêche, laissant de fins sillons salés laisser une trace de leur passage. Mon corps n'était pas habitué à un tel climat aride, me donnant l'impression d'être enfermée dans un four. Fournaise insupportable, et pourtant je tins bon. L'entrainement que je me forçais à subir régulièrement portait ses fruits, je ne ressentais que bien peu de fatigue compte tenu du voyage que je venais d'effectuer. Je m'étais enfuie de Kumo sur un coup de tête, profitant du temps libre dont je disposais pour venir enrichir en ce vaste monde mes maigres capacités en Ninjutsu. En plus d'une sacrée torture mentale, mais j'en avais grandement besoin pour évacuer les souvenirs qui me hantaient la nuit depuis des mois. Si par un quelconque hasard je venais à croiser cet Akira Kenjiro, je comptais bien ne laisser que sa carcasse en démonstration de ma fureur envers Suna.

Masque de Raïu couvrant mon visage, j'arrivai enfin à destination. L'Oasis des Vestiges, un endroit réputé dangereux. Parfait pour mon entrainement, et j'espérais tout au fond de moi croiser un shinobi pour me passer les nerfs dessus. Mais les environs étaient dénués d'âme... D'un geste las, je me dirigeais vers une oasis, véritable. J'avais entendu dire que nombreux étaient ceux à se faire avoir par des hallucinations lancées par la nature, mais il allait me falloir un peu plus que ça afin de me berner. Le Genjutsu était probablement responsable d'une telle aise, mais j'étais conscience que la fatigue pouvait tout aussi bien me faire voir des petits lutins m'attirant dans un gouffre -gouffre, véritable, qui aurait tôt fait de mettre fin à mes jours-. Une fois à l'ombre, j'ôtai le plus gros de mes vêtements, ne conservant qu'un débardeur très léger couleur sable, ainsi qu'un short du même genre afin de ne pas être gênée dans mes mouvements. Simplement, je conservais mon masque sur le visage. Je préférais ne pas être reconnue par les habitants de Suna, même si j'avais bien des chances d'attirer l'attention, et de m'être fourrée de mon plein gré dans la gueule du loup. Quoi qu'il pouvait m'arriver, j'étais décidée à en assumer les conséquences. Il ne s'était rien passé de bien extravagant depuis ma capture, rien qui ne pouvait faire autant monter la température de mon corps que lors de cette dernière. Je conservais un souvenir amer des geôles du village du sable, et je venais me pavaner pas si loin d'elles. A croire que j'étais un semblant masochiste sur les bords... Ou bien totalement inconsciente. Ou alors n'avais-je besoin que de me ressourcer en venant affronter mes propres démons. J'avais laissé Koma seul, il était grand de toute manière, et bien assez mature pour s'occuper de lui. Et de Tilika aussi, tant qu'à faire. Petite peste au fond, mais qui avait de fortes chances de devenir très dangereuse en terme de puissance plus tard. Et j'espérais qu'à cet instant, je serais encore en vie afin de l'affronter.

Debout au milieu de rien, je fixais l'horizon de mes yeux gris. Peu à peu, de petits éclairs vinrent courir sur ma peau, me transformant rapidement en une véritable anguille électrique. A me voir ainsi, on pouvait rapidement penser que j'allais lancer une attaque dévastatrice dans le vent, mais il n'en était rien. Je n'avais qu'une faible maitrise du Raiton, acquis depuis peu. La foudre m'avait toujours effrayée, et je tentais de vaincre cette phobie en prenant le taureau par les cornes, et assimiler son fonctionnement. J'allais la faire mienne, à la sueur de mon front. Maitriser cet élément si complexe, mais terriblement destructeur. Et aussi une nouvelle manière de me battre histoire d'avoir un éventail plus large en cas de problèmes. Je tâchai de conserver le plus longtemps possible mon état, mais je peinais grandement. Finalement, au bout d'une ou deux minutes, je relâchai le tout. Je ne maitrisais encore aucune technique, mais j'étais confiance, cela finirait par arriver tôt ou tard. Pour le moment, je ne voulais que la maitrise du ninjutsu tout court, et voir pour le reste à l'instant venu. Le souffle court, je me courbai en avant, posant mes paumes sur mes genoux pour récupérer un semblant de respiration normale. Puis je me redressai, et réitérai l'exercice. En règles générales, je tenais bien plus de temps que cela. Mais les conditions étaient extrêmes, ce qui j'espérais allaient me permettre de m'améliorer de manière exponentielle. Je ne tins qu'une ou deux dizaines de seconde, ce qui me frustra purement et simplement. Dans un état de rage, je me mis à hurler dans le vent à plein poumons, quasiment certaine que personne n'aurait le loisir d'entendre ma poésie clamée à voix haute. "BORDELLLLLLLLLLLLL !" Et je mis un coup de pied rageur dans le premier palmier venu. Qui émit un craquement sinistre. Et qui tomba. Dame Nature n'avait pas grandement travaillé sur ces modèles-ci, qui me laissa dans la plus grande perplexité face à l'arbre tout juste mort, les bras ballants.

Quand t'es dans le désert, depuis trop longtemps...

Ce refrain était plus prononcé pour se donner contenance que par réel goût pour la chanson. Pousser la chansonnette sans raison valable ni en souffrant d'un état alcoolisé plus qu'avancé n'était pas dans ses habitudes. Mais pour conserver sa raison où ce qu'il en restait sous le soleil de plomb qu'abattait le désert sur ses épaules, on ne pouvait pas dire que les solutions soient légions. Depuis son exil de la nation du feu, les péripéties s'étaient enchaînés, partie intégrante elles aussi de cette musculature abrupte que celui qui fut Hokage s'était forgée. Mais comme tout, elles eurent une destination finale, un achèvement. Celui-ci fut l'édification d'un établissement en plein village du sable. Pourquoi celui-ci ? L'intéressé n'en avait pas la moindre idée, et ce sans nul doute parce qu'aucune raison n'était à donner. C'était là que ses pas l'avaient mené, aussi s'y était-il installé sans se poser plus de questions pour y faire fortune par l'intermédiaire des affaires. Voyant que les commerces étant à sa portée n'étaient que fort peu nombreux, son choix n'avait guère tardé à se rabattre sur la création d'un bar où se mêlaient alcools très souvent exotiques et jeux de hasard laissant repartir une bonne portion des clients sans un sou chaque jour. Une recette simple mais néanmoins révolutionnaire pour le peuple des sables, à en juger par les gains accumulés chaque jour grâce à cet emploi qu'il s'était octroyé par ses propres moyens. C'était un pari risqué mais tout semblait vouloir lui dire qu'il avait misé sur le bon cheval en s'en remettant à cette soudaine lubie.

Et il ne s'y était pas trompé, puisque les lieux n'en désemplissaient plus de jour comme de nuit, au point d'en malmener ses rares heures de sommeil par l'élargissement de celles d'ouverture de son établissement. Un compromis comme il faut parfois en faire lorsque l'on a a cœur de réussir. Ce choix étant le meilleur pour s'assurer une situation stable, le sacrifice de son sommeil n'était pas une grande perte, si cela pouvait préserver sa clientèle et même la galvaniser. Et tout aurait pu continuer ainsi jusqu'à ce que la taverne tombe en ruine après avoir animé les soirées de bon nombre de villageois n'ayant jamais été aussi épanouis que depuis son ouverture. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et à l'évidence celle de sa prospérité était pour le moins prématurée. En voulant bien faire, il en vint à jeter dehors comme un malpropre un haut gradé sans même le savoir, ne cherchant qu'à parer au grabuge qu'ourdissait le trouble-fête. Sitôt son ivresse passée, le shinobi en question ne manqua pas d'aller cracher son venin sur le tenancier dans le but avoué de faire fermer son commerce, en guise de punition pour son outrageuse conduite. Et cela ne manqua pas, son influence étant grande auprès des autorités locales. Retour au point de départ... Et ce, en vivotant comme faire se peut dans un campement établi non loin des fortifications de Suna, ruminant ce catastrophique épisode tout en méditant à la meilleure façon de prendre sa revanche sur ce sagouin.

Mais plus que cela, savoir de quoi seraient faits ses lendemains était indispensable s'il voulait éviter de renouer avec un quotidien de sans domicile fixe vagabondant sans but à travers un monde pour qui il n'était, désormais, plus qu'un illustre inconnu. Conséquence directe du déni de son ancienne identité, celle qu'il avait abandonnée de même que son poste en quittant la feuille et ses troupes sans un mot. Dès lors, que faire ? Sans attache ni projet précis, il ne pouvait targuer avoir prévu quoi que ce soit... Mais une certitude était faite, celle qu'il ne remettrait pas de sitôt les pieds dans un village caché, encore moins après avoir été expulsé du dernier visité comme un malpropre. Et c'est alors qu'il en revenait une fois de plus à cette conviction qu'un bruit assourdissant le tira de sa torpeur et lui fit quitter son gite de fortune. L'ouïe fine et l'oreille tendue, localiser la provenance de ce son cacophonique ne lui demanda qu'un instant, de même que s'en approcher à pas de loups. La chance voulut rétablir un juste équilibre et le fit arriver dans le dos de la responsable. L'état lamentable de la maigre végétation située sous ses yeux lui fit aussitôt comprendre de quoi il en retournait. Les pans de sa veste claquèrent au vent tandis qu'il l'alpaguait sourire aux lèvres, à la fois préoccupé par l'identité de cette demoiselle – les formes ne trompaient pas – et soulagé de ne pas être seul au milieu de ces étendues trop chaudes à son goût.

Toi au moins, on peut pas te reprocher d'être écolo...

Le disant plus pour lui-même que pour être entendu, Miharu esquissa un sourire en coin qui disparut aussi vite qu'il était venu. N'ayant pas réellement mesuré le volume de sa voix tandis qu'il proférait ces paroles, il aurait été bien incapable de savoir si la destinataire de ces mots les avait effectivement reçus où s'ils étaient restés sa propriété exclusive. Qu'importe. N'attendant aucune réaction de sa part, estimant que cette question obtiendrait réponse tôt ou tard, ses pas lui firent escalader les quelques dunes qui les séparaient encore pour parvenir à sa hauteur en à peine quelques secondes - qui furent toutefois plus que suffisantes pour s'exclamer et jurer en remarquant la pénitence qu'était les grains de sable s'incrustant dans tous les interstices possibles et imaginables des bottes qu'il portait aux pieds. Un calvaire, sans doute son plus grand problème de ces derniers jours, presque aussi exubérant qu'avait pu l'être le sale type à l'origine de son exclusion. Mais ces maux lui semblaient bien loin maintenant qu'il n'était plus seul dans sa galère, quand bien même cette jeune femme avait toutes les chances d'être pour sa part ici de son plein gré. Ses raisons demeuraient un mystère, mais il comptait bien le percer à jour une fois la conversation engagée, si tant est que sa réaction s'y prêtait.

Je peux savoir ce qu'un canon dans ton genre fabrique à démolir des palmiers en plein désert ?

$Retrouvailles pour le moins fracassantes [Miharu] Alina$ Les yeux rivés sur l'arbre ayant chu, je tentais de canaliser la frustration et la colère qui n'avaient que de cesse de m'asticoter. Une brute, je n'étais qu'une grosse brute. J'en étais consciente, et d'autant plus agacée de pouvoir décaniller des objets de la nature de la sorte et ne pas être capable de conserver un semblant d'électricité sur mon corps. Ma maitrise du chakra était absolument désastreuse lorsqu'il s'agissait du ninjutsu, alors que je parvenais à influer sur l'esprit même de mon adversaire lorsque je me décidais à attaquer grâce à l'art des illusions. La sang martelait mes tempes dans un tempo foutrement désagréable, et je m'apprêtai à refrapper le bout de bois lorsqu'une voix parvint à mes oreilles. Laissant mes bras retomber de chaque coté de mon corps, et reposant mon pied à terre, je me tournai dans une lenteur atroce, jusqu'à me retrouver face à l'individu qui était venu me déranger en pleine explosion. Une fois de plus, je m'étais menée seule dans l'erreur. Quelqu'un avait été là pour assister à mon débordement de colère, et le masque présent sur mon visage devait donc avoir perdu toute crédibilité. Prenant une profonde inspiration pour éviter de me mettre à hurler sur l'instant, je lui répondis d'une voix si froide que la température du désert dû baisser de quelques degrés sur l'instant.

"Tu préfèrerais peut-être que je te démolisse toi plutôt que quelques arbres à la con...?"

Histoire d'illustrer mes propos, je me remis à l'exercice exécuté une poignée de secondes auparavant, espérant qu'avoir un spectateur m'aiderait à tenir la distance. Et donc à m'améliorer de manière exponentielle, après tout on m'avait toujours dit qu'un combat réel valait au moins cent entrainements. Le courant se remit à vibrer doucement sur ma peau, laissant ouïr quelques petits crépitements dans l'atmosphère brulante du désert. Je fixai l'inconnu d'un regard hostile, et même s'il ne pouvait voir mes yeux à travers les fentes du mon masque à cette distance, il ne manquerait pas de sentir qu'il n'était pas le bienvenu. Encore que je ne voyais pas de bandeau de Suna orner une quelconque partie de son corps, mais prudence était mère de sureté. Le raiton se maintint l'espace d'une vingtaine de secondes, mais pas plus, me coupant les vivres presque immédiatement. Niveau crédibilité, je venais de tout perdre, ce qui me fit pousser un juron. Je haïssais véritablement le fait de me sentir faible, notamment là avec ma maitrise plus que médiocre du Ninjutsu. Je possédais bien d'autres cordes à mon arc, mais si il m'arrivait un jour de tomber sur un type insensible aux deux arts que je maitrisais, j'avais de fortes chances d'y passer. Et j'espérai fortement que l'individu ne faisait pas parti de cette catégorie, et si tel était le cas, qu'il n'était pas venu dans le seul but de se défouler sur un shinobi de village différent du sien. Surtout dans le désert, sans âme -ou presque- qui vive.

"Qu'est ce que tu me veux, hein ?!", le gourmandai-je avec toute la haine respective que je portais aux habitants du Pays du Vent. Je brandis un poing menaçant vers l'inconnu, commençant à entamer un pas vers lui. Une bague scintilla, la seule que portais, glissée autour de mon majeur droit. Un bijou qui avait une signification toute particulière pour moi, un souvenir de l'homme qui m'avait tiré des griffes de ce village et m'avais permis de me retrouver à Kumo. Je lui devais certainement une reconnaissance éternelle, mais jamais je n'eus l'occasion de le revoir après cet épisode. Soudain, je me sentis faillir. Ma vision se troubla, mes jambes perdirent de leur force et je m'écroulais en avant, la tête dans le sable sans aucune chance de me rattraper sur mes membres supérieurs. Je perdis connaissance juste le temps de ma chute, qui me fit revenir à moi. "Putain." Mes doigts se crispèrent dans le sable, me laissant là telle une poupée de chiffon sans vie. Même si je ne m'étais pas beaucoup entrainée, ma maitrise était si faible que produire quelques simples éclairs me demandait une portion incommensurable de chakra. Plus la fatigue du voyage. En gros, j'étais épuisée. Et accessoirement dans une situation délicate, avec un manque d'énergie flagrant rien que pour l'effort de me redresser. Je dû me contenter de rouler sur le coté pour me retrouver sur le dos, et récupérer un semblant d'air. Les bras en croix, j'attendis, espérant que l'autre partirait sans demander son reste. Ou alors qu'il n'était pas à compter comme un ennemi, mais vu comment je l'avais accueilli, il y avait peu de chance qu'il se montre clément à mon égard.

Merci, ça ira. Je sais que le look de bagarreur ça plait aux gonzesses mais je m'en passerai.

Plongeant la main dans le revers de son manteau écarlate, Miharu en tira un paquet de cigarettes d'une marque locale plus que répandue dans les environs. Sans plus attendre, il prit l'une de celles qui s'y trouvaient avant de la porter à ses lèvres, tout en songeant qu'il serait bientôt à court et devrait envisager d'en acheter s'il ne voulait pas avoir de mauvaise surprise. Un vice pris avec l'âge et l'expérience. Les gens avec qui il frayait depuis sa désertion n'avaient pas toujours été des plus recommandables, surtout dans le cadre de son précédent travail. Or, comme le veut le bien connu cliché, les truands et autres hommes vivant en marge de toute légalité sont de grands consommateurs de tabacs sous toutes ses formes, ou d'autres produits se fumant par défaut... Aussi s'y était-il mis, tant en étant entrainé par l'effet de masse que pour s'éviter une mort prématurée. Bien que ce soit d'une idiotie sans bornes, il était scientifiquement prouvé que fumer soi-même était moins dangereux que de s'emplir continuellement les bronches de la nicotine d'autrui. Soignant le mal par le mal, il s'y était donc adonné à son tour et n'avait pas décroché depuis. Dans un sens, ce n'était pas plus mal : cela ne faisait que le rendre plus viril, plus mature, le distinguant clairement de son côté androgyne d'antan. Tout ce qui le caractérisait alors qu'il officiait en tant qu'Hokage ou même avant n'était plus que souvenir, disparu dans les cendres en même temps que son bandeau frontal lorsqu'il avait brûlé celui-ci. C'était son premier feu de camp, le soir où il avait bâti un campement de fortune dans la forêt du feu après avoir quitté les lieux pour ne jamais y revenir. En aucun cas il ne rebrousserait chemin, sinon pieds et poings liés et pour y être jugé et condamné comme tout homme rendu coupable d'une faute semblable. Celle d'avoir abandonné son village et les siens sans regrets ni intention de réparer sa faute un jour. Ce ne serait qu'un juste châtiment... Mais encore faudrait-il l'attraper pour ça, et nul doute qu'en sa qualité de déserteur, il vendrait chèrement sa peau.

Mais plutôt que de savoir combien de pauvres âmes seraient sacrifiées dans la traque inéluctablement lancée à son encontre tôt ou tard, il était plus utile de se pencher sur le cas de cette intrigante guerrière. Ce n'était pas tous les jours qu'on tombait nez à masque avec une demoiselle en plein désert, le fait qu'elle menace d'attenter à votre vie n'étant qu'une option accessoire. Un panache grisâtre dansant autour de son visage, l'ex-barman la toisa de toute la hauteur de sa placidité, transparaissant dans la limpidité de ses prunelles d'azur. Si elle se voulait intimidante, ce n'était pas moins qu'un échec cuisant. Elle n'était ni la première, ni la dernière à proférer des menaces de mort à son égard, et on ne pouvait certainement pas dire non plus qu'elle soit la meilleure pour cela. Cela faisait bien longtemps que l'albinos avait pris l'habitude de passer outre ces répliques supposées le pétrifier sans coup férir, s'en amusant là ou d'autres se seraient laissés consterner – à moins que l'effet désiré ne se soit mis en place, les paralysant d'une terreur sans nom. Mais à en voir la prestation peu convaincante qu'elle venait de lui laisser voir, il ne pouvait que douter que quiconque se laisse impressionner par elle, quand bien même elle s'avérait être une destructrice d'arbres du désert dans toute sa splendeur. Ce qui, soit dit en passant, n'était pas une fierté ; la végétation locale était déjà assez pauvre que pour l'affaiblir davantage comme cette intruse venait de le faire sans vergogne. Esquissant un sourire, il tira une bouffée de son poison cancérigène favori, plus moqueur qu'il ne l'aurait voulu à la voir pester contre ses efforts incessamment ruinés par une maladresse plus attendrissante que lamentable.

C'est plus ce que c'était l'académie, quand j'y allais on maitrisait ça en claquant des doigts... commenta-t-il, provocateur.

La rage était un rare moteur de motivation, et il savait que c'était le meilleur moyen de l'aider à arriver à ses fins par ce quolibet on ne peut plus rabaissant. Certes, ce type d'assistance incluait de fortes chances de prendre quelques dommages collatéraux en pleine figure et d'y gagner quelques plaies et bosses. Mais c'était un maigre prix à payer si cela pouvait aider cette charmante demoiselle à la féminité verbale discutable à maitriser cette foudre qu'elle peinait tant à soumettre. Il aurait pu se faire professeur, et même être de bon conseil peut-être s'il l'avait voulu, mais se placer en spectateur et se contenter de critiquer vertement son impuissance était indéniablement tout aussi efficace, bien que dans un registre différent... Et surtout bien plus réjouissant. Mais alors qu'il rouvrait les yeux, les ayant clos une demi-seconde pour mieux profiter de la fumée qu'il respirait à pleins poumons, son attention se fixa sur la rutilance de l'anneau d'or cerclant le doigt de cette brute épaisse aux formes généreuses. C'était une alliance, mais pas n'importe laquelle. Un bijou qu'il ne connaissait que trop bien, et pour cause, il l'avait lui-même passé à ce doigts quelques années plus tôt. Figé par cette révélation qui eut tôt fait de faire tomber sa cigarette de sa bouche, il lui fallut plusieurs poignées de secondes pour reprendre pied avec la réalité et ainsi constater la chute de son interlocutrice – trop tard pour voler à son secours et la rattraper, comme il l'avait également déjà fait par le passé. Que de souvenirs. Mais si c'était bien elle, que faisait-elle ici ? Pourquoi maintenant ? Les questions se bousculaient, ce qui ne les empêchait pas de rester sans réponses.

S'accroupissant à ses côtés, l'ancien ANBU n'eut pas le moindre geste à faire pour qu'elle vienne à lui, roulant de côté jusqu'à être à moins d'une dizaine de centimètres de sa position. Fort de cette proximité nouvelle, sa réaction se résuma au geste on ne peut plus banal de retirer ce qui lui cachait le visage de cette vieille connaissance, à savoir ce masque inexpressif qu'il avait lui-même porté à une lointaine époque. Et cet acte eut tôt fait de lui apprendre la vérité, à savoir qu'il avait visé juste et que sa mémoire ne l'avait pas trompé. S'ils avaient gagné en maturité, ces traits étaient bien ceux qu'il avait imaginé derrière ce rempart immaculé qu'il tenait désormais entre ses doigts, interdit. La couleur de ses pupilles n'était plus la même mais cela n'en changeait pas pour autant son identité ; à moins qu'il ne soit face à un cas de gémellité frappante, c'était elle. Ilyena Raï. L'amnésique qu'il avait escortée jusqu'au cœur de Kumo pour mieux la faire passer pour son épouse, d'où le présent porté à la main qu'elle avait brandie. Sans cela, jamais il ne se serait douté un seul instant de qui elle pouvait être et s'en serait éperdument moqué, mais cette découverte changeait radicalement la donne. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres ; si elle ne l'avait pas reconnu dans un premier temps, voir le bleu métallique intense de ses yeux ne pourrait que lui rafraichir la mémoire. Les doigts audacieusement glissés entre les siens après avoir joint leurs mains, il s'autorisa une réplique qui ne pourrait que l'aider à se remémorer cet épisode riche en péripéties.

Allons ma chérie, on t'a jamais dit que les disputes conjugales étaient sévèrement punies par la loi ?

$Retrouvailles pour le moins fracassantes [Miharu] Alina$ Je resongeais aux dires de l'homme avec une certaine amertume. L'académie, je n'avais jamais vraiment eu l'occasion d'y aller. Juste pour passer mon diplôme, en connaître les bases, et c'était fini. Après je fus donnée à cet homme, malotru qui ne voulait pas que sa femme devienne forte. Une femme doit rester une femme, disait-il sans la moindre ironie, et conserver sa place au sein du foyer sans ne jamais prendre part dans la société. Soumise et faible que j'étais, je n'avais guère eut le choix de m'y plier. Si cela n'avait tenu qu'à lui, il aurait probablement fait annulé mon ascension au grade de génin, pour me renvoyer au simple rang de civil. Mais fort heureusement, mes tuteurs s'y étaient tout bonnement opposés, désirant avant tout garder une trace shinobi dans mon regard. Alors j'effectuais quelques missions sans intérêts, et ne progressait pas beaucoup avec le peu d'entrainement que ce salopard me laissait effectuer. J'avais bien faillit mourir un jour, lors d'une mission de rang supérieure par un manque cruel de connaissances techniques. Et aussi sous ses coups, mais cela en était une toute autre histoire. Des années s'étaient écoulés avant que je ne devienne une chuunin, faiblarde et limite montrée du doigt par les enfants de mon quartier. Regardez-là, clamaient leurs parents sans le moindre tact, si vous ne travaillez pas bien vous aurez l'air aussi misérable qu'elle. Je savais que ma condition n'était pas normale, et je m'y étais faite. Une chose me faisait encore tenir à cette époque, ma fille. Enfant dont j'ignorais quelle avait été sa destinée après ma perte de mémoire, et que je n'avais toujours pas eut l'occasion de retrouver. Je mettais du cœur à la protéger de son assassin de père qui se complaisait à se passer les nerfs sur nous deux lorsqu'il avait bu un coup de trop. Et personne n'intervenait, pour une raison que j'ignore encore aujourd'hui.

Je sentais la caresse du soleil sur mes bras, me brulant à moitié. Je ne savais combien de temps j'allais me retrouver dans cette situation de faiblesse absolument, mais j'espérais fortement que mon "ravisseur" aurait tôt fait de s'en aller. Au pire, j'allais finir par attraper une insolation, mais rien de plus. Mais lorsque je me retournais, une présence était déjà là, tapie, prête à me bondir dessus afin de m'arracher la gorge d'un simple coup de dent. A défaut de m'égorger, l'homme ôta le masque recouvrant mon visage afin de dévoiler au grand jour mes traits. Inutile de faire une description de l'air que je pris à cet instant précis, mais il n'avait rien de jovial. Bien au contraire, je semblais être au bord de lui sauter dessus pour l'étrangler. Je voulais sentir son cou sous mes doigts, griffes acérées tout juste affutées afin de faire gicler l'hémoglobine, et sentir les derniers tressaillements de vie s'échapper en mon étreinte mortelle. Je fixai mes yeux dans les siens, réfléchissant à toute allure quant à la manière de m'enfuir d'un tel merdier. Enfin, du moins me remettre sur mes pieds et récupérer du même fait toute la dignité dont j'étais habituellement parée. Là, elle était plus bas que terre, et ma fierté piétinée sous les pas de cet inconnu. Il avait vu mon visage, et j'osais espérer que ma situation était bien comme celle décrite trois ans auparavant. Tuée par ce connard de Kenjiro, et non pas recherchée par tous les Oï-nins du village du Sable. Autrement, ramener mon corps n'allait pas être une tâche bien difficile dans l'état actuel des choses. Et récupérer une bonne prime, probablement. Ou pas.

S'en était trop. Son geste, puis ses paroles. Il voulait certainement parler de la bague que j'avais remis à ma main, et avait de ce fait un sacré culot. Curieusement, je sentis une petite partie de mes forces me revenir sur l'instant même. Un fin sourire vint ourler mes lèvres, plissant légèrement les commissures de mes lèvres. Rictus sans joie, simplement annonciateur de la tempête. Plongeant mon regard au fin fond de ses prunelles, je tâchai de lui envoyer un genjutsu en rassemblant le peu de chakra résidant encore dans mon corps. Je voulais ralentir un peu sa perception du temps, juste de quelques secondes afin qu'il ne voit pas venir ce que je lui réservais. Une fois chose faite, je balançai mon pied gauche dans les airs en me glissant brusquement sur l'épaule droite tout en reculant légèrement, le cueillant tout juste à la tempe de mon pied lancé à pleine puissance -du moins, du mieux que je pouvais faire en cet instant précis, mais suffisamment pour lui faire voir quelques chandelles-. La colère, tout comme la peur, me donnait des ailes. En moins de temps qu'il le fallait pour le dire, j'étais déjà debout, à cracher contre mon assaillant soudain. "Tu te prends pour qui connard ?! Ne me retouche plus jamais !" Je faillis rajouter "sinon je te tue", mais je m'en abstins. Balancer comme ça des menaces de mort à autrui n'était plus dans mes cordes, surtout en territoire ennemi, et sans ne connaître du tout le niveau de l'homme qui me faisait face. Je rabattis mon bras droit sur ma poitrine, comme une sorte de protection aléatoire. J'ignorais quels étaient ses intentions, mais un frisson m'en parcourait déjà l'échine. "Et pour ta gouverne, on ne m'a jamais vraiment laissée m'entrainer à ma guise, à l'académie." D'où mes lacunes. Il avait du se rendre compte que je me servais du Genjutsu, sans n'en savoir mon niveau propre, et aussi du taijutsu, de manière bien plus précise par contre cette fois-ci puisque, lors de son arrivée, je venais de coucher un arbre à la force seule de mon pied.

Je fis quelques pas en arrière, visant à mettre le plus de distance possible entre l'homme et ma personne. Du moins suffisamment pour me laisser le temps de parer une éventuelle attaque, puis contre-attaquer dans l'immédiat. "Tu vas me répondre bordel ?! Tu me veux quoi, hein ? Et t'es qui putain ?" Au fond, il avait habilement éviter le sujet. Et moi, je ne cessai d'être grossière sous le coup de la haine. Il n'y avait pas d'oreille d'enfant aux environs pour m'entendre parler de la sorte, alors à mes yeux je pouvais me laisser aller comme bon me semblait. D'autant plus que je ne mesurais plus vraiment la force de mes paroles, ne désirant qu'avoir un semblant de réponse avant tout.