La pièce était plutôt sombre, lumières éteintes et rideaux tirés. L'infirmière chargée de veiller sur la petite fille, assise sur une chaise à côté du lit, soupirait, et releva la tête vers la Raikage quand cette dernière entra, surprise. Un second soupir s'échappa des lèvres de l'infirmière, qui se releva et ouvrit les rideaux, après avoir très respectueusement salué Kazumi. La pièce s'en vit directement inondée d'une lumière plus vive, bien que pas trop agressive, au vu du mauvais temps qui régnait, encore et toujours, dehors... L'infirmière s'adressa ensuite à la grosse boule que formait la responsable des cernes qu'elle avait sous les yeux, sous l'épaisse couverture du lit.

"Allez, sors de là. Je sais que tu ne dors pas. Celle que tu voulais voir est là."

Celle qu'elle voulait voir? Ni une, ni deux, Tilika rabaissa la couverture, ne se cachant plus dessous, sa moue boudeuse laissant immédiatement place à une grande curiosité se lisant clairement dans son regard, violet sombre, tandis que ses longs cheveux, de la même couleur mais pastels, lui retombaient en mèches rebelles dans les yeux, en bataille qu'ils étaient après tant de péripéties. Car l'enfant n'était pas restée sagement dans son lit depuis son arrivée ici, comme l'auraient espéré et voulu les médecins et infirmières veillant à ce qu'elle se porte bien...

*Alors c'est elle, Madame la Rakaïge?*

La petite fille dévisagea Kazumi de haut en bas et de bas en haut. Elle ressemblait à une femme tout à fait ordinaire, à première vue. Pas de vêtements luxueux ou voyants, pas de couronne ou de quelconque signe distinctif faisant d'elle la dirigeante de ce village. Du haut de ses cinq ans, Tilika s'imaginait que cette représentante et dirigeante en chef du village porterait, si pas une couronne, quelque chose qui la différencierait des autres femmes du village. C'est donc partagée entre la surprise et le doute qu'elle écrivit dans un petit carnet, qui ne la quittait plus depuis qu'on le lui avait donné, un mot qu'elle tendit ensuite à Kazumi, ayant déjà quitté son lit et marché droit vers la jeune femme.

- C'est vous, alors, Madame la Rakaïge, qui allez décider ce qu'on va faire de moi? –

Franc, direct, clair, net, concis: l'enfant était allée droit au but, sans détour. Elle semblait bien plus en forme que l'infirmière qui la veillait, malgré les événements pourtant éprouvants qu'elle venait de vivre, surtout pour une si jeune enfant. Debout face à Kazumi, la petite fille s'était presque mise sur la pointe des pieds pour lui tendre le bout de papier arraché de son carnet pour le donner à cette femme qui serait apparemment responsable de son avenir proche, voire lointain. La chemise qu'on lui avait donnée, trop grande pour elle, dépassait de ses mains, et elle tentait sans arrêt d'en retrousser les manches, qui s'obstinaient à lui retomber sur les menottes. Evidement, dans l'hôpital d'un village caché, on traitait davantage des shinobis blessés que des enfants. Et ceux qui y étaient soignés avaient généralement leurs parents, leur famille au village, et portaient donc des vêtements que ces derniers leur avaient donnés. L'hôpital lui-même ne possédait pas de tenue pour ce genre de cas, et n'avaient rien pu offrir de mieux à la gamine pour se couvrir que la chemise d'un des médecins et des chaussons aussi trop grands pour elle. Craignant sans doute une quelconque remarque de sa dirigeante suprême, l'infirmière s'excusa d'avance.

"Nous lui avions trouvé une tenue, Raikage-sama, mais elle a fugué de l'hôpital et est revenue dans un tel état que nous avons du mettre la dite tenue au lavage. En attendant, nous n'avions que cette chemise..."

Et ce disant, la jeune femme s'était inclinée respectueusement face à Kazumi, sans un mot de plus. Si elle avait des questions, elle les poserait. En attendant, le dialogue semblait davantage concerner l'enfant, directement.

Kazumi balaya la salle du regard. Dans un premier temps, elle ne distingua que l'infirmière, qu'elle salua. Surprise, elle se mit en quête de trouver la petite fille qui aurait dû être dans cette salle, tandis que l'infirmière tirait les rideaux. Son regard émeraude s'arrêta alors sur une boule sous les couvertures. La jeune femme n'eut pas réellement le temps de se demander s'il s'agissait bien de Tilika ; déjà l'infirmière s'adressait à elle.

Le tas de couverture se mit en mouvements ; en émergea alors la petite tête de la fillette, sur laquelle se lisait nettement grande curiosité. Elle la dévisagea de haut en bas. Kazumi prit alors la parole, pendant que Tilika l'observait.

-" Bonjour, Tilika. "

A son tour, la Raikage l'observa rapidement. Tilika était petite, et ses deux grands yeux violets très expressifs. La jeune femme se rappela alors qu'Okita lui avait appris que la petite fille était muette ; l'idée lui vint alors que l'expressivité de son regard devait compenser la parole qu'elle n'avait pas. Elle se saisit d'un carnet, et commença à écrire, surprenant Kazumi. D'après ce qu'Okita, Loki et Seridan lui avaient dit, elle avait environ cinq ans. Ainsi, une si petite fille saurait déjà écrire ? Elle fronça les sourcils, attendant de pouvoir lire son papier. Lorsque Tilika le lui tendit, la kunoïchi s'attendait à voir une écriture désordonnée d'enfant ; mais il n'en était rien.

Après la lecture du message, Kazumi leva les yeux, les plantant dans le regard violet de la fillette. Elle avait une drôle d'allure dans ses vêtements beaucoup trop grands pour elle, et ses cheveux en bataille. Comme lisant dans ses pensées, l'infirmière lui expliqua la raison de cet accoutrement étrange.

-" Ah oui, des fugues ? Alors tu ne te plais pas, ici, Tilika ? "

En même temps qu'elle parlait, la jeune femme songea que si quelqu'un avait eu la folie de l'enfermer elle-même dans une chambre d'hôpital, il en aurait eu pour son gré. Tout en pensant à cela, Kazumi se remémora un évènement, produit à un certain moment de sa vie. Elle ne saurait le situer exactement. De toute façon, Le Rêve lui avait fait perdre toute notion du temps.

C'était le jour de son arrivée à Kumo. Le jour où elle s'était réveillée, dans ce même hôpital, sans passé connu ; sans mémoire. Elle s'était alors retrouvée face à Shao Khan, le Raikage à l'époque. Il lui avait raconté une histoire qu'elle savait à présent fausse sur son passé, et elle avait dû rester quelques jours dans un piteux état à l'hôpital avant de prendre ses nouvelles fonctions de chef Anbu. A ce moment là, Kazumi avait vraiment été mal en point. La plupart de ses membres avaient été fracturés, et malgré l'indéniable talent du meilleur shinobi médical de Kumo, Daisuke Daïbutsu, la kunoïchi avait mis bien du temps à s'en remettre. Et pourtant... A ce moment là, elle tenait à peine sur ses deux jambes. Mais dès qu'un soupçon d'énergie l'avait saisie, lassée de rester enfermée dans sa chambre, elle était allée faire des acrobaties sur le toit de l'hôpital. Elle ne se souvenait plus très bien comment ses folies aériennes s'étaient terminées... Il lui semblait que le premier jour, après une bonne heure d'exercices saugrenus en tout genre sur un toit glissant, elle avait dérapé sur une tuile. Mais après cela, loin de lâcher le morceau, elle avait tous les jours échappé à la surveillance des médecins pour un entraînement sur le toit, qui était désormais devenu son lieu de prédilection.
Peut-être comprenait-elle Tilika mieux que personne. Songeuse, elle lâcha quelques paroles.

-" Mais je te comprends. Ça ne doit pas être très amusant pour toi de rester enfermée toute la journée. "

Sans réellement se préoccuper du regard noir de l'infirmière, elle continua d'observer la petite fille. Ses cheveux violets lui tombaient en bataille devant les yeux. Elle avait un visage amusant. Son regard dévia alors, et s'arrêta sur le papier qu'elle tenait elle-même à la main. Elle avait un peu oublié ce que lui avait demandé Tilika, avec tout ça.

-" Ce qu'on va faire de toi, hein ? Je suis effectivement la Raikage, mais ce qu'on va faire de toi, je comptais sur toi pour m'éclairer là dessus... "

Elle poussa un soupir. Pourquoi tout était si compliqué ? Okita aurait tellement pu leur simplifier la tâche, s'il n'avait pas disparu de manière inexplicable...

-" Tout ça n'est pas simple... Tu n'as pas de famille à Kumo, n'est-ce pas ? Elle guetta un signe d'approbation sur le visage de la fillette. " Et puis, Okita voulait bien t'accueillir chez lui, mais il a disparu voilà quelques temps... Et toi, Tilika, où voudrais-tu aller vivre ? "

La Raikage marqua une pause. Il restait une possibilité qu'elle n'avait pas encore évoqué devant Tilika. Seridan... Il souhaitait avoir la garde de la gamine. Mais lui même n'était guère plus qu'un môme... Même s'il avait connu à son âge bien des épreuves que les autres n'avaient pas connu, il n'était tout de même qu'un adolescent de tout juste dix-sept ans... Etait-ce sage de remettre à lui le sort de Tilika ?

-" Et... Ce Seridan ... Tu l'aimes bien ? Ça te plairait d'aller vivre avec lui ? "

Ce Seridan... Vouloir vivre avec lui? Clairement pas. Il n'avait pour elle aucun sentiment, aucune pitié, aucune gentillesse sincère. Tout ce qui intéressait le genin restait incompréhensible à l'enfant, qui ne concevait pas l'idée qu'on puisse vouloir la posséder dans le seul et unique but d'observer ce qu'il pourra en faire, ce qu'elle deviendra, comment elle évoluera. Bien sur, Seridan s'occuperait bien d'elle, de ses besoins physiques, de son éducation, et surtout, de faire évoluer son potentiel en tant que Shinobi, mais niveau sentiments... Il ne pourrait sans doute jamais lui apporter ce que tout enfant, et même tout être au monde a besoin pour vivre: de l'amour.

Hésitante, la petite fille avait baissé le regard, regrettant déjà d'avoir fugué à plusieurs reprises de sa chambre. Mais elle ne l'avait pas fait par simple inconscience et plaisir de faire n'importe quoi alors que l'on s'efforçait de veiller sur elle. A chaque sortie, elle avait tenté de repérer un bâtiment bien particulier, même si ses pas et le hasard de ses recherches l'avaient menée en bien d'autres endroits, à faire bien d'autres rencontres que celle tant désirée qui s'effectuait à l'instant présent.

- Pardon d'être sortie sans permission. C'était pour vous trouver plus vite. Je ne voulais pas embêter les gens ici. -

Tendant son carnet à Kazumi, l'enfant la fixait de son regard profondément expressif, empli d'inquiétude, de culpabilité, et de tant d'autres choses... Mais quoi de plus normal que tant de sentiments troublants occultent son regard, après tant d'événements plus ou moins traumatisants vécus en si peu de temps, alors qu'elle n'avait que 5 ans? En trois jours à peine, elle avait perdu tout ce qu'elle possédait, sa mère, sa pseudo-situation, pour se retrouver seule et démunie face à trop de nouvelles voies possibles. Quoi de plus normal qu'elle fusse complètement déstabilisée, du coup?

Vivre avec Seridan... Elle n'en avait pas vraiment la moindre envie, pas plus que de vivre avec qui que ce fut d'autre ici, parmi le peu de gens qu'elle avait pu rencontrer. En si peu de temps, et troublée comme elle l'était, du haut de ses cinq malheureuses petites années, elle n'avait même pas pensé à la question, ou pas directement. Elle aurait aimé partir avec ce monsieur masqué de Kiri no kuni, qui lui avait sauvé la vie. Elle appréciait assez Okita pour accepter de le suivre sans rechigner s'il avait encore été là. Elle avait fait d'autres rencontres également, mais parmi toutes, aucune qui n'ait vraiment et si directement éveillé en elle un choix clair et net de vivre avec cette personne.

*Je ne sais pas où je vais vivre, ni avec qui. Y a que ce monsieur Seridan qui veut de moi... Mais je ne l'aime pas...*

Elle ne l'aimait pas, tout comme lui ne l'aimait pas. Pourtant, l'indiscutable logique frappait: seul lui voulait d'elle, ici. Il s'acharnait à obtenir le droit de l'élever, et depuis la dernière fugue de Tilika, le personnel médical lui-même n'hésiterait sans doute pas à voter pour lui auprès de Kazumi s'il s'agissait de choisir qui aurait la garde et la responsabilité de la petite. Se rendant compte des soucis qu'elle avait causés à tout le monde, mais surtout, de l'énorme erreur qu'elle avait commise en fuguant ainsi malgré ses bonnes intentions, Tilika baissa la tête, honteuse, coupable, perdue et désespérée. Cette femme entre les mains de qui reposait son avenir allait probablement, en toute logique, écouter les infirmières et Seridan avant son propre avis à elle, toute mioche étrangère qu'elle était, incapable elle-même de choisir avec qui elle voulait vivre... Ce qu'elle voulait par-dessus tout, elle, c'était quelqu'un qui l'aimerait, elle, et pas simplement un tuteur. Pourtant, dans la logique la plus pure de la situation actuelle, et malgré quelques réserves de plusieurs sur le sieur Sarian Seridan, il était fort probable que ce fut à lui qu'on la confie... A moins de lui trouver très vite une autre famille d'accueil, ce qui semblait tâche presque impossible, en si peu de temps.

Sentant à quel point sa situation était précaire, Tilika releva son regard en direction de Kazumi. La Raikage, la dirigeante de ce village. C'était une femme, jeune, belle, et qui avait l'air douce et si gentille... Dans un délire purement enfantin et sans aucun doute du au traumatisme d'avoir perdu si récemment sa maman, la petite fille crut voir les traits de cette dernière se mêler à ceux de Kazumi. Des larmes lui vinrent aux yeux, et sans réfléchir plus loin, elle enlaça soudain les jambes de la jeune femme de ses petits bras, pour se blottir tout contre elle, fondant en violents, mais terriblement silencieux sanglots...

Kazumi devait constamment se remettre en tête que Tilika n'avait que cinq ans. Elle avait beau paraître bien plus petite, dans ses vêtements beaucoup trop grands pour elle, il y avait sur son visage quelque chose qui contrastait avec sa morphologie. Elle ne saurait réellement expliquer quoi. Kazumi l'observa gravement, essayant de déterminer exactement ce qui clochait, peut-être dans son regard, avant que la fillette ne lui tende un nouveau papier. Elle s'en saisit lentement, et le parcourut du regard. La Raikage fut un peu prise au dépourvu, ne sachant pas trop que lui répondre.

- " Euh... Tu sais, ce n'est pas à moi qu'il faut s'excuser. C'est plutôt aux infirmières à qui tu as causé du souci... "

Kazumi lança un regard derrière elle à l'infirmière, qui restait de marbre face à leurs échanges. La jeune femme était mal à l'aise. Voilà bien longtemps qu'elle ne s'était pas adressée à une si petite enfant. Elle en vint à douter de la manière dont il lui fallait s'exprimer : mais la cohérence des propos écrits de la petite fille lui faisaient penser qu'elle comprenait tout ce qu'elle disait, et l'encourageait à continuer. La kunoïchi ne se souvenait plus : comment on est, à cinq ans ? Avons-nous déjà conscience de tout ce qui nous entoure ? Comprenons-nous bien le monde tel qu'il est ? La jeune femme en doutait sincèrement, mais la petite fille avait plutôt tendance à infirmer ses pensées.

Tilika ne lui répondit pas. En tout cas, elle ne lui écrivit aucune réponse. Soudain, elle planta ses deux grands yeux violets dans le regard de jade de la Raikage. Cette dernière essaya de décrypter son regard... qui était d'ailleurs embué de larmes. La jeune femme en fut soudain très décontenancée. Il était vrai que l'on pouvait s'attendre à ce que la petite fille ne soit pas des plus joyeuses, si peu de temps après la mort de sa mère, mais le moins qu'on puisse dire était que Kazumi n'avait pas d'expérience en matière de réconfort de gamines, aussi en détresse soient-elles.

* ... Je... suis censée faire quoi là ? *

Elle l'observa perplexe, d'autant plus lorsque celle ci enlaça ses jambes. Kazumi s'accroupit, comme pour se mettre à sa hauteur.

-" Euh... ça veut dire que tu ne veux pas ? " lâcha maladroitement la kunoïchi, ayant du mal à interpreter les réactions de la fillette. -" Ou que... au contraire, tu aimerais ? "

Kazumi se savait particulièrement peu douée avec les enfants, surtout en l'occurrence. Elle était consciente que si elle avait su bien faire, elle aurait probablement dû dire une banalité dans le genre : ne pleure pas. Mais dans le cas présent, elle se voyait mal recommander une telle chose. Et d'ailleurs, elle ne se voyait pas en train de le dire non plus. Elle se contenta donc d'observer la petite fille d'un œil inquiet.

-" Tu sais si tu as... de la famille, des amis, à Kumo ? Des gens chez qui tu pourrais aller ? "

Que dire? Ou plutôt, que penser, vu qu'elle ne pouvait parler? Que faire? Tilika était très forte et courageuse, pour son âge, souvent trop mûre, aussi, mais elle restait malgré tout une enfant, une petite fille de cinq ans, fragile, et que la vie ne cessait d'agresser. L'arrivée de Seridan dans la pièce la fit à peine réagir, comme si le fait qu'il débarque maintenant n'était que fatalité incontournable, ou qu'elle n'avait tout simplement plus la force de se battre contre lui. Pas maintenant, du moins. Cela faisait trois jours qu'elle avait perdu sa maman, qu'on l'avait recueillie, soignée, et plus ou moins séquestrée dans cette chambre dont elle n'avait cessé de fuir. Elle était complètement perdue, désemparée, et pour l'heure, ne pensait même plus à tous les nouveaux objectifs que cette vie pourtant si cruelle à son égard semblait lui offrir. Devenir shinobi... Battre Seridan... Retrouver son papa s'il était effectivement toujours en vie... Attendre le retour de ce monsieur masqué de Kiri pour lui demander de l'enmener avec lui... Tout cela, elle n'y pensait plus, pour le moment. C'était de trop pour son esprit fatigué et son cœur aux plaies encore trop béantes...

*Je voudrais... ma maman...*

Ne répondant pas à Seridan, fut-ce par la moindre réaction à son encontre, l'ignorant totalement, elle serra un peu plus l'étreinte de ses petits bras autour de Kazumi, qui s'était agenouillée à sa hauteur, comme pour tenter de se blottir dans les bras de la jeune femme. Ce petit bout de chou haut comme trois pommes avait tout perdu, et la seule chose à laquelle elle devait penser, ainsi contre Kazumi, qui ressemblait en plus à sa défunte mère, c'était justement à cette ressemblance. Mais ça, seuls ceux qui avaient vu le corps de Kôma Kazuya pouvaient le savoir... Seuls l'oinin de Kiri et Okita l'avaient vu, ainsi que Seridan. Ce dernier devait donc pouvoir imaginer ce qui pouvait bien se passer dans l'esprit et le cœur perturbés de l'enfant. Tordu comme il l'était, l'idée devait l'amuser, même, sans doute...

*Tilika...*

Encore une personne ci-présente qui connaissait bien le visage de la maman de Tilika, et ne pouvait que constater la ressemblance entre cette dernière et la Raïkage... Sauf qu'il ne pouvait rien dire, rien faire. Seridan connaissait son secret, mais le trahirait-il? Devait-il prendre les devants et se dénoncer à Kazumi, dénonçant alors aussi le don de sa jeune invocatrice? Ou bien devait-il prendre le risque de laisser Seridan dévoiler le don? Le genin allait-il en profiter? Ou au contraire garder ce secret pour lui et ses propres desseins, quels qu'ils fussent...?

*Que... Qu'est-ce que je dois faire?! Qu'est-ce que je dois faire!!!!! Tilika... Avec ce type, tu... Il va se servir de toi. Faut pas que tu te retrouves entre ses mains! Mais... Qui d'autre ici voudra s'occuper de toi?*

La peluche en forme d'agneau, perchée sur le lit de l'enfant, fixait la Raïkage. Allait-elle trouver une meilleure solution pour l'avenir de sa petite protégée? Evidement, une personne comme elle, avec déjà autant de responsabilités, ne pourrait pas s'occuper elle-même de la petite fille. Du moins Kiny en doutait-il fortement. Pourtant, lui qui connaissait si bien Tilika, il le voyait bien, il le sentait, ce lien que l'enfant tentait d'établir entre sa maman perdue et cette jeune femme, comme un dernier essai pour se rattacher à cette vie où tout lui échappait, à cette réalité trop difficile à affronter sans repère. En cet instant précis, et bien qu'elle fut pour Tilika une presque parfaite inconnue, Kazumi représentait ce repère, cette attache qui empêchait Tilika de complètement sombrer. Et elle s'accrochait à cette attache, pleurant à chaudes larmes dans ses bras, sans rien faire d'autre, ses petites épaules secouées par ses violents, mais terriblement silencieux sanglots...

Tilika ne semblait pas décidée à lui répondre. Enfin, de toute manière, elle était visiblement incapable de parler ; mais elle aurait pu lui préciser le fond de sa pensée en lui écrivant. En songeant à cela, Kazumi omettait toutefois qu'elle avait affaire à une gamine de cinq ans. Elle oubliait également qu'elle ne pouvait probablement décider d'elle-même chez qui elle voulait aller, et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, elle ne connaissait pas grand monde à Kumo ; quasiment personne. Et ensuite, du haut de ses cinq années, elle pouvait difficilement savoir ce qui était le mieux pour elle. Par ailleurs, même Kazumi ne savait pas vraiment ce qui conviendrait le mieux à la fillette. Par contre, ce qu'elle savait, c'était ce qui était le plus simple.

Si Seridan acceptait de l'héberger ce soir, ce serait une réelle aubaine. Après tout, n'était-il pas celui qui l'avait sauvée ? Sans lui, ne serait-elle pas morte ? Et puis, peut-être bien que cela avait crée un lien entre eux. Ce serait d'autant plus pratique.
Pendant le temps des tergiversions de la jeune femme, Tilika, elle, était toujours secouée de sanglots. Manquant terriblement d'expérience avec les enfants - elle se souvenait tout juste en avoir été une un jour... et ces souvenirs semblaient si lointain, et si inaccessibles qu'ils auraient pu être ceux de quelqu'un d'autre sans que cela ne la choque... -, elle ne savait absolument pas ce qu'elle pouvait faire pour réconforter la petite fille.

Au moment précis où Kazumi avait ses pensées, quelqu'un fit irruption dans la pièce. Son regard vert de jade se planta dans celui... de Seridan. Elle se rappelait assez bien de lui pour ses nombreuses interventions au bureau du Raikage. Elle le salua d'un signe de tête. Il lâcha quelques mots à l'adresse de la fillette, et demanda ensuite s'il dérangeait.

-" Non, tu ne déranges pas. A vrai dire... Nous nous demandions où pourrait vivre Tilika, après... après tout ça. C'est assez ennuyeux, elle n'a pas de famille à Kumo et... Enfin, tu connais la situation. "

Kazumi parlait, comme espérant que Seridan s'exclame qu'il serait ravi de l'héberger. Elle poussa un soupir. Elle continua.

-" Tu ne sais pas qui pourrait éventuellement l'accueillir, toi ? ", dit-elle d'une voix peut-être un peu trop insistante.

Kazumi tourna son regard vers la principale interessée. Elle n'avait pas répondu lorsqu'on lui avait demandé ce qu'elle en penserait de vivre avec Seridan. Comment devait-elle interpréter ce silence ?

Natsuhiboshi - Naruto

Et voilà. L'avenir de la fillette se jouait, là et maintenant, sous ses yeux sans qu'elle ne soit capable d'y faire quoi que ce soit, trop anéantie sur le moment que pour tenter encore de se rebeller face à cet homme. Qu'importait que cette femme la confie à Seridan. Qu'importait ce qu'il ferait d'elle. Qu'importait d'être là, tout simplement. Sans sa maman. Sans aucun repère, aucun allié assez puissant pour lui venir en aide. Ce monsieur masqué de Kiri s'en était retourné à sa mission, et rien n'indiquait qu'il reviendrait. Sans doute avait-il bien plus important à faire que de s'occuper d'une promesse en l'air faite à une pauvre petite ramassée sur le bord d'une route, après tout. Quant à cet Okita, il semblait avoir tout bonnement disparu. Il ne restait que Seridan.

*Je me doute de ce que tu dois ressentir en pareilles circonstances, ma pauvre Tililka... Moi-même ne puis hélas rien pour toi, en cet instant difficile de ta vie, mais je ferai tout mon possible pour te soutenir, alors... TIENS BON! Ne te laisse pas abattre, relève-toi dès que tu pourras, encore et encore, à chaque fois que tu trébucheras, comme tu l'as toujours fait! Je compte sur toi! Tu deviendras très forte, un jour, et ce Seridan ne sera plus qu'un moucheron qui ne pourra rien contre la puissance que tu auras acquise, je te le promets! Mais d'ici-là... tiens bon!!!*

Que pouvait-il faire de plus que de prier pour elle, de l'encourager ainsi mentalement, le pauvre petit Kiny, tout fragile et agneau qu'il était, sous son apparence de grosse peluche? Sans doute rien. Il ne pouvait que voir, écouter, entendre tomber ce verdict auquel il savait que sa petite protégée n'échapperait sans doute pas. Elle serait placée sous la tutelle de cet homme. Et le shinobi en profiterait pour étudier son cobaye et le rendre puissant, comme un ingénieur s'amuserait à créer un robot surpuissant. Sauf que Tilika n'était pas une machine, et qu'un jour, la kunoïchi surpuissante qu'en ferait sans doute ce pseudo tuteur, elle allait se retourner contre lui. Il devait s'en douter, alors pourquoi s'entêter dans son projet complètement fou? Son Caprice l'amusait-il au point de préférer prendre ce risque à laisser tomber?

*Ma... maman...*

La petite continuait de pleurer, inlassablement, silencieusement, mais à coup de sanglots aussi violents que muets... La douleur, la fatigue, la faim... Elle n'en pouvait plus de faire la forte tête dans cette situation trop difficile à vivre pour elle. Epuisée, elle finit par se calmer, toujours accrochée à Kazumi. Elle ne bougeait plus. Elle avait sombré dans l'inconscience, dans un profond sommeil qui ne lui avait que trop manqué ces derniers jours, trop faible pour encore tenir et faire la dure face à ce monde cruel et trop fort pour elle. Et dans ses songes, la dame qui la tenait contre elle et contre laquelle l'enfant s'était blottie en dernier recours désespéré, ce n'était plus Kazumi, mais sa maman, qui lui souriait doucement.

*Dors, ma petite Tilika, dors... Demain sera un autre jour. Tu seras sous la responsabilité de cet homme. Tu souffriras encore. Il te fera endurer moult humiliations, te forcera à faire bien des choses que tu ne voudras pas faire, se servira de toi... Mais il te rendra plus forte, et je sais qu'un jour, tu t'affranchiras de lui. Vis pour ce jour-là, ma chérie... VIS!*

Etait-ce le dernier rappel à l'espoir d'une mère pour son enfant...? Le requiem de la défunte génitrice de la petite fille? Toujours fut-il qu'alors, Tilika cessa de trembler, dans son sommeil, et que l'expression de son petit visage poupin s'adoucit, passant de la douleur et de l'incompréhension mêlée de peur face à tous ces défis trop difficiles pour elle que la Vie mettait en travers de son chemin à peine tracé, à une expression plus sereine, puis déterminée. Elle souriait, calme, apaisée, décidée. Elle irait de l'avant. Qu'importait le fait que cet homme puisse la faire encore trébucher, l'humilie, la mette à genoux: elle avancerait!

Citation :

°¤ Evaluation ¤°

>> Encore un RP qui date, mais assez marquant dans l'histoire de la petiote.
RP agréable à lire, j'ai pas grand chose à dire de spécial
Tilika =) tu m'as mis une sacrée liste, j'aurais de quoi commenter ^^

Tilika : 7 RPs / Sarian : 5 points