Une odeur nauséabonde qu'elle ne percevait presque plus à force d'en être entourée flottait dans l'air tout autour de la petite Tilika, tandis qu'elle baignait dans la boue mêlée de sang qui faisait office de sol en ce lieu de totale désolation. Totale? Non: une faible lueur d'espoir brillait au centre de la scène macabre, une vie, une petite flamme qui brillait encore faiblement malgré l'aura de mort qui l'entourait. Cette fois, tous n'avaient pas péri.

*Maman...*

Serrant de toutes ses maigres petites forces le corps inerte de sa mère, une toute petite fille, dissimulée par le corps de la jeune femme qu'elle serrait dans ses bras, bougeait encore. Elle n'avait pas été blessée, par le miracle d'un amour maternel à toute épreuve et l'inattention d'un assassin trop occupé à fouiller ses victimes pour en tirer quelque argent. Sa mère s'était sacrifiée pour elle, mais à présent, la môme était seule, au milieu d'un nulle part inquiétant, effrayant, traumatisant. Elle avait lutté, longtemps, contre le froid et la faim qui l'envahissaient au fil des heures, sous cette pluie glacée qui ne cessait de tomber, puis, avait lâché prise, faute de forces pour encore se battre.

Son destin ne semblait pourtant pas être celui-là, ni son heure venue, car peu après qu'elle sombra dans l'inconscience, un jeune homme l'avait aperçue et s'était approché, puis l'avait emmenée au village le plus proche: Kumo. Elle ignorait que sa vie n'était plus en danger, et qu'un être l'avait prise en pitié, sous son aile. Perdue bien loin de là, dans un autre univers, la petite fille traduisait chaque impression physique de son petit corps meurtri en événements dans ses songes... Une main sur son visage... Quelqu'un penché au-dessus d'elle, une personne douce et bien intentionnée...

*Maman... me laisse pas... Emmène-moi avec toi!!!*

Comme pour exaucer sa prière, l'oinin la souleva dans ses bras, après avoir délicatement mais fermement fait relâcher l'emprise des petites menottes sur les vêtements de sa défunte mère... Et dans son rêve, Tilika se vit dans les bras de sa maman, après l'avoir retenue de toutes ses forces pour ne pas qu'elle parte sans elle. Et jusqu'à Kumo, elle fut sage, calmée, rassurée, dans ces bras qui l'emportaient pourtant loin de celle dans les bras de qui elle s'imaginait être... La déposer sur un lit pour qu'un médecin puisse l'ausculter fut, en revanche, une autre paire de manches. Elle s'agita à nouveau, se retenant au vêtement de son sauveur, jusqu'à ce qu'on l'oblige à lâcher prise. il fallait qu'on puisse la soigner, la nourrir, la laver, lui mettre une tenue sèche et propre, et tout cela, dans les bras du jeune homme, c'aurait été bien difficile.

Ouvrant faiblement les yeux, l'enfant les referma presque aussitôt, aveuglée par une étrange lumière, blanche, froide, presque plus inquiétante que l'obscurité dans laquelle elle se souvenait avoir perdu connaissance. Son songe avait pris fin, trop brutalement, et l'inquiétude l'envahit à nouveau. Certes, elle sentait une douce chaleur l'entourer, bien plus agréable que la boue froide et gluante dans laquelle elle se trouvait peu avant, mais... Il lui manquait quelque chose, une présence... sa mère.

*Maman! Où es-tu?*

Malgré son état d'affaiblissement, le petit bout de chou se débattait, repoussait l'infirmière qui tentait de lui ôter ses haillons et de la laver un minimum pendant qu'un médecin préparait son petit matériel pour ausculter l'enfant. Elle avait de la ressource, de la volonté, cette gamine! Etrangement, pourtant, alors qu'elle s'agitait, se redressait pour se mettre assise et se forçait à garder les yeux ouverts pour voir et comprendre ce qui se passait, ce qui l'entourait, pas un son n'émana d'elle. Pas une seule syllabe, ni même un gémissement ou un cri, rien. Même lorsqu'elle ouvrit la bouche pour exprimer sa stupeur face au changement radical de paysage et d'ambiance et tous ces visages inconnus - dont un masqué - aucun son n'en sortit, comme si elle ne possédait tout simplement pas de cordes vocales. La gosse était muette. Peut-être même sourde; à ce stade, personne ici ne pouvait encore en juger...

*Où je suis? Où est maman? Qui sont... tous ces gens?*

Elle déglutit et recula, manquant de tomber de la table médicale sur laquelle on l'avait installée. Elle tremblait. Elle avait peur.

Le wakizashi en main, Okita se trouve un terrain dégagé pour s'habituer à la prise en main de sa nouvelle arme. Le temps passait sans que le chuunin s'en rende compte et brusquement, il réalisa :

« Mince, l'hôpital... je suis en retard. Il faut que je me dépêche. »

Le jeune homme rangea dans son fourreau la lame puis couru à toute vitesse. Arrivé près des habitations, ni une, ni deux, il bondit pour se retrouver sur le toit le plus proche. Poussant sa vitesse au maximum, il bondissait entre les maisons et bientôt il arriva sur son lieu de formation. Il passa en trombe devant l'accueil mais il eût le temps d'entendre :

« Et c'est un hôpital ici, pas une piste de course. »

Honteux, il tenta immédiatement de s'arrêter mais il oublia de prendre en compte l'entretien des sols. Un tel bâtiment était toujours aseptisé et au lieu de stopper net, il glissa sans pouvoir s'arrêter. S'il n'avait pas été aussi perturbé par l'idée d'arriver en retard, il aurait sans doute, en concentrant du chakkra dans la plante de ses pieds, réussi à interrompre son mouvement malheureusement, la panique l'empêcha de réfléchir correctement.

« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAh » Hurla-t-il au grand dam de l'hôtesse d'accueil et des quelques médecins et infirmières qui l'entendirent.

Le dallage était si propre qu'Okita glissa jusqu'à ce qu'un mur apparaisse sur sa trajectoire et dans un fracas monstrueux, il heurta la paroi.

*Oh non, quel maladroit, mon arrivée a sans doute été remarquée dans tout l'hôpital. *

Sa honte était telle qu'il envisagea de prendre la fuite en la masquant à l'aide de genjutsu. Cependant, son sens aigu des responsabilités se rebella devant une telle lâcheté. Ses parents lui avait toujours dit de faire face à ses erreurs aussi, ne bougea-til pas. Il se retourna en souriant tristement alors que la voix énervée de l'hôtesse d'accueil lui vrilla les tympans :

« Gen'ei Okita, qu'est-ce qu'il vous prend de faire des glissades dans les couloirs ? »

« Je suis navré, ce n'était pas voulu... » Balbutia le ninja la main sur le front.

Il venait de remarquer la douleur qui montait suite au choc avec le mur. Sa vision se brouillait toutes les trois secondes et il crut qui'l allait s'évanouir. L'infirmière qui jouait le rôle d'hôtesse s'en aperçu également et ses compétences professionnelles prirent immédiatement le pas sur les réprimandes qu'elle comptait encore adressé à son nouveau patient.
Elle força à l'aide de ses doigts les paupières du jeune homme à s'ouvrir en grand et elle tâta brièvement la zone du crâne qui avait heurté le mur. De son rapide examen, elle conclu qu'Okita n'avait aucune commotion cérébrale et qu'il était juste sonné. Elle l'emmena avec elle et le força à s'assoir sur une chaise pour qu'il récupère. Elle le semonça rapidement sur son inconscience mais ne s'attarda pas trop devant le regard attéré du chuunin, ses excuses incessantes et ses explications confuses.
Il s'en voulait d'avoir été aussi stupide et même alors qu'il voyait encore des étoiles, il ne pouvait s'empêcher de penser aux conséquences de son arrivée fracassante.
Après cinq minutes, l'infirmière autorisa le shinobi a se lever, à enfiler une blouse et déposer ses affaires puis elle lui expliqua que le médecin qu'il accompagnait était en charge d'une petite fille qu'un ninja étranger venait d'amener. Avant qu'il ne parte, l'hôtesse d'accueil lui signala qu'arriver en retard n'était pas un crime, cela pouvait arriver à tout le monde et qu'il n'était pas nécessaire de paniquer pour autant.

Toujours aussi honteux, il monta la tête baissée rejoindre son sensei. Il remarqua sur son passage plusieurs sourires à moitié dissimulées et même un médecin qui essayait à grande peine de camoufler son hilarité. Faisant contre mauvaise fortune, bon cœur, Okita pensa qu'au moins, son intervention avait égayé l'hôpital et cela lui remonta un peu le moral. Il préférait largement être le sujet de plaisanteries bonnes ou mauvaises pendant plusieurs semaines plutôt qu'être rejeté par le personnel médical, son clan ne lui aurait certainement pas pardonné.

Après avoir déambulé d'un pas rapide dans les couloirs, il arriva devant la porte de la chambre de la petite fille juste à temps pour entendre une voix douce lancer :

« N’ai pas peur, d’accord ? Nous ne te voulons aucun mal, la demoiselle qui est là va s’occuper de toi et te soigner. Tu es une petite fille courageuse, n’est ce pas ? »

Comme il ne reconnaissait pas la voix, il hésita un instant, s'était-il trompé de chambre ? Pourtant, le numéro était le même que celui donné par l'hôtesse. Son indécision dura une fraction de seconde, même si l'infirmière s'était trompée, il pourrait certainement se renseigner ici, surtout tilta-t-il, qu'elle avait parlé d'une petite fille. Il ouvrit doucement la porte et un coup d'œil lui permit de repérer son maître :

« Pardon pour le retard senseï, je n'ai pas vu l'heure passer ce matin. »

Son professeur de médecine lui tînt rapidement un discours sur les vertus de la ponctualité concluant son discours par une petite morale qui rappelait que les blessés ne pouvaient pas attendre. Okita écouta la diatribe sans protester puis le médecin, tandis que son élève promettait que ce retard ne se reproduirait plus, changea de sujet de conversation et désigna la petite fille assise sur le lit à sa disposition.

« Alors, qu'en penses-tu ? Elle a été ramené par ce monsieur ici présent. Apparemment, elle était dans une caravane qui a été attaquée et elle a été retrouvée serrant le cadavre d'une femme, probablement sa mère entre les bras. »

Le chuunin se concentra immédiatement sur la petite victime. Il identifia immédiatement les symptômes d'une déshydratation et d'un manque de nourriture et les énuméra d'un ton clinique à la satisfaction de son maître qui acquiésça devant la justesse du diagnostic.
Comme la pauvre fille tremblait, Okita ne chercha pas à s'approcher pour vérifier si elle n'avait pas été blessée, son collègue se serait chargé d'intervenir si jamais elle avait eût besoin de soins d'une telle nature. En temps normal, il l'aurait ausculté afin d'apprendre la méthodologie mais la détresse de la petite l'émouvait.
Le comportement du ninja étranger l'étonnait aussi. Il avait laissé échappé de la compassion, une émotion que les shinobis cachaient habituellement au plus profond d'eux. Ce choix de laisser voir une émotion humaine fit penser à Okita que certainement, il pourrait sympathiser avec l'inconnu.
Aussi afin de mettre tout le monde à l'aise, le chuunin s'agenouilla afin de mettre son visage à hauteur de celui de la petite fille et d'une voix chaleureuse il déclara :

« Je m'appelle Okita, Gen'ei Okita. Dis-moi jeune fille, aurais-tu faim et soif ? Tu peux répondre avec un simple signe de tête si tu veux. »

Il jeta un coup d'œil discret à l'infirmière qui d'un hochement lui signala qu'elle avait compris. Elle partit discrètement afin de ramener de la nourriture et de la boisson. L'attention du chuunin se fixa alors à nouveau sur la survivante de la caravane et il attendit sa réponse.

*** Parfois, la vie nous met face à des difficultés, mais il ne faut jamais baisser les bras. Et si tu tombes, il te faut te relever, courageusement; la vie ne t'en rendra que plus forte face aux prochaines épreuves. Est-ce que tu comprends? ***

Pas tout à fait, mais dans les grandes lignes, l'enfant avait compris. Elle était encore fort jeune pour ce genre de discours, mais n'était pas stupide, non plus, et saisissait le sens général de ce que tentait de lui expliquer sa mère. Faute de pouvoir parler, la petite Tilika était à l'écoute, et buvait littéralement tout ce que sa mère lui disait, lui enseignait, avec patience et tendresse. Sage et obéissante, c'était une enfant modèle et discrète dont on n'avait jamais à se plaindre. Sans doute était-ce la raison pour laquelle on l'avait laissée à sa mère alors qu'elles étaient simples esclaves... Une bouche à nourrir inutile n'aurait pas eu cette chance, mais Kazuya avait pris soin d'enseigner à sa fille, dès sa plus tendre enfance, l'art du travail ménager et une qualité indispensable dans la vie et particulièrement dans leur situation: le courage.

Hochant la tête en signe d'affirmation, Tilika sourit à sa mère. Elle ignorait encore, à ce moment-là, quelles épreuves elle aurait à traverser, mais se promit déjà de se montrer forte et courageuse face à ces dernières. Et tenir ses promesses étant une autre notion que sa mère lui avait inculquée, ces paroles concernant les épreuves que la vie mettrait devant elle lui revinrent en mémoire à cet instant précis. Elle hocha la tête, un peu timidement, à l'égard d'Okita, Loki se trouvant derrière elle, la retenant pour ne pas qu'elle bascule de la table médicale.

"Je m'appelle Okita, Gen'ei Okita. Dis-moi jeune fille, aurais-tu faim et soif ? Tu peux répondre avec un simple signe de tête si tu veux."

Gen'ei Okita. Tilika nota ce nom dans sa mémoire, tout en considérant le jeune homme accroupi face à elle. Celui qui la retenait, derrière, elle ignorait son nom. Il ne s'était pas présenté. Et de surcroît, il était masqué... Déglutissant, elle prit son courage à deux mains et tenta de réprimer les tremblements qui agitaient tout son petit corps. Elle avait peur, froid, et faim. Et sa maman, sa douce, chère et tendre maman n'était plus là... Seuls ces inconnus l'entouraient, dans cette pièce trop vivement éclairée, de cette lumière à la fois vive et pourtant, terriblement froide et angoissante.

*Maman...*

Elle baissa la tête. Du haut de ses 5 ans, elle avait bien compris ce qui s'était passé. Elle savait, au fond d'elle, qu'elle ne reverrait plus sa mère. Mais le savoir était une chose... l'accepter en était une autre. Elle ne répondit même pas à Okita ni à Loki. Se montrer forte et
ne pas baisser les bras? Facile à dire. Sa résistance avait ses limites, et aussi courageuse fut-elle, elle ne put empêcher ses larmes de couler le long de ses joues enfantines.

Se repliant sur elle-même, elle se remit à trembler, mais plus de peur ou de froid... Elle pleurait, et ses sanglots, bien que silencieux, faisait bouger ses épaules, son dos, tout son petit corps d'enfant meurtrie, non pas physiquement, mais moralement... La faim, la soif, le froid, elle s'en fichait bien... Elle venait de perdre tout ce qui lui restait au monde et qu'elle avait de plus cher: sa maman, sa seule famille, son refuge, sa complice, sa confidente. Elle était seule. Ces gens, autour, étaient peut-être gentils et bien attentionnés, mais ils n'étaient que des étrangers.

Se laissant faire par l'infirmière, elle fut lavée, changée et allongée dans un lit trop grand pour elle, après quoi on laissa rentrer Okita et Loki, qu'on avait chassés de la pièce le temps de déshabiller et de rhabiller l'enfant. Débarrassée de la boue et du sang qui la recouvraient jusqu'alors, et vêtue d'un tee-shirt d'adulte qui faisait office, pour elle, de chemise de nuit presque trop longue, Tilika pleurait toujours quand Okita et Loki revinrent auprès d'elle. L'infirmière avait apporté quelques fruits, du pain et d'autres aliments pour la faire manger et boire un peu, dont du lait et du jus de fruit, mais l'enfant avait refusé d'y toucher. Repliée sur elle-même en position foetale, elle sanglotait toujours, silencieusement, serrant ses genoux contre elle de ses bras.

*Je veux pas être forte, maman... Je veux pas que tu partes sans moi... Pourquoi tu m'as laissée? Je veux pas! R... reviens...*

Gauche. Il se trouvait maladroit et véritablement pas à sa place. Un Oi-nin n’avait absolument pas sa place ici, à essayer de consoler une enfant qui venait de se réveiller d’une tragédie. Non, sincèrement, un ninja masqué et assassin comme lui n’avait rien à faire ici…Alors pourquoi est ce que malgré tout il restait ? Une excuse, simplement, celle de savoir ce qu’il c’était passé lors de cette attaque. Une justification pour l’injustifiable. En réalité, il en avait peu à faire des brigands qui avaient attaqués la caravane de la fillette. Il avait vu tellement de personne perdre la raison à la perte d’un être cher – lui-même peut être…- alors peut être voulait il simplement aider.

C’était idiot. Un assassin, ça ne pouvait pas aider. Ça ne faisait que tuer, n’est ce pas ? Et pourtant…

Une autre personne arriva dans la pièce, lui faisant relever la tête pour dévisager l’inconnu derrière son masque blanc griffu de rouge. Il s’excusa de son retard, et s’en suivit un discours moralisateur de la part du professeur en question que Loki ne suivit pas. La fillette était plus importante que se genre de chose, et même le diagnostique de l’élève il ne l’écouta que d’une oreille alors que lui ne faisait que servir de dossier pour qu’elle ne tombe pas en arrière. Pauvre enfant. Il essayait de se mettre à sa place, ou de ne serais ce que trouver un souvenir qui pourrait l’aider à comprendre. Mais il n’avait rien de cela dans sa mémoire. Des souvenirs d’assassinat il y en avait à la pelle, de sang et de larme mais rien de semblable. Pas ce genre de perte…Sauf…Un, peut être.

Il sortie de ce genre de souvenirs lorsque le contact avec la gamine se fit tremblant. Des sanglots muets semblaient la secouer, mais une nouvelle fois, pas de mot, de cri…Avait elle perdue sa voix à cause du choc ? Ou bien avant cela…Ce qui expliquerait qu’on ne l’ai pas entendu et qu’elle ait survécu malgré tout…

L’infirmière chassa les hommes de la pièce pour s’occuper de la fillette. Il attendit en silence, se demandant toujours au fond de lu même ce qu’il attendait pour partir. Des excuses, toujours des excuses, il devait rester pour attendre l’adolescent, devait rester pour savoir ce qu’il c’était passer…Depuis quand était il si lâche ? Ce n’était pas si dur de s’avouer qu’il voulait voir l’enfant aller un peu mieux, et ne pas la quitter avec comme image, celle d’une gamine recroqueviller sur elle-même, pleurant en silence. Mais que pouvait il faire ? Il n’avait rien d’un père ou d’un frère, fils unique il ne s’est jamais occupé d’autres enfants que lui-même et avait avancé seul.

Perdu dans son univers, il n’adressa pas la parole à son compagnon d’infortune, comme si lui-même avait été muet et que ses précédentes phrases n’avaient été que mirage. Il ne voyait pas comment il pourrait aider à quoi que se soit. Et puis il commençait à se sentir coupable. Un guerrier qui se plongeait trop dans le passé, regrettait ses erreurs chaque jour en essayant de les oublier, voila ce qu’il était.

Il en était à la de son monologue mentale quand l’infirmière les réinvita à entrer. Il jeta un œil à celui nommé Okita Gen’ei en espérant que celui-ci soit plus pédagogue que lui. Il rentra après lui, son arme toujours dans le dos. Plus effrayant, on pouvait difficilement faire pire.
La fillette était peut être propre, mais elle n’était pas mieux pour autant, pleurant toujours dans sa position fœtale…Cette vision briserait le cœur du plus dure des hommes. Il se moquait de la pitié, n’en avait jamais, pour ses ennemis ou les autres. Il n’avait pas pitié d’elle, il trouvait cela trop dur pour une fillette…Seule qui plus est. Le Oi-nin s’approcha du lit, restant a plusieurs pas de celui-ci. De quoi avait elle besoin ? Sa mère n’était plus, sa famille non plus visiblement, alors qu’est ce qu’ils pouvaient lui donner qui aurait un équivalent ? Rien. La nourriture ne ramenait pas nos êtres aimés, ni l’eau, ni la propreté…Il le savait pour l’avoir vécu en partie.

Loki tourna plusieurs fois sa langue dans sa bouche, se décidant à contourner le lit pour être de l’autre coté de celui-ci, le plus éloigné de la porte – mais plus proche de la fenêtre - au plus proche d'elle. Il l’observa encore en silence puis s’agenouilla plaçant ses avant bras sur le lit, comme avait put le faire toute à l’heure Okita pour se mettre à la hauteur de l’enfant pleurant toujours, histoire de paraître un peu moins effrayant peut être vu qu’il ne pouvait pas retirer son masque et qu'il n'était pas spécialement propre au vu de l'état de l'enfant avant. Son épée tinta lorsque la pointe rentra en contact avec le sol carrelé, un son étonnement doux. Une douceur qu'il essayait de faire prendre à sa voix, en partie au moins, la note de froideur était toujours là...

« On doit te faire peur, surtout moi. » Reprit il un peu d’un ton un peu moqueur. « J’aurais aimé te montrer mon visage mais je n’en ai pas le droit…» Il fit une courte pause.« Je suis Loki… » Ce nom effrayait souvent lorsque l’on savait à qui il appartenait, pourtant, force et d’avouer que le dieu malin et lui n’avait pas du tout le même caractère. Derrière son masque, ses yeux dorés se fermèrent. Un assassin… « Je suis désolé…Si j’étais arrivé plus tôt, j’aurais peut être put faire quelque chose… »

Mais c’était trop tard, et pourtant, il se le reprochait. Comme toujours, sur le moment il ne ressentait rien, mais par la suite, cela changeait, évoluait. Et puis elle, ce n’était qu’une gamine qui avait tout perdue par la faute d’homme que lui devait tuer. Il ne demandait pas de pardon, c’était juste un fait qu’il exposait à l’enfant. Peut être comme ça aurait elle quelqu’un sur qui mettre la faute. Il endosserait cette responsabilité si il le faut, si cela pouvait aider.

Comment pouvait il l’aider ? Maladroit, il observa le shinobi médecin qui était venu également. quelque chose pour apaiser l'esprit de cette enfant, n'importe quoi...Mais il devait avouer qu'il ne trouvait rien à dire pour aider, aussi se tourna il vers Okita pour lui demander son aide cette fois si.

Spoiler:

La gamine n'avait pas bronché et finalement l'infirmière avait demandé à tous de respecter son intimité le temps qu'elle soit propre. Okita avait haussé les épaules, impuissants et était sortit sans mot dire. L'attitude silencieuse du ninja étranger n'encouragea pas le jeune homme à rompre le silence. Le médecin et lui était mal à l'aise. La présence de l'homme masqué les troublait. L'humanité dont avait fait preuve l'oinin faisait que le chuunin de Kumo ne se sentait pas de lui demander de partir.
Apparemment son collègue ne savait pas quoi dire non plus puisqu'aucun des trois hommes ne desserra les lèvres avant que l'infirmière ne les invite à nouveau à entrer.

Les paroles maladroites de l'étranger brisèrent le silence avant de demander de l'aide du regard. Okita regarda la petite fille sans oser prendre la parole en souriant légèrement devant le discours de Loki. Le chuunin ignorait comment réagir dans un telle situation et il s'aperçut avec horreur que les professionnels qui l'accompagnaient le regardait sans broncher.

*Oh génial, ils ne vont même pas donner une piste de travail. Super le test, on parle de la santé mentale d'une petite fille là bon sang... *

Fils unique, il n'avait pas l'habitude de gérer un enfant de cinq ans aussi savoir comment s'y prendre devant une fille de cet âge ayant vécu un aussi grand traumatisme était un mystère. Dans l'instant, il comprit également qu'il n'y avait pas de méthodes précises. Chaque individu était différent et réagissait différemment. Ses collègues n'avait pas d'approche miracle à proposer. Okita prit une grande inspiration et chercha quelle attitude adopter. La petite fille se recroquevillait sur elle-même. Dans un premier temps, il fallait absolument la libérer de sa terreur.
Le shinobi décida de prendre un risque, sans quitter la petite fille du regard, il s'installa sur le lit à ses côtés. De la voix la plus douce dont il était capable dans de telles circonstances, il demanda :

« Allez jeune fille, s'il te plaît, fais nous entendre ta jolie voix. Dis nous ton nom par exemple. »

Craigant d'obtenir la réaction inverse à celle qu'il souhaitait, il posa son bras sur l'épaule de la petite fille attendant avec inquiétude son prochain mouvement.

"On doit te faire peur, surtout moi. J’aurais aimé te montrer mon visage mais je n’en ai pas le droit…"

Se calmant légèrement, la petite fille releva son regard violet vers l'oinin. Le masque de ce dernier n'avait effectivement rien de rassurant, mais elle avait vu bien plus effrayant jusqu'à ce jour. Elle ne semblait pas craindre le jeune homme. Du moins ne lu-t-il pas cette crainte dans son regard; la peur de la fillette concernait sa solitude actuelle, et non l'impression que pouvaient lui laisser les gens qui l'entouraient à l'instant.

*Ils s'occupent de moi et ne me font pas de mal; pourquoi j'aurais peur d'eux?*

Son regard à l'intention de l'oinin se fit presque interrogatif, du coup, tandis qu'il ajoutait:

"Je suis Loki… Je suis désolé…Si j’étais arrivé plus tôt, j’aurais peut être pu faire quelque chose…"

Il culpabilisait? Pourtant, il n'avait rien à se reprocher dans le malheur qui la frappait, si? Il ne faisait pas partie de ceux qui avaient massacré les marchands et sa mère avec. Après un moment, elle se redressa, s'asseyant en tailleur sur le grand lit blanc. Sa petite frimousse face au masque du dénommé Loki, elle se détendit un peu et tendit les bras dans sa direction, posant ses deux mains sur le masque du shinobi, à l'emplacement des joues de ce dernier, et secoua doucement la tête, négativement.

*C'est pas votre faute, monsieur. Faut pas vous en vouloir.*

Comment le dire pour qu'il comprenne? Elle ne pouvait pas parler, et ne voyait rien pour écrire autour d'elle. Découragée, elle baissa bras et regard, lâchant le visage de Loki. Comment lui faire comprendre qu'il n'y était pour rien?

"Allez jeune fille, s'il te plaît, fais nous entendre ta jolie voix. Dis nous ton nom par exemple."

Relevant alors la tête en direction d'Okita, elle le considéra, surprise, puis, baissa à nouveau la tête, mi-découragée, mi-pensive; comment leur dire? Quand bien même voudrait-elle parler qu'elle ne le pourrait pas. Faute de papier, une idée lui vint néanmoins pour leur dire son nom. Essuyant vaguement ses larmes d'un revers de manche, elle s'assura ensuite que les deux shinobis regardaient bien ce qu'elle faisait, puis, se plaça face au mur, pour y 'écrire' d'un doigt en lettres maladroites mais facilement identifiables, son prénom.

T I L I K A

Elle reporta ensuite son regard, anxieux, vers les deux hommes, pas sûre qu'ils aient compris, tout en essuyant encore un peu son visage barbouillé de larmes séchées de quelques revers de manches maladroits.

Loki toujours agenouillé et accoudé au lit, attendait, réfléchissant à trop de chose pour son bien comme il le faisait toujours lorsque la situation était un peu plus calme. Une mauvaise habitude, quelque chose de totalement humain dont il n’avait jamais put mettre de bride. Pour se rendre coupable de tout et de rien, il était sûrement le champion du monde, sa mère lui avait un jour dit qu’il avait hérité ça de son père, ce qui l’avait un peu rassuré malgré lui.
Immergé dans ses pensées moroses, le jeune homme ne remarqua que lorsqu’elle arriva en face de lui que la gamine avait bougée. Pas de crainte dans son regard noyé et rougit par les larmes, une interrogation voilée après ses excuses. Etonnant à quel point les yeux de cette enfant était expressif, on pouvait lire sur son visage comme dans un livre ouvert et pour une personne habituée à trouver la moindre faille sur le masque facial d’un homme, celui de la fillette était on ne peut plus simple à déchiffrer.

Il réprima son premier geste d’éloigner son visage de la fillette ayant attrapé entre ses fines menottes chaque coté de son visage – masque – pour lui faire imprimer un petit geste négatif. Non ? Non pourquoi au juste ? La surprise passée, il réfléchit à ce qu’elle voulait dire. Il en était sur maintenant, elle était muette, et ce depuis quelques temps sinon elle aurait agit différemment si elle venait de perdre sa voix. Là, elle semblait avoir l’habitude. Derrière son masque il ne réprima pas un sourire. Ses efforts étaient louables. Il murmura un presque inaudible « Merci. » seulement pour que l’enfant l’entende et lui faire savoir qu’il avait comprit le geste...Du moins il l’espérait.

Finalement, Okita vint à son aide en s’incluant dans la conversation qu’il savait maintenant à moitié muette. Il lui demandait son prénom…Pour lui faire entendre sa voix, cela allait être visiblement des plus difficile et il se demanda si le plus simple n’était pas de demander d’aller chercher du papier et un stylo, mais la gamine débrouillarde mit plus rapidement son idée à exécution que lui : avec ses doigts elle mima un stylo pour « écrire son nom » sur le mur. La réponse venait d’elle-même.

Tilika…

Son masque passa du mur à l’enfant qui s’essuyait maladroitement le reste de larme qui maculait son visage. Alors leur survivante se prénommait Tilika…Et elle savait écrire. A dire vrai il ne savait même pas quel était l’âge ou on apprenait à écrire, alors savoir cette information était on ne peut plus inutile mais bon…

« Content d’apprendre ton prénom Tilika…Je peux de te demander depuis combien de temps tu es muette ? » demanda t’il doucement en observant l’enfant.

Une question rhétorique. Il était logique au vu de son attitude que cela n’était pas nouveau mais peut être que cela leur en apprendrait plus sur celle-ci. Les autres questions il préférait attendre un peu avant de les poser, après tout, elle allait pour l’instant, un petit peu mieux, mais il était certain que ce n’était pas le genre de peine qui disparaissait dans un coup de vent. L’écriture devait être l’une des seules façons de communiquer avec eux…

« Je vais chercher de quoi écrire. »

Il se releva sur ses mots mais avant qu’il n’est fait le moindre pas, le chuunin qui n’avait pas démordu de son escorte disparaissait dans le couloir en laçant un « j’y vais ». Visiblement, le petit avait besoin de se dégourdir les ambes, et rester silencieux dans une chambre d’hôpital n’avait pas l’air de le réjouir plus que ça. Loki haussa les épaules – il aurait très bien put y aller…- mais se décida à prendre une chaise qu’il installa près du lit. Il eut un instant d’hésitation puis retira d’un geste lent et mesuré la longue épée prenant place dans son dos. On ne lui avait pas demandé de la retirer, par principe ou par faute de temps, mais là il l’installa en équilibre sur le mur, assez proche pour la récupéré rapidement – au cas où – mais assez éloigné de lui pour ne pas songer qu’il allait s’amuser à faire du Hachis Parmentier avec les personnes présentes dans la pièce. Fafnir était on ne peut plus étrange comme épée, mais pour un ninja de kiri réputé pour ses lames et ses sabreurs, c’était peut être comme une sorte de fierté – mais il aimait son épée pour son histoire pas pour celle du village.
Le chuunin revint avec du papier et un stylo qu’il tendit a Okita lorsque Loki c’était assit. Bien…et maintenant, après ce silence ?

« Tu n’as pas faim Tilika ? »

Parce que, au vu du diagnostic qu’il avait précédemment écouté d’une oreille, et du poids plus que faible de l’enfant, la sous nutrition était plus que certaine, alors la faim devait être présente dans ce petit estomac. Plusieurs minutes s'écoulèrent avant qu'il ne demande finalement autre chose, une question plus sérieuse...

« Et j’aimerais savoir…Sais tu d’où tu viens ? »

ça faisait peut être beaucoup question d'un coup, et pas forcément avec beaucoup de délicatesse, du moins essayait il...Mais il y a des questions qui sont importantes. En espérant que celle ci ne lui rappelle pas de mauvais souvenir...

La question d'Okita resta sans réponse audible. La petite fille ne pouvait pas parler et le jeune homme, un peu maladroit lui aussi, ne l'avait pas compris avant qu'elle ne trace, sur le mur derrière elle, les caractères composant son nom.

TILIKA parvînt-il à lire.

Le chuunin avait pensé que le mutisme de la victime venait de sa peur et de son mal-être. Il pensait bien faire en essayant de la rassurer mais en fait, cela n'avait servi à rien. Le traumatisme qui faisait se taire la jeune survivante devait être plus profond que ce que le shinobi pensait. Mal à l'aise, il n'osa pas reprendre la parole laissant l'oi-nin de Kiri se dépatouiller de la situation. Il ne s'en sortait pas trop mal lui non plus, estima Okita, au vu de la situation.

Le médecin partit chercher, sur la demande du ninja de Kiri, de quoi écrire pour Tilika et ils restèrent à quatre dans la chambre jusqu'à l'arrivée brutale d'un nouveau venu.
Sans aucune gêne, sans aucune considération pour la survivante d'un massacre, un genin de Kumo entra et brisa le silence. Pendant de trop longues secondes pour le goût du chuunin, Seridan parla, parla sans s'arrêter. Il faisait des efforts, pourquoi, Okita ne le savait pas, mais le nouveau venu n'était pas naturel dans son discours. Quelque chose sonnait faux mais le shinobi de la famille Gen'ei n'arriva pas à mettre le doigt dessus.

Toujours est-il que la brutalité de l'intervention du genin finit par forcer Okita à intervenir :

"Au cas où vous l'auriez oublié, vous êtes dans la chambre d'une patiente de l'hôpital et non dans une rue, un parc ou que sais-je d'autre. Seridan puisque tel est votre nom, je vous prierais de sortir et d'attendre dehors. Tilika a subi de dures épreuves récemment et j'ai comme l'impression que cela vous est déjà sorti de la tête."

Le jeune homme jeta un regard noir au nouvel arrivant si peu discret. Il constata que l'infirmière aussi semblait mal prendre son comportement. L'une des paroles de l'intempestif Seridan revînt à Okita et il ne put se retenir de marmonner :

"Si jamais cette petite devait rester à Kumo, je me battrais pour que ça ne soit pas sous ta garde, tu m'as l'air d'un sérieux phénomène..."

Malgré son énervement, le chuunin avait prononcé ces mots à une voix si basse qu'ils en étaient presque inaudibles, presque.
Il s'imposa de revenir à la réalité et aux traitements qu'il pouvait proposer à la petite Tilika. D'ors et déjà, le ninja savait que la première chose à faire était d'hydrater puis de nourrir la pauvre fille. D'une voix douce mais autoritaire, il le signifia à la personne :

"Tilika, tu dois boire un petit peu et manger. C'est vital, tu me comprends ? Nous allons être obligé de t'y forcer si tu ne le fais pas rapidement toi-même, tu sais..."

Okita n'avait pas envie d'insister mais il répugnait de devoir recourir à du matériel médical pour arriver à un tel résultat. Avant que quiconque n'ai pu bouger, le médecin ouvrit la porte et tendit à sa patiente de quoi écrire. Maintenant que la petite pouvait communiquer avec eux, le chuunin lui demanda :

"Te sens-tu prête à répondre à certaines de nos questions ? Pourrais-tu répondre à celle de ton sauveur pour commencer ?"

*Trop, je lui en demande trop en même temps... Je ne montre pas plus de douceur et de compassion que l'autre fou qui a débarqué sans prévenir.*

Mal, le jeune homme se sentait mal devant sa précédente attitude mais il ne pouvait revenir en arrière. Les questions devaient être posés à un moment ou un autre et intriguaient la plupart des personnes dans la pièce. La curiosité est un vilain défaut, vieil adage mais au combien plein de sens dans de telles circonstances. Avec angoisse, Okita attendit la réaction de Tilika ; après seulement, il pourrait juger de l'efficacité de son discours et des dégâts qu'il avait provoqué.

Tant de questions à la fois! La petite Tilika ne savait effectivement plus où donner de la tête. Et ce nouveau venu... Il se voulait avenant, à première vue, et de prime abord, il l'était, mais... Comme beaucoup de personnes handicapées d'un de leurs sens, la gamine possédait un sixième sens plus développé et sentait que quelque chose sonnait faux. Mais quoi? Impossible de le dire. Elle était, de surcroît, fatiguée et affamée, et perturbée par tous ces événements qui s'enchaînaient trop vite pour elle.

Se ratatinant un peu sur elle-même, stressée, nerveuse, elle se mordit la lèvre, réfléchissant à toute vitesse aux questions posées pour ne pas les oublier. Elle n'avait même plus le temps de penser à sa peine et à sa douleur. Le stylo et le cahier qu'on lui avait donnés en mains, elle ne s'en servit qu'après un moment de silence, après que chacun des personnages présents dans la pièce se soient enfin tu... Griffonnant alors à toute vitesse, elle écrivit ce qu'elle pu, en fonction de ce dont elle parvenait à se souvenir. En vrac. Au fur et à mesure que les questions qu'elle se forçait à retenir dans l'ordre lui revenaient en tête.

- Depuis toujours. Mais maman m'a appris à parler par écrit.

- Je peux répondre. Je sais écrire.

- Je peux répondre. Et je veux bien manger, un peu, pas trop. J'ai mal au ventre.

Elle tendit ses réponses aux concernés, tour à tour, ayant déchiré la page en trois billets: le premier pour Loki, le second pour Seridan, et le troisième à Okita. Un peu perdue malgré ses efforts, elle réfléchit, espérant ne rien avoir oublié, tandis que les trois hommes lisaient les réponses simples mais directes et concises de l'enfant. Ses sourcils froncés et une petite moue affichée sur le visage de la gosse la rendaient presque comique, sur le moment, toute concentrée qu'elle était sur ce trop plein de questions auquel elle espérait avoir correctement répondu.

Mais elle ne garda pas longtemps cette pose. Fatiguée et trop faible, malgré tous ses efforts pour se montrer courageuse, la petite sentit soudain la tête lui tourner et elle vacilla, se rattrapant de justesse pour rester assise, tandis que l'espace d'un instant, tout s'était fait noir autour d'elle.

*Qu'est-ce que c'est? Pourquoi il faisait tout noir? Je... suis malade...?*

Comme par réflexe, elle posa sa main sur son front, comme sa maman le lui avait appris, mais sa menotte étant glacée et son front brûlant de fièvre, elle la retira vite, le contact n'étant pas des plus agréables. Frissonnant, elle s'emmitoufla sous la couverture du lit dans lequel elle se trouvait. Elle aurait certainement préféré un corps chaud et des bras réconfortant pour la bercer, mais sa maman n'était plus là... Y repensant, la dure réalité s'imposant à nouveau à son esprit d'enfant de 5 ans, elle enfouit son visage sous la couverture aussi, comme pour cacher les larmes qui se remirent à inonder ses petites joues roses aux personnes présentes dans la chambre.

"Chacun a son fardeau à porter, dans la vie. Quand on s'aime, on s'entraide à le porter, on se soutient, mais il ne faut pas devenir un poids pour autrui, non plus. Aussi, il faut être courageuse et porter au maximum ton propre fardeau seule, comme une grande."

*Oui, maman. Mais c'est dur. Je peux pas m'empêcher de pleurer. J'ai trop mal depuis que t'es plus là...*

Seridan souriait légèrement. Il sourait sincèrement. Très sincèrement, car la situation actuelle l'amusait.
D'un coté, il y avait ce Medecin, qui lancait des remarques alors que lui même ne savait pas non plus se contenir. De plus, en savoir plus sur cette fillette ne demandait pas grand chose........n'était elle pas en état de répondre, puisqu'elle avait pu écrire son nom?
De l'autre, il y avait cet Oi-Nin. Paraissant froid aux premiers abords, il aurait mit sa main aux enchères qu'il avait fini par être séduit par Tilika. Ses gestes, ses paroles et leur intonation.......dans le fond, cet homme était bien plus humain qu'il n'y paraissait.
Et enfin, il y avait Tilika.
Tilika. Le centre même de l'affaire. Le centre même de son Caprice.
Ainsi que de tout ce qu'il allait devenir à partir des premiers contacts qu'il avait avec d'autres personnes. Car si nombre de gens à Kumo le connaissaient comme un simple Genin raté travaillant dur pour racheter sa maison, ces deux Ninjas là se méfiaient de lui, de toute évidence. Le Raikage avait été bien moins méfiante.......était ce pas stupidité, ou bien le Genin était il simplement inoffensif à ses yeux? Lui même ne savait dire s'il avait l'intention d'être vraiment dangeureux. Un Caprice n'était après tout qu'un Caprice.
Et celui qui le poussait à désirer cette gamine s'estompait peu à peu. Elle lui echappait toujours un peu plus, et l'avoir avec lui n'était plus tellement necessaire. Désormais, il savait quoi faire.

*Hnhnhn.......cet abruti de Kiri s'est condamné par la faute d'une fille âgée d'à peine 5 ans*

Condamné? Il se surprit de ses propres paroles. Il le condamnerait? Lui? Peut être. Mais de quoi........
Les réponses qu'il vit ensuite sur les mots griffonnés par Tilika ne lui étaient que de peu d'importance. Elle savait écrire? A la bonne heure. C'est sa mère qui lui avait appris? Merci Madame la mère de Tilika. Elle avait faim, mais pas trop? Et alors?
Rien ne le satisfaisait vraiment, aussi se contenta t'il de prendre un air préoccupé. Cela suffirait pour que tout le monde trouve son attitude étrange, et ce légitimement.
Peu après, l'Oi-Nin semblait avoir pris la décision de venir voir le Raikage.
Il avait également confirmé ce qu'il pensait: Cet homme était trop sensible pour être un Oi-Nin.

*Pfff.......du pistonnage, encore. Petit bonhomme en mousse, va.*

Mais peu importait son parcours. Il fallait désormais mener l'homme au Raikage.

-"Bien. En route."

===>

Spoiler:

L'étranger et le gêneur était parti et Tilika se retrouva seule avec le personnel médical de l'hôpital ainsi qu'un stagiaire.
Okita était soulagé de voir les quelques mots lui signifiant qu'elle avait faim. Ils n'auraient pas besoin de faire appel à des intraveineuses pour la nourrir. Le jeune homme fit un grand sourire à la petite fille puis se leva pour aller chercher le plateau qu'avait ramené l'infirmière quelques minutes plus tôt. Il vérifia rapidement le contenu : un bol de râmen et un fruit. Il n'avait pas encore abordé le thème de la sous-alimentation et des meilleurs moyens d'y remédier avec son senseï aussi fit-il confiance à l'expérience de l'infirmière et il nota mentalement les différents éléments qui composaient le plat.
Par sécurité, il lança un coup d'œil à son mentor qui le rassura d'un signe de tête puis il mit le plateau sur les genoux de la patiente avant de lui servir un verre d'eau :

"Tu as faim n'est-ce pas ? Alors ne te fais pas prier et profite donc de ce plat."

Okita s'écarta pour laisser un maximum d'espace à Tilika.
Les derniers évènements le laissaient songeurs. Seridan et Loki, puisque l'oi-nin de Kiri répondait à ce nom, allaient rencontrer la Raikage. Il n'y avait pas fait attention sur le coup mais le fait que ce soit un genin qui soit venu chercher le ninja étranger, surtout un genin comme Seridan, n'était pas naturel.

"Pourquoi dépêcher un individu aussi..." Marmonna t-il à voix basse avant de chercher ses mots.

Il ne trouva pas de qualificatif pour exprimer ses sentiments envers le personnage. Le chuunin se retenait toujours de faire des jugements à l'emporte pièce mais il n'arrivait pas à s'empêcher de croire que le ninja de Kumo était malsain. L'attitude de ce dernier, ces mots, la tournure qu'avait pris son discours et son regard, ce regard qui s'était posé sur Tilika, qui traduisait un désir inavoué... de quelle sorte ? Okita n'en savait rien. Le sentiment de malaise qui ne le quittait plus depuis l'arrivée bruyante de Seridan se renforça.

Le jeune homme se demanda brusquement s'il n'aurait pas mieux fait de les accompagner à la tour du Raikage. Loki était certainement de taille à se défendre tout seul mais... il se trouvait en territoire étranger, le poids de sa parole serait moindre que celui d'un genin du village. Okita espéra que Kazumi Inochi arriverait à distinguer la vérité du mensonge si jamais la situation venait à se compliquer. Lorsque il en arriva à ses réflexions, il se sentit rassuré, la Raikage n'était pas née de la dernière pluie, elle ne se laisserait pas embobiné facilement. Qui plus est, rien n'indiquait que Seridan tenterait de nuire à l'Oi-nin.

Un simple regard suffit à son senseï pour le remettre sur le bon chemin. Tilika nécessitait encore de l'attention, leur tâche n'était pas encore achevée. Confus, le jeune-homme se re-concentra sur la situation présente. Il retourna s'assoir près de la petite fille et lui dit doucement :

"Il faut que tu manges et que tu boives un peu. Après, laisse toi-aller et dors un peu. Pose toutes les questions que tu veux en les écrivant sur le papier."

Il reprit après avoir laissé le temps à sa patiente de comprendre ses mots :

"Si tu veux que nous te laissions, signale-le nous. Nous quitterons ta chambre sur le champ. Nous repasserons te voir de temps en temps bien sur mais si jamais tu as besoin tu n'auras qu'a tirer le cordon au dessus de ta tête. D'accord ?"

Puis un élan d'affection spontané traversa Okita et il ne put se retenir ; il se pencha et embrassa le front de la fillette.

"Oula, tu es brûlante de fièvre. Il faut vraiment que tu te reposes..."

Le Kirien avait correctement résumé la situation et les besoins de l'enfant: elle avait suffisamment été éprouvée ce jour, elle avait besoin de repos et non de questions supplémentaires, d'un peu de nourriture, et surtout, de repos. Mais la petite aurait bien du mal à trouver le sommeil. Trop de choses lui tourmentaient l'esprit et le coeur. Toujours cachée sous sa couverture, elle sanglotait en silence, n'entendant qu'à peine ce qu'on lui disait encore.

*Maman... Je dois faire quoi, maintenant? Sans toi, qu'est-ce que je vais faire???*

Aucune idée... Quel avenir avait donc une enfant de son âge, seule? Aucun. Bien sûr, elle n'était pas tout à fait seule: on l'avait trouvée, emmenée en lieu sur, et à présent, on veillait sur elle. Mais ce n'était pas pareil... Et ces dispositions ne suffisaient pas à rassurer la petite fille perdue qu'elle était. Ce qui lui fallait, ce qui lui manquait terriblement en cet instant douloureux, c'était une paire de bras réconfortants et chaleureux, qu'ils soient maternels ou fraternels, qu'importe. Elle avait surtout besoin de soutien moral et d'affection.

"Il faut que tu manges et que tu boives un peu. Après, laisse toi aller et dors un peu. Pose toutes les questions que tu veux en les écrivant sur le papier."

Des questions? Elle n'y avait même pas pensé... Bien sur qu'elle en aurait. Et la première qui lui vint à l'esprit alors qu'Okita lui adressait ces paroles ne fut pas celle à laquelle on aurait pu s'attendre, à savoir ce qu'il allait advenir d'elle, à présent. Non. La première question qui lui traversa l'esprit concernait sa mère. Se redressant alors, pour écrire, elle sortit de dessous la couverture, ses yeux rougis par les larmes versées, pour recevoir un baiser sur le front.

"Oula, tu es brûlante de fièvre. Il faut vraiment que tu te reposes..."

Surprise, elle considéra un instant Okita en clignant des yeux, puis, se mordit la lèvre, hésitante. Finalement, elle se reprit. Un instant, l'envie presque irrésistible de se jeter dans les bras du chuunin l'avait prise, mais elle s'était retenue. Elle ne le connaissait pas, et réciproquement. Il aurait sûrement été mal à l'aise. Reniflant, elle prit donc le petit carnet qu'on lui avait fourni pour écrire sa question, qu'elle tendit ensuite à Gen'ei.

- Est-ce qu'on a enterré maman? -

Etrange question, pour une gosse de son âge, mais qui pourtant avait toute son importance. Avait-on enterré le corps de sa pauvre maman? Il était logique de penser que non. Loki avait paré au plus urgent: enmener la fillette survivante à l'abri et prendre soin d'elle. Il n'avait sûrement pas pris le temps d'enterrer les morts de la caravane pillée, et personne d'autre n'avait du le faire depuis, encore. Tilika ne pensait pas à tout ça, mais elle savait que sa maman était morte, et qu'il fallait enterrer les morts. Et pour elle, le fait que sa chère maman ait une tombe décente était important. C'était compréhensible.

*Je mettrai des fleurs, après. Maman aimait beaucoup les fleurs.*

Tilika prit la feuille et le crayon et y inscrivit quelques mots. Lorsqu'Okita se pencha pour lire, il fut complètement prit au dépourvu.

- Est-ce qu'on a enterré maman? -

Cette question, jamais le chuunin n'aurait pu imaginer qu'une enfant aussi jeune puisse lui poser. Elle révélait également que la petite fille était en avance sur son âge, qu'elle comprenait ce qu'était la disparition d'un proche. Le jeune homme était à la fois impressionné et inquiet, il s'interrogea sur le chemin déjà parcourue par la gamine et craignit qu'il soit marquée par la souffrance et la mort.
Okita savait qu'il ne pouvait rien faire pour le passé de la demoiselle mais il pouvait au moins se débrouiller pour que son souhait soit respecté.

Le shinobi laissa ses émotions le submerger et des larmes vinrent naturellement à ses yeux. Peut-être avait-il trop d'imagination et peut-être se faisait-il un film en imaginant ce qu'avait pu être la vie de Tilika mais sa décision était prise. Il soupira alors que ses yeux se posèrent sur ceux de sa patiente avant de sourire tristement et d'annoncer en réponse à la question écrite :

"Je l'ignore Tilika. Avant d'arriver dans cette chambre, je ne savais même pas d'où tu venais. Je ne savais même pas qu'une caravane avait été attaqué à proximité du village. Je n'ai appris ces évènements que par le biais des personnes dans cette pièce."

Il jeta un regard interrogatif au médecin et à l'infirmière qui répondirent d'un signe de tête négatif. Eux aussi n'avaient pas à leur disposition plus de renseignement sur l'affaire.
D'un discret signe de la main, Okita demanda à son sensei de s'approcher puis il s'écarta de la petite fille pour converser avec lui. Avant même que le chuunin ne puisse prendre la parole, le médecin leva la main et répondit :

"Je sais déjà ce que tu vas me demander, c'est d'accord, tu peux y aller. Dans ce genre de situation, il vaut mieux perdre le moins de temps possible. Pendant ton absence, nous nous chargerons de la remettre sur pieds."

"Merci. murmura-t-il reconnaissant.

Se sachant soutenu par son professeur, le jeune homme retourna auprès de Tilika et passa son bras autour de ses épaules :

"Je vais aller me renseigner pour savoir ce qu'il est advenu du corps de ta mère. Et si jamais rien a été fait, je te promet de m'en occuper."

Il ébouriffa les cheveux de Tilka d'un geste affectueux puis se leva. Il se dirigea rapidement vers la porte et juste avant de sortir, il se retourna pour dire :

"Lorsque tu seras autorisé à sortir de ta chambre, je t'emmènerais voir sa tombe..."

Puis il quitta la pièce en se demandant où diable pourrait-il trouver des renseignements.

*La première chose à faire, c'est de retrouver l'oi-nin qui a accompagné Tilika ici, Loki je crois. Il pourra me dire à quel endroit il l'a retrouvé. Je pourrais alors voir ce qui a été fait.*

Okita arriva dans la salle ou il rangeait ses affaires. Il enleva la blouse qu'il utilisait à l'hôpital et reprit le manteau bleu qu'il affectionnait particulièrement. Il saisit ensuite son wakisashi et le plaça à sa ceinture. Durant le temps qu'il mit pour se changer, il continua à réfléchir à ses futurs actes :

*Seridan a dit que la Raikage voulait voir Loki. Donc je dois pouvoir le retrouver dans son bureau.*

Enfin prêt, il quitta l'hôpital tout en continuant à faire des hypothèses :

*Ils ne doivent pas être encore arrivé pour le moment. Si je me dépêche, j'arriverais peut-être avant eux.*

Une fois cette constatation effectuée, le chuunin sauta afin de repartir de la même façon qu'il était venu : à toute vitesse en bondissant de toits en toits. Pourtant cette fois, le souvenir de son arrivée fracassante était encore vif et il modéra quelque peu son allure afin de maîtriser cette fois sa trajectoire ; et ce quelque soient les circonstances...

Rassurée quant au sort du corps de sa maman, la petite fille se recoucha, remerciant Okita du regard avant qu'il ne quitte la chambre. Il allait l'enmener sur la tombe de Kazuya quand on lui permettrait de sortir de cet hôpital. Alors, elle devait vite guérir, et elle se redressa, pour avaler les ramens et le fruit qu'on lui avait apportés, avec un verre d'eau, avant de se recoucher et de fermer les yeux, épuisée tant physiquement que moralement.

*Il va m'enmener voir maman... Demain. Demain j'pourrai sortir, je serai en forme!!! Promis, maman!*

Laissant enfin le sommeil la gagner pour de bon, l'enfant allait vite récupérer des forces. pas question pour elle d'attendre trop longtemps avant d'aller mettre des fleurs sur la tombe de sa maman. Elle allait vite se rétablir, se montrer forte, et faire en sorte que sa mère soit fière d'elle! Ce qui inquiétait plusieurs personnes quant à son sort futur ne la préoccupait plus le moins du monde, pour l'instant. L'endroit où elle allait atterrir, la personne qui l'aurait à sa charge, tout cela, elle n'y pensait plus. Seule l'obsession de vite se rétablir pour aller embellir la tombe de sa maman lui importait, à présent. Et Morphée l'ayant prise dans ses bras pour l'y bercer, Tilika ne douta pas une seconde d'être sur pieds dès le lendemain matin, reposée, et en forme.

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Spoiler:

Citation :

Ce rp était vraiment très agréable à lire ! On va bien voir ce que va devenir Tilika, alors... :p
Vous avez donc 8 points de rp chacun. =)