[Thème musicale]

L’Inquiétude.
Comme une dague qui s’enfonce dans mon cœur, sourde, lourde ne faisant aucun cas de ma volonté à l’annihiler. Elle était là, perfide, hantant mes jours et mes nuits depuis ce qui semblait être des mois alors qu’en réalité, seule une poignée de jour c’était déroulée depuis son apparition dans mes chaires. Mes nuits étaient habités par les fantômes d’un passé incertain, mes souvenirs morbides se mélangeant avec une imagination horrible me faisant voir des scènes de terreur et dévoilant par mes songes mes pires craintes, écourtant mon repos précaire. Et a chacun de mes réveils, la même impression de crainte et de vide qui m’enveloppait comme un voile épais et rugueux déposé sur mes épaules nues. Et toujours, cette même habitude, celle d’aller vérifier si celle qui hantait mes cauchemars étaient là…et comme tous les jours depuis ce qui semblait être une éternité, seul le vide de l’appartement et de sa chambre répondrait à mon regard désespéré.

Ce matin, ça avait été le même refrain, la même partition de cette musique grinçante et qui me devenait insupportable.
Elle n’était pas là. Pire, elle avait disparut à mes sens alors que d’ordinaire lors de ses séjours en dehors du village, il y avait toujours une partie d’elle qui restait avec moi. Aujourd’hui, je me rendais compte que ce que j’avais trouvé quelques temps inutile devenait à présent une source d’inquiétude non négligeable. La disparition si soudaine de ce clone qu’elle avait laissée avec moi ne pouvait qu’être source de crainte.
Que c’était il passé pour que celui-ci ne disparaisse ainsi ? J’avais si peur qu’il ne lui soit arrivé malheur…Et puis se retard qui s’accumulait un peu plus chaque jour, elle qui avait dit qu’elle reviendrait d’ici une semaine voir dix jours, je voyais les nuits s'amasser et augmenter encore l’inquiétude qui pesait sur mes épaules. J’avais même réussit à passer outre ma timidité, poussé par mon angoisse plus grande pour aller les confier à mon professeur, le seul lien confiant que j’avais avec le monde ninja. Il m’avait dit de ne pas m’en faire, que ma tutrice était une femme forte et qu’elle avait dut pousser davantage sur ses limites pour devenir encore plus forte.
Je lui avais sourit en acquiesçant, mais mon cœur n’y avait pas cru.
Je lui faisais confiance. J’avais confiance en sa force et en son intelligence, à son art qu’elle employait pour se défendre et attaquer. Elle n’était pas faible comme moi, bien au contraire, sa force de vivre irradiant de chaque pore de sa peau. Mais je ne pouvais pas oublier son long séjour à l’hôpital qui l’avait alitée des jours durant en lui ôtant cette si précieuse étincelle de vie. Et moi, je ne pouvais qu’attendre, impuissant, que Raï ne revienne. Parfois, pour soulager quelques instants mon cœur, je l’imaginais ouvrir la porte de l’appartement avec sa soif de vivre et son énergie intarissable en lançant une phrase badine qui me ferait rire par sa spontanéité.
Et après un sourire face à ce songe, mon cœur se serrait de nouveau car je ne pouvais pas me mentir. Je souhaitais tant que cela arrive ! Chaque jour, je le souhaitais ardemment, priant de toutes mes forces pour ce seul vœu…
Il était si aisé de s’en remettre aux dieux.

Alors pour ne pas sombrer dans le désespoir, je me lançais à corps perdu dans un entrainement dur, rude et exténuant. Ainsi, je pouvais m’octroyer quelques heures de sommeil bénéfique et reposant, tant mon corps était lourd de ce que je lui faisais endurer, et les cauchemars m’abandonnaient un peu, revenant lorsque la fatigue s’atténuait au milieu de la nuit.
Ma nouvelle amie s’inquiétait aussi. Je l’avais invoquée plusieurs fois pour lui parler, avoir une présence amicale près de moi et éloigner cette angoisse qui me tenaillait. Elle avait comprit sans mot et était restée égale à elle-même, comme un soleil rayonnant en plein milieu d’une nuit noire.
Elle s’était sentit aussi impuissante que moi. Je n’étais pas assez fort pour appeler à moi un de ses frères bien plus puissant qui aurait put m’aider, Namima ne savait que faire et je partageais son désarroi et son impuissance.

Ma mine n’était pas des plus engageantes, mais personne ne me faisait de commentaire là-dessus, mes sourires et mon assiduité étant des réponses rassurantes pour cet entourage de connivence. J’étais juste un peu stressé, rien de plus, après tout l’examen genin approchait à grand pas et étant donné que j’avais commencé les cours au milieu de l’année, j’étais bien plus angoissé que la majorité puisque j’avais plus de retard qu’eux.
C’était normal.

L’examen.
C’était aujourd’hui.

Je devais me concentrer sur cette tâche et uniquement sur celle-ci. Raï allait bientôt revenir et alors je pourrai lui montrer fièrement que j’étais parvenu à devenir un peu plus fort durant son absence tout comme elle. Elle n’aurait plus à s’inquiéter pour moi et tout irait pour le mieux.
Et moi, je deviendrai plus fort pour que ce genre d’événement n’arrive plus.
J’avais la force d’aller de l’avant malgré les chaines d’inquiétude qui me retenait. C’était dur, tellement dur mais cette force nouvelle, celle de ma volonté, s’épanouissait doucement, progressivement sans que je ne m’en rende moi-même compte.

Cette volonté d’avoir la force de protéger ce qui m’était important malgré les épreuves. Et ce qui m’était important aujourd’hui, c’était ma tutrice. Sa fierté. Ma volonté de vouloir ne serait ce qu’effleurer la force qu’elle possédait et qu’elle m’avait insufflée sans que je ne le comprenne, celle de pouvoir un jour protéger moi-même ce qui importait tant pour moi…
Je n’avais pas très bien dormit cette nuit. Je n’en avais pas été étonné, mais j’espérais que ce manque de sommeil ne me pénaliserait pas. Je connaissais par cœur les techniques qu’on devait nous demander, je savais la théorie et la pratique alors je n’avais pas vraiment peur.
Ma confiance s’envolerait peut être lorsque je serais en face de mon examinateur mais pour le moment, j’essayai juste d’éloigner les derniers vestiges du cauchemar qui m’avait réveillé cette nuit.
Faites que ces cauchemars ne soient que la preuve de mon imagination débridée et pas une quelconque vision !

Assit sur le banc de la salle de classe, ma tête reposant sur mes bras croisés sur la table de la classe, j’attendais l’heure, comme les autres.

Patience.
Ce mot prenait un sens particulier dans ma situation actuelle, assis au milieu de cette salle de cours que j’allais peut être abandonner dans peu de temps. A cet instant, je patientai pour plusieurs choses.
La première et la plus logique aux yeux de la majorité des aspirants réunis dans cette salle était d’attendre la venue de nos examinateurs. Une attente commune à nous tous. La seconde n’appartenait qu’à moi et concernait l’absence de ma tutrice et cette inconfortable situation d’attente dans laquelle je me retrouvai depuis. L’un dans l’autre, je devais attendre que quelque chose se passe…Je n’avais aucune prise sur ce quelque chose, cette suite dans laquelle je n’avais pas mon mot à dire, spectateur impuissant d’un acte qui jouait pourtant ma vie.
J’ai toujours été d’un naturel patient frisant parfois la passivité, observant ma vie se jouer devant moi sans réellement y prendre part, me laissant emporter par les autres qui devenaient les véritables acteurs de ma vie.
Attendre dans l’angoisse sans le laisser transparaitre, avec patience et une fausse impression de calme. Il fallait supporter. Et j’arrivai à supporter plus que ce que je croyais moi-même. Mais à partir d’un certain moment, la patience ne sert plus à rien si elle se retrouve accolée au doute. Il ne restait plus que l’inertie, cette absence de réaction qui nous mettait en danger en nous laissant inutile et impuissant. Face aux doutes, je m’étais longtemps retrouvé pantelant, ne sachant que faire, attendant ce quelque chose qui ne venait pas en confiant ma vie entre les mains d’un autre acteur en espérant que tout ce passerait bien… Et puis j’avais pris mes premières décisions. Une première, puis une autre et encore une. Chaque choix n’avaient pas été bon, certain avait même été exécrable mais malgré tout…Ils me construisaient…Et je n’étais plus simplement spectateur de ma propre vie, enfin, j’en devenais un acteur, le principal.

Et aujourd’hui, mon choix était de réussir ce que j’avais commencé à entreprendre. Malgré mes doutes et la peur insidieuse qui prenaient place en mon cœur, je voulais avancer, même si cela devait me faire tomber.
Et puis je ne voulais pas douter de la force de Raï.
Je me sentais tellement impuissant…
Je secouai la tête pour faire sortir ces pensées de mon esprit. Je devais être patient et me concentrer avant tout. Mon examen allait finir par commencer alors je ne devais pas laisser mes craintes parasiter ma conscience, j’en avais besoin pour réussir. Une chose à la fois. Je me redressai, ignorant ma fatigue et l’agitation extérieure en adoptant une respiration que je voulais calme et profonde.
Il n’y avait rien de mieux pour se calmer.
Dans le brouhaha des conversations – voir des cris – de la classe, une voix plus forte se fit entendre, intimant à tous le silence. Je relevai la tête vivement pour dévisager – comme beaucoup de mes camarades – les trois adultes qui sans nul doute allaient nous faire passer notre examen. Ils étaient…impressionnants, à l’image des ninja que je n’avais jamais côtoyé et qui revêtait toujours chez moi cette impression de force brute et dangereuse, sinueuse propre à cette caste. Une caste dans laquelle je voulais évoluer…
Lorsque le silence se fit une bonne fois pour toute – et plus rapidement que ce que leur sensei parvenait à faire d’habitude – un des examinateurs prit la parole, et comme la majorité des élèves, je l’écoutai d’une oreille attentive dans l’espoir d’y voir glisser des informations utiles pour moi.
Après son discours, une rumeur de compréhension et d’agitation agita les aspirants qui comprenaient enfin l’utilité du fameux carton de couleur. Et j’étais comme eux alors que j’observai d’un nouvel œil le papier rouge qui m’avait été remis et après un vague nouveau regard vers les trois hauts gradés, je me dirigeai vers celui habillé en rouge et qui avait prit la parole.
Ma démarche était un peu moins assuré que ce que j’aurai souhaité mais je ne tremblai déjà pas comme une feuille, ce que je pris comme une petite victoire.

Le petit groupe dont je faisais parti suivit l’homme et obéît à ses instructions simples. On rentrait à notre nom dans la salle et sinon…on attendait sagement et de préférence en silence. Ma gorge soudainement sèche trouvait ce dernier conseil particulièrement bienvenu. L’attente était toujours là et le stress se frayait tranquillement son chemin à chaque nom appelé – qu’on encourageait d’un geste ou d’un sourire - et à chacune des personnes qui sortaient, je me tendais mélangeant mon appréhension et mon excitation. Je voulais tant y parvenir ! Ça ne faisait pas bien longtemps que j’avais commencé mes cours et je savais que mes chances étaient sans doute moindres que mes camarades mais j’avais travaillé si dur !
Je ne voulais pas échouer. Je voulais pouvoir annoncer fièrement ma réussite, et ce bandeau était une preuve tangible du changement qui s’était opéré en moi…Celui d’un garçon qui désirait plus qu’autre chose être assez fort pour protéger ce qui lui importait et choisir sa propre voie !

L’appel de mon nom me fit redresser la tête et rompit le fil de mes pensées. Après une inspiration plus forte que les précédentes pour me donner du courage, je m’avançais dans cette pièce dans laquelle se jouait mon avenir au moins en parti. Je ne laissai pas voir que mon cœur battait trop vite dans ma poitrine alors que je me demandais si je devais dire quelque chose où si il était préférable de rester silencieux. J’optai immédiatement pour la première option, par pure politesse et habitude. J’inclinai légèrement le buste avant de prononcé d’une voix un peu trop faible :

« Bonjour. Je suis Koma. »

Je réprimai avec de grand effort une grimace qui dans tous les cas aurait été dissimulé par ma tête baissé. J’aurai put mieux trouver…

Un certain malaise s’était emparé de moi. Le fait d’être tout à coup projeté sur le devant de la scène avait quelque chose de troublant, et si on y rajoutait le stress que provoquait l’examen, je ne pouvais pas dire honnêtement que je me sentais à l’aise. Et puis il y avait ces trois examinateurs qui gardaient le silence et m’observait sans rien dire. J’inspirai une bonne goulée d’air pour m’apaiser avant de me redresser et d’attendre que l’un des adultes ne m’informe sur la suite. J’avais à cet instant, la désagréable sensation d’être un animal curieux que l’on viendrait observer dans un quelconque zoo avec tous ces regards braqués sur moi. Je réprimai un frisson et me mordit la lèvre d’anxiété. Je pouvais être particulièrement patient, mais j’avais encore beaucoup de progrès à faire pour supporter la pression qui découlait de ce genre de situation.
Mon corps se figea lorsque l’un des hauts gradés prit la parole d’une voix dans laquelle ne transparaissait aucune émotion, ce qui n’était pas pour me rassurer…Ce n’était pas des accusations qu’il proférait mais de simple constatation sur ma scolarité pour le moins irrégulière.
Je le savais tout ça.
J’avais tellement travaillé pour me mettre à niveau…Aussi improbable que cela puisse paraître au vue de mon dégoût premier pour ce monde dans lequel j’avais atterrit mais qui coulait pourtant dans mes veines depuis toujours. Ma peur et ma crainte avait été remplacées par une curiosité grandissante envers ce nouvel univers dans lequel j’avais une place bien malgré moi. La curiosité et l’espoir. L’espoir de pouvoir être assez fort pour que les erreurs du passée ne puissent plus se reproduire. Pour pouvoir avancer sans craindre qu’un autre paye à ma place mes fautes…parce que je voulais protéger et non plus être protéger, prendre ma vie entre mes mains sans avoir honte de mes choix.
Peut être que je me fourvoyais, et que finalement, je faisais exactement ce qu’il était prévu que je fasse mais je croyais bel et bien que tout cela se résumait à mes choix, qu’ils soient bons ou mauvais et qui m’avaient guidés jusqu’ici.
Le destin ou la destinée.
J’avais travaillé, je m’étais blessé, épuisé tant et plus pour pouvoir me présenter ici et aujourd’hui sans honte. Plus que pour les autres, c’était pour me prouver à moi-même que je pouvais y arriver, pour montrer que je pouvais changer, que je pouvais réussir dans la voie que j’avais choisie. Que moi aussi je pouvais être quelqu’un.
Cette conviction me fit redresser la tête que j’avais inconsciemment baissée et affronter avec un regard neuf cette nouvelle épreuve qui se dressait sur mon chemin.

La technique du bunshin. Le clonage.
Alors les dés étaient jetés et c’était par cette technique que j’allais entamer les choses sérieuses. Mon cœur augmenta sa cadence sous la pression et l’anxiété. Je devais me reprendre ! Ce n’était pas en m’angoissant tant et plus que je parviendrai à réussir, bien au contraire, j’avais plus de chance d’échouer lamentablement avec ce genre d’émotion !
Mes pensées se tendirent vers ma tutrice. Je chassai l’angoisse que son absence provoquait en moi pour garder précieusement le sentiment de sécurité qui émanait d’elle et qui me calmait. Elle n’était pas physiquement là et cela m’était douloureux mais je voulais croire jusqu’au bout qu’elle arriverait bientôt et alors je pourrai lui annoncer ma réussite.
Peut être était ce aujourd’hui, davantage pour Raï que pour moi que je voulais tant réussir cette épreuve. Un sourire léger étira mes lèvres alors que j’acquiesçais aux instructions de l’examinateur mon regard émeraude brillant de la détermination qui m’habitait dès lors.

Je fermai les yeux pour me concentrer, me repliant dans mon esprit et dans mon propre corps pour ressentir mon énergie vitale le parcourir. Malaxer mon chakra était devenu un exercice que je connaissais bien et auquel je m’entrainai le plus régulièrement possible. Je visualisai ce que je devais accomplir. Un clone de moi-même.
Les premières fois cette projection sur l’extérieur avait été particulièrement ardue…Mais avec l’aide de notre sensei, celle-ci s’était faite avec plus de facilité grâce à ses conseils avisés. L’imagination était la clé dans ce monde. Que cela soit pour les genjutsu où cela semblait logique mais également pour les techniques de ninjutsu dans lesquels il fallait visualiser le résultat pour réaliser l’action, tout comme dans le taijutsu.
Notre sensei avait raison. Davantage que la force et la résistance du corps, c’était avec l’imagination que l’on pouvait avancer.
Je ne voulais pas les décevoir.

Mes mains bougèrent à une allure modérée, enchainant plusieurs signes incantatoires alors que j’appelais à moi mon chakra le projetant pour créer de toute pièce ce clone de fumée à mes cotés qui devait me ressembler comme un jumeau. Un frisson me parcourut alors que je sentais mon énergie malaxée se moduler pour former la technique que je souhaitais, évitant de me déconcentrer dans l’opération pour ne pas perdre tout ce que j’avais entrepris. La sensation que je ressentis était mille fois connue. Normalement…

Je cru qu’une éternité c’était déroulée alors que j’ouvrai les yeux, les mains figées dans le dernier mudra de mon incantation pour observer si j’avais réussit ou non. En réalité, quelques secondes, une minute tout au plus et mon anxiété qui s’était tut lors de la préparation de ma technique revint au galop lorsque mon regard croisa les adultes. Normalement, j’avais réussit, je l’avais ressenti au plus profond de moi mais je n’étais pas à l’abri d’une erreur d’appréciation, loin de là. J’aurai réellement souhaité être sûr de moi mais le doute restait un nuage de brume au dessus de ma tête…
Mais un coup d’œil sur le coté permit de me rassurer un peu. Mon clone était là…Maintenant j’espérai que ma technique avait été correctement réalisé, je ne savais même pas comment nos examinateur allait nous noté.

La réalisation simple de la technique ? La rapidité d’exécution ? La perfection ?

Et encore, je devais supporter…Attendre.

Spoiler:

J’attendais avec une légère appréhension la suite des directives mais je me sentais plus apaisé. J’avais réalisé ma technique et même si je ne connaissais guère la manière dont nos examinateurs allaient nous noter, je pouvais au moins être fier d’être parvenu à ce résultat et d’avoir effacé un temps mon stress. Lorsque je m’appliquai à ma tâche j’en oubliai tout le reste, tant les regards braqués sur moi à la recherche de la moindre faille que l’angoisse que faisait naitre en moi cet examen ce que je trouvai rassurant. Je n’étais pas totalement tétanisé face à ce genre d’épreuve qui n’était qu’un premier pas dans le monde dans lequel je m’engageai. La suite serait bien plus ardu comparé à ce qui arrivait aujourd’hui et il était temps que je me prenne en main.
Le regard fixé sur les hauts gradés, je veillai avec une angoisse relative et un calme apparent leurs réactions. Chacun se penchèrent pour écrire quelque chose sur une feuille en face d’eau avant qu’un petit sourire ne fend le visage de celui qui prit la parole. Dans un silence religieux, je l’écoutai avec inquiétude avant que le soulagement ne m’étreigne enfin mais c’est avec sérieux que je pris note de ce que me conseillait l’homme. Améliorer mon rythme d’incantation. J’acquiesçais dans le vide le regard droit en ayant prit un peu plus d’assurance maintenant que l’une des étapes avait été réalisée et réussit. Je savais que c’était l’une de mes faiblesses et je me promis d’améliorer cette vitesse dès que je sortirai de cette salle, mais pour le moment je préférai me contenter de réussir ma technique plutôt que de la réaliser trop rapidement et que dans ma hâte, je ne l’échoue.

Et puis il m’annonça les directives de la prochaine épreuve. Prendre l’apparence d’une personne, et pas n’importe laquelle, celle d’un homme sur une photo. Je me rapprochais pour récupérer l’image dans mes mains. Je fis tout de suite passer ma concentration au premier plan de ma conscience en éloignant d’un revers de pensée agacée les doutes qui voulaient s’insinuer perfidement dans mon esprit.
Prendre l’apparence d’un homme sur une photo était plus ardu que si l’homme en question avait été là devant moi mais ce n’était pas non plus impossible. Pensée positive. Un nouveau conseil de mon professeur que j’oubliai un peu trop facilement face à mes doutes et mes hésitations. Je me répétai comme un mantra les paroles positives de mon sensei en analysant sous toutes les facettes cet homme dont je devais prendre l’apparence. Lorsqu’on veut quelque chose, on le peut. L’imagination est la clé de toutes les techniques ninja, à plus forte raison celle-ci.

Des cheveux blond comme les blés tombant jusqu’à ses épaules – bien plus court que mes propres cheveux – sur lesquels était déposé un chapeau rond. Son visage affable penché sur ses papiers possédaient ces quelques marques aux coins des yeux et des lèvres – ainsi que du front – qui prouvait que l’homme en avait vu passé devant lui bien que le temps semblait l’avoir épargné. Je lui donnai une quarantaine d’année, un poste important qui lui faisait souvent froncer les sourcils face à ce que j’imaginai comme être des absurdités ou de grave difficulté. Ses lunettes carrés lui donnait un regard que je songeai plus pénétrant et intimidant malgré son visage plutôt doux…Je voyais mal la couleur de ses yeux mais j’en déduisis qu’il était clair et penchai pour un bleu virant vers le gris. Malgré qu’il soit assit, j’analysais qu’il devait être de taille moyenne pour un homme adulte – donc plus grand que moi – et prenait en exemple la taille et la carrure de mon sensei qui devait s’y approcher. Une attitude moins droite peut être.
Je fermai les yeux un instant pour imaginer cet homme debout rajoutant ou ôtant des détails qui me semblait important puis une fois satisfait par l’image mentale que j’avais de cet homme et après un dernier coup d’œil à la photo dans ma main, je reposai celle-ci sur le bureau des examinateurs avant de m’y mettre.
Une analyse qui n’avait pas été excessivement longue dans laquelle je m’étais concentré avec attention.

C’était le plus important dans cette technique, l’information de base, ensuite ce n’était qu’une formalité.
Enfin, ça c’était ce que notre professeur nous disait à chaque fois...
Ce souvenir me fit légèrement sourire alors que je me préparai en prenant en compte les conseils de mon professeur ainsi que celui que m’avait donné l’examinateur. Je devais augmenter un peu ma vitesse d’exécution au moins suffisamment pour que celle-ci paraisse normal. Mais normal chez un ninja professionnel n’était pas la même chose chez un aspirant comme moi…Mon clone s’était dissipé sous mon ordre.

Je malaxai mon chakra mes doigts bloqués dans le mudra de concentration que je connaissais bien à présent pour réaliser ma technique en gardant bien dans ma tête l’image de cet homme dont je devais prendre l’apparence.
Je murmurais :

« Henge. »

Un nuage de fumé entoura mon corps provoqué par ma technique puis se dissipa rapidement en me dévoilant. Plus grand, mes cheveux long qui normalement dégringolaient dans mon dos s’était raccourcis et avait pris une autre teinte, des lunettes trônaient sur mon nez…
Le henge n’était pas ma technique favorite tant j’avais l’impression que celle-ci changeait mon corps. Ce n’était qu’une illusion, je le savais parfaitement mais tout de même…Je continuai de maintenir celle-ci en attendant qu’on me prévienne.

Spoiler:

Une nouvelle fois, je patientai mais pris par ma technique je demeurai plus serein que ce que j’avais été plus tôt. J’avais fais au mieux de mes capacités et à présent que les dés étaient jetés, je n’avais plus qu’à attendre le verdict final de mes examinateurs. Ils me regardaient, me fixais en me comparant à cet homme sur la photo – ce qui me permit de comprendre qu’ils ne devaient pas plus le connaître que moi – mais que j’espérais le plus fidèle possible. Jusque là, en cours, nous avions plus souvent pris modèle sur notre professeur ou sur un de nos camarades que nous connaissions déjà, en ce cas, nous avions beaucoup moins de problème au niveau de notre technique…Heureusement que notre sensei avait prévu le coup en nous entrainant autrement, sans doute dans l’optique de cet examen d’ailleurs.
Ma respiration se coupa malgré moi après leur examen minutieux de mon illusion, attendant, appréhendant les premiers mots qui allaient sortir de la bouche de celui qui avait prit mon examen en main dès le début. Et puis son sourire et ces mots que j’attendais depuis ce qui me semblait être une éternité me remplirent d’une joie sans nom et d’un soulagement qu’il était tout autant.
J’avais réussis !
Mon cœur accéléra sa cadence sous le bonheur que cette phrase provoquait en moi et c’est avec un sourire éclatant que je rompis ma technique – les derniers effets de l’illusion se dissipant derrière un nouveau nuage de fumée. J’étais moi-même avec mon sourire franc et sincèrement joyeux. Si je n’avais pas été d’un naturel calme, sans doute aurai je sauté de joie mais cette envie refoulée avait rapidement été écarté. J’étais un peu trop timide pour me permettre cette effusion devant des inconnus, ce qui ne m’empêchait pas d’être ravi.

« Merci. Merci beaucoup, je ne vous décevrai pas. »

Après un inclinement de mon buste, je récupérai le document qu’il me tendait en le portant contre moi puis voyant qu’il était temps pour moi de prendre congé, je sortais de la salle d’examen le cœur léger en échangeant un sourire encourageant avec le nouvel aspirant qui avait été appelé après moi. C’était un camarade, j’espérai qu’il réussisse et qu’il ressente la même joie qui me comblait à cet instant.
Une fois dehors et éloigné de la pesante ambiance du couloir dans lequel attendait les derniers étudiants qui devaient passés leur épreuve, j’observai enfin le document que le haut gradé m’avait remis avec le sourire. C’était tout simplement le diplôme qui nommait Koma genin du village de Kumo. Un sentiment de fierté envahit tout mon être en observant mon prénom accolé à ce titre que j’avais réussit à atteindre avec force et travail.
J’étais un ninja. A partir d’aujourd’hui, j’étais un shinobi du village caché des nuages.

Mon sourire se tarit, devint plus doux alors que je reprenais ma route pour me diriger là où notre professeur nous attendait pour remettre au nouveau gradé leur bandeau. Le couloir que je traversai accueillait les sentiments divers que l’échec ou la réussite avaient frappé mes camarades. Des pleurs, de joie ou de tristesse, des sourires, teintés des mêmes émotions, des expressions neutres…Tant d’émotion qui me serra le cœur, compatissant à la détresse de certain qui, je le savais, avait travaillé dur pour parvenir jusqu’ici.
Ma joie c’était faite plus douce et une partie de moi trouvait mon effusion de joie dans la salle déplacé.
Je secouai la tête pour ôter ce sentiment de frustration. J’aurai souhaité que tous le monde puisse réussir, mais je savais – et notre professeur nous l’avait bien dit – que ça ne serait pas le cas.

Lorsque je tendis mon diplôme fraichement obtenu à mon sensei, celui-ci me sourit – de ce sourire fier et presque paternel qui me faisait penser à mon tuteur – et me remit avec émotion mon bandeau marqué par le symbole du village. Je le connaissais, Raï possédait le même bien qu’il soit plus abimé que celui que m’avait donné mon professeur, mais malgré ça, je ne put m’empêcher de le détailler sous toute les coutures. Ce n’était pas le bandeau de ma tutrice. C’était le mien. La preuve physique de ma réussite et de ce qu’il signifiait.
La plaque de métal – moins lourde que ce que j’avais songé en le regardant – brillait paresseusement à la lumière artificiel des néons, alors que ressortait gravé sur celle-ci des nuages, le symbole de Kumo. Le tissu sur lequel était rattaché le symbole de métal était noir et long, étonnamment doux pour quelque chose qui était la preuve de mon appartenance à une caste dangereuse. Ce paradoxe me surpris plus que je ne l’aurai cru.

« Félicitation Koma. Je sais que tu en es digne. »

Il me souriait et je lui retournai avec le plus de conviction qui m’était possible. Les nouvelles responsabilités, mon inquiétude et mon angoisse qui m’enserraient avant le début de l’examen me retombant lourdement sur les épaules.

« Merci Sensei. »

J’étais heureux. Heureux d’être parvenu à obtenir mon bandeau et par cela, à faire un nouveau pas sur le chemin que je voulais parcourir. Je deviendrai plus fort et moi aussi je pourrai protéger ce qui m’était chers. Mais je savais aussi quelque part que cela m’éloignait d’un autre chemin que je ne voulais pas oublier pour autant. Je devais concilier les deux. Absolument.

Lorsque je sortais de l’académie qui affluait des parents qui attendait les résultats de leur enfant – ou criait de joie ou de colère – je me surpris un instant à chercher Raï dans les visages qui m’entourait. C’est avec un pincement au cœur que me détournai de cette effusion de sentiment et que je rentrai à l’appartement serrant contre moi les preuves de mon nouveau statut.
Je soupirai. L’attente reprenait. L’angoisse également.

« J’espère que tu vas bien… »

Spoiler: