Finalement, j’avais eus raison de faire appel à Manabu-san. Il m’avait été d’une grande aide. Quand Il m’avait dit de détruire les parchemins qu’il y avait sur le front des statues, je m’étais tout de suite demandé comment faire. J’avais à peine eut le temps de me demander si les talismans de papier résisteraient à l’eau de mes jutsus, que la jeune femme bandit me donna la réponse à la question : « comment détruire ces parchemins ». Le feu!

C’était bien beau de savoir qu’il fallait bruler les papiers pour stopper les statues, le problème, c’est que je ne connaissais pas le katon moi! Où pourrais-je dénicher du feu? Jetant un regard circulaire sur la pièce dans laquelle je me trouvais, je ne vis d’abord rien, mais, en regardant par la porte qui menait à la pièce voisine, je vis enfin la solution. Il y avait en effet assez de torches dans la salle voisine pour faire flamber trois fois les parchemins des statues.

-LES TORCHES!

En moins de deux, j’étais à nouveau debout et je m’élançais vers la pièce suivant. Utilisant le kinobiri, je gravis le mur à toute vitesse, piétinant au passage une statue qui tentait de m’arrêter. Aussitôt rendue au niveau des torches, j’entrepris de les détacher du mur et de les lancer par la porte qui menait à la salle où étaient restés les trois bandits. Quand j’en eus lancé cinq, j’en pris une dernière et, la gardant en main, je redescendis du mur. Brulant un ou deux parchemins au passage, je retournai dans la pièce d’à côté, le temps de crier un ordre aux bandits.

-Prenez les torches et brulez les parchemins qu’ils ont sur le front. Sa les fera s’arrêter net. Il faut tous les arrêter. Ne vous faites pas blesser, parce que je n’ai que peu de remèdes et je n’ai pas l’intention d’en gaspiller sur vous.

Sans attendre de voir s’ils m’obéissaient ou pas, je repris ma course à travers les statues. A coups d’esquives et de pirouettes, je parvenais assez facilement à éviter les coups. Mon entrainement au taijutsu m’avais rendue souple et agile et cela me serais bien utile aujourd’hui.

Spoiler:

Les trois bandits avaient bien travaillé. Je ne m’attendais pas à ce qu’ils s’en tirent aussi bien. Il faut dire, tout de même, que ces ennemis de pierre étaient d’une lenteur considérable. C’est leur nombre que faisait leur force, pas leur puissance d’attaque. Quand le dernier des parchemins qu’ils avaient sur le front eut brulé, il y eut un retour au calme bien mérité. Les trois bandits semblaient épuisés, mais aucun n’avait été blessé. Leur bien-être m’importait peu, mais je devais quand même avouer que, sans leur aide, j’aurais eu bien plus de difficultés à venir à bout de toutes ces statues.

Tournant mon regard vers la porte, j’attendais qu’elle s’ouvre pour découvrir ce qui se trouvait de l’autre côté. À mon grand étonnement, elle n’en fit rien. À la place, la banderole qui pendait au dessus de la porte, suspendue au sabre de la statue de l’homme du feu se mit à briller. Les mots qui s’y formaient n’annonçaient rien de bon. Soudain, le bas de la banderole se détacha du reste et se sépara en petits morceaux qui allèrent se fixer aux fronts des statues. Les guerriers de pierres se remirent en marche.

Repensant aux mots qui s’étaient inscrits sur la banderole, je compris mon erreur. Ce que j’avais devant les yeux était similaire au kugutsu, l’art de la manipulation des marionnettes. J’avais cru que le simple fait de détruire les parchemins suffirait à contrer ces marionnettes de pierre, mais j’avais tort. Ayant déjà combattu un maitre marionnettiste, j’aurais dû savoir qu’il ne servait à rien de s’en prendre aux marionnettes en eux même. C’est celui qui les manipule qui doit être éliminé si on veut remporter la victoire. Avec ce qui venait de se passer, je comprenais enfin que les statues n’étaient que des marionnettes et que le marionnettiste, c’était l’homme du feu.

Sachant maintenant que c’était la banderole qu’il me fallait détruire si je voulais pouvoir avancer, je passai à l’attaque. Sans même regarder ce que faisaient les trois bandits, je m’avançais vers la banderole de la même façon que j’avais atteint les torches. Marchant tantôt sur le sol, tantôt sur les têtes des statues, j’atteignis bientôt le mur du fond et, utilisant à nouveau le kinobiri, j’entrepris de m’approcher de l’immense statue de l’homme du feu. Une fois arrivé à destination, je tendis ma torche vers la banderole, qui prit feu immédiatement, espérant avoir vue juste.

Ça avait marché!! La banderole s’était consumée et les statues de pierre avaient cessé de bouger pour de bon. Rassurée de m’être sortie de là sans aucune blessure, mais tout de même épuisée, je redescendis au sol et attendis que la porte, qui avait commencé à s’ébranler, ait fini de s’ouvrir sur l’épreuve suivante. Je me tenais un peu à l’écart, de peur qu’un autre terrible ennemi ne me fonce dessus, mais cela sembla rapidement être une précaution inutile. Il ne semblait en effet pas y avoir d’ennemi dans cette salle remplie d’une eau claire.

Il ne semblait y avoir aucun danger dans cette salle incroyablement paisible, comparée à celle que je venais de traverser. Je savais cependant qu’il devait y avoir un piège quelconque et, à en juger par ce que j’avais vue jusqu’ici, il ne s’agissait certainement pas de quelque chose d’inoffensif. L’un des bandits, celui qui avait tué son chef, vint rapidement confirmer que j’avais raison de me méfier de cette étendue apparemment calme. Regardant l’énorme vague l’entrainer dans l’eau qui ne semblait pas avoir de fond, je sentis une vague de désespoir se lever en moi, mais je la repoussai bien vite. Je n’étais pas venue aussi loin pour faire demi-tour maintenant. Je voulais cette nouvelle pièce d’équipement.

Regardant les deux bandits restants, je vis qu’ils étaient épuisés. Ils ne me seraient d'aucunes utilité dans cet état. Comme j’avais moi-même bien besoin d’un instant de repos et que nous ne savions de toute façon pas comment continuer, je décidai de profiter de ce retour au calme momentané pour faire une pause. M’asseyant sur une statue inerte, je me mis à fouiller dans mon sac à dos pour en sortir un bout de pain.

-Reposez-vous tous les deux. Dans cet état de fatigue, vous ne m’êtes d'aucunes utilité.

M’installant un peu plus confortablement, je pris le dossier que m’avait rendu la femme bandit et entreprit de le feuilleter tout en mangeant mon pain. Peut-être que je trouverais quelque chose d’utile pour traverser cette étendue aqueuse qui semblait si surnaturelle en dessous du désert de mon pays natal.

Moi qui avais cru que mon affinité avec l’élément aqueux m’aiderait à passer à travers de la salle consacrée à l’eau, je ne savais pas du tout ce qu’il convenait de faire devant cette étendue sans fin qui semblait aimer dévorer les humains.

Spoiler:

Les informations que contenait le dossier n’étaient pas très utiles. Je ne comprenais pas ce qu’il fallait faire pour traverser cette pièce et un brin de désespoir commençait à fleurir en moi. Comme s’il avait lu dans mes pensés, la voix de Manabu-san vint mettre mes pensées en mots. Il me demandait si j’étais certaine de vouloir continuer. La réponse était simple : oui, je voulais continuer. Le problème, c’est que je ne savais plus si j’étais en mesure d’y arriver. J’ignorais totalement comment m’y prendre pour traverser cette pièce qui ne semblait avoir ni murs ni plafond.

Je de vais évaluer la situation. Le bandit qui était cité dans le dossier avait mentionné que le but du parcours était de les préparer à se retrouver devant toutes sortes d’ennemis. Si la pièce précédente avait pour but de les préparer à affronter un marionnettiste, peut-être que cette pièce si était en fait une autre forme d’art ninja. Je devais passer en revue toutes les options possibles, afin de trouver de quoi il s’agissait réellement.

Du ninjutsus? Peu probable. Il ne s’agissait certainement pas de taijutsu et il serait surprenant qu’il ne s’agisse encore de marionnettiste. Peut-être était-ce une invocation qui avait capturé le bandit. S’il ne s’agissait de rien de cela, il restait le genjutsu. Cette dernière option semblait vraisemblable. Il était difficile de croire qu’une si vaste étendue d’eau ne se trouve sous le désert, et nous n’étions certainement pas assez profondément sous le niveau du sol pour que le plafond soit hors de porté de nos yeux.

S’il s’agissait vraiment de genjutsu, le simple fait de me faire mal à moi-même ou l’utilisation d’un kai suffirait à briser l’illusion. Le problème, c’est que, pour que cela ne fonctionne, je devais être dans le genjutsu, ce qui voulait dire que je serais à la merci de la pièce piégé et que, si je m’étais trompé, je me retrouverais à la merci de cette eau qui semblait être en vie. C’était dangereux, mais je n’avais pas vraiment le choix si je voulais continuer de me rapprocher des poignets spectraux tant convoités.

M’approchant de la porte, mais sans en franchir le seuil, j’observai de plus près la pièce. Il n’y avait que de l’eau à perte de vue. Trois options donc : nager, marcher sur l’eau ou voler au dessus. J’avais entendu dire que les maitres du fuuton étaient capables, en utilisant leur affinité avec l’air, de voler quelques centimètres au dessus du sol. Personnellement, j’en étais bien incapable, ce qui éliminait cette possibilité. Restait à marcher dessus, ou nager sous sa surface. Vu ce qui était arrivé au bandit, je doutais que cette étendue d’eau ne me laisse la traverser sans réagir et j’ignorais où avait été entrainé le bandit, mais il n’avait certainement pas survécu si longtemps sous l’eau. Au moins, moi, j’avais toujours sur moi mon appareil à oxygénation artificielle.

Voilà, je venais d’épuiser toutes mes idées et je ne savais toujours pas laquelle était la bonne. Je devrais peut-être rebrousser chemin et essayer de me procurer l’un des deux autres bracelets dont m’avait parlé Manabu-san. Retrouver un vieux marchand ou affronter une bande de brigands serait certes moins complexe que d’affronter les pièges qui parsemaient encore ces ruines, mais le simple fait d’avoir affronté en vain les statues et l’énigme me dégoutait. Il n’était pas question que j’aie fait tout cela pour rien. Je n’avais plus qu’à entrer dans cette salle et espérer que tout irait bien. Les bandits ne pourraient surement pas me suivre, tant pis pour eux, moi j’arriverais jusqu’à cette sale aux trésors et je récupèrerais cet équipement tant désiré.

Sortant l’appareil qui me permettrait de survivre sous cette eau, je le mis et fis le pas qu’il me manquait pour franchir le seuil de la porte. Sans attendre de voir si la vague qui avait englouti le bandit allait me sauter dessus, je pris une profonde inspiration afin de crier haut et fort le kai qui allait peut-être m’éviter d’être mouillé.

Finalement, j’avais vu juste. À peine le kai avait-il été lancé que l’eau qui m’entourait avait disparu. L’immense salle aux proportions telles qu’on n’en voyait pas les murs ou le plafond avait disparu, faisant place à une pièce beaucoup plus petite. D’un regard circulaire à travers la pièce, je vérifiai qu’il n’y avait plus de pièges. Autre la statue de l’eau, il n’y avait que le premier bandit, qui semblait toujours sous l’emprise du genjutsu.

Soudainement, la femme bandit apparut à côté de moi, faisant une entrée qui manquait totalement de grâce. Elle se sortit quand même rapidement de l’illusion. J’étais étonnée de voir qu’elle avait compris de quoi il s’agissait et qu’elle ait eu le courage de me suivre, au risque de s’être trompée et de perdre la vie, noyée sous ces flots enragés. Cette femme m’impressionnait. Elle avait été plus efficace que les deux hommes contre les statues et elle venait de réussir à se sortir d’un genjutsu quand même assez puissant. Son comportement aussi m’intriguait un peu. Elle n’agissait pas comme un bandit aurait dû le faire. Je commençais à croire qu’elle aurait un certain potentiel pour être une kunoichi. Elle venait quand même de se sortir d’une puissante technique ninja.

Je n’eus pas le temps de me poser plus de questions à son sujet, car un bruit vint m’indiquer que la porte s’ouvrait sur la prochaine étape. La pièce voisine ne semblait contenir aucun ennemi, aucun piège, seulement un mur d’escalade. Pénétrant dans la salle, en faisant bien attention de ne pas déclencher un piège semblable à celui de la pièce que je venais de quitter, je pus voir que la pièce ne contenait effectivement rien d’autre que le mur d’escalade. Celui-ci s’élevait assez haut pour qu’on ait de la difficulté à en voir le bout, mais il était quand même visible, loin là-haut.

Retournant dans la salle de l’eau, je sortie un kunai et fit une profonde entaille dans la cuisse du bandit qui était toujours sous l’effet du genjutsu. Aussitôt, la douleur effaça l’illusion. Je me doutais que le mur d’escalade devait être piégé d’une façon ou d’une autre. Vu les autres pièces, il était impossible que ce soit aussi simple que d’escalader un mur. J’avais besoin de ma chair à canon pour pièges et je voulais essayer de laisser la vie sauve à la femme, car elle m’intriguait un peu. L’autre bandit étant resté dans la pièce des statues, il ne restait plus que celui-là pour faire le travail.

-Allez debout! C’est pas encore fini, je te signale. Va escalader ce mur, on verra bien s’il est piégé.

Le bandit, qui ne comprenait surement pas ce qui se passait, se leva malgré tout et se dirigea vers le mur du fond de la pièce suivante. La première prise qu’il toucha, de sa main droite, semblait normale, mais la deuxième, qu’il prit de la main gauche, émit un léger cliquetis. Quelques secondes plus tard à peine, un pic de terre sortit du mur, détruisant au passage la main du bandit. Entre son cri et sa main ensanglantée, j’ignorais ce qui était le pire.

Détournant les yeux de tout ce sang, je vis, sur un des autres murs de la salle, une inscription gravée dans la pierre : « La terre, moins fluide que l'eau, n'en cache pas moins autant de pièges. Gare à vous... tendez l'oreille ». Si j’avais vu cela avant, j’aurais peut-être pu éviter que tant de sang ne soit répandu, mais il était trop tard maintenant. De toute façon, j’avais décidé que cet homme allait mourir dans ces ruines.

Apparemment, son heure était arrivée. Comme il ne m’était plus d'aucunes utilité, ne pouvant plus escalader avec une main en moins, je pris la décision d’en finir avec lui. Reprenant le kunai avec lequel je l’avais tiré du genjutsu, je m’approchai de lui et lui tranchai la gorge. Abandonnant le kunai ensanglanté à ses côtés, je m’éloigné de lui pour aller parler à la femme bandit, qui semblait terrorisée.

-Bon, j’ai compris le principe pour cette salle. Tu vas escalader en premier, mais fais bien attention, si tu entends un cliquetis, dépêche-toi de t’éloigner avant qu’un des ces pics de roche ne te transpercent. Pour éviter de couvrir les cliquetis, nous allons escalader une à la suite de l’autre. Dépêche-toi quand même un peu, je n’ai pas que ça à faire.

En la faisant monter avant moi, j’aurais quelques pièges de moins à éviter. De plus, je pourrais peut-être trouver un « pattern » logique permettant de savoir où se trouvent les prises piégées.

Spoiler: