[Quartier Hyuuga] Le hasard fait-il bien les choses ?

Sujet: [Quartier Hyuuga] Le hasard fait-il bien les choses ? 2009-06-03, 21:03

Il y a des calmes qui reposent l’âme, des calmes baignés par la brise et enjolivés par les murmures de la nature mais, il y a aussi des calmes sans vie, des calmes ennuyeux, des calmes contagieux. Et c’était précisément par ce type de calme là que le domaine des Hyuuga était en train de se faire ronger. Pas d’enfants joyeux circulant entre les nombreuses bâtisses, pas de femmes assises quelque part discutant de tout et de rien et ni d’anciens qui partageraient à quelques attentifs leurs immenses sagesses, juste un énorme vide néanmoins dérangé par la présence d’un seul homme : Hiashi Hyuuga, le chef du domaine. Mais, même si sa présence devait normalement mettre fin au règne du calme, on ne pouvait pas réellement le considérer comme un ardent défenseur des joies de la vie. Si d’aventure un passant traversait cette parcelle du territoire des Hyuuga en quête de découvertes, il serait fort probable que celui-ci ne remarquerait pas cet homme, assis sous une véranda, sur le sol, les paupières closes, méditant. Et même si ce calme le mettait lui aussi mal à l’aise en quelques façons, il avait quand même réussi à trouver dans ce vide complet un soupçon de repos, le permettant d’apprécier un de ces rares moments de solitudes.

Sur la branche d’un pêcher de l’autre côté de la cours, un petit oiseau, un merle, sortit paresseusement de son nid caché entre deux épais feuillages qui comme un voile protecteur, cachaient cet abri des regards males avisés des prédateurs. Il regarda de chaque côté de la cours sans prêter une attention particulière à cette créature immobile et une fois sa minutieuse inspection faîte, après avoir élégamment gonflé son thorax brun et après avoir entrouvert son bec, celui-ci, dans une profonde expiration, se mit à pousser un magnifique chant qui par sa seule présence avait réussir à faire de ce désagréable calme ce calme si attrayant, ce calme qu’Hiashi, les yeux maintenant ouverts, espérait. Et tout en appréciant chaque partie de cette éphémère chanson, sans faire le moindre mouvement, il se mit à regarder autour de lui. Grâce à ces pupilles dont le pouvoir était maintenant activé, il analysa les moindres recoins de la zone, désespérément vide, absente de tous les membres du clan qui à cette heure de la journée étaient occupés par leurs activités quotidiennes.

Et bien, une journée monotone s’annonce… soupira t-il.

Après avoir savouré les dernières secondes de ce chant envolé avec son chanteur, il décida de se lever. Mais, avant de faire un quelconque mouvement, celui-ci, dans un battement lent des paupières, mit fin aux activités de ces pupilles qui mis à par leurs couleurs, n’avaient maintenant plus aucune particularité. Maintenant debout, celui-ci caressa ses vêtements, chassant les quelques plis clandestins de son kimono de soie verte dans le dos duquel, entre les omoplates, l’emblème du clan était minutieusement cousu. L’habit ne servait néanmoins pas de vêtement étant donné qu’étant entrouvert, laissant apparaître une tunique blanche deux pièces, il ne servait que de manteau. Et après avoir réajusté ses habits, celui-ci descendit délicatement de la véranda pour se diriger vers la sortie de cette cours. Mais, juste avant de traverser le grand portail, il jeta un dernier coup d’œil sur ce pêcher qui sans son oiseau, n’avait plus rien de vivant.

Par la suite, il déboucha sur la rue principale du quartier Hyuuga dans laquelle quelques passants marchaient. Des hommes ou des femmes, tous étrangers au quartier mais pas au village qui traversaient cette rue. Et alors que certains ne faisaient que passer, d’autres s’attardaient parfois soit sur la petite échoppe du quartier ou soit simplement sur l’architecture qui méritait amplement d’être admirée. Bien que typiques du pays du feu dans les traits principaux, les bâtiments du quartier étaient tout de même influencés par l’architecture du pays du riz, architecture toujours proche du traditionnel, style qui même si commençait à être dévoré par Ryoshu, s’affirmait toujours dans les quartiers résidentiels. En effet, le quartier Hyuuga, par son architecture, présentait une irréelle trêve entre les deux pays qui depuis quelques années étaient entrés dans une interminable guerre. Et après avoir fini d’analyser ces quelques passants, il se mit en route vers le nord, sans réel but, juste à la recherche d’un peu de compagnie.

Une journée chaude, des comme celle que l’exilé de Konoha affectionnait tout particulièrement, venait de commencer. Et quand le soleil brillait avec tant d’ardeur, il n’arrivait pas à rester chez lui sans rien faire. Surtout qu’il avait déjà tout fait pour s’occuper : le ménage, la télévision, la lecture, la méditation. Mais rien n’y faisait. Maintenant, il tournait en rond comme un tigre dans une cage, permettez lui l’expression. Il était cependant trop fatigué pour vouloir faire une mission et de trop bonne humeur pour se castrer chez lui. La seule solution qui lui vint donc à l’esprit était une petite promenade. Notre petit impatient ne tarda pas à être obsédé par cette sortie. Sans même prendre le temps de traverser tout le salon, il ouvrit la fenêtre qui était à quelques pas de lui et monta sur le toit de sa demeure. De là-haut, personne ne viendrait lui faire de remarquer sur sa façon de se mouvoir. Alors, à quatre pattes, comme un animal, il trottinait sur les sommets de la ville, sautant de toits en toits.

Or, ce fut pendant cette promenade qu’il tomba sur un lieu bien spécifique : un quartier dans un quartier, si on pouvait dire. Un logo qui était familier à Kyosuke trônait sur les portes fermées. Aucun garde, aucune sentinelle, rien qui ne pouvait empêcher un étranger d’entrer. Soudain, une nouvelle envie traversa l’esprit vagabond de notre tigre. Pourquoi ne pas rendre visite à son nouvel équipier vu qu’il était devant le quartier réservé au Hyuuga. Après s’être approché de la grande porte, il la poussa vivement de la main et pénétra dans ce lieu qui lui était inconnu. Bien entendu, il referma derrière lui. Une chose le frappa, dès que le bruit de fond causé par la fermeture de l’épais portail se dissipa : il n’entendait quasiment rien, rien autre que la mélopée du vent. Comment un clan si noble et sûrement très important en population pouvait être aussi calme au ce moment de la journée. Traversant les allées qui séparaient les appartements de chaque membre, le silence ne se rompit point. Pis ! Il devenait de plus en plus pensant et ce, malgré le fait qu’il rencontrait quelques personnes, toutes aux pupilles blanches, d’ailleurs.

*Je comprends pourquoi Anji est si coincé parfois, l’ambiance est vraiment trop solennel ici. A moins que c’est juste aujourd’hui. En tout cas, j’espère…*

L’enfant sauvage continua sa visite des lieux, tout en paraissant invisibles aux yeux des quelques passants qu’ils rencontraient. Quand son nez le dérangea un peu, comme s’il venait se rencontrer un fumet qu’il connaissait, qu’il appréciait. Il n’avait jamais rien dit à personne sauf à Hige du temps où il vivait, mais l’odeur des personnes semblaient varier selon leur personnalité, leur bon ou mauvais fond. Autant le pyromane qu’il avait rencontré au onsens avaient une odeur piquante qui parfois était désagréable à sentir, celle d’Anji était boisée, légèrement sucré, avec une pointe d’amertume, sûrement du à ses problèmes actuelles. Cette odeur n’était pas aussi puissante que si celui qui l’émanait était là, elle était néanmoins assez oppressante pour en déduire qu’il s’agissait de quelqu’un que le petit bout côtoyait très souvent. Un ronronnement sortit doucement de la bouche entre-ouverte de Kyo. Il aimait cette odeur, presque autant qu’il appréciait son propriétaire. Sans se poser plus de question, se laissant guider par ses sens, il courut jusqu’à la source de ce fumet enivrant.

*C’est sûrement un parent. Il m’expliquera peut-être ce que je ne comprends pas chez les Hyuuga et aussi chez Anji.*

Il n’eut pas à courir bien longtemps, il finit par rattraper un homme en tunique blanche, laquelle était couverte sous un kimonu d'un doux vert, qui marchait l’air de vouloir parler à quelqu’un. Vu qu’il avançait lentement, l’héritier n’eut aucune difficulté à le dépasser. Il lui coupa ensuite la route. Cet acte pouvait paraître ambigu, surtout venant de quelque qui n’appartenait pas au clan, mais l’expression pleine de curiosité qu’affichait le grand garçon lui donnait un air tellement innocent qu’il était difficile de croire qu’il en voulait à la vie de l’homme aux pupilles blanchâtres. Il s’avança de quelque pas, conservant toujours ses habitudes animales, c’est-à-dire marcher à quatre pattes. Il ferma les yeux et se concentra sur le fumet qui s’échappait du vieil homme. Puis un sourire s’afficha et sans cacher sa joie, il affirma.

" C’est bien l’odeur d’Anji. Je la reconnaîtrais entre mille. Vous êtes qui pour lui pour que son odeur soit si présente au point de presque masquer la vôtre ? "

La politesse avait la vie dure, n’importe qui dirait ça après avoir entendu les propos du jeune tigre. Aucune salutation, aucune présentation mais un tas de questions plutôt personnelles. C’était tout lui quand il se laissait aller à ses instincts comme maintenant. D’ailleurs sa position animale n’arrangerait sûrement pas cette apparition plutôt…vive.

Lorsqu’il arriva à l’extrémité de la rue, il s’arrêta un court moment pour regarder de plus prés un petit groupe d’enfants qui jouaient. Dans l’angle de la rue, sur un petit parterre, trois enfants, deux garçons et une fille, était assis sur la pelouse. La jeune fille, membre du clan, n’avait que huit ans. De longs cheveux sombres aussi épais et doux que de la soie lui tombaient jusqu’aux fesses, un petit visage ovale, plutôt pâle mais éclairé par un grand sourire qui laissait échapper de parfaites petites dents blanches, juste en haut des desquels se trouvait un petit nez remonté placer entre ses deux grands yeux aux irrésistibles pupilles blanches pareilles à deux lunes scintillant en plein jour. Vêtue d’une petite robe bleu claire ceinturée par un ruban saumon, elle se tenait au milieu de ses deux camarades qui n’avaient que des yeux pour elle. Les charmes de cette petite, bien que précoces, semblaient déjà faire leurs preuves sur ces deux garçonnets, un âgé de sept ans l’autre de l’huit, qui, comme des tournesols, étaient attirés et fascinés par ce petit soleil qui baignaient le minuscule jardin de sa beauté. Hiashi, amusé, souri lorsqu’il vit la jeune courtisée repoussait les avances du plus grand des deux garçons qui, espérant, avait essayé de lui voler un baiser mais n’avait reçu qu’une petit gifle en guise de cadeau. Quant à l’autre enfant, il restait assis, prêt de la jeune fille, trop timide pour tenter quoique ce soit, grattant son bonheur juste par la simple présence de son aimé. Tel était l’amour à cet âge, parfois trop ressemblant à celui des adultes ou parfois si beau.

Et une fois que la jeune fille, exaspérée, décida de s’en aller, l’homme en fit de même en reprenant sa route. Mais, alors qu’il se remit en marche, sa route lui fut brutalement coupée par l’arrivée d’un jeune homme. Il ne fut pas surpris car, depuis peu il l’avait entendu arriver dans une bruyante course. Néanmoins, il n’avait prêté qu’une infime attention à cet animal qui avait galopé dans sa direction mais maintenant que celui-ci se trouvait en travers de son chemin, il ne put que s’entièrement consacrer à lui. Restant silencieux, Hiashi écouta les propos brutaux de l’enfant qui même sans se saluer, lança au visage de l’homme une question tout de même intéressante. Celui-ci voulait savoir qui était le chef du clan par rapport à Anji, le cadet de sa famille. Cette question avait suffit pour faire comprendre à l’homme que cet énergumène était un ami de son fils. Le petit Anji, son talentueux enfant qui n’avait guère traîné pour avancer dans la hiérarchie des ninjas, sa fierté. Bien sûr, il était tout aussi fier de ses deux filles, devenues de véritables ninja ainsi que des femmes, particulièrement Hinata, mais malgré cela, il était pleinement conscient que son fils était un génie, enfant déjà genin. Mais même si quelque peu outré par le fait que son fils traîné avec une telle furie, il était majoritairement soulagé de savoir qu’Anji avait réussi à se faire des amis, malgré sa grande timidité.

Et bien mon enfant, tu as en face de toi son père, Hyuuga Hiashi, dit-il posément.

Sa réponse avait était brève mais, tous les éléments que cherchaient l’adolescent y étaient. Hiashi avait l’habitude de ne jamais étaler ses phrases car pour lui, se lancer dans d’interminables satyres était une preuve d’ignorance. L’homme ignorant est celui qui croit savoir et celui qui étale son savoir, ne fait qu’exhiber son peu de connaissance car tout le monde le sait, moins il y a de confiture, plus l’on doit l’étaler. Et, c’était pour cela, dans un soucis de fierté, que l’homme préférait toujours recourir à de brèves élocutions, dans la crainte de paraître bien trop fier de son petit trésor, donc ignorant. Et cette qualité lui était due à une vieille expérience. Dans sa jeunesse, durant l’âge bête, il avait été des plus arrogants et de son statut de premier de sa classe, il n’avait cessé d’exhiber son savoir. Mais un jour, alors qu’un juunin était venu parler de sa vie quotidienne à la classe d’aspirants, Hiashi, alors âgé d’une dizaine d’années, avait trouvé sage de montrer à l’homme ses connaissances mais contrairement à ses attentes, le ninja exaspéré par tant de fierté, avait trouvé juste de remettre à sa place l’enfant qui avait été ridiculisé devant toute sa classe. Et c’était depuis ce jour et avec le temps qu’il était devenu ce modeste homme. Bien qu’il avait pendant longtemps en voulu à ce ninja, maintenant, il lui était des plus reconnaissants et il lui arrivait encore d’aller rendre visite à cet homme, maintenant mort, victime des dangers qu’encourt un ninja. Et après avoir dédié quelques secondes à son passé, avec une expression neutre, il reprit.

Et toi, qui es-tu pour me parler de mon fils ? Un ami ?

Contrairement à toute attente, l’homme ne changea pas d’un iota. Un mur de neutralité, un océan de tranquillité, une prairie brillant uniquement grâce à sa la paix qu’elle exprimait. Kyosuke était admiratif devant tant de contrôle de soi. Il était certain que le chef des Hyuuga retenait quelque parole désagréable dans sa tête, mais il était assez sage pour ne pas les lancer. Chose que beaucoup ne c’était jamais gêné de faire. Et ce fait ne mettait vraiment pas Konoha dans les petits papiers de notre ami. Mais il était toujours bien vu de sa part quelqu’un qui, même s’il jugeait, ne disait rien. Ce fut donc avec un sourire non feint qu’il accueillit les paroles posées du père de son camarade, hochant nonchalamment la tête en signe d’acceptation. Mais c’était aussi seulement maintenant que le genin s’inquiétait des conséquences. Anji prendrait-il aussi bien que son père cette pseudo intrusion dans les quartiers de son clan ?

*J’espère qu’il ne fera pas la gueule quand même…*

Le silence qui venait à peine de s’installer fut rompu par la question de l’homme aux pupilles blanches, rappelant par la même occasion l’impolitesse de l’enfant sauvage. Ce dernier se rendant compte du manque d’éducation dont il venait de faire preuve, parut soudain gêné. Tellement, qu’il recula de quelques pas. De nouvelles questions germaient dans son esprit furibond et elles n’étaient pas là pour lui donner bonne conscience. Au fur et à mesure que les réponses venaient à lui et lui imposait leur véracité, il détournait peu à peu le regard de son interlocuteur. Hige et son père devaient pleurer devant le peu de dignité que venait de montré le prince des tigres, le seigneur de la jungle de Kazan, l’héritier légitime du clan, le WhiteTiger au sang pur. Il fallait absolument que Kyo rectifie le tir. Alors, plantant de nouveaux les saphirs de ses yeux dans ce qu’il caractérisait comme des pierres de lune chez le Hyuuga, il répondit à la question posée, le torse bombé, incarnant maintenant la grâce et la prestance d’un tigre, mais aussi le sérieux et la sagesse qu’imposait son rang.

" Excusez mon impolitesse. Je salis autant votre nom que le mien par mon laisser-aller. Je me présente donc. Shirotora Kyosuke, seigneur des contrés éloignées du pays des volcans : Kazan. "

Puis avec un air, bien plus enfantin, il reprit, revêtant maintenant son sourire habituel. Il s’inclina légèrement en signe de respect.

" Je suis aussi le coéquipier et l’ami qu’Anji, votre fils. Enchanté de faire votre connaissance, Hiashi-san. "

Mais cette apparence d’enfant ne resta que très peu de temps. L’héritier exilé sentait le pouvoir qui émanait du père de famille. Même s’il ne montrait aucune hostilité, ses instincts lui donnaient l’ordre de ne pas baisser sa garde face à un être au pouvoir supérieur au sien. Ce fut la raison de ce changement brusque de personnalité. Mais revenons aux choses importantes, comme par exemple la raison qui avait poussé le tigre blanc à suivre la trace laissée par l’odeur. Gardant par précaution la distance qui les séparant, ne l’augmentant pas pour gêner ou inquiéter son interlocuteur. Or, il garda le silence. Si la discussion devait reprendre, le petit seigneur ne serait pas celui qui l’engagerait.

Il n’avait fallu qu’une brève question pour rappeler à ce petit animal la conduite qu’il devait avoir. Bien sûr, l’expérience qu’avait l’homme ainsi que son ouverture d’esprit aidèrent à ne pas attirer sa totale attention sur cette petite fausse note. Même si celui-ci était respectueux des règles du savoir vivre comme tout homme de son rang, il excusait facilement les écarts de conduites de plus jeunes mais, malgré cela, il ne se gênait jamais pour rappeler à l’ordre quelques jeunes aux manières trop brusques comme par exemple ce Kyosuke qui ne tarda pas pour reformuler, accompagnée de brèves excuses, une présentation un peu plus correct. Et même si celui-ci avait adopté une insolite pose pour parler au chef, espérant faire meilleur impression, Hiashi ne put que rire intérieurement, comparant ce fougueux animal à un petit singe sauvage qui malgré sa vrai nature, revêtait tant bien que mal quelques loques extravagantes, dans l’espoir de plaire. Et même si au fond de lui, il s’amusait de cet enfant, extérieurement, il ne trahit pas une seule fois un soupçon d’amusement, portant toujours sur son nouveau compagnon un regard aussi dure que neutre, un regard qui s’approchait de celui d’une statue, froid et sans vie mais néanmoins oppressant. Ce regard lui avait valu une solide réputation d’homme sans cœur mais il savait pertinemment que de son statut d’homme dirigeant il ne pouvait se permettre d’exhiber le moindre de ses sentiments car même si ceux-ci étaient essentiels à toutes bonnes relations, ils n’étaient pas plus que des failles qui comme des portes grandes ouvertes, laissées libre accès aux pensées de chacun. Et c’était grâce à ce manque total de retenue de cet adolescent que l’homme n’eut aucun mal à dresser son portrait psychologique.

Et lorsqu’il ajouta qu’il était le coéquipier de son fils, Hiashi fut à la fois surpris, heureux mais particulièrement honteux car, même s’il était son père, celui-ci n’avait pas eu vent des relations de son fils mais surtout du fait que celui-ci faisait partie intégrante d’une équipe. Il fallait l’avouer que son rôle en tant que guide lui prenait déjà une bonne partie de ses journées mais à cela venait aussi s’ajouter le fait qu’il avait une place particulière au sein des dirigeants de Konoha qui à cet époque de l’année allaient des plus males, depuis que Danzou, comme le rapace qu’il était, avait enfin réussi à trouver sa place au sommet de l’arbre, point culminant où il avait vue sur tous les alentours. On ne pouvait qu’affirmer que le village s’était déjà mieux porté et, à cause de ces nombreux problèmes, le père indigne n’avait pu que sacrifier le temps qu’il consacrait à sa vie de famille. Il ne savait même à quand remonter la dernière fois, qu’autour de la table familiale, le petit groupe avait pu apprécier un de ces vieux dîners, maintenant si loin qu’ils n’étaient plus que de vagues souvenirs. Sans changer d’expression et sans pour autant abandonner Kyosuke, l’homme aux pupilles blanches, intérieurement, fut secoué par une profonde honte lorsqu’il se rappela que le dernier de ces dîners remontait à quelques mois, mois durant lesquels il n’avait pu profiter une seule fois ni de ses enfants, ni de sa femme. Quel père et mari faisait-il ? Mais, le temps n’était pas réservé à une telle introspection mais plutôt à cet enfant qui silencieusement attendait une réponse. Plus tard, il prendrait le temps de réfléchir mais pour le moment, il se devait de répondre.

De même pour moi mais, tu n’as pas besoin de prendre de tel disposition pour t’adresser à moi car même si je suis le chef de ce clan, je ne suis qu’un homme, pas plus que toi. Alors, fougueux tigre, ne cherche pas à t’étrangler dans une quelconque laisse de bienséance, sois juste toi-même, cela me suffit…

Lorsqu’il acheva son discours, inhabituellement long, celui-ci, dans l’espoir de mettre en confiance l’enfant, laissa volontairement échapper un sourire dont le seul but était de faire effondrer les éventuelles murailles que toute personne se dresse lorsqu’elle fait la rencontre d’un étranger. Mais on ne pouvait pas vraiment dire qu’un sourire était assorti à ces deux grandes pupilles, pareilles à celles d’un aveugle, abandonné de la vie qui ne peut jouir de la beauté du monde, éternels maudits que personne n’envie. Et, même si celui-ci avait une vue parfaite, il était assez bien placé pour savoir que rarement ses blanches pupilles plaisaient, car de leurs insolites aspects, elles provoquaient la plupart du temps une crainte chez les autres. Et, cela ne l’étonnerait pas si au lieu de se sentir sécurisé par cette anodine marque d’affection l’adolescent ne serait que plus troublé par cet homme qui essaya vainement de plaire, ou plutôt d’amadouer ce mustang qui malgré sa fascination pour le père de son ami, était toujours au fond de lui un animal sauvage cachant ses craintes derrière un épais rideau de fascination. Enfin, cette fois ci, Hiashi ne se basa que sur de probables théories car même si celui-ci arrivait à cerner le jeune homme, rien pour le moment n’avait laissé échapper une quelconque crainte. Peut être qu’il ne faisait que simplement transférer ses propres craintes. Peut être que oui ou peut être que non mais tout ce qui était sûr pour le moment, c’est que malgré ce silence, il n’avait pas achevé son discours.

Je ne demande pas d’avoir un parfait jeune homme de la société face à moi, ces gens sont totalement démodés… Et si nous nous rendions quelque part d’autre ? Je crains que nous ne gênions le passage.

Après sa petite tirade, Kyosuke laissa donc le silence s’installer. Au début, le père d’Anji ne chercha point à rompre ce manque de bruit qui oppressait l’enfant fougueux qui se trouvait en face de lui. Il ne faisait que l’observer, mais pas de la manière dont on observe le corps. On pourrait jurer qu’il cherchait à regarder au-delà, jusqu’au plus profond de l’héritier, jusqu’à son âme. Ce n’était pas quelque chose de très plaisant de se faire disséquer de la sorte. D’ailleurs en signe désapprobation, un grondement, qui venait du plus profond des entrailles du jeune tigre, se fit entendre. Rien de bien méchant, juste un avertissement sur les limites qu’il n’aimait pas qu’on dépasse. Surtout que la dureté de ce regard transperçant n’aidait pas du tout à supporter cette description psychologique. Malgré tout, notre ami ne laissa rien paraître de plus. Car s’il ne croyait dur comme fer ne rien trahir, le jeune tigre sentait l’amusement du chef de famille. Et oui, il était simple de figer les traits de son visage, d’empêcher les yeux de lui, d’obliger la bouche à ne pas se tordre pour laisser échapper le son gai d’un rire, mais les autres signes étaient beaucoup moins faciles à contrôler, comme les battements de cœur. Il battait toujours d’une certaine manière quand on ressentait telle ou telle sentiment. Au fur et à mesure du temps, il avait appris à faire cette différence.

*C’est gentil de sa part de ne pas me rire au nez. Mais il devrait essayer de se dérider un peu non. Il ferait presque peur.*

Comme il ne se focalisait plus sur l’expression du visage mais l’expression du cœur, le seigneur de la jungle se rendit compte d’un nouveau changement. Un nouveau sentiment, bien moins joyeux que celui qui faisait battre l’organe vitale de tout un chacun. Perplexe face à ce changement, un des sourcils fins du jeune genin se leva. Les paroles qu’il avait prononcé avaient éveillé une sorte de gêne chez le chef des Hyuuga et Kyo, même s’il l’avait senti, n’arrivait pas à trouver l’origine de ce sentiment. Il ne savait pas que l’homme devant lui était aussi occupé que son père l’était de son vivant. D’ailleurs, même s’il l’avait été, Kurogane son père, n’avait jamais loupé aux entrainements de son fils, même s’il ne faisait pas voir. Il l’emmenait chasser souvent, pour affiner davantage ses sens. Il lui ébouriffait les cheveux le soir, réveillant le petit chaton endormi qu’était en ce temps notre ami. Et la révélation qu’il se faisait intérieurement semblait le ronger. Son regard se fit presque lointain pendant un moment. Puis la voix grave résonna. Il venait de sortir de ses réflexions.

" Si je n’étais pas moi-même, je me tiendrais de façon plus… humaine. Autrement, je n’y peux rien, l’instinct d’un animal est parfois plus fort que sa raison. De plus, il est difficile de ne pas se méfier de quelqu’un qui a une odeur aussi froide…"

En prononçant ces mots, l’enfant sauvage regarda la distance de sécurité qui les séparait. Ce n’était pas grand-chose, mais assez pour permettre une certaine sociabilité. Le sourire pas très convainquant de son interlocuteur n’y arrangea d’ailleurs pas grand-chose. Il n’avait pas peur, car son père lui disait toujours une phrase, certes pas très logique, mais qui poussait à se surpasser. Or, la prudence était parfois de mise, même avec quelqu’un qui prêchait sa gentillesse. L’exilé laissa l’homme reprendre son discours. Il paraissait cependant tellement sincère qu’il commençait à douter de l’ordre que lui donnait son instinct.

*Anji est si gentil. Si c’est son père, il doit avoir une once de bonté quelque part. La vie en société oblige tellement de chose. Ce masque est peut être l’une de ses obligation…*

Laissant alors tomber toute suspicion, il s’approcha lentement du père de son camarade. Imitant trait pour trait les mimiques d’un chat, il tourna autour du vieil homme pour finir par se frotter à sa jambe. Puis il reprit à nouveau ses distances, fixant Hiashi, la tête légèrement penché sur la droite, un sourire enfantin sur les lèvres. Il paraissait tellement innocent que s’il avouait avoir tué à l’âge de 5ans, personne ne le croirait.

" Allons chez toi. Je me suis toujours demander à quoi ressemblait la maison de mon petit bonhomme ^^ "

Kyosuke appelait tout le temps Anji comme ça, à cause de la différence de taille qui les séparait. Sans attendre la réponse du Juunin aux pupilles blanches, suivant de nouveau son odorat infaillible, il bifurqua à droite sur le premier sentier qu’il rencontra, se dirigeant inévitablement vers le lieu où l’odeur boisé d’Anji était sans conteste la plus oppressante.

Et après avoir prononcé sa dernière phrase, l’homme ne tarda pas avant de recevoir une réponse. Les propos du jeune homme furent cette fois ci plus sincères mais quand même troublant car même si le Hyuuga avait comparé cet enfant à un simple animal dû à sa façon de se mouvoir, celui-ci n’était pas allé jusqu’à penser que son compagnon était du même point de vue. Et, celui-ci alla jusqu’à affirmer cela en parlant de son instinct. Dans son existence, l’homme avait rencontré à maintes reprises des membres des Inuzuka, clan populaire pour sa grande complicité avec l’espèce canine mais même eux, qui parfois s’abandonnaient inconsciemment à leur côté sauvage, n’allèrent pas jusqu’à clamer que comme les bêtes, ceux ci étaient pourvus d’un instinct car du point de vue de l’humain, l’instinct était une chose impossible à l’Homme car de son statut d’évolué, celui-ci ne pouvait plus s’abandonner à une telle capacité comme le fait de se laisser guider non pas par son cœur et encore moins par son esprit mais par une force sauvage. Mais une fois de plus, même si celui-ci, au plus profond de lui, éprouvait d’autres sentiments, notamment une bride de surprise, il ne laissa paraître qu’un dur et froid visage, le même que depuis le début de la rencontre.

Mais, celui-ci, ne put rester inchangé lorsque sans aucune raison particulière, l’adolescent, tel un chat flatteur, se frotta contre lui dans l’espoir de peut être plaire mais, contrairement aux idées de l’enfant, la réaction de l’homme fut des plus décevantes car sans crier garde, d’un geste rapide, celui-ci s’écarta de la bête. Ce mouvement fut si ample et rapide que l’enfant ne vit l’échec de sa tentative qu’une fois éloigné. En effet, avant de se retourner à place, alors qu’il s’était frotté contre notre homme, celui ne s’était plus que collé à un espace vide, contenant encore la faible chaleur corporelle du Hyuuga. Hiashi n’avait pas l’habitude d’une telle familiarité qui sans doute irait jusqu’à choquer le plus mal élevés de tous les Hommes car, adopté un tel comportement animal n’était qu’une ridicule tentative qui ne pouvait que créer de la crainte. Mais, malgré ce sentiment qui avait rapidement pris place en lui et ce rapide écartement qui ne pouvait que trahir ses craintes, il resta toujours aussi neutre. Il ne posa qu’un autre de ses oppressants regards sur le petit chat qui avec innocence, lui demanda de se rendre chez lui. Mais sans même avoir répondu, le Hyuuga refusa cette demande d’un mouvement de la tête et même si de la déception put se lire sur le visage de son compagnon, il ne changea pas d’avis car même si celui-ci appréciait quelque peu cet étrange personnage, il ne pouvait amener un tel énergumène au sein de son domicile car dans ce village, les rumeurs couraient bien trop vite et, il ne voulait nullement atteindre à son image.

Suis moi, allons plutôt dans un petit salon de thé non loin d’ici, dit-il sans porter un seul regard sur l’ami de son fils.

Silencieusement, il ouvrit la marche, sortant de la rue du clan, se dirigeant plutôt vers la place centrale du village. Sur la route, qui ne dura pas bien longtemps, il ne s’était pas écoulé une seule seconde sans qu’on ne le salue mais, celui-ci n’y avait pas porté une grande attention ne répondant qu’ici et là par de légers signes de la tête qui avaient suffit aux passants, conscients de la pénible tâché qu’ils lui avaient incombés en lui forçant à répondre à tant de salutations. Mis à part les passants, ils ne prirent que quelques instants pour traverser les rues bondées aux bords desquels marchands et restaurateurs attiraient leurs clientèles en exhibant savoureux mets et rares babioles. En ce jour, le marché était présent et l’occasion était rêvée pour tout bon commerçant pour faire du chiffre. Une fois arrivé à proximité du salon de thé, ils purent remarquer sans problèmes l’abondance de clients qui allèrent jusqu’à faire la queue en dehors du salon, espérant une place mais, même si d’apparence les plans du chef étaient tombés à l’eau, il ne lui avait suffit que de se montrer à l’hôtesse pour sauter la pénible attente et se retrouver à la meilleure place du salon, place réservée aux privilégiés et à leurs amis.

Le statut de chef n’a pas que des contraintes ! dit-il dans un discret rire.

En effet, la place qu’il venait d’acquérir dans ce bar réputé n’était pas dû à un quelconque lien avec le patronnant mais simplement du au fait que par son statut du chef des Hyuuga, celui-ci ne faisait qu’honoré les hôtes pas sa présence. Ils allèrent jusqu’à se plier en huit pour satisfaire le moindre de ses besoins en apportant rapidement à sa table tout ce qui lui était nécessaire. La table, haute d’une cinquantaine de centimètres, était également garnie par une épaisse nappe de soie brune sur laquelle était posée un assortiment de thés qui, prêt d’une théière remplie d’eau bouillante, n’attendaient plus qu’à être infusés. Lentement dans des gestes emplis de certitudes, l’homme plaça dans la théière diverses feuilles qui au bout de quelques secondes, donnèrent à l’eau chaude une agréable couleur virant au jaune. Regardant l’enfant assis à ses côtés, il lui présenta une tasse vide dans laquelle il ne tarda pas pour verser un peu du liquide qui, dans un écran de vapeur, rempli son conteneur. Il se versa lui aussi un peu de thé et une fois qu’il fit couler une gorgée du savoureux liquide le long de son œsophage, il reposa la petite tasse sur la table avant de reprendre.

A mon avis, cet endroit et bien plus propice pour étendre notre discussion… Et si tu me parlais un peu plus de toi ? demanda t-il tout en détournant son regard sur sa tasse à moitié pleine.

Combien de cette mascarade allait-elle durer ? C’était la seule question qui trottait dans l’esprit du tigre. Esprit qui d’ailleurs était de plus en plus instable, si on pouvait dire. Déchiré entre la déception et la rage, entre l’humanité et la sauvagerie. Pour le bien du jeune Hyuuga, pour son propre bien, Kyosuke espérait que cela n’irait pas plus loin. Mais qu’est ce qui n’était pas sensé aller plus loin ? La réponse était simple, tellement évidente, que notre ami priait pour que son nouveau compagnon se rende compte du jeu dangereux auquel il s’adonnait. Pourtant le chef de famille ne cessait de faire erreurs sur erreurs, la première étant d’avoir osé le comparer à ce clan de Konoha : les Inuzuka. Heureusement, comme son fils lors de leur rencontre, l’homme au Byakugan garda cette réflexion pour lui. Notre félin au pelage blanc détestait qu’on compare sa forme humaine avec ces amoureux des toutous et avec n’importe quelle personne ayant un lien quelconque avec des sacs à puces comme les canidés. Le juunin semblait avoir du mal à comprendre pourquoi l’enfant en face de lui était si enclin à se laisser submerger par un concept que les hommes de maintenant méprisaient au plus haut point.

*Il semble dérangé par mes paroles. Il le sera donc aussi par mes actes ? S’il savait alors, il serait dégouté. Pourquoi ne pas vérifier… Histoire de souffrir davantage.*

Intérieurement, il sourit quand il s’entendit penser ça. Sa rencontre avec le pyromane fou l’avait peut-être rendu masochiste. C’était la seule raison plausible qu’il trouvait à sa soudaine envie de souffrir. Ce fut la raison de cet acte très singulier, très chat et pas du tout humain. Comme prévu, avec cependant bien plus de hâte que le genin ne l’avait imaginé, le père d’Anji s’écarta de lui, essayant de retenir un air effaré, dégouté, comme s’il venait d’être témoin de la pire ignominie qu’on puisse faire dans ce bas monde. L’enfant sauvage ne montra pas la peine que ce geste avait fait naître en lui et encore moins la rage qui le rongeait de plus en plus. Même s’il y avait des exceptions, Konoha ne l’accepterait jamais tout entier. Il n’avait qu’un seul chez lui. Il lui fallut faire appel à toute la volonté et la sagesse de son esprit pour lutter contre l’envie de courir qui lui donnait des démangeaisons dans les pieds comme des les mains. La seconde erreur venait d’être faite et le chef des pupilles blanches continuait sur son chemin de damnation.

{And the rock will keep rolling, faster and faster until it’s being destroyed…}

Alors que l’héritier espérait encore que la pierre cesse de rouler, cette dernière ne faisait que courir à sa perte. Cette pierre, ce rock n’était ni plus ni moins son compagnon. Celui qui ne tarda pas à faire la troisième et dernière erreur. Alors le jeune tigre se dirigeait déjà vers la maison de son co-équipier, le chef des Hyuuga l’en empêcha, se cachant derrière l’excuse bidon de la distance. Mais encore, cette fois-ci, il n’avait pas pu cacher entièrement l’horreur qui se lisait dans ses pupilles couleur lune et encore moins les traits qui avaient déformé son visage habituellement si neutre, si froid. Il était beau de voir comment la peur pouvait colorer un visage. Suivant silencieusement l’hypocrite qui se tenait devant lui, le sourire innocent commençait eut à peu à disparaitre. Le visage froid du BlackTiger commençait à refaire surface. Une fois dans l’établissement, il alla se laver les mains. Maintenant qu’il était dans un lieu public, l’exilé préféra reprendre son attitude plus humaine. D’ailleurs à bien regarder, une fois debout sur ses pieds, il dépassait le chef des pupilles blanches d’une bonne tête. Une fois assis, il regarda la tasse de thé, la tête baissée sans jamais laisser voir son visage. La voix de ténor de son interlocuteur se fit entendre. Il voulait le connaître. Un rire sardonique, presque malfaisant se fit alors entendre, suivi d'un rugissement à faire trembler à la terre. Alors Kyo releva le visage. Un tableau à faire peur.

[Quartier Hyuuga] Le hasard fait-il bien les choses ? Page2110

Se levant après avoir prononcé ses paroles, il fouilla dans sa poche et déposa sur la table l’argent du thé qu’il n’avait même pas gouté. Il préférait le lait, le thé n’avait jamais été sa tasse de thé. Son regard, qui précédemment reflétait le bleu de l’océan, flamboyant maintenant d’un or brulant. Se dirigeant vers la sortie, l’enfant sauvage se tourna légèrement vers le père de famille pour lui dire le fond de sa pensée.

" Je plains Anji. Avoir un père aussi soucieux des apparences. Si j’avais un père comme vous, je préfèrerai le savoir mort. Par contre, j’aurai aimé pouvoir tester une chose. Si ma forme humaine te terrifie dans que ça, comment réagirais-tu devant ma vraie forme. Admirer ton visage effrayé devant moi, en tigre blanc de plus de 2m. Tu ferais sûrement un arrêt cardiaque papi… "

Il avança encore de quelques pas, mais avant de franchir la porte, l’héritier ne put s’empêcher de cracher une dernière fois son venin.

" Si j’ai suivi l’odeur d’Anji jusqu’à vous, c’était uniquement parce que je voulais vous demander ce qui pourrait le faire sourire, mon petit bonhomme. Mais vu le père pathétique que vous êtes, je suppose que vous êtes aussi, voir peut-être plus ignorant que moi à ce sujet… "

Fermant la porte derrière lui, arrachant par la même occasion la poignée, le seigneur de pays des volcans s’en alla.

La massive porte claqua, laissant flotter dans le salon un lourd silence qui pendant de nombreuses minutes n’osa pas être brisé. Hiashi, maintenant seul à sa table, buvant paisiblement son thé, était la proie de tous les regards de la salle. N’était ce pas normal après tout ? Les propos qu’avait tenus l’enfant, sa réaction puis sa sortie avaient attiré l’attention sur le buveur qui ne prêta aucune attention à la grande gêne qui régnait dans le bar. Demander pourquoi tant de gêne serait une stupide question mais, en vérité, ce lourd silence n’était pas dû à la scène mais plutôt à l’attente de la réaction du chef du clan qui venait d’essuyer un méchant affront. Tous s’attendaient à le voir se lever et à poursuivre l’enfant pour sauver son honneur mais, aux contraires de toutes les attentes, il resta là, se resservant un peu de thé, regardant avec désolation la tasse vide son compagnon parti. Bien sûr, comme tout être humain normal, une part de celui-ci voulait montrer à l’adolescent qui était le véritable maître mais, étant heureusement minoritaire, cette partie resta dans l’ombre de la clairvoyance du Hyuuga qui même si touché par le discours qu’avait tenu le disparu ne lui en voulait pas. Il fallait l’avouer, il avait été un peu pour quelque chose dans cette tragique histoire mais, dans le fond, même si celui-ci détestait se chercher des excuses, il savait pertinemment que cette réaction était dû à la bêtise de l’enfant ou plutôt, à la bêtise de la jeunesse.

Hiashi-sama, voulez vous que nous vous ramenons cet insolent pour le punir comme il se doit ? Demandèrent deux chuunins venus d’une table un peu plus loin.

Silencieusement, celui-ci déclina la proposition des hommes qui, même si toujours préoccupés, s’en allèrent à leur table. Et bien, une fois de plus, sa conduite ne lui avait pas fait de cadeau mais, avait-il réellement eu le choix ? Aurait-il dû gratter l’oreille de cet animal lorsqu’il s’était frotté contre lui ? Aurait-il dû l’inviter chez lui ? Ou encore, aurait-il dû faire preuve d’une plus grande tolérance ? Non. Même si il se remettait en tort, il savait qu’il ne pouvait qu’en être ainsi car, de son statut de chef, celui-ci ne pouvait se permettre de telles excentricités. Car, qu’aurait-on dit de lui si l’on avait appris que celui avait accueilli chez lui une furie au comportement animal ? Énormément de chose qui, dans le fond ne l’aurait pas personnellement gêné mais, avant tout, celui-ci avait pensé à son clan qui n’aurait pas supporté de tels rumeurs puisque c’était à travers Hiashi que l’on voyait son clan. Un chef est un guide, un chef est un modèle, un chef est un miroir. Si le chef ne sait se respecter et se faire respecter, tout le reste du groupe le sera aussi car, comme les icebergs, même si les membres du clan étaient nombreux, on ne voyait que le sommet : Hyuuga Hiashi. Et si il devait se faire détester par autant de personnes qu’il le fallait, il le ferait car depuis la mort de son frère, sa propre personne l’importait peu tant que sa famille et son clan ne connaissaient ni le malheur, ni le déshonneur.

Lentement, il se leva après avoir soigneusement rangé les tasses sales au centre de la table. Bien que les conversations avaient repris depuis peu, un autre silence s’installa lorsqu’il se leva pour partir. Ces bêtes personnes pensaient encore qu’il allait se jeter à la poursuite du petit insolent ? Il ne fut que plus désolé lorsqu’il vit quelle réaction ces personnes attendaient de lui, le faisant comprendre l’image qu’avaient les villageois de son clan, c'est-à-dire un clan courant derrière un vain honneur comme une mule derrière sa carotte. Et même la situation voulait qu’il sorte d’ici la queue entre les jambes et la tête basse, il adopta une démarche tout à fait normale comme l’homme qu’il était. Gardant toujours cette glaciale expression de sans cœur, il se sortit du salon à pas lents, admirant au passage un petit bonzaï placé prêt de la sortie. Et une fois à l’extérieur, il regarda une queue silencieuse qui semblait-il était déjà au courant des événements intérieurs. Mais, avant qu’il ne puisse s’en aller vers on ne savait où, il fut rattrapé par le chef de l’établissement qui bêtement lui couva d’excuses.

Vous n’y êtes pour rien, pas plus que ce jeune homme… L’Homme n’arrive simplement pas à comprendre que le monde ne se limite pas qu'à sa simple vie… finit-il.

Citation :: °¤ Evaluation ¤°

> Très surprise en voyant l'issue du topic

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Hiashi =) Fait plaisir de voir revivre un tel personnage sous ta plume. Rigoureux dans ta façon de le jouer, du recul, de la légèreté. Tu sembles même renaître avec ce personnage.
Des textes très bien écrits, surtout les passages descriptifs >>

Hiashi : 12 points / Kyosuke : 9 points