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| I'm well aware i'm a danger to myself [Kiyoshi] | |
| Auteur | Message |
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Mujô Hinako Juunin de Kumo
Nombre de messages : 207 Age : 32 Date d'inscription : 21/11/2010
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| Sujet: I'm well aware i'm a danger to myself [Kiyoshi] 2011-01-17, 19:52 | |
| « Je suis enceinte. » Tout sourire, la femme vêtue d’un kimono pourpre sourit, prenant sa fille dans ses bras. Le bonheur qu’elle ressentait à cet instant était indicible, plus puissant que n’importe quoi sur cette terre. Après la terrible faute qu’elle avait autrefois commise, elle était finalement parvenue à panser le cœur de son époux, à se rapprocher de lui, à l’aimer à nouveau. Un être, réel fruit de leurs entrailles, allait naître, réconciliant par le fait les deux familles. Cet enfant, d’après les médecins, serait même un garçon. Un fier ninja pour la famille ! Cela faisait déjà trois mois qu’elle savait que quelque chose en elle grandissait. Elle n’avait cependant jamais trouvé le temps, la manière de l’annoncer à son premier enfant, à sa fille chérie, Hinako-san.
Se doutait-elle alors qu’avec cette petite phrase lâchée d’un grand sourire, elle avait assassiné de sang froid la mince stabilité mentale de sa fille ? S’était-elle rendu compte qu’elle avait brisé l’âme, le cœur, la conscience de sa première création ? Si ce n’était pas le cas, sans doute la tasse de thé lâchée au sol par la jeune femme l’en avertit. Blême, la jeune Jûnin se redressa, appuyant la paume de ses mains sur le verre brisé. Le sang se mêlait au thé brûlant, formant des arabesques de couleurs captivantes. Pourtant, elle ne s’y attarda pas. « Félicitations. » lâcha-t-elle, froidement, avant de se détourner. Elle semblait porter le poids du monde sur ses épaules.
« Chérie, attends ! ça ne changera ri… » Hinako avait refermé la porte coulissante d’un geste sec, univoque. Elle ne voulait pas parler, pas entendre les justifications de sa mère. Les larmes roulaient déjà abondamment sur ses joues tandis qu’elle s’élançait dehors, sans même avoir pris le temps de se chausser. La pluie tombait drue, se mêlant au sang de ses mains meurtries, aux larmes qui embuaient sa vision. Elle se sentait plus seule que jamais, plus perdue encore qu’avant. On l’avait longtemps associée à la fille Mujô, et même si tout le monde semblait ignorer son statut de bâtarde, il n’y avait pas l’ombre d’un doute. Elle allait petit à petit être évincée de ce tableau parfait. La tâche allait enfin être effacée, froidement. Le charme que l’on donnait à cette oeuvre allait être balayé d’un revers de manche, le mensonge allait être dissimulé. Elle n’était plus personne.
Elle marchait depuis peut-être une heure. Ou deux ? Qui sait. Elle avait passé les portes du village depuis bien longtemps. Sans la moindre difficulté. Sans qu’on s’oppose à elle. Sans doute l’absence de vie dans son regard avait été terrifiant pour les gardiens du village de Kumo. Ses pieds étaient tachés de boue, son furisode de coton blanc trempé, presque rendu transparent par la pluie. Elle ne ressentait pas plus le froid que la honte. Elle était rongée par le désespoir et la douleur. Ses pensées allaient à son ami défunt, à sa mère, à son affreux beau-père qui devait rire de cette victoire. Jamais elle n’oublierait cet entretien qu’ils avaient eu, quelques années plus tôt. Jamais elle n’aurait imaginé qu’il s’agissait d’une mise en garde réelle.
- Spoiler:
« Bien, tu es là. Assis-toi. » Docile, Hinako s’était assise. Elle savait depuis quelques jours seulement qu’elle n’était pas la vraie fille de cet homme, et pourtant, elle continuait de sauver les apparences. Elle avait noué ses longs cheveux blonds en une natte, et portait un très long kimono d’intérieur. Sa peau, déjà pâle était poudrée. Elle avait tout d’une grande dame. Elle sourit à son beau-père, qui ne lui rendit qu’un regard glacé. L’avait-il convoquée pour son passage de grade ? « Je t’ai fait venir ici pour t’avertir, que les choses soient bien claires. Puisque ma chère et tendre t’as mise au courant. » Il s’assit en face d’elle et, méprisant, saisit son visage entre ses doigts. « Tu n’es rien, ni pour moi, ni pour ma famille, ni pour ce village. Quoi que tu fasses, tu n’es personne. Tu n’appartiendras jamais à cette famille. Tu finiras toute seule. Tu n’es qu’une erreur. Mais je ne peux pas te supprimer, ni te faire partir de la maison. Alors, s’il te plaît. Contente-toi d’agir correctement, peut-être que tu me seras un peu moins insupportable. » L’adolescente avait beau faire des efforts, le sourire sur son visage s’effaça, comme balayé par le vent. « Ne parle pas de ça à ta mère, ce serait l’importuner pour rien. Je veux que cela reste entre-nous. Comme un secret partagé entre un père une fille de bourgeoisie qui se respectent, tu vois ? Je suis sûr que tu comprends. Tu n’es malheureusement pas stupide. Ah, et ce n’est pas que j’aie très envie de le faire, mais, je te donne ça, pour crédibiliser cet entretien, ta réussite. » D’un geste las, presque hésitant, il déposa sur la table un tachi, dont l’étui était aussi rouge que le sang et le manche aussi noir que les ténèbres. D’un geste cérémoniel, ‘l’erreur’ saisit son nouveau bien et se retira, impassible. Elle pleura pendant de longues heures.
Meurtrie par la violence de ses pensées, de ses souvenirs, Mujô-san s’était effondrée sur le sol boueux. Elle se retourna sur le dos, dans un geste de dépit, et fixa difficilement le ciel. L’averse se maintenait, semblait même prendre en ampleur. Tout comme l’angoisse qui palpitait dans le corps de la jeune femme. Elle avait l’impression de tomber, de sombrer dans un monde où elle était condamnée. Elle n’était déjà pas grand-chose, et ne serait plus jamais rien. Comment marcher vers quelque part quand on ignore d’où on vient ? Se sentait-elle trahie par sa mère ? Etait-elle en colère parce qu’elle avait choisi de vivre sa vie ?
Non, c’était beaucoup plus compliqué. Elle lui en voulait pour l’avoir fait naître, pour avoir couché avec un homme qui n’était pas son mari. Pourquoi, pourquoi souffrait-elle des bêtises de sa mère ? Pourquoi devait-elle porter seule la responsabilité de cette immondice ? Ne lui avait-il pas dit qu’elle n’était rien ? Alors pourquoi la haïr ? Chercher à la jeter dehors ? La malmener de la sorte ? Voulait-il la rendre folle ? La tuer ? Oh, elle ne lui laisserait jamais ce plaisir-là... Peut-être qu’au fond de lui, ce salaud ne désirait qu’une seule chose. Serrer son cou mince et délicat jusqu’à ce que le sang, l’air cesse d’y circuler. Jusqu’à ce que sa peau si pâle prenne une teinte bleue, violette, maladive. Jusqu’à ce qu’elle meurt, entre ses doigts. Ou alors voulait-il que ce soit sa « chère et tendre » qui l’assassine, froidement. De quelques mots.
Machinalement, sa main droite saisit le katana qui était fixé à son obi tandis que sa main gauche attrapait le bandeau de son village qui y était également attaché. Non, elle ne deviendrait pas folle. Elle ne lui laisserait pas ce plaisir. Elle disparaitrait dignement, fière dans la solitude et la douleur. Elle cristalliserait cet instant à jamais. Elle se redressa et hurla, hurla, hurla à s’en brûler les poumons. Les larmes se mêlaient toujours à la pluie, mais le sang ne coulait plus de ses mains. Elle eut une vague pensée pour tous ces gens qu’elle avait connus, mais qu’elle ne reverrait sans doute jamais. Son cœur se pinça quand elle pensa à Ahila-san, à Katashi-san, à ce cher Kiyoshi… Et même à ces imbéciles de Suna. Pourtant, rien ne pouvait plus l’arrêter. Pas même le souvenir persistant de Kuma. Il l’aurait suivi, il lui aurait certainement couru après. Il l’aurait, comme d’habitude dans ces instants de crises, serrée contre lui, patient. Même s’il savait qu’elle ne lui donnerait jamais rien en retour. Mais il n’était pas là. Il ne serait plus jamais là. Elle l’avait tué, lui aussi.
Elle fit tomber au sol le socle rouge sang de son arme, et, avec une tendresse étrange, elle se coupa les veines. Le sang coulait à flot, se mêlant avec la pluie et ses pleurs. Son kimono était tout sale, elle, souillée. Pourtant, ce n’était pas sa faute. Elle ferma les yeux et se rallongea, attendant que délivrance se fasse. Peut-être de l’autre côté, ne serait-elle plus seule, ne souffrirait-elle plus.
Dernière édition par Mujô Hinako le 2011-05-16, 23:00, édité 1 fois |
| | | Kiyoshi Hoshina Genin de Kumo
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| Sujet: Re: I'm well aware i'm a danger to myself [Kiyoshi] 2011-04-12, 19:14 | |
| Seul au milieu des vastes pleines rocheuses entourant le village de Kumo, Kiyoshi s'entrainait. Silhouette rendue floue par la pluie se déversant à torrent des lourds nuages noirs assombrissant le ciel, il tourbillonnait en répétant des mouvements complexes d'arts martiaux. Ces gestes encore brouillons quelques semaines auparavant et rendus bien plus précis par des heures d'exercices traçaient des sillons parmi les goutes de pluie, dessinaient des arabesques compliquées et envoutantes. Apparemment insensible au froid et à l'humidité, le jeune homme continuait inlassablement ses mouvements, donnant plus l'impression de danser une valse avec un partenaire invisible que de travailler des techniques de combat. Finalement, au bout d'un certain temps, il se stoppa et resta immobile dans une posture de salut, avant de se détendre et de s'assoir en soupirant. Bien qu'il ait conscience de ses progrès, il estimait avoir encore un long chemin à parcourir avant de maîtriser ce nouveau style de combat. Sa mère, passée maître, était capable, en reproduisant les même gestes, non pas de couper la pluie dans sa course mais bien de dévier les gouttelettes d'eau jusqu'à créer un courant qu'elle pouvait diriger à sa guise. Une telle maitrise laissait Kiyoshi rêveur et le poussait à toujours vouloir s'améliorer. La flamme de son impatience ravivée par ses souvenirs, il se releva prestement et se remit en position.
Un hurlement strident déchira soudain le calme des environs. Un hurlement chargé de souffrance et de solitude qui donna la chair de poule au jeune homme. Désarçonné, Kiyoshi scruta vainement le lointain en essayant de situer l'origine du cri. Pensant finalement l'avoir localisé à l'oreille, il s'élança sans plus tarder, recourant à toute la puissance de ses jambes pour se rapprocher au plus vite de l'endroit. Et plus sa course réduisait la distance, plus le cœur du jeune homme s'étreignait d'un horrible pressentiment : bien qu'elle fut déformée par le hurlement qu'elle poussait, il connaissait cette voix. Il venait de sauter pardessus un léger affleurement rocheux quand il la reconnu enfin. Le choc manqua de lui faire rater sa réception. Il dérapa sur une pierre rendu glissante par les intempéries, réussit à se rétablir et accéléra encore l'allure en puisant dans des ressources qu'il ne se connaissait pas. C'était Hinako qui hurlait à la mort !
Au milieu de la pluie, Kiyoshi courrait, courrait et courrait encore, toujours guidé par le hurlement strident qui déchirait l'air et agressait ses oreilles. Ce cri martyrisait son âme et, pourtant, il espérait de tout son cœur qu'il ne s'éteigne pas en emportant avec lui le secret de la position d'Hinako. Ce fut pourtant ce qui arriva : le hurlement faiblit une première fois, reprit de l'ampleur puis disparut complétement. Terrorisé à l'idée d'avoir perdu le seul moyen de retrouver son ami, Kiyoshi poussa encore ses muscles et appela Hinako de toutes ses forces. Il ne reçu aucune réponse et une certitude atroce lui souffla qu'il n'en recevrait plus jamais.
Refusant cependant de succomber au désespoir et bien conscient qu'il s'était considérablement rapproché de l'origine du hurlement, il se mit à fouiller les environs avec des gestes fébriles. Mais la pluie rendait ses efforts inefficaces, déployant devant ses yeux un voile impénétrable et diminuant considérablement tout autre bruit que le martèlement incessant des gouttes sur le sol. Puisant dans la première solution qui lui vint, Kiyoshi malaxa brusquement son chacra et projeta tout autour de lui des bourrasques de vent qui écartèrent, l'espace d'une seconde, le rideau de pluie. Et, par miracle, révélèrent le corps inanimé d'Hinako à quelques mètres à peine du jeune ninja.
Les souffles de vent générés par son chacra n'étaient pas encore retombés que Kiyoshi se trouvait agenouillé prêt de son ami. Un rapide examen lui révéla toute l'horreur de la situation : Hinako était en train de mourir. Arrachant à la hâte des pans de sa chemise, le jeune homme banda rapidement les poignets lacérés de la jeune femme tout en ayant cruellement conscience que cela ne servirait qu'à retarder l'inévitable : si la demoiselle aux cheveux d'or ne recevait pas rapidement les soins appropriés, elle quitterait à coup sûr le monde des vivants. Une telle constatation provoqua un sentiment étrange chez Kiyoshi : elle lui donnait envie de hurler, de frapper, de pleurer même, mais il ne fit rien de tout ça. Poussé par la certitude que la vie de plus en plus faible de son amie était entre ses mains, le genin balaya ses doutes et ses peurs et ne se concentra plus que sur un unique objectif : ramener Hinako vivante au village. Ignorant la douleurs physique, il prit tendrement la demoiselle dans ses bras, la souleva en la plaquant contre lui et reprit sa course effrénée. Une course, il le savait, dans laquelle le temps et la mort étaient ses adversaires.
~~ ~~ " HINAAAA !!!!
Kiyoshi ouvrit les yeux en brassant des bras autour de lui. Hinako ! Ou était-elle ? Et lui même, où était-il ? Un poing se présenta devant sa tête et le percuta avec force, l'envoyant docilement se rallonger dans son lit. Un lit ?
" La ferme Kiyo, yen a qui essaient de se reposer ici ! "
Reconnaissant la voix comme appartenant à son père, le jeune homme se calma. Se massant le nez, il tenta de mettre de l'ordre dans ses souvenirs. Il était chez lui, dans sa chambre. Bien. Comment était-il arrivé là ? Hina.... ?
" Tu t'es écroulé après avoir porté la demoiselle devant notre porte. Les gardes te courraient après. Apparemment, tu ne t'es pas arrêté à la porte du village pour leur expliquer ce qu'il se passait. "
Devançant ses questions, son père s'était saisis d'une chaise, s'était assis près du lit et avait entamé les explications.
" Je... oui... balbutia le jeune homme. Je voulais lui trouver au plus vite une personne pour la soigner... je... je crois que je n'avais plus rien d'autre à l'esprit. "
Akimitsu Hoshina hocha la tête et n'ajouta qu'une chose :
" Elle est dans la chambre du fond. Ta mère s'est occupée d'elle. "
Rejetant ses couvertures, Kiyoshi se leva prestement.
~~ ~~
Assis sur une chaise au chevet d'Hinako, Kiyoshi observait la jeune femme avec des sentiments mitigés. La peur, d'abord, lui nouait l'estomac. Malgré les soins qu'elle avait reçu, la demoiselle aux cheveux de miel n'était pas tirée d'affaire. Comme la mère de Kiyoshi l'avait annoncé : " J'ai pansé ses plaies et elle a reçu une transfusion. Techniquement, ses blessures sont en bonne voie de guérison. Mais si elle est dans cet état, ce n'est pas pour rien : elle s'est infligée seule ses souffrances. Elle dort et ne se réveillera que si son esprit lutte encore pour la garder en vie. Si elle abandonne... " Les mots en suspend n'avaient pas besoin d'être prononcé. De la colère aussi. Un bouillonnement sourd dirigé contre la mystérieuse entité qui avait conduit Hina à une telle extrémité. Une grande incompréhension. En tant que ninja, Kiyoshi connaissait la mort. Mais s'il avait apprit à accepter celle des champs de batailles, les suicides le laissait étrangement démuni. Plutôt joyeux de nature, il se demandait ce qu'avait bien pu vivre Hinako pour en arriver là. Et plein d'autres sentiments qu'il se sentait bien en peine d'identifier. Et, au milieu de cette tornade de sensation, l'espoir.
" Réveille-toi, Hina... "
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| | | Mujô Hinako Juunin de Kumo
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| Sujet: Re: I'm well aware i'm a danger to myself [Kiyoshi] 2011-04-18, 18:25 | |
| ♪ Ainsi allongée, tout semblait si simple. Il n’était plus question de se torturer, pour quelque chose, ou même pour quelqu’un. Il n’était même plus question de penser. L’esprit de la jeune fille devenait, peu à peu, inconsistant. Il coulait par son avant-bras, se mélangeait au sang et à l’eau glacée de la pluie dans des arabesques doucereuses. Plus rien n’avait d’importance, de consistance. Qu’était-ce que la vie ? Que le corps ? Elle n’en avait plus aucune idée. Ni même conscience. Elle ne percevait plus que la pluie, qui s’abattait violemment sur sa chair. La douleur de son poignet s’estompait, le froid au fond de sa poitrine disparaissait. Et le trouble dans sa tête, lui, s’était évaporé. Ne restaient que les ténèbres, dévorantes, brûlantes, et rassurantes. Elles l’enveloppaient, doucement, toujours plus lentement, aussi tendrement que la caresse d’un amant. Bientôt, le bruit de la pluie se fit étouffé, puis disparu. Elle était seule dans l’Ombre.
Un froissement de tissu résonna dans l’esprit de la jeune femme, tandis qu’elle se sentait flotter. Son esprit était lucide, plus qu’il ne l’avait jamais été. Et elle revoyait, elle revoyait tout ce que la vie lui avait offert. Et retiré ensuite. Elle se voyait, alors qu’elle n’était qu’une petite fille joufflue et innocente, assise sur les tatami de la salle de séjour, en train de pincer les longues cordes du koto. Elle voyait sa mère, dont le sourire exprimait la fierté. Très vite, la petite fille se leva et se mit à courir vers elle, faisant tinter les grelots noués à son Obi. « Pourquoi ? » Une sensation de malaise emplit la blonde, tandis qu’elle regardait l’enfant partir en pleurant. Elle referma derrière-elle la porte de bois vernis. Elle la suivit, fit coulisser cette porte. Elle ressentit un picotement dans ses reins, lorsqu’elle vit que la fillette avait un peu grandi. De chaudes larmes roulaient sur ses joues rosies, lui donnant un air attendrissant. Elle voulait lui demander pourquoi elle pleurait, mais elle fut incapable de le formuler. La jeune fille ouvrit la fenêtre, et s’évanouit dans les ténèbres. Sur la table, des papiers, une arme. Une sensation de malaise, épaisse, brouillait la clarté de la scène. Tout devint opaque. Et quand cette brume de désespoir s’évapora ; se furent les hautes collines de Kumo, qui s’offrirent à sa conscience. Le vent soufflait, et les longs cheveux blonds de l’adolescente flottaient. Elle était au bord du vide, oscillant dangereusement. Elle sauta dans le vide « Pourquoi ? »
« Tu te demandes pourquoi… ? Tu ne crois pas, que moi aussi ? »
Cette voix… elle ne la connaissait que trop bien. Assis exactement là où s’était tenue la blonde, Kuma. Il lui tournait le dos, visiblement contrarié. Elle s’approcha, mais se heurta à un froid pénétrant. « Reste-loin de moi, surtout. » Mais, elle ne voulait pas s’éloigner. Elle essaya de se rapprocher, mais ce froid glacial la saisit encore. « Je t’ai dit de rester loin. Je ne veux pas que tu me rejoignes. » Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’il la repoussait ? Est-ce qu’elle rêvait ? Ou alors, était-elle morte ? Enfin ? Son ami se leva, et se tourna vers elle. Il planta son regard ombrageux dans ce qui devait-être le sien. Elle se sentit affreusement mal, accablée par diverses choses. Mais la plus importante d'entre-elles, c’était cette affreuse impression qu’elle s'était trahie elle-même. « Ce n’est pas une impression. Hina... Pourquoi ? » Pourquoi ? Oui… Pourquoi ? Elle était mal. Elle se souvenait qu’elle se sentait mal, avant. Qu’elle était seule. « Non. » Si, elle était seule. Il l’avait abandonné. « Comme si j’avais eu le choix. » Elle avait été faible. « Non. » Elle avait tout perdu. Lui, l’affection de sa mère, la reconnaissance de son beau-père. Elle n’arrivait pas à se faire d’amis, à respecter ses propres promesses. Elle était misérable. Ce châtiment, elle le méritait. Et cette délivrance, elle la méritait aussi. Parce que rien n’était facile. « Mais c’est trop facile. » Ce n’est jamais facile ! Là, au moins, elle pourrait tenir ses engagements… « En en brisant d’autres ? » Quels autres ? « Ouvre-toi au monde. Ecoute. Ecoute. Moi, je t’attendrai toujours. » Ecouter, certes… Mais écouter quoi ? La pluie ? Il y avait bien longtemps qu’elle ne l’entendait plus. Kuma lui adressa un sourire, et lui désigna le derrière d’un coup de menton. Elle se retourna, et fut aveuglée par une puissante lumière. Elle perdit le contrôle, totalement. Elle était abandonnée, cette fois seule, perdue, et dans le néant.
« Réveille-toi, Hina… » Une violente douleur la fusilla, transperçant son âme et électrifiant son avant-bras. On l’appelait. Quelqu’un… Qu’elle appréciait l’appelait. La détresse. Le désespoir. La douleur. Elle reprenait contact avec la vie, sans douceur. Comme d’ordinaire. Pourquoi l’avait-on arrachée à ce moment d’onctuosité et de plénitude qu’elle avait traversé ? Pourquoi lui en avait-on refusé l’accès… ? Sa poitrine la brûlait. Elle ouvrit la bouche, inspirant une pleine lampée d’air pur. Et sec. Il ne pleuvait plus ? Usant du peu de volonté qui était à sa disposition, Hinako leva ses paupières, libérant ses prunelles voilées de détresse. La jeune femme se sentie balayée par plusieurs sentiments, beaucoup trop puissants pour qu'elle ne veuille les comprendre. Elle ne perçut que le violent frisson la traversa, avec tant d'ardeur qu’elle eut l’impression que tout le froid en elle perlait à la surface de peau. Kiyoshi la regardait, visiblement mitigé entre l’inquiétude et le soulagement. Où était-elle ?
Avec une lenteur exagérée, elle se redressa sur sa couche, balayant la pièce du regard. Elle ne connaissait pas ces murs, ne reconnaissait pas non plus l’odeur qui émanait de la pièce. De l’encens avait brûlé ? Elle remarqua que son poignet était bandé, et qu’elle était changée. Où était son tachi ? Ses vêtements… ? Son espoir ? Elle porta sa main gauche à son front, qu’elle massa doucement. Ses yeux se mirent à la brûler anormalement, et déjà des joyaux lacrymaux s’en échappaient, roulant sur ses joues beaucoup trop blanches. Les larmes s'écrasaient sur les draps en un flot dense. Il faisait si… Froid, ici. Tout était si réel, dur, et compliqué. Mujô Hinako pleurait en face de quelqu’un. En silence, certes. Mais elle pleurait. La fierté, l’orgueil, l’apparence, tout ça n’avait plus d’importance. Elle avait survécu. Elle était encore beaucoup trop... Embrumée pour réfléchir, comprendre comment elle avait pu se retrouver ici. Ou même pour simplement imaginer pourquoi Kiyoshi avait un air si affligé dessiné sur le visage. Pourquoi, alors même que tant de choses la consumaient, se sentait-elle mal de le voir ainsi ?
« … Kiyoshi… ? » parvint-elle finalement à articuler, entre deux sanglot. «… Pourquoi… ? »
Dernière édition par Mujô Hinako le 2011-05-16, 23:08, édité 2 fois |
| | | Kiyoshi Hoshina Genin de Kumo
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| Sujet: Re: I'm well aware i'm a danger to myself [Kiyoshi] 2011-05-14, 00:24 | |
| Pourquoi ? Oui, en effet, pourquoi ? Cette simple interrogation lâchée d'une voix pleine de détresse par Hina trouva facilement écho dans l'esprit de Kiyoshi. Durant les heures qu'il avait passé à la veiller, à espérer son réveil, le jeune homme s'était interrogé, avait vainement taché de comprendre. Pourquoi Hina en était-elle arrivé là ? Qu'est ce qui avait bien pu la pousser à attenter à ses jours ? A chaque fois qu'il concluait que seule la demoiselle aux cheveux de miel, si elle se réveillait, serait en mesure de répondre à cette question, il tentait de la refouler, de l'oublier. Mais la question revenait, insidieuse, et finissait par s'imposer de nouveau à son esprit. Pourquoi ? Quelles terribles souffrances avait bien pu connaître la jeune femme pour chercher si désespérément à fuir la douleur ? Pour que les premiers mots qu'elle prononce après avoir échappé à la mort soient tant chargés de détresse comme si, finalement, elle regrettait d'être toujours en vie ? Toutes ses questions traversaient l'esprit de Kiyoshi, le paralysant sur sa chaise par une étrange sensation de malaise. Et lui qui croyait que seule la joie l'envahirait quand, enfin, Hina ouvrirait les yeux... Des yeux inondés de larmes et de souffrance...
Comme si son corps à lui aussi reprenait soudain vie, le jeune homme céda à la première impulsion qui lui vint. La seul qui lui paraissait convenir. Prenant Hinako dans ses bras, il la serra contre lui et qu'importe si la jeune fille le repoussait. Pour le moment, il n'était pas en mesure de comprendre la douleur de son amie. Mais il voulait tout de même l'aider, lui prouver qu'il était là pour elle. Il ne la serra pas très fort, de peur de la blesser au vu de son état, mais fermement, tentant de lui communiquer par cette étreinte ses sentiments. Il frissonna au contact de sa peau glacée et tenta de compenser par la chaleur de son propre corps. Il fut secoué par les tremblements qui la parcouraient et la plaqua un peu plus contre lui pour ne pas qu'elle flanche. Il sentit ses larmes humidifier son cou et tenta de l'apaiser par de légers murmures.
" Là... Là... je suis là... "
Puis il se tut, la berçant lentement. Il ne tenta même pas de lui faire croire que " tout allait bien ". Ces mots étaient vains... et tellement faux. En ce moment, rien n'allait, et tous deux le savaient. Mais malgré tout, Hina était en vie. Et cette nouvelle, à elle seule, prouvait que la vie pouvait aussi avoir ses bons cotés. Du moins, aux yeux de Kiyoshi.
Gardant toujours Hina dans ses bras, le jeune homme commença à parler. Il se doutait que son amie n'était pas en état de se lancer dans des explications. Il ne savait même pas si, un jour, elle voudrait se confier à lui. Alors, il entreprit de lui expliquer les derniers événements.
" Tu es chez moi, commença-t-il d'une voix calme et apaisante. C'est ma mère qui t'a soigné. C'est une talentueuse médecin et elle s'est bien occupée de toi. A part ma famille, seuls deux gardes savent que tu es ici. Mon père les a convaincu de ne rien dire. Pour le village tout entier, tu es partie en mission je ne sais plus où... De cette façon, si tu as des problèmes, libre à toi de choisir comment les affronter. Et surtout, libre à toi de te reposer ici tant que tu le voudras. "
Il s'interrompit, cherchant ses mots.
" Et... reprit-il finalement, hésitant, sache que je suis là. Voilà. "
De nouveau, il se tut. Lentement, il se détacha de son amie, s'écartant tout en restant malgré tout à porté de bras. De cette façon, il laissait à Hina la présence d'une épaule réconfortante tout en lui redonnant son espace personnel. La jeune femme avait toujours été assez solitaire et il ne voulait pas la brusquer. En même temps, cette même solitude était surement l'un des facteurs ayant entrainés cette situation.
Silencieux, le genin observait son amie. Maladroit, il ne savait comment l'inviter à se confier. Aussi se contentait-il, pour le moment, de lui laisser le temps de reprendre ses esprits. |
| | | Mujô Hinako Juunin de Kumo
Nombre de messages : 207 Age : 32 Date d'inscription : 21/11/2010
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| Sujet: Re: I'm well aware i'm a danger to myself [Kiyoshi] 2011-05-20, 19:27 | |
| ♪
Petit à petit, les choses reprenaient forme dans la tête de la Kunoichi blonde. Enlacée ainsi par son ami, elle commençait à se sentir un peu moins mal. Le froid la quittait, coulait hors d’elle sur le cou brûlant du jeune ninja. Elle ferma les yeux, tentant de contenir se torrent de larmes, tandis qu’elle l’écoutait parler. Il semblait mal à l’aise –et comment aurait-il pu l’être ? – mais pourtant ne déméritait pas. Il la berçait doucement, d’avant en arrière, essayait de la rassurer. Il lui expliqua que personne n’était au courant pour « ça » ; et qu’elle était la bienvenue chez-lui. Maintenant qu’elle était revenue, elle n’allait plus avoir le choix. Elle allait devoir continuer à souffrir, à vivre. Un terrible frisson la parcouru encore. Elle avait échoué, sur toute la ligne. Elle avait été incapable de sauver son équipier, elle avait été tout aussi misérable dans ses relations humaines ; et finalement elle était même abandonnée de ses parents. On lui demandait encore de marcher, tête haute ? Elle n’en avait plus la force. Du moins, pas si elle restait seule.
« Et... sache que je suis là. Voilà. » Kiyoshi-san libéra son amie de son étreinte après ces quelques mots, la fixant avec une certaine inquiétude. Elle était misérable. A cause de son égoïsme, elle l’avait plongé dans une confusion extrême, elle l’avait même inquiété. Elle avait refusé de s’appuyer sur lui. Les larmes roulèrent à nouveau abondamment sur ses joues tandis qu’elle se pressa d’elle-même contre lui. Elle glissa ses bras derrière ses épaules –celles même qu’elle avait massées le jour de leur rencontre– murmurant un « merci » on-ne-peut-plus sincère. Elle était stupide, inconsciente et beaucoup trop faible. Je détruis tout ce que je touche. Je perds tout ce qui m’est cher. Et si la solution était de m’en séparer ? De ne plus me lier, de près ou de loin, à quoi que ce soit… ? Elle resserra davantage son étreinte, inspirant une grande bouffée d’air. L’encens piqua sa gorge, peut-être trop sèche. Depuis combien de temps ne l’avait-elle pas vu ? Ses muscles semblaient plus développés, et lui, un peu plus grand. Depuis combien de temps l’avait-elle négligé ? Depuis combien de temps vivait-elle rongée par ses angoisses ? Ereintée par la mesquinerie humaine ? Elle se sentait coupable.
« … Je… Je suis désolée. » commença-t-elle, pas franchement convaincue de la justesse de ses propos. « Pardon de…t’infliger tout ça.» Hinako resta cramponnée à son ami de longues minutes, luttant contre elle-même. Une fois de plus, elle se battait contre ses souvenirs, la rudesse de ses rapports familiaux, avant de finalement comprendre ce qu’était l’affect, l’importance des rapports sociaux. Elle demeurait incapable de faire le vide dans sa tête, et si ses yeux rougis ne libéraient plus aucune larme, ils restaient voilés d’amertume. Que devait-elle dire à Kiyoshi pour rompre cette couche de malaise ? Devait-elle lui vomir à la figure sa haine, sa rancœur et sa peine pour affirmer leur amitié ou, tout au contraire, taire ce qui n’allait pas pour le préserver ? Je ne sais pas… Je ne veux plus savoir.
« J’ai peur. Ma vie est une succession d’échecs. Je détruis tout. Je perds tout… Et c’est ma faute. Tout est… entièrement de ma faute. »
Vagues étaient ses propos. A son tour, elle se détacha de son ami, sans pour autant briser leur intimité. Elle plongea son regard bleu au plus profond du jeune homme, comme si elle cherchait à communiquer directement avec son âme ; sans passer par la parole, vanité supplémentaire inhérente à l’Homme. Elle aurait aimé qu’il comprenne sa déchéance. Mais sans doute valait-il mieux qu’elle s’abstienne d'assouvir ce désir-ci. Qu’elle ne l’entraîne pas là-dedans. De toute façon, sa vie n’avait plus aucun sens, ou presque plus. Subitement, presque avec amertume, elle constata qu’elle avait reprit son calme, sa froideur usuelle.
« Servir la vérité…. C’est mon Nindô. Mais je suis l’enfant du mensonge. Je ne veux plus retourner là où j’ai vécu. Je ne veux plus jamais les voir.» elle parlait plus pour-elle-même, se noyant toujours dans les pupilles brunes de son vis-à-vis. « Je ne veux pas… te mentir. Je ne suis pas sûre d’être capable de recommencer à vivre... Je suis fatiguée. » Qu’il était devenu difficile de le regarder ! La ninja tourna la tête sur le côté, encore bien malheureuse. Elle se souvint, amère, que son défunt équipier l’avait repoussée, quand elle s’évanouissait dans les ténèbres. Elle pinça ses lèvres pour contenir une autre vague de vives émotions. « Etoile, veux-tu l’entendre, l’histoire de ma vie ? »
‘Parfois, le destin ressemble à une tempête de sable qui se déplace sans cesse. Tu modifies ton allure pour lui échapper. Mais la tempête modifie aussi la sienne. Tu changes à nouveau le rythme de ta marche, et la tempête change son rythme elle aussi. C’est sans fin, cela se répète un nombre incalculable de fois, comme une danse macabre avec le dieu de la Mort, juste avant l’aube. Pourquoi ? Parce que c’est tempête n’est pas un phénomène venu d’ailleurs, sans aucun lien avec toi. Elle toi-même, et rien d’autre. Elle vient de l’intérieur de toi.’ MURAKAMI Haruki Kafka sur le Rivage.
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| | | Kiyoshi Hoshina Genin de Kumo
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| Sujet: Re: I'm well aware i'm a danger to myself [Kiyoshi] 2011-05-23, 00:49 | |
| " Tu ne m'infliges rien du tout, Hina. "
En fait, si Hina martyrisait quelqu'un, s'était elle-même. Elle se rendait responsables de nombre de malheurs qui, semblait-il, avaient eu lieu autour d'elle. Bien qu'il ignorait la nature de ces malheurs, Kiyoshi était sûr qu'Hina ne devait pas être autant responsable qu'elle le disait. Seulement, elle s'en était convaincu et cela la détruisait.
Le jeune homme berça de nouveau la jeune fille si cramponnée à lui qu'elle paraissait vouloir lui arracher la peau à travers sa chemise. Perdue dans ses pensées, les yeux terrifiés, la Junin aux cheveux de miel semblait très loin. Elle luttait contre ses démons. Et sa défaite paraissait imminente. Elle ne semblait même plus se rendre compte de la présence de Kiyoshi tant ses peurs la paralysaient. Inlassablement, le jeune homme la soutint, la berça, attendant qu'elle se calme pour lui parler ou, si l'épuisement la gagnait, pour qu'elle s'endorme. Finalement, elle reprit la parole, d'une voix tremblante et hésitante. Kiyoshi l'écouta en silence jusqu'à ce qu'elle prononce la question.
Il resta quelques instants silencieux. S'il doutait ainsi, c'était uniquement parce qu'il s'inquiétait de l'état de son amie. Bouleversée comme elle l'était, le jeune homme craignait qu'elle ne soit pas capable de mettre des mots sur sa douleur, d'expliquer les raisons de sa peine. Peut-être valait-il mieux attendre que la demoiselle se repose... Mais son hésitation fut de courte durée. Hina n'aurait peut-être jamais plus le courage de se confier. Or, Kiyoshi en était persuadé, son amie devait parler. Quelle qu'en soit la raison, Hina était toujours très mystérieuse. A tel point qu'elle gardait pour elle ses sentiments sans jamais chercher à les partager. Et quand les sentiments en question étaient si destructeurs... Elle ne pouvait plus porter seule un tel fardeau !
Doucement, le jeune homme tendit le bras et renferma ses doigts sur le menton de son amie. Délicatement, il l'obligea à tourner la tête jusqu'à ce que leurs regards se croisent de nouveau. Déplaçant alors sa main pour la poser sur la joue de la jeune fille en une caresse apaisante, il murmura :
" Parle-moi, Hina. "
Dans son autre main se trouvait un verre d'eau plein, qu'il avait servi lorsque qu'Hina s'était détournée. Il le tint à disposition de la Jonin. Cette dernière avait beaucoup pleuré et s'apprêtait à se lancer dans un récit qui promettait d'être éprouvant. Boire lui ferait du bien. Attentif, les yeux plein de ferveur tant il souhaitait l'aider, Kiyoshi fixait toujours son amie, attendant patiemment qu'elle se sente prête à commencer. |
| | | Mujô Hinako Juunin de Kumo
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| Sujet: Re: I'm well aware i'm a danger to myself [Kiyoshi] 2011-05-23, 17:41 | |
| ♪ Alors que Kiyoshi saisit son visage entre ses mains, Hinako desserra sa prise, relâchant la chemise qu’elle tirait entre ses doigts. Docile, elle se laissa guider, se noyant une nouvelle fois dans ce regard obscur et réconfortant. Elle n’aurait pas du lui proposer de lui raconter. Elle dégagea doucement son visage de cette étrange étreinte et concentra sa vision sur la fenêtre, voilée par de longs rideaux blancs. Que se passerait-il, si elle l’entrainait avec elle dans sa chute ? Si, au lieu de la remonter à la surface comme il essayait de faire, il se retrouvait noyé sous son poids ? Un frisson la parcourut quand son ami, dextre, lui servit un verre d’eau qu’elle avala dès qu’il fut entre ses mains. " Parle-moi, Hina. ". C’est ce qu’il lui avait dit, doux, mais ferme. En le détaillant une nouvelle fois du regard, la blonde parvint à esquisser un sourire. Il était comme ça. Doux, prévenant, mais obstiné. Le genre de personne qui ne renonce pas. Une force de la nature. Inspirant profondément, elle saisit la main de son ami entre les siennes, et ouvrit la bouche, encore hésitante. Devait-elle réellement lui raconter… ? Remonter l’origine de ses maux… ? Elle resserra sa prise entre ses doigts fins.
« Je n’ai jamais parlé de moi. Ce n’est pas si simple. » Second soupir. « Et puis... à quoi cela nous avancerait-il...?» Pourtant, lentement, sa langue se délia, si bien que, petit à petit, elle racontait ce qui lui revenait. Par bribes, sans particulièrement respecter d’ordre chronologique. Sans le regarder une seule fois, elle lui expliqua, de but en blanc, qu’elle était le fruit d’une liaison. Qu’une branche de sa famille la haïssait, mais que tout le monde faisait semblant parce qu’il ne « faudrait surtout pas ternir l’image de la Famille ». Elle avoua aussi que dans les mois à venir, un demi-frère ou une demi-sœur viendrait au monde, réconciliant sans doute les branches Ototome et Mujô. A demi-mots, elle racontant les ‘tendresses’ de son beau-père, ses menaces. Cependant, elle ne s’éternisa pas sur cette histoire, bien trop douloureuse, ‘préférant’ les péripéties de sa jeunesse. Elle s’attarda sur une ou deux anecdotes, pâle sourire aux lèvres, expliquant à quel point ses deux amis étaient crétins, à l’époque. Elle parla de Suna, de l’examen, se rappelant au bon souvenir d’une jeune-fille du désert. Son cœur se pinça, d’ailleurs, à l’idée qu’elle avait failli rompre une autre promesse. Mais quelle importance, au final. Inévitablement, elle en vint à raconter quelques-unes de ses missions. L’hardiesse maladroite de Genpei, qui avait plus d’une fois plongé le trio dans l’embarras. Les espiègleries qu’ils lui adressaient, parce qu’elle était trop froide et pas amicale pour deux sous. L’affection toute particulière de Kuma…, qu’elle avait allègrement piétinée. Si la blonde n’avait plus l’énergie pour pleurer, à l’intérieur, elle hurlait à s’en arracher les poumons. Sa stabilité mentale, une fois encore, oscillait dangereusement, pareille à la fragile flammèche d’une bougie.
« Et puis il est mort. » Le visage assombri, elle planta son regard glacial sur le faciès de son ami, poursuivant les explications. « Nous étions en mission, tous les trois. Notre professeur nous sépara pour une désuète raison, mais je compris hélas beaucoup trop tard que ce n’était qu’une ruse. Qu’il était un traître. » sa voix mourut en un soupir. « Il a empoisonné Kuma, qui lui aussi s’en était rendu compte, avant de prendre la fuite. » Plus sombre que jamais elle frémit, se souvenant avec une exactitude terrifiante de tous les détails de cette journée. De la chaleur du soleil à l’odeur pestilentielle du poison. « Je l’ai retrouvé, ce mec, et je l’ai tué. Je l’ai tué de mes mains, tu m’entends ? Mais c’était trop tard, et complètement inutile. » Lui était mort. Avec ces mots, le mur qu’inlassablement elle bâtissait, jour après jour depuis ce drame, se fendit. Il tombait en poussière, la laissant plus fragile et humaine que jamais. Elle pressa plus fort encore la pauvre main de Yoshi-kun avant de la libérer totalement. Elle mordilla sa lèvre inférieure, résolue à ne plus rien regarder d’autre que le plafond. « Gen et moi, on ne se parle plus. Je lui rappelle trop de mauvais souvenirs ; et je n’ai pas réagi assez vite, ce jour-là. Enfin maintenant, de toute façon… » Elle ne faisait jamais que porter ce fardeau sur sa conscience, se souvenant amèrement du dernier sourire que le brun lui avait adressé. « Je n’ai plus rien. Plus de foyer. Plus de but. » Elle resta silencieuse un instant, molle. Elle en avait beaucoup trop dit, et ne se sentait pas particulièrement allégée. Elle se rendait juste compte qu’elle n’était plus qu’une épave qui avait trop mal vécu, s’infligeant nombreuses plaies, seule. Elle retira le bandage sur son poignet, observa la vilaine cicatrice. Marque de sa plus belle ineptie. La tempête, à l’intérieur d’elle, soufflait toujours ; même si, extérieurement, elle avait l’air plus calme. Moins en proie à la peine, en tout cas. Et pour cause ; elle se refermait.
« Si, il me reste une chose. » elle releva son visage fin. « Toi. » Que j’ai beaucoup trop mêlé à mes affaires pour que tu restes sauf. « Et maintenant ? Qu’est-ce que tu dois bien penser de moi, si ce n’est que je suis pathétique, uh ? »
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| | | Kiyoshi Hoshina Genin de Kumo
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| Sujet: Re: I'm well aware i'm a danger to myself [Kiyoshi] 2011-06-19, 19:43 | |
| " Tu es loin d'être pathétique. "
Le jeune homme darda de nouveau ses yeux sombres dans ceux, si bleus, de son amie, lui imposant ainsi de ne pas détourner le regard. Il ne fallait plus qu'elle fuit. Plus avec lui.
" Tu as dû vivre jusqu'à maintenant avec un poids énorme sur tes épaules. Tu as subit la rancœur de ton père. Tu as perdu ton ami le plus proche. Tout ça en continuant inlassablement tes missions pour le village. Ta vie devait être un enfer... tu as eu le courage de supporter ça tellement longtemps... tu m'impressionnes tant... "
De nouveau, Kiyoshi referma ses bras sur la junin, l'enlaçant avec délicatesse. Il constata ainsi à quelle point la jeune femme était encore faible et frissonnante. Ses blessures et ses malheurs l'épuisaient.
" Tu peux considérer cette maison comme la tienne, reprit-il en se détachant précautionneusement d'Hina. Nous avons plusieurs chambres d'ami et une dépendance dans le jardin équipée comme un petit appartement. Tu peux t'installer où tu le souhaites et aussi longtemps que tu le voudras. Enfin... si tu arrives à nous supporter. Les Hoshinas ne sont pas forcément faciles à vivre... "
Kiyoshi sourit en saisissant précautionneusement l'un des poignets d'Hinako. D'un tiroir de la table de chevet, il sortit un rouleau de bandage et entreprit de refaire celui que la junin venait d'enlever. Puis il rallongea délicatement son amie, la bordant et retapant ses oreillers pour qu'elle soit installée le plus confortablement possible.
" Il est temps de te reposer Hina. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésites pas à demander. Tu es ici chez toi... dors bien. "
Déposant un léger baiser sur le front pâle de la demoiselle, Kiyoshi la laissa se rendormir.
~~ ~~
Kiyoshi se laissa tomber sur sa chaise et frotta ses yeux encore ensommeillés. Il avait trouvé un bouquin passionnant la veille et avait lu plus tard qu'il ne le voulait avant de se coucher. Son réveil biologique étant particulièrement têtu, il s'était malgré tout levé tôt et avait, pour ainsi dire, un peu la tête dans le cul. Sa mère, si matinale qu'on pouvait se demander si elle dormait vraiment, posa devant lui une tasse de café fumant. Une première gorgée de la boisson dissipa un peu la fatigue du garçon qui s'assit confortablement dans sa chaise, soupirant d'aise. Voilà tout ce à quoi il aspirait : de la sérénité, du calme et de la tranquili...
" KIYOSHI !!!! "
Surgissant dans la cuisine par la porte coulissante du couloir, un diable dégoulinant d'eau et uniquement habillé d'une serviette enroulée autour de la taille sauta sur le genin, tentant de l'attaquer avec un... gant de toilette. S'étant astreint à un entrainement rigoureux ces derniers temps, le jeune homme à la natte réussit à bondir de sa chaise pour esquiver l'assaut. Malheureusement, il ne parvint pas à sauver sa tasse qui se renversa et laissa couler son précieux contenu. Apparemment indifférent à cet outrage, Akimitsu Hoshina, campé sur la pauvre table où il dégoulinait d'eau, brandit son gant de toilette d'un air menaçant.
" Fils ! rugit-il. Est-ce toi que je viens de surprendre en train de m'espionner dans la douche ? - Pardon chéri, c'était moi, roucoula la mère de l'accusé. Tu sais que j'adore quand tu te laves, nu et l'air rêveur... et tu as des fesses à croquer ! - Ha ! Si c'était toi, ça change tout ! Kiyo, la table est dégoutante. Tu devrais avoir honte de manger aussi salement... il faudra que tu la nettoies ! "
Et bras dessus bras dessous, le couple quitta la cuisine pour s'éloigner dans le couloir en se draguant allégrement. Kiyoshi laissa échapper un soupir.
" Si je vous gêne, vous le dîtes.. "
La porte se rouvrit, laissant passer la tête mouillée de son père.
" Et n'essaie pas d'espionner Hinako dans la douche ! "
La tête disparut avant que la tasse lancée par le jeune homme ne l'atteingne.
" Franchement, murmura Kiyoshi en nettoyant les débris et en se servant un nouveau café. Hina va finir par prendre peur avec eux... " |
| | | Mujô Hinako Juunin de Kumo
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| Sujet: Re: I'm well aware i'm a danger to myself [Kiyoshi] 2011-07-01, 13:53 | |
| De nouveau, les bras fins et puissants de Kiyoshi l’enlacèrent, tandis qu’il soufflait en elle un flot de paroles réconfortant. Kiyoshi-kun était tellement chaleureux, tellement adorable ; qu’Hinako avait l’intime conviction qu’elle devrait luter pour le préserver. Elle passa elle aussi ses bras autour de sa taille fine, acceptant avec nostalgie cet étrange échange affectueux. Et puis, subitement, quelques petits mots, de trop sans doute, s’échappèrent de ses lèvres pleines. « Tu m’impressionnes tant ». Un frisson électrifia l’échine de la Jûnin qui adressa à son ami un regard empli de stupeur. Elle n’eut toutefois pas franchement l’occasion d’y réagir, tout émoustillée qu’elle était, puisque l’éphèbe reprit le court de ses paroles. Il changea son bandage, l’allongea, embrassa son front, et se retira, la laissant étrangement démunie. Le sommeil ne tarda pas à l’étreindre, et, bientôt, toutes ces impressions s’envolèrent, tandis qu’elle récupérait.
Le temps suivit son court, Mujô Hinako s’intégrant avec plus ou moins de difficulté dans le foyer Hoshina. Les coutumes y étaient tellement différentes de celles auxquelles elle était habituée qu’elle mit un certain temps à se sentir à l’aise. Hoshina père, avec qui elle s’était déjà battu par le passé, avait un sens de l’humour particulier… Et très bruyant. Combien de fois avait-il réveillé son fils en hurlant quelques aberrations à son chevet ? Combien de fois avait-il « tenté les réflexes » de sa progéniture ? Et combien de fois ces petits jeux avaient-ils arraché à la jeune fille des sourires amusés ? Oui, elle, issue de la haute sphère sociale, se sentait à l’aise chez les Hoshina. Et, dans la mesure du possible, elle essayait de s’intégrer. Elle aidait aux travaux ménagers –pour ce qu’on lui laissait faire… - discutait longuement avec son ami, se reposait encore plus. Elle ne se sentait plus mal. Moins mal, en tout cas. Petit à petit, elle recouvrait des forces, recommençait à sortir. Mais en elle, toujours ce vide, ce vide étrange qu’elle ne parvenait à combler.
Essoufflée, Hinako poussa la porte de la demeure où elle vivait depuis quelques temps. Silencieusement, elle ôta ses chaussures et se glissa plus à l’intérieur de la maison, d’où elle entendait des éclats de voix. Visiblement, père Hoshina avait encore fait des siennes. Un sourire aux lèvres, elle se faufila dans le couloir, croisant le couple bien étrangement dépareillé. La rougeur lui monta aux joues tandis qu’après quelques brèves salutations, elle se glissa dans la cuisine. Le désordre y régnait en maître, ce qui inquiéta un peu la blonde quant à la vision qu’elle venait d’avoir. Un homme nu et une femme gloussante ; et maintenant… Une table violemment débarrassée de tout ce qui la couvrait.
« Franchement… Hina va finir par prendre peur avec eux. »
Un souffle, un murmure qui changea la donne. « Kiyoshi ! » s’exclama ainsi la Jûnin alors qu’elle percevait son ami en train d’éponger le liquide encore fumant qui coulait sur le sol. Promptement, elle se glissa à son côté, le saisit par les épaules. L’excitation la tiraillait encore, l’essence d’une nouvelle volonté transparaissait dans ses pupilles azur. Visiblement, ni lui ni ses parents n’étaient au courant du trouble qui régnait dans le village, encore moins du fait qu’elle était sortie tôt ce matin. Après être rentrée tard. Par où commencer ? Comment lui raconter ? Comment partager son exaltation ? Devait-elle le faire, alors qu’elle voulait éviter de le mêler à ses affaires… ? Elle l’entoura de ses bras, le serrant aussi fort que ses forces revenues le lui permettaient. Elle se sentait pétiller d’énergie.
« Kiyoshi, mon dieu, Kiyoshi ! » Non, visiblement, elle n’y arriverait pas comme ça. Mais comment lui dire ? « Haa, c’est terrible ! » c’était peut-être bien la première fois qu’elle se montrait si expressive… ? « Il s’est passé tellement de choses depuis que je suis sortie hier, que je ne sais pas par quel bout commencer.. ! » Elle repensa vaguement à ce torse sculptural, à cette puissance destructrice, à ses paroles venimeuses. Elle soupira, réajustant le col de son traditionnel furisode, fraîchement ressorti à l’aube. Elle se redressa, lâcha finalement son ami et fit quelques pas dans la cuisine, à bout de nerfs. Elle ramassa les morceaux de verre brisés, les jeta à la poubelle, et aida son compagnon à nettoyer les saletés. Le silence régnait, l’ambiance était lourde. Jetant à la poubelle les souvenirs de sa bonne éducation, Hinako s’assit sur la table et croisa ses longues jambes. Elle était obligée de lui raconter. Même s’il risquait de la prendre pour une traîtresse. Elle ne voulait pas le décevoir. « Un dangereux criminel s’est échappé du village ce matin… Après qu’on l’ait capturé hier soir. » baissant sa voix en un murmure elle poursuivit « et je ne suis pas étrangère à ces évènements. »
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