Il devait être en plein rêve, ce cher Naruto, s’imaginant engloutir des montagnes de ramens ou savait-on encore quelles excentricités. Ses faits d’armes n’étaient pourtant plus à dépeindre et l’on avait beau ne pas l’apprécier, il restait un ninja d’exception. Sans compter Kyuubi. Comment pourrait-on parler de Naruto sans en venir à son bijuu ? Rien qu’en possédant cette créature au fond de lui il devenait le second être à protéger en priorité dans le village, après le Kage lui-même. Comment, donc, alors qu’il avait trahi son village, pourrait-on le punir de manière exemplaire sans pour autant mettre sa vie en péril ? C’était une question que Kenshin se posait depuis que la petite Tilika lui avait demandé ce qu’il comptait faire à son sensei d’une nuit.

Le shinobi pensait bien à quelques tortures ancestrales où en faisant passer ses pieds derrière sa tête on pouvait faire dire à un homme n’importe quoi, les pieds ne passant pas par l’avant mais par l’arrière du corps. Mais il pouvait y avoir des séquelles pour l’adolescent et cela retomberait sur Kenshin de manière encore bien pire. Il décidait donc qu’il aviserait une fois sur place, si le blondinet lui confirmait bien avoir enseigné un Kinjutsu à un membre d’un autre village, jutsu qu’il avait d’ailleurs volé, rappelons-le.

Bien que rapide, Kenshin ne se souvenait que très peu du lieu de résidence de Naruto. Il avait été chargé de réaliser une surveillance, il y avait une année de cela, et n’y avait pas remit les pieds depuis tout ce temps. Ses souvenirs étaient plus que vagues car même s’il se souvenait de l’appartement dans lequel il était resté en planque pendant un mois, il ne revoyait que de brèves images de celui de sa cible. Il revoyait simplement un toit rouge en dessous duquel on pouvait voir la fenêtre de son salon. Mais, fouillant pourtant le quartier des habitations de toit en toit, il ne pouvait clairement distinguer ces tuiles rouges, la lune irisant le village de sa lumière argentée. Il décida donc de se poser un instant pour observer plus attentivement les bâtiments l’entourant.

Pourtant rien n’y faisait, tout se ressemblait de couleur comme de forme. A vrai dire, Kenshin était tellement pressé de savoir la vérité qu’il perdait énormément en concentration. A tel point d’ailleurs qu’en baissant les yeux, par désespoir, il vit des tuiles brunes sous ses pieds, tuiles qui devaient apparaitre rouge en plein jour. Il voulu alors se frapper, hurler dans la nuit « MAIS QUEL DEBILE ! », mais il n’avait pas le temps, il pouvait maintenant débarquer dans l’appartement du genin et savoir si oui ou non il avait totalement imaginé Tilika.

Il ne perdit donc pas une seconde de plus et sauta avec précaution du toit, se raccrochant aux tuiles du bord pour arriver à hauteur de la fenêtre. La vue qu’elle offrait de l’appartement vide lui rappela étrangement sa propre demeure, si peu personnalisée qu’on pourrait la croire inhabitée. Dans tous les cas, ce qui était sûr, c’était que la petite tête blonde était bel et bien endormie et que Kenshin pourrait s’introduire sans encombre dans son domicile. Il ne prit toutefois pas le risque de briser sa fenêtre, ne devant pas être repéré par qui que ce soit, et rejoignit, en se lâchant du toit, l’entrée de l’immeuble où il pourrait rentrer simplement par la porte de l’appartement. De là, rien de plus facile pour lui que d’enfoncer la porte. Il ferait sans doute un peu de bruit mais une fois fermée, la porte même cassée ne laisserait pas de traces.

Cependant, une fois arrivé au dernier étage, devant la maigre porte qui le séparait de sa nouvelle proie, Kenshin fut plus que surprit quand, après avoir jeté un puissant coup d’épaule à hauteur du verrou, il tomba nez à nez avec le blondinet, les yeux entre-ouverts, en train de fouiller dans son frigo.

Il était pour Naruto plus important de voir sa porte réparée que de savoir pourquoi on l’avait défoncé. Un fait d’ailleurs alarmant pour Kenshin qui se rendait compte à quel point il était facile de pénétrer chez le fameux jinchuriki, et donc potentiellement dangereux pour lui si un ennemi voulait l’attaquer. Or, à cet instant précis, c’était lui qui était considéré comme potentiellement dangereux, et même si c’était bel et bien l’effet qu’il recherchait pour obtenir plus facilement de Naruto ce qu’il savait, il risquait, de par le tempérament de la tête blonde, de le voir frapper avant de discuter.

Kenshin choisit donc de prendre les devants et de porter le premier coup, quitte à faire un peu de bruit dans l’immeuble. Il sauta sur l’enfant à toute vitesse pour se saisir de son bras et le faire passer dans son dos. Ainsi immobilisé, Naruto ne pourrait tenter quoi que ce soit, ni pour se sauver, ni pour se défendre, et tout l’interrogatoire de l’anbu se passerait dans le calme, évitant ainsi d’alerter qui que ce soit. Toutefois, au cours de l’assaut, la bouteille que le jeune homme tenait était tombée et Kenshin craignit que le bris du verre n’ai pu retentir dans les couloirs, la porte de l’appartement gisant encore sur le palier.

Tout en lui parlant, Kenshin passa son bras en dessous de la gorge de l’enfant pour l’inquiéter un peu plus mais aussi pour l’empêcher de se débattre.

Kenshin resserrait à nouveau son étreinte, tout en craignant de blesser réellement le jeune homme. Il renversait au passage quelques tables et autres meubles qui se trouvaient dans le salon.

Kenshin rapprochait son visage de l’oreille du jeune homme pour lui dire :