"Et cette fois, tu restes sagement ici, compris?!"

Le ton était monté, mais pas encore au point de crier, même si ce n'était pas l'envie qui manquait à l'infirmière responsable de surveiller la petite orpheline depuis la disparition d'Okita... Déjà plusieurs fugues en si peu de temps; décidément, cette gamine allait leur apporter bien des ennuis, de l'avis de la jeune femme toute de blanc vêtue. Quand la petite fille était rentrée de son escapade à l'académie et on ne savait où encore, elle s'était pris un sacré savon, et à présent, la voilà forcée de rester dans cette chambre, qu'on avait cette fois fermée à clé. Malgré son jeune âge, l'enfant avait déjà fait plusieurs escapades sans permission hors de l'hôpital, seule, sans aucune prudence, après tout. Presque furieuse, l'infirmière avait ensuite quitté la chambre, fermant la porte de celle-ci à clé.

*Mais je n'ai rien fait de mal... On m'a dit que je n'étais plus une esclave. Je suis libre, ou pas?*

Elle ne comprenait plus trop ce qui était ou n'était pas, dans toute cette histoire. Soupirant, elle s'était assise dans un coin de la pièce, trop grande, trop vide, trop blanche pour elle, manquant de tout esprit de vie, de joie, d'espoir... L'on prétendait panser les plaies et sauver des vies, en ce lieu, mais l'on oubliait sans doute trop souvent que le physique n'était rien sans le psychique... Le décor et l'ambiance dans lesquels se trouvaient actuellement la petite fille la déprimait profondément, et elle n'avait aucune envie d'y rester. Ce qu'elle voulait, c'était de l'air, de grands espaces, découvrir, bouger, rencontrer des gens... Tant de choses qu'elle pensait pouvoir s'ouvrir à elle dans cette nouvelle vie, si vraiment elle était aussi libre qu'on le lui avait prétendu. Mais voilà, la réalité n'était pas ce qu'espérait, ce qu'imaginait l'enfant. En réalité, Tilika était toujours esclave, toujours prisonnière, sans aucun droit de choix aucun. Du moins était-ce l'idée qu'elle avait après ce sermon, à présent enfermée dans cette pièce comme en prison.

*J'ai envie de sortir.*

Repliée sur elle-même dans un coin de la pièce, Kiny tentant en vain de la consoler, Tilika sanglotait en silence. Elle avait beau se comporter comme une personne plus mâture que la plupart des gosses de son âge la plupart du temps, elle n'en restait pas moins une gamine de cinq malheureuses années.

*Sois raisonnable... Comprends-les, ils s'inquiètent pour toi! Tu es encore jeune, ils ne te connaissent pas, t'ont retrouvée dans de sales conditions, et là, au lieu de rester sagement au lit à te laisser soigner comme le feraient sans doute la plupart des enfants de ton âge, tu es partie en vadrouille en pleine nuit, toute seule, et encore ce matin, rebelote. Ils ont eu peur et réagissent de façon humaine, c'est tout...*

Elle ne l'écoutait qu'à peine. Leurs dialogues télépathiques, seuls eux pouvaient les entendre, mais à l'instant présent, Tilika n'avait aucune envie de répondre à Kiny. Tout ce qu'elle voulait, c'était une liberté véritable, et qu'on aie confiance en elle. Bien sûr, elle n'avait que cinq ans, avait vécu des événements plus que traumatisants, devait reprendre des forces, se reposer, manger convenablement, et touti quanti. Elle n'était pas stupide au point d'ignorer ses besoins. Mais ces inconnus qui prétendaient la prendre en charge, eux, en ignoraient un, pourtant essentiel: celui de, justement, se changer les idées, avancer, aller de l'avant plutôt que de se morfondre sur ce présent trop sombre et dur à vivre pour la petite fille qu'elle était. C'était de ça dont elle avait vraiment besoin, plus encore que de dormir et bien manger. Un avenir vers lequel avancer, et si possible, des alliés, des amis, plutôt que des gendarmes surveillant ses moindres faits et gestes et lui interdisant toute activité nécessitant pour elle de quitter cette chambre...

La nourriture gratuite? Voilà bien le dernier des soucis de Tilika! A dire vrai, depuis ce matin, elle n'avait rien avalé. Au réveil, elle s'était déjà faufilée hors de sa chambre, pour son escapade à l'Académie, et à son retour, elle avait refusé de toucher au plat qu'on lui avait servi. Pas étonnant; on lui avait apporté ce plat en même temps qu'on lui passait un savon, ce qui n'était pas pour motiver son appétit, même si estomac sonnait bien creux.

En revanche, voir apparaître cet homme, cette personne-là, la seule qu'elle ne voulait surtout pas revoir, dans cette chambre dont elle se retrouvait prisonnière, ça, c'était bien plus préoccupant et inquiétant à son goût! Se relevant presque immédiatement, essuyant ses larmes d'un vif revers de manche, comme dans un vain essai pour les dissimuler à Seridan, elle le fixa ensuite avec de grands yeux furieux. Il venait se moquer d'elle, l'observer dans sa prison et son malheur comme un animal en cage n'ayant pas d'arme pour se défendre?

*Ne fais pas de bêtise, je t'en prie, Tili-chan... Il est bien plus grand et fort que toi... pour le moment. Restons prudents!!!*

Facile à dire. Kiny ne bougeait pas, dans son rôle de peluche qu'il jouait à la perfection. Ni lui ni elle ne pouvaient savoir que juste avant de venir en ce lieu, Seridan avait croisé Khanuk, ni ce qu'ils avaient pu se dire. Mais Kiny se doutait qu'à présent, Seridan connaissait la véritable nature de la grosse peluche qu'il s'efforçait de paraître aux yeux du commun des mortels... Pourtant, dans un premier temps, il préféra rester immobile. Tilika, en revanche, était bien trop contrariée et désespérée que pour se tenir tranquille, surtout après telles provocations et moqueries de la part de cet homme qu'elle détestait décidément de plus en plus.

"On m'a dit que ça sentait la mutinerie, par ici. Si tu te fiches des efforts que l'on fait pour te soigner, ce n'est pas la peine de dormir ici."

Non mais pour qui se prenait-il? Elle n'avait pas sommeil, ni envie de se reposer, et encore moins ici, en ce lieu rempli de menteurs lui prétendant qu'elle était libre alors qu'elle ne l'était finalement pas le moins du monde. Et sa colère mêlée à tout ce que sa situation actuelle pouvait bien lui faire ressentir lui faisait oublier radicalement toutes les plaintes de son corps, épuisé, lui. Les médecins et infirmières agissaient pour son bien, mais elle n'en avait cure, car s'ils savaient comment traiter ses maux physiques, ils semblaient bien mauvais psychologues. L'enfant avait avant tout besoin de remèdes psychologiques, sans quoi, elle refuserait sans doute tout essai de traitement physique, quand bien même en aurait-elle aussi besoin.

Se dirigeant vers la table de chevet, elle attrapa son cahier et son stylo, et griffonna plus qu'elle ne prit le temps d'écrire, avec rage, avant de tendre le bloc de papier à Seridan, d'aussi loin qu'elle put tout en restant à sa portée, comme si le simple fait d'approcher ce personnage l'horripilait.

- J'ai pas envie qu'on me soigne. Je vais bien. J'ai pas envie de rester ici, et j'ai pas envie de vous voir!!! -

Clair, net, concis, comme toujours. Tilika allait droit au but, sans détour. Et en attendant la réponse du genin, elle le fusillait de son regard sombre, dans lequel brillaient des étincelles de colère, tandis que ses poings se serraient, comme si elle espérais seulement pouvoir s'en servir contre lui...

L'enfant considéra l'arme posée au sol, puis le genin, assis juste derrière, avec incrédulité. Il voulait qu'elle le frappe? Qu'elle l'attaque!? Mais pourquoi donc? Il était complètement fou! Ou bien était-ce encore l'un de ses stratagèmes pour se moquer d'elle? Un adulte mûr et sain d'esprit ne comprendrait déjà pas Seridan, alors comme une enfant comme Tilika le pourrait-elle? Kiny non plus ne saisissait pas où il voulait en venir, et ne parvenait pas à le comprendre, à le cerner, à trouver une logique quelconque dans les actes et paroles de cet individu.

D'abord complètement perdue et indécise face au shinobi, Tilika finit par se calmer un peu, prenant une bonne inspiration. Elle s'assit en face de lui, le kunaï toujours posé entre eux telle une barrière symbolique. Son regard posé sur l'arme, elle semblait réfléchir, chercher une logique dans les actes et paroles de Seridan, en vain. Relevant alors son regard vers lui, elle le plongea dans celui du genin, sans peur ni gêne aucune, comme si elle voulait s'y enfoncer, y chercher la réponse à ses interrogations.

Il sembla se passer une éternité avant qu'elle ne bougea enfin, relâchant sa prise sur le regard de Seridan pour lui reprendre son carnet des mains et se mettre à y rédiger de nouveaux mots.

- Je ne comprends rien à ce que vous dites. Et je ne veux pas de votre arme. Vous me voulez quoi? -

Les actes et paroles de l'enfant étaient prévisibles, et surtout, clairs et facilement compréhensibles. Ce qui n'était pas le cas des actes et paroles de Seridan, surtout face à une enfant en si bas âge. S'il voulait se faire comprendre d'elle, il lui faudrait se montrer plus clair, et s'exprimer de façon plus simple, moins floue et chaotique. Que lui voulait-il? C'était si simple et si compliqué à la fois. S'il voulait se faire comprendre d'elle, Seridan allait devoir faire beaucoup plus simple et concis. Son histoire de "sortir d'un rêve", Tilika ne la comprenait pas, même si ce rêve, ou plutôt ce cauchemar, elle l'avait partagé avec lui.

Quant à lui taillader la poitrine avec ce kunaï pour en être quittes, elle ne s'en sentait aucune envie. De un, parce que sa colère était plus ou moins retombée, et sans l'adrénaline que cette rage pouvait lui apporter, elle se sentait trop lasse, fatiguée et peu motivée pour combattre qui que ce soit. De deux, parce qu'au fond, elle ne pouvait s'empêcher de penser que peut-être, dans son rêve, il ne pensait pas faire de mal, et le regrettait à présent qu'il avait compris l'avoir touchée bien plus sérieusement que simplement dans son imagination. Dans sa naïveté infantile, la petite fille repensait au Seridan qu'elle avait connu avant ce cauchemar. Il s'était montré gentil, attentif à elle, allant jusqu'à lui faire visiter l'académie, lui parler de son avenir et la prendre sur ses épaules, comme un grand frère, ou n'importe quel membre d'une famille qui lui faisait à présent trop cruellement défaut. Quel était donc le vrai Seridan, entre ces deux-là? La réponse aurait pu paraître évidente à bien des gens, mais aux yeux de l'enfant trop seule et fragile qu'elle était actuellement, la réponse était floue, et son petit cœur meurtri ne pouvait s'empêcher d'espérer que le premier Seridan soit "le vrai". Et ça, malin comme il l'était, le genin n'aurait sans doute aucun mal à le déchiffrer dans le regard perdu de la mioche...

Le regard surpris de Tilika plongé dans celui de Seridan laissait clairement apparaître toute l'incompréhension de la gosse face à cette détermination. Lui venir en aide? Faire d'elle quelqu'un de fort, ayant des amis et faire en sorte qu'elle soit heureuse?! Un adulte aurait déjà eu du mal à concevoir une telle idée, appliquée dans le seul but d'observer ce que cela pourrait donner. Tilika, pour sa part, n'y comprenait rien. Pour elle, faire tout cela pour le simple et unique plaisir d'en observer l'avancée et les résultats, c'était tout bonnement illogique et insensé. D'autant plus contradictoire après l'attaque de Seridan, dans ce rêve qu'elle n'oublierait sans doute jamais...

Et que répondre à cela? Lasse, l'enfant finit par baisser les yeux, abandonnant la fouille de l'esprit de son interlocuteur au travers de ce regard marron qui n'exprimait aucune des réponses aux trop nombreuses interrogations de la fillette. Tilika ne savait plus quoi penser, quoi dire, et encore moins quoi faire. Ce qu'elle voulait vraiment, c'était en effet avoir un but, des amis, une famille. Mais tout cela lui paraissait impossible, à l'heure actuelle, et les projets de Seridan qu'elle venait d'entendre la concernant ne lui apportaient pas davantage d'espoir. Il ne voulait que jouer avec elle, d'une certaine manière. Il n'était sans doute pas l'espère de grand frère qu'elle avait croisé avant ce rêve, et elle devrait se faire une raison.

Qu'il souhaite son bonheur lui importait peu; ce n'était pas par amour pour elle. Tilika n'avait certes pas compris toute l'étendue des fourberies de Seridan, mais elle était assez maligne pour avoir capté ce fait: elle ne l'intéressait que comme une chose amusante à observer, comme un poisson dans un aquarium. Ou plutôt, comme un jeune chiot dont le destin reposerait entre ses mains, tout dieu qu'il se prenait, et qu'il n'aurait qu'à élever comme il l'entendrait pour apprécier ensuite le résultat de ses expériences. Seulement, Tilika n'était pas un animal. Les larmes silencieuses qui se mirent à envahir ses yeux, puis à dégouliner le long de ses joues enfantines pour finir leur vie écrasées au sol, sur ses jambes et sur ses mains posées sur ces dernières feraient-elles comprendre au genin ce dont la petite avait réellement besoin, ce qu'elle espérait malgré elle? Probablement pas. Ou peut-être que si, mais qu'il s'en ficherait éperdument, pas intéressé par le fait d'avoir une famille, lui.

Ce n'était pas une enfant à sa charge, qu'il désirait, même s'il était clairement prêt à en assumer toutes les responsabilités ou presque. Ce qu'il désirait, c'était un cobaye, une expérience à long terme, un outil, peut-être même, qu'il aurait façonné de ses propres mains. Tilika, elle, avait surtout et avant tout besoin de chaleur humaine, et ça, Seridan semblait bien incapable de lui en apporter...

*M... Maman... Reviens... J'y arrive pas, toute seule. C'est trop dur. J'ai besoin de toi. Je ne veux pas que tu partes sans moi. Revieeeeeeens...*

Ses petites mains crispées sur l'espèce de chemise d'homme qu'on lui avait enfilée en guise de "robe", elle pleurait à présent à chaudes larmes, ses épaules secouées par les sanglots qui la prenaient. Et pourtant, ces marques évidentes de détresse restaient terriblement, implacablement silencieuses...

Seridan parlait, tentait de la raisonner, de lui faire comprendre qu'elle pouvait surmonter ça, comme il disait, dans le vide. Tilika ne l'écoutait même plus. Tout ce dont elle avait réellement besoin, il était bien incapable de le lui offrir. La fourberie du genin ne devait pas être assez imposante en son esprit tordu que pour jouer la comédie sentimentale, comédie qui lui assurerait pourtant très certainement de gagner le lot qu'il convoitait, à savoir la mioche en larmes qu'il avait face à lui. Aussi forte et courageuse fut-elle, la petite fille venait de tout perdre et de subir bien trop d'événements traumatisants et perturbant pour n'importe quel être normal, alors qui plus est pour elle, ça devenait un poids bien lourd à porter pour ses frêles épaules et son mental encore bien jeune et fragile...

*Tili-chan...*

Même Kiny ne savait pas quoi faire pour lui remonter le moral. En revanche, il savait que ce Seridan ne représentait en rien le tuteur idéal pour son amie, et fronçant les sourcils, il finit par s'avancer vers Seridan, après avoir jeté un rapide coup d'œil alentours, s'assurant que la pièce ne comportait pas de caméra, par exemple. Tandis que Tilika sanglotait toujours à chaudes larmes, bien incapable d'encore écouter qui ou quoi que ce soit ou de réagir, perdue qu'elle l'était dans sa solitude et son malheur, l'agneau se plantait face à l'ennemi, se doutant pourtant qu'il n'était absolument pas de taille si l'envie prenait encore à Seridan de s'attaquer à lui.

"Vous ne voyez pas qu'elle s'en fiche, de vos belles promesses? Ce n'est pas de ça dont elle a besoin. Allez donc voir ailleurs si elle y est et laissez-là tranquille."

Pas d'agressivité exagérée dans les mots de l'animal invoqué, juste l'énoncé d'une vérité dont Seridan lui-même devait se douter. Il n'était pas capable d'apporter à l'enfant ce qui lui faisait réellement défaut. Du courage? Elle en avait à revendre, et n'avait besoin de personne pour se montrer aussi forte qu'une gamine de son âge et dans sa situation pouvait l'être. Des amis? A peine arrivée à Kumo, elle avait gagné le cœur de bien des gens, attendris devant cette petite demoiselle qui, bien que méchamment blessée par la vie, lui tenait encore tête sans baisser les bras, du moins jusqu'à présent. Un but dans la vie? Devenir plus forte, plus grande, plus mûre, pour pouvoir alors défendre ce qui lui était cher. Ne lui manquait que la famille, quelqu'un pour l'aimer véritablement et qu'elle pourrait aimer en retour. Pas simplement des amis de passage, des gens admirant son courage malgré son jeune âge, ou un genin capricieux prétendant juste s'occuper d'elle et la rendre plus forte, non: ce dont elle avait réellement besoin, c'était un lien réel, une paire de bras pour l'enlacer, un cœur à protéger et qui protègerait le sien en retour, comme c'était le cas lorsque sa maman vivait encore... Une mère, un père, un frère, une sœur, qu'importait: ce dont Tilika avait besoin plus que tout au monde en cet instant présent, c'était une personne capable de ressentir un amour sincère pour elle, une personne capable d'avoir naturellement les gestes qu'il fallait, qui saurait gagner sa confiance, et LUI redonner confiance et courage. Et ça, Seridan en était incapable.

"Des mots."

Kiny sourit, une étincelle illuminant son regard couleur ciel quand il s'adressa à Seridan, lui répondant. Le père de Tilika? Mort, même si elle l'ignorait, elle. S'il lui restait une famille, Kiny ignorait où, mais s'il était sur d'une chose, c'était que jamais Tilika ne se laisserait mourir ici, encore moins que des adultes responsables laisseraient telle chose se produire. Okita avait certes disparu, et il était peu probable que l'Oinin la prenne sous son aile comme elle devait l'espérer, mais Kiny ne doutait pas que ce village recèle d'autres personnes mûres, responsables et surtout, capable de donner de l'amour sincère à sa petite protégée.

"Vous êtes juste en train d'user vos dernières ressources pour tenter d'obtenir le fruit de votre envie, et ragez intérieurement parce que vous savez ne pas posséder ce qui vous permettrait de l'avoir."

Kiny n'était pas aussi naïf que son apparence le laissait paraître, ni aussi doux qu'un agneau devrait l'être d'après l'expression. Il disait clairement ce qu'il pensait, lui aussi. Il se doutait bien que Seridan allait finir par lâcher prise, à court d'arguments pour obtenir la confiance de Tilika et surtout, son cœur. L'affaire devenait trop compliquée pour lui, et Kiny imaginait sans peine le personnage déjà occupé à se trouver une quelconque consolation dans un autre Caprice, fut-il moins captivant que semblait l'être Tilika à ses yeux.

"Il n'y a pas de triste avenir qui l'attende. Elle baisse les bras pour le moment, parce que ce n'est qu'une enfant, et qu'elle a trop mal pour l'instant, mais je sais qu'elle se relèvera très vite, avec ou sans votre aide."

Ce disant, l'invocation s'était rapprochée de la petite fille en pleurs, se lovant tout contre elle, lui apportant chaleur et réconfort comme il le pouvait, frottant sa tête couverte de laine douce et blanche contre celle de l'enfant comme une brebis le ferait pour son petit. C'était cela, que l'humain sans cœur qu'était Seridan ne pouvait offrir à Tilika, et dont elle avait vraiment besoin. Tout le reste, elle le trouverait par elle-même, avec ou sans aide.

"Maintenant, allez-vous en méditer à vos prochains caprices ailleurs. Tilika ne sera pas l'objet de vos projets, quels qu'ils soient, jamais."

Du moins l'espérait-il. C'était sans compter l'impétuosité de l'enfant quand elle voulait quelque chose... Dès que cette crise de larmes et de découragement serait passée, nul doute ne faisait que Tilika trouverait un autre moyen d'aller de l'avant, à sa façon, fut-ce en agissant sans réfléchir assez aux conséquences... Kiny se doutait que ce fourbe de Seridan guetterait la moindre erreur, le premier faux pas de son amie, et qu'il sauterait sans doute sur l'occasion pour encore tenter de la posséder, mais il ne pouvait s'empêcher d'espérer que ce ne serait pas le cas... La Raikage de ce village devait prendre une décision quant à l'avenir de Tilika, et Kiny espérait de tout cœur que cette décision ne lierait pas le destin de la petite à celui de cet affreux personnage!

Le shinobi avait quitté la pièce, et verrouillé la porte de cette dernière, laissant à nouveau l'enfant seule et prisonnière. Seule? Pas tout à fait. Quoi qu'imaginent les gens autour d'elle, Tilika savait pouvoir compter sur ce que Seridan appelait vulgairement "son escouade de moutons", ses amis les "cornus", et autres sobriquets du même acabit. D'ailleurs, le petit Kiny tentait, tant bien que mal, de consoler sa petite protégée et amie... A son grand dam, sans grand résultat hélas. L'enfant lâchait tout, tout ce qui lui pesait trop lourd sur le cœur depuis ces derniers jours, et pour apaiser son âme, il aurait fallu bien plus qu'un agneau tout doux se blottissant tout contre elle pour lui apporter un peu de chaleur et d'affection...

Du haut de ses cinq ans, et handicapée qu'elle l'était avec ce mutisme qui était sien depuis sa naissance, Tilika aurait du mal à retrouver une situation stable, quelle qu'elle puisse être. Une famille d'accueil serait sans nul doute difficile à lui dénicher dans un village dit caché, où les trois quarts de la population se voyaient composés de shinobis. Chacun avait déjà ses propres responsabilités, parfois même une famille et des enfants à élever dans l'état d'esprit des ninjas, à entraîner pour assurer la prochaine génération de défenseurs de Kumo... Qui, parmi tous ces gens qui ignoraient même jusqu'à l'existence de la fillette, pourrait bien la prendre sous sa tutelle? La Raikage connaissait-elle une famille susceptible d'adopter une enfant supplémentaire, parfaite étrangère au village, en plus? Kiny, malgré ses espoirs, ne pouvait s'empêcher d'en douter.

En revanche, ce Seridan qui semblait abandonner l'idée de posséder la petite et d'en faire ce qui lui plairait, la modelant à sa guise par simple plaisir d'en observer ensuite les résultats, sans se soucier une seconde des sentiments de l'enfant, l'effrayait. Tilika nécessitait bien plus qu'un tuteur de ce genre: il lui fallait une personne capable de l'aimer, et ça, Seridan en était visiblement totalement incapable. Pourtant, seul lui postulait pour ce rôle de tuteur... La dirigeante de Kumo prendrait sans nul doute ce fait en compte. Et dans la mesure où seul lui prétendait vouloir s'occuper de la petite fille, et que malgré ses 17 ans, il était genin, possédait un chez lui plus ou moins décent, semblait au moins assez mature pour connaître les besoins primaires d'un gosse et possédait les moyens d'y subvenir, il faisait le candidat "idéal" pour ce rôle de tuteur, hélas...

Tilika ne le détestait pas, ceci dit. Elle ne le connaissait simplement pas, ou pas assez, et surtout, ne le comprenait pas. Un jour, il la prenait fraternellement sur ses épaules, la consolait plus ou moins en lui parlant de son avenir de shinobi, se proposant de l'aider à avancer vers ce nouveau but dans sa vie. Le lendemain, il s'en prenait à elle et Kiny, les attaquant violemment, fut-ce dans un de ses songes. Et depuis, entre les menaces et les énonciations du Caprice de Seridan, ni l'agneau, ni l'enfant ne voulaient plus avoir affaire à lui, Kiny encore moins que Tilika, ayant mieux compris qu'elle ce qu'étaient réellement ce shinobi et son but. Kiny espérait ne plus le revoir, tout simplement, se doutant pourtant qu'ils n'auraient sans doute pas le choix. Tilika, quant à elle, n'espérait plus grand-chose, ne croyait plus en rien, à l'instant présent, blessée trop tôt par la vie, déprimée, découragée, et surtout, beaucoup trop orpheline...

Citation :

°¤ Evaluation ¤°

Tilika =) Je t'épargne mon blabla habituel , tu vas finir par connaître par coeur mes commentaires au sujet de tes RPs.

Une petite chose commence à me titiller un peu, on se demande très souvent si Tilika a bel et bien 5 ans. Etant donné que tu joues le rôle d'un narrateur omniscient, ou encore le porte parole de la petite, difficile de trouver un juste milieu. Très souvent, on entend la voix du narrateur et nonde Tilika (dans les réponses à certains dialoques). Elle est tout de même mature et analytique pour son age, c'est beaucoup. Mais, au final cela ne pose pas tellement de problème. Le lecteur oublie le détail et continue de lire le livre qui est sagement installé sur ses genoux

Seridan : 7 points / Tilika : 10 points