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Voilà plus de deux heures que j’étais assise sur ce banc du centre-ville. Ma mère, inquiète de mon avenir, m’avait ordonné d’écrire une sorte de journal intime. L’amnésie était une menace constante pour ma famille et la plupart des membres du clan étaient hantés par l’idée de perdre leur mémoire. Dès qu’ils rentraient de mission, mes frères et sœurs avaient tendance à s’enfermer dans leur chambre pour mettre à jour leur propre journal. Le but de la manœuvre était de pouvoir se souvenir de sa vie, même après avoir perdu la mémoire. J’avais toujours trouvé l’idée stupide. Si je perdais la mémoire, je ne me souviendrais même pas de l’existence de ce journal, logiquement. Cependant, comme j’avais été nommée chunnin récemment et que j’avais reçu en héritage une des armes spéciales de mon clan, ma mère avait insisté pour que j’écrive moi aussi ma vie dans un calepin. C’est en effet cette arme, qui pendait à ma ceinture, qui pourrait un jour m’enlever la mémoire.

Malgré que je trouve l’idée ridicule, cela faisait tout de même plus de deux heures que j’étais assise ici à écrire mon histoire. J’avais choisi de m’installer là, car, contrairement à la plupart des gens, j’avais besoin qu’il y ait de la vie et du bruit autour de moi pour écrire. Mon clan étant majoritairement composé d’écrivains pacifistes dans l’âme, la maison était toujours très calme, exception faite du plus jeune de mes frères, qui chahutait parfois avec les autres enfants du village.

J’en étais arrivée à ma quinzième année de vie, celle que je vivais en ce moment, quand je fus interrompue. Étant très concentrée dans la description de l’examen chunnin, je n’avais pas vu la fillette s’assoir près de moi. Quand elle avait parlé, j’avais eu toutes les misères du monde de retenir un cri de surprise. Cela m’arrivait souvent, j’étais toujours trop concentré quand j’écrivais. À tel point que j’en oubliais le reste du monde. C’était un véritable désavantage pour une kunoichi et c’est pour cela que je n’écrivais jamais pendant mes missions.

Quand je fus remise de la surprise, je pus porter attention à ce que disait la jeune fille, qui devait avoir environ deux ans de moins que moi. Elle se présentait. Il était donc logique que j’en fasse autant.

-Enchantée de te rencontrer Hinako-chan. Moi je suis Kana, du clan Taïyoo et je te rassure, tu ne me déranges pas. J’avais presque fini et une petite pause me fera le plus grand bien.

En l’observant un peu, j’avais remarqué qu’elle avait l’air de porter un costume de poupée traditionnelle japonaise. Elle semblait à l’aise, mais pas comme si elle s’habillait comme ça tous les jours. Je me demandais ce qu’elle pouvait bien faire ici vêtue de la sorte. Comme le meilleur moyen de le savoir était de le lui demander et que, étant plutôt du genre sociable, j’avais envie de discuter un peu avec cette nouvelle connaissance, je décidai de lui poser simplement la question.

-Que fais-tu si loin de chez toi? Tu vas à une cérémonie quelconque? Ton kimono est mignon, dommage que ce genre de vêtements ne m’aillent pas.

En fait, selon plusieurs garçons, les kimonos m’allaient très bien, mais je ne me sentais pas du tout à mon aise dans ces habits. Je préférais de loin mes petites robes de style goth lollita. Avec mes longs cheveux soyeux et ma peau blanche, elles me donnaient l’allure d’une poupée de porcelaine, une poupée un peu étrange avec ses yeux rouges et ces cheveux plus blancs que ceux d’une vieille mémé, mais une poupée quand même. Je préférais de loin cela à la poupée venue de la tradition japonaise qui était assise près de moi. En formulant cette pensée, je me dis qu’on devait être mignonnes comme ça, les deux petites poupées assises sur un banc.

La réponse de la jeune fille avait été vague quant à ce qu’elle faisait ici, mais peu importait, elle ne semblait pas être assez puissante pour représenter une menace réelle pour le village et, de toute façon, si elle se trouvait là, c’est qu’elle était passé devant les gardes du village. Je n’allais certainement pas lui dévoiler une quelconque information concernant Kiri, mais rien n’empêchait de discuter un peu. Elle ne semblait pas s’intéresser au village en tant que tel de toute façon, mais plus à ce que je portais et ce que j’écrivais. Quand elle eut fini de me vanter les mérites des kimonos, je lui répondis, brièvement :

-oui, j’imagine que tu as raison. Chacun ses goûts comme on dit.

Ensuite, elle s’intéressa à nouveau à ce que j’écrivais. Je n’étais pas certaine si elle tentait de savoir quelque chose en particulier ou si elle était simplement curieuse et qu’elle appréciait elle aussi l’écriture. Quoi qu’il en soit, tant que je ne m’embarquait pas dans l’explication détaillée de la particularité de mon clan, qui était ce qui m’avait amené à écrire ma vie dans un calepin, je ne voyais pas ce qui pourrait être compromettant dans la réponse que je pourrais lui faire. Je choisis donc de lui répondre.

-Et bien, j’écris tant par plaisir que par obligation. J’adore l’écriture et je travail, comme les autres membres de mon clan, à l’écriture de l’histoire de Kiri, mais ce que j’écrit aujourd’hui est spécial, car c’est mon histoire à moi. La mémoire est une chose bien plus éphémère qu’on ne le croit, alors mon clan est d’avis qu’il faut garder une trace de notre histoire quelque part. Comme je viens de devenir chunnin, ma mère m’a demander d’écrire mon histoire alors c’est ce que je fais.

En disant cela, je me rendis compte que je ne savais même pas à qui je m'adressait. Bien qu'elle soit visiblement plus jeune que moi, il était possible qu'elle soit d'un grade plus élevé que le mien, ça s'était déjà vu. Si c'était le cas, je n'étais peut-être pas à ma place de lui parler comme à une égale comme je le faisais. Les relations entre les différents villages étaient toujours à un petit incident de devenir tendues et même haineuses, alors il ne faudrait pas que je vexe une haut gradé d'un autre village.

L'opposé était tout à fait possible également. Pour autant que j'en sache, elle n'était peut-être même pas une kunoichi. Si elle ignorait tout du monde ninja, elle n'avait probablement pas compris ce que je voulais dire en disant que je venais de devenir chunnin. C'était impoli de ne pas le lui expliquer, si elle ne savait pas ce que s'était, mais se serait mal vue de le faire si elle était une kunoichi. Le mieux était encore de le lui demander.

-Dis-moi, tu es bien une ninja toi aussi non? tu es de Kumo c'est sa? Je ne suis encore jamais allé dans ton pays, mais j'ai lue beaucoup sur le sujet. Ce doit être beau non?

Voilà qui était plus poli, mais c'était encore sur le ton joyeux de la conversation, comme l'avait été le reste de notre discution. C'était parfais. En plus, j'étais sincèrement interessé par le pays de la foudre, car, bien que je n'y ais encore jamais mis les pieds, j'aimais ce que j'en avais lue. J'espèrait qu'une prochaine mission me donne enfin l'occasion d'y faire un tour, histoire de voir si les paysages étaient aussi splendides que les écrits les faisaient paraitrent.

(J'ai changé de couleur de dialogue parce que le rouge fais un peu mal aux yeux avec le nouveau design du forum ^^)

La jeune Hinako avait une naïveté au sujet de sa mémoire, qu'elle prenait pour acquise, que je lui enviais. Ayant toujours vécu avec la menace de l'amnésie bien particulière de ma famille, je n'avais jamais eu cette naïveté que tous les autres avaient. Chaque fois que je vivais un moment heureux, il y avait toujours au fond de mon esprit le même souhait : faites que je n'oublie jamais ce moment! Bien sur, j'étais loin de me douter, à l'époque, que ma vie allait radicalement changé le jour où, en mission, j'allais perdre toute trace de cette mémoire que je savais si éphémère. Oui, perdre sa mémoire était une chose terrible... mais je ne me doutais pas encore à quel point.

La réponse à la question que j'avais posé me fit plaisir. Alors Hinako était pratiquement chunnin? parfais! Je pouvais donc lui parlé d'égale à égale sans craindre pour le protocole. Aussitôt, je me détendis un peu en écoutant sa description de son village. La description qu'elle en faisait était à peu près la même que ce que les livres en disaient, mais c'était différent de l'entendre de la bouche d'une kumoienne plutôt que de le lire sur des parchemins poussiéreux. J'adorais les vieux parchemins de la bibliothèque du village, mais je préférais tout de même les gens, contrairement à la majorité des membres de mon clan.

J'avais toujours été le mouton noir de la famille, avec mes yeux rouges qui me venaient de dieu sais où (le reste de ma famille ayant les yeux bleu-vert ou bleu-gris). Je n'avais pas un goût aussi poussé que les autres pour l'écriture et j'étais aussi moins pacifiste que le reste de mon clan. Enfin, selon eux, car je me considérais seulement comme plus réaliste. Oui, la paix est souhaitable, mais, dans le monde où nous vivons, ce n'est pas vraiment possible et ne pas apprendre à se battre, avec les talents spéciaux que possède mon clan, serait un véritable gâchis à mes yeux. Je n'avais pas nécessairement l'intention de faire des ravages et devenir la plus puissante ni rien du genre, mais je voulais être capable de défendre le village que je chérissais tant. C'est surement à cause de ma différence que le clan n'avait pas hésité à me rejeter, plusieurs années plus tard, ce jour fatidique où j'avais perdue une partie de mon âme au combat, devenant ainsi moins qu'humaine à leurs yeux. Une enveloppe amnésique sans âme ayant commis le pire crime possible pour un membre du clan.

Hinako me tira de mes pensées un peu trop sombres en me demandant si j'avais déjà voyagé et en m'offrant l'hospitalité si un jour je passais par kumo. Elle me demandait aussi plus d'informations sur mon clan. Je ne voulais pas trop m'étendre sur ce sujet avec une kunoichi d'un autre village, je me dis que je pourrais quand même répondre à sa question. Et puis, si elle insistait, je pourrais toujours lui dire que ce n'était pas des affaires d'une kumaienne. Poliment, bien sur.

-Oui, j'ai déjà voyagé dans les autres pays, mais mes missions ne m'ont encore jamais amenées dans ton pays, malheureusement. Je te remercie pour ton offre. Si un jour je passe par ton village, j'y repenserai. Bien sur, tu es la bienvenue dans ma maison aussi, si tu n'as pas peur de t'ennuyer dans une maison remplie de pousses crayons.

La blague était facile, mais vrai. La maison était toujours trop calme à mon goût.

-Mon clan est fait de ninjas, oui, mais nous ne sommes pas très connus du monde des shinobis. Comme Tous ceux qui le composent sont de nature pacifiste et préfèrent l'écriture à l'apprentissage de nouvelles techniques, il y a peu de chances pour qu'un membre du clan soit un jour reconnu pour un quelconque acte de bravoure sur un champ de bataille. Et toi, tu viens d'une famille de shinobis? Je dois avoué n'avoir jamais entendue le nom des Mujô. Enfin, si, peut-être, mais je ne m'en souviens pas en tous cas.

Comme elle n'était même pas encore chunnin, je n'étais pas surprise que la jeune Hinako n'ait encore jamais voyagé hors de son pays natal. La pluspart de mes voyages à l'extérieur avaient été des voyages d'écritures, pas des missions. Rien de vraiment palpitant, donc, mais cela me donnait au moins un avantage sur les autres shinobis de mon rang car je connaissait bien mieux qu'eux le monde qui nous entoure et j'étais aussi bien plus callée pour tout ce qui à trait à la politique entre les villages. C'est d'ailleurs pour cela que j'étais si à cheval sur les règles de bienséance quand je faisais face à un ninja d'un autre village.

Quand elle se mit à parler de sa famille, le ton d'Hinako changea du tout au tout. Il était beaucoup plus amère. On voyait bien qu'elle ne s'entendait pas vraiment avec sa famille. Elle allait même jusqu'a dire que se n'était pas important. Si celà avait réellement été le cas, je doute qu'elle aurait xprimé autant de dégout dans ses paroles, mais je devais respecter son désir de ne pas en parler, surtout qu'elle venait de m'apprendre que ses parents avaient un certain pouvoir à Kumo. Ma période plus détendue en apprenant qu'elle était d'un rang ninja qui me permettait de la traité en égale avait été brève, car, sachant qu'elle faisait parti d'une famille influente, je repris d'instinct une attitude plus respectueuse et, de ce fait, moins amicale et détendue.

-Je ne connais malheureusement pas ta famille, mais, si elle est influente au sein de ton village, j'aurai surement un jour l'occasion de ...

Je ne pris même pas la peine de terminer ma phrase, car la jeune fille ne m'écoutait visiblement pas.

Je fus alors témoin d'une scène que j'aurais préféré ne pas voir. Le père d'hinako ne semblait pas porter sa fille dans son coeur, pas plus qu'hinako elle même ne lui portait d'affection. La tention entre les deux membres de la famille Mujô était palpable et l'homme qui venait d'apparaitre était franchement méchant avec la kunoichi que je venais de rencontrer et que je me plaisais à croire être une nouvelle amie.

S'ils avaient été des habitants de Kiri, je serais venue au secours d'hinako, mais ils étaient de Kumo. Des gens influents venant d'un autre village. Je ne pouvais pas dire n'importe quoi, car ils avaient peut-être l'influence nécessaire pour déclancher les conflits entre nos deux villages depuis longtemps alliés. De plus, je ne percevait aucun signe de détresse venant d'hinako. Elle ne demandait pas mon aide. Elle voulait tenir tête à son père par elle même. C'était une attitude louable, mais qui ne semblait pas donner beaucoup de résultats.

Cependant, je ne pouvais pas juger de l'empleur du malheur d'hinako en quelques minutes à peine. Peut-être était-elle bien plus mal avec sa famille qu'elle ne le laissait paraitre. Je voulais lui ouvrir une porte de secours, au cas où elle en aurait besoin, mais je devais surveiller mes paroles devant son père. Celui-ci, justement, s'était enfin adressé à moi, comme s'il venait de remarquer que sa fille n'était pas seule.

-Votre fille ne m'embarasse pas dutout monsieur je vous rassure.

Me tournant vers hinako, je poursuivis.

-Si un jour tu reviens à Kiri et que tu as un peu plus de temps, il me ferait plaisir de te revoir. N'oublie pas l'offre que je t'ai fait plus tôt.

J'espèrais que se serait suffisant pour lui faire comprendre que je serais là pour l'aidé si elle en avait besoin, mais il m'était impossible d'en dire plus devant son géniteur.