Le temps passait si vite !
Déjà les jours c’étaient transformés en semaine puis en mois, et maintenant cela faisait près de 5 mois que j’étais ici. J’avais du mal à y croire parfois. Croire que les choses avaient put s’arranger, que ma venue ici n’avait pas été un malheur de plus qui allait s’abattre ici. J’en étais heureux, et je pouvais vivre l’esprit un peu plus libre…Enfin presque.
Presque parce qu’il y avait toujours mon héritage. Un héritage que j’apprenais à maitriser grâce à l’apprentissage ninja. Moi qui n’avait pas voulut en entendre parler durant mon séjour à Oto, j’avais tout fait pour éviter de me retrouver dans cette situation d’agresseur et finalement, une fois ici, je m’y mettais. Cela faisait peut être un peu girouette, mais…Ici c’était devenue une nécessité.
Parce qu’ici, j’avais trouvé des choses importantes.
Ici, il y avait des personnes que je voulais protéger plus que tout. C’était ces liens qui me poussaient dans cette voie, même si je répugnai toujours à me battre. Mais je n’étais pas obligé de le faire après tout, ça ne dépendait que de moi de me battre, d’utiliser la force , mais je pouvais au moins devenir plus fort pour protéger mes êtres chers. Vu que je n’avais pas put le faire à cette époque… Les protéger et affronter moi-même ce qui pouvait m’attendre sur mon chemin, sans impliquer d’autre personne qui ne le méritait pas.
Si c’était mes problèmes, alors je devais apprendre à les affronter seul également.
Ce que j’avais commencé à faire en apprenant à utiliser mon don. Et j’y arrivais ! Même si je ne le montrai pas, si je ne l’utilisai pas devant quelqu’un, moi, j’étais satisfait et je me sentais enfin libéré d’un poids infini. Le poids d’une peur de moi-même, et j’avais un peu plus confiance en moi en ce qui concernait mes capacités à faire quelque chose. Si je le décidai vraiment, alors je savais que je pouvais le faire.

Raï était sortie de l’hôpital et moi, j’avais réussit à finir mon entrainement personnel. Je jouai un peu les cachotiers mais je ne voulais pas qu’elle le sache, enfin, pas comme ça. Elle connaissait déjà mon nom de famille, et si elle me posait clairement la question, alors je lui dirai sans problème, mais j’avais du mal à faire le premier pas. J’avais encore un peu peur de sa réaction, malgré notre vie commune depuis plusieurs mois maintenant.
C’était ridicule, hein ?
Mais je ne pouvais pas devenir très fort du jour au lendemain…Même si je faisais de mon mieux pour réussir.

Et aujourd’hui, j’étais allé à l’académie.
C’était bien beau d’apprendre en autodidacte mais je voulais en savoir un peu plus qu’avec les livres. Guji savait beaucoup de chose, et il me disait que l’expérience personnel était bien plus importante que la théorie des livres, alors un professeur qui possédait une vraie expérience ninja était bien plus utile qu’un livre de vulgarisation…
Enfin…C’est ce que je pensai. Et que j’espérai un peu également.
L’avantage c’est qu’on m’accepta dans le cours en question, grâce à Raï surtout, mais j’y étais. Malgré l’appréhension d’entrer dans une de ses classes de cours…Les souvenirs que j’en avais n’étaient pas particulièrement réjouissants avec mon expérience à Oto...Mais c’était différent d’un certain coté. Le professeur était très gentil et il expliquait très bien. Aujourd’hui la leçon portait sur le bunshin, c'est-à-dire le clonage. C’était une des techniques que nous devions apprendre pour passer au rang supérieur de la hiérarchie ninja. Genin…si ma mémoire était bonne. J’avais pas mal lut avant de venir ici, et puis je vivais avec un vrai ninja, alors c’était beaucoup plus simple à retenir quand on en parlait assez régulièrement…
Enfin, le professeur nous montra la technique qui lui permit de se dédoubler (et c’était toujours aussi fantastique de voir ça) et puis il nous enseigna la théorie. Les signes à composer, le chakra à utilisé, les sensations à ressentir. C’était un peu flou au début, mais ça s’affirma au fur et à mesure des explications.
Par contre, la cloche sonna avant que l’on est essayé nous même.
Tant mieux !
J’avais tellement peur de ne pas y parvenir que je trouvais ça mieux, au moins je pourrais m’entrainé tout seul avant…Et puis je devais revenir demain alors…l ne fallait pas que les efforts de ma tutrice pour m’intégrer soit réduit à néant parce que je séchais des cours.
Je n’étais pas sur d’avoir fait le bon choix…Mais j’allais avancer sur ce chemin.

Et puis Raï m’attendait de l’autre coté.
Je couru vers elle qui était un peu à l’écart, mais je l’avais facilement reconnu (pas difficile il faut l’avouer). Je souriais.

« Le sensei nous a apprit plein de chose ! Il nous à montré le bunshin tu sais, on doit l’apprendre pour l’examen genin, alors il nous à dit comment faire pour l’utiliser. Mais on a pas encore essayé, Sensei a dit qu’on le fera demain et qu’on devait apprendre la théorie avant… »

je m’arrêta dans ma tirade enjouée, fronçant les sourcils et observant la kunoichi.

« Tu vas bien ? »

ça ne faisait pas longtemps qu’elle était sortie de l’hôpital après tout, et j’étais d’un naturel inquiet.

Raï était là, elle allait bien mais comme toujours, je m’inquiétai. Elle n’était pas sortie il y a bien longtemps et j’avais passé assez de temps à l’hôpital pour savoir qu’elle avait été dans un très mauvais état. Et puis avec le caractère buté de ma tutrice, ça n’aidait pas forcément. Je savais que je ne devais pas m’en faire, après tout, elle savait quand elle n’allait pas bien, mais je ne pouvais pas m’en empêcher. Je ne voulais pas la revoir à l’hôpital ou blesser comme elle avait put l’être par ces trois serpents débiles, comme elle le disait si bien.

« Je vais essayer. »
Marmonnai je alors qu’elle me caressait les cheveux.
J’aimais beaucoup ce geste. Avant, c’était Guji qu’il le faisait toujours. Il me frottait les cheveux en souriant et parfois même en ce moquant de moi, mais il le faisait toujours avec tendresse, et ça me rendais heureux. Avec Raï c’était la même chose. Je me sentais accepté, apprécié…Même si il restait encore une part d’ombre. Mais ici j’avais retrouvé un équilibre dans lequel je me plaisais et dans lequel j’aimai vivre. Et je voulais protéger ça, pour que ce qui c’était passé avec mon tuteur ne se renouvelle pas. Pour ne pas refaire les mêmes erreurs une nouvelle fois. Je voulais vivre ici, et pour ça, je devais devenir assez fort…
Même si ça ne pourrait pas ramener celui qui m’avait élevé depuis tout petit, peut être qu’au moins, il serait fier de moi (tant que je ne ferai de mal à personne). Oh, Raï était bien plus forte que moi ! Je le savais très bien…mais elle aussi, elle s’inquiétait pour moi…Et je ne le voulais pas. Je voulais qu’elle puisse avoir confiance en moi, et ne pas avoir peur à chaque fois. J’avais apprit que la moindre erreur d’inattention pouvait être fatale chez les ninja, alors si cela devait lui arriver parce qu’elle s’inquiétait à cause de ma faiblesse, alors je ne me le pardonnerai jamais.
Moi aussi je réfléchis un peu trop.
Je souris à la kunoïchi, un sourire qui se voulait rassurant alors que je secouai la tête de droite à gauche, faisant onduler mes cheveux blancs.

« Ne t’inquiète pas. Tu sais, moi aussi, je veux apprendre à me défendre. Je ne veux pas être un poids et puis, il y a des choses que je veux protéger, alors ne t’inquiète pas, tu ne me forces pas du tout à faire ce que je ne veux pas. »
J’observai Raï, déterminé.
« C’est mon choix. »
Le mien.
J’y avais beaucoup réfléchit et après avoir compris le fonctionnement de mon héritage, c’était devenu logique de continuer dans cette voie. Mais cela n’empêchait pas le fait que je ne voulais pas blesser les autres, alors, je serai fort à ma manière.

Je la suivais alors qu’elle s’éloignait de l’académie, partant dans une direction différente de celle habituelle pour rentrer à l’appartement dans lequel nous vivions. Elle devait bien le savoir et puis se promener ce n’était pas un problème pour moi, au contraire. Après mes premiers véritables cours ninja, c’était même plutôt agréable de se changer les idées.
Enfin, il faudrait que je m’entraine un peu à la maison, au moins pour répéter les mudras du bunshin…

« Et puis ça c’est bien passé. Le sensei nous explique bien. »

Et c’était intéressant également, toujours un peu extraordinaire parfois même si ça l’étais beaucoup moins depuis que je vivais avec un ninja. Je l’observai de nouveau, curieux mais au fond heureux qu’elle comprenne mon point de vue, même si je le savais différent de la masse habituelle des aspirant et des ninja en général.

« Je sais. »
Je fis une courte pause avant de reprendre.
« Ce n’est pas vraiment habituel comme façon de faire, je le sais, mais je veux quand même devenir fort pour pouvoir protéger ce qui est important pour moi, même si je n’attaque pas. La violence appelle la violence, alors, il suffit juste de casser ce cercle, non ? »

Je ris. Je savais que ce n’étais pas aussi simple. Mon rire se tut et mon regard se voila. Je l’avais bien vu avec Guji. Ma voix se fit un peu moins claire et enjouée, plus mature et…triste. Ce souvenir me hanterait toujours, je le savais.

« Enfin, je sais que ce n’est pas aussi facile que ça. C’est aussi pour ça que je veux être plus fort, ensuite, c’est à nous de choisir de la façon dont on utilise cette force… »

Tout n’était pas aussi simple que ce que je disais. Je le savais bien. Mon idéale était bien loin de moi bien que jusqu’à aujourd’hui, je n’ai jamais été jusqu’à blesser une autre personne. Loin de là, et puis de toute manière, je n’étais pas certain d’avoir la force nécessaire pour le faire. Je ne me leurrais pas, j’étais chétif, petit et pas terriblement intimidant. Je ne cherchai pas à l’être…Je voulais juste pouvoir me défendre et être plus résistant aussi...Le chemin allait être encore très long avant d’y parvenir.
Rien n’était simple, et personne ne pensait à ma manière. Je n’étais pas encore un vrai ninja, mais mon idéale était assez éloigné du nindo habituel. Mais je voulais assumer ce choix et surtout parvenir à le réussir. Personne n’était parfait…Même moi je ne l’étais pas, au contraire même après tout ce que j’avais provoqué... J’étais bien loin d’être parfait au vu de ce qu’il c’était passé dans ma vie, moi qui ait tant fuit avant de réussir à me poser, de parvenir à trouver une vraie raison de vivre et d’avancer. Pour moi mais aussi pour les êtres sui m’avait aidé. J’avais tant impliqué Raï dans ma propre histoire et elle faisait tellement pour m’aider, encore aujourd’hui et je le savais, encore demain. En tout cas, je l’espérais vraiment. C’était une réaction égoïste, je le savais alors…
Je devais au moins ne plus être un poids.

J’observais ma tutrice prise dans sa tirade.
Elle m’en croyait capable. C’était un sentiment très agréable qui s’empara de moi à ses paroles. Un sentiment de fierté ou bien de simple joie de savoir que elle croyait en moi, et je voulais que cette confiance qu’elle mettait sur mes épaules ne soit pas vaine. Je voulais encore plus réussir dans la voie que j’avais choix, puisque en plus, j’avais son approbation. Cela me surprit un peu malgré moi. Je n’avais jamais remarqué que son avis comptait autant pour moi. Mais finalement ce n’était pas dérangeant. C’était normal lorsque cela concernait une personne qui nous était cher…
Sans doute.
Je souris.

« J’y arriverai. Je ferai tout pour en tout cas. Pour devenir plus fort et pour pouvoir me défendre aussi. »

Elle avait raison.
Si nous ne sommes plus en vie, alors nous ne pouvons plus rien faire pour aider ceux qui nous son cher. C’était logique, même si beaucoup n’y pensais pas toujours. Moi-même, je ne savais pas jusqu’où je pourrai aller pour sauver une personne qui m’était précieuse…Mais pour éviter ça, il faut devenir plus fort. Peut importait le chemin que je choisissais au final, avant de pouvoir les parcourir, je devais devenir plus fort.
Je me le répétais un petit peu trop en ce moment.
Chemin faisant, nous arrivâmes devant un petit restaurant. Je l’observai curieux, et surtout, me rendant compte que j’avais particulièrement faim. L’odeur qui s’en exhalait était délicieuse, aussi lorsque Raï s’exclama qu’ils étaient arrivés là où elle le souhaitait, je ne pus que rire face à sa façon si spéciale de parler. Mais j’y répondis avec joie.

« Oui, moi aussi j’ai faim. »

Je n’irais pas jusqu’à dire que j’avais une faim de loup, mais les cours m’avaient davantage affamés que ce que j’aurai cru. Mon régime alimentaire était un peu spécial, puisque je ne mangeai pas de viande, me contentant des légumes et du poisson. J’avais du mal à supporter le goût de la viande saignante, ensuite la préparer ne me posait moins de problème tant que je ne la mangeai pas…Chacun ses convictions.
Je suivi Raï jusqu’à la table qu’elle choisit, m’installant en face d’elle et en regardant un peu partout, curieux de nature et trouvant ce restaurant très accueillant avec ses couleurs et son ambiance chaleureuse qui régalait les yeux autant que le fumet se répandant dans celui-ci régalait par avance les papilles.
Commander ce que je voulais ? Je fus surprit.

« Je ne sais même pas ce qu’on peut manger ici ! » Enfin, le serveur m’aiderait sans doute…Surement. J’osai l’espérer… « Mais ça doit être bon en tout cas, vu la bonne odeur qu’il y a ici. »

Puis finalement, Raï reprit la conversation, et je l’écoutai aussi attentivement que d’habitude. Des créatures sous mon contrôle ? Plusieurs secondes passèrent avant que je ne comprenne ce qu’elle voulait peut être dire.

« Tu veux dire…Le kuchiyose ? »

Je n’étais pas certain qu’elle parlait de ça, mais dans le doute. Je l’avais lut bien sur, mais je l’avais vu également…Je me souvins de Tilika qui m’avait montrée ses deux amis, Kiny et Khanuk, et m’avait par conséquent confiée son secret. Eux aussi étaient près à tout pour Tilika, leur ami…
Des créatures qui se battent à ma place…Est-ce que c’était de la force que de confier sa vie à d’autre ? Je ne savais pas.

« M’en …servir ? »

J’observai le petit menu que ma tutrice m’avait montré du doigt et que je n’avais pas remarqué. Un sourire penaud s’insinua sur mes lèvres alors que je le regardai. Je n’avais vraiment pas l’habitude du restaurant. J’observai les différents plats, éliminant par habitude les premiers qui contenaient toujours de la viande. Heureusement, je repérai bien vite la galette végétarienne. Ça serait parfait ! Enfin je pense…Je laissai mon choix dans un recoin de mon esprit pour ne pas l’oublier lorsque le serveur finirai par arriver, et m’intéressai de nouveau à Raï qui reprenait la conversation.
Le Kuchiyose. En effet je connaissais un petit peu les invocations, du moins dans la théorie, ensuite pour ce qui était de la pratique, je ne pourrai pas le dire…Mais il fallait avouer que je n’avais pas pratiqué grand-chose. Je lisais beaucoup, et j’avais du beaucoup lire pour m’aider dans mon apprentissage solitaire et secret. Et puis, la curiosité par rapport au don de Tilika m’avait également poussée à en lire un peu plus là-dessus, même si je n’étais pas concerné.
Je savais qu’il fallait signer un pacte avec une famille de créature (pour Tilika, c’était les moutons par exemple, mais il y avait aussi des serpents, des chiens, des chats…plein d’animaux différents !) et apposer son sang sur leur rouleau… Je savais aussi que les créatures invoquées avaient leurs propres personnalités et que l’invocateur devait être assez fort pour les invoquer…Et qu’il devait se faire accepter par les créatures qu’il invoquait aussi, ce qui était une épreuve en soi.
Il n’était pas certain d’en connaître bien plus que Raï là dedans. Il n’en avait vu qu’une fois, et ce n’était pas lui qui l’avait fait en plus…

Mais pourquoi parlait-elle de ça au juste ?
Je fronçais les sourcils, ne sachant pas où est ce qu’elle voulait en venir. Enfin, d’après ses paroles, je pouvais en déduire mais…Cela me semblait tellement improbable.

« Mes compagnons… ? »

Je l’observai encore comme si cela pouvait me permettre de savoir ce qui se cachait derrière ses phrases sibyllines. Je réfléchis quand à la surprise dont elle me parlait. Pourtant, j’étais certain que Raï n’invoquait pas, sinon, elle en connaitrait un peu plus sur la question…Question de logique. C’est pour cela que ma déduction me semblait improbable…Et pourtant…

« D’accord... »

Je ne disais rien d’autre, ayant un peu trop peur que ma déduction ne soit fausse et ne souhaitant pas me tromper inutilement. J’attendrais. Je suis d’une nature patiente (voir passive même), alors j’attendrai que l’on sorte pour savoir, tout simplement. Même si une partie de moi était pressée.
Mais si c’était ce que je croyais…Est-ce que cela m’intéresserait ? Avoir des compagnons, des amis sur qui compter et qui me permettraient de ne plus être seul…Ces réflexions furent emportés lorsque le serveur passa. Un homme d’âge mur qui prit nos commandes avec sourire et bonne humeur. Mon sourire à moi lui répondit alors que je commandais finalement la même chose que Raï…Elle aimait plutôt la viande par rapport à moi.
Ma tutrice reprit la conversation, en changeant de sujet cette fois ci. Elle s’absentait. J’avais l’habitude qu’elle parte du village, après tout, elle était une kunoichi de niveau supérieur alors elle devait faire beaucoup de mission à l’extérieur, je le savais, et je m’y étais habitué. Je ne dirais pas que j’étais ravi d’être seul, mais je comprenais la raison et l’acceptais comme je devais le faire. Raï avait des choses plus importantes à faire que de s’occuper de moi ! Et puis je savais m’occuper de moi-même depuis longtemps, vu que je m’étais aussi occuper de mon ancien tuteur, enfin…je l’aidai beaucoup à cette époque, et je continuai ici aussi dès que je le pouvais.
Et là, elle parlait d’entrainement. Un entrainement avec Kuro en dehors du village.
Je secouai la tête de gauche à droite, avec ce même sourire sur mes lèvres.

« Ne t’inquiète pas, ça ira. Je sais bien que tu ne peux pas y aller avec moi, et puis, je ne veux pas te gêner. Je peux me débrouiller tout seul tu sais, et puis je suis à l’abri dans le village…Et il a l’académie en plus maintenant ! Alors je vais avoir plein de choses à faire ! »

Et puis 10 jours, ce n’était pas énorme, alors je pouvais me débrouiller (et je l’avais déjà fait !). Elle s’inquiétait vraiment pour moi. J’en étais heureux au fond de moi, mais il ne fallait pas qu’elle s’en fasse autant.

« Ça ira Raï. Je sais m’occuper de moi, et puis bientôt, tu pourras partir sans avoir peur pour moi puisque je saurai me défendre tout seul. Il n’y aura pas de souci. »

Je la rassurai avec un sourire de plus. Je ne voulais pas qu’elle s’en fasse pour moi.

« Occupe toi de ton entrainement, moi je m’occuperai de la maison. »

Sur ces mots, le serveur revint avec nos commandes, les plaçant directement sur la plaque chauffante qui était devant nous pour les faire cuire directement. C’était drôle ! Au moins on pouvait choisir la cuisson de notre galette végétarienne (puisque Raï avait prit la même chose), et manger directement. Ce qu’on ne manqua pas de faire d’ailleurs ! Et ces petites galettes étaient délicieuses !
Je me régalai dans tous les cas, très heureux que Raï m’ait fait découvrir ce restaurant et qu’elle m’y emmène surtout. Pour fêter ce premier jour à l’académie, ce qui me donna une nouvelle occasion de la remercier.
C’était une bonne journée, même si dans un coin de mon esprit, il y avait toujours cette fameuse surprise que j’attendais mais dont on ne reparla plus durant le repas, s’attardant sur les tous et les riens.
Et puis se fut le moment pour nous de partir du petit restaurant (après avoir payé la note).

Je ne voulais pas que Raï s’inquiète autant pour moi. Ici, dans ce village, je me sentais bien plus à l’abris que je ne l’avait été dans Oto. Les souvenirs de ce village m’étaient toujours aussi désagréables, mais la comparaison avec Kumo me rassurait toujours. Ici, je pouvais me sentir en sécurité, même si ce n’était peut être pas obligatoirement le cas, et puis, il y avait toujours quelques peurs qui me réveillaient durant la nuit…Des peurs qui n’étaient pas près de partir, en tout cas, pas avant que je ne devienne plus apte à me défendre par moi-même. Je penserai au clone, au cas où, mais autant que faire ce peu, j’éviterai d’employer cette aide. Parce que cela inquiéterai à coup sur Raï qui se déplacerai pour rien, puisque j’étais certain que tout ce passerai bien.
Même si on ne l’aurait pas dit en me voyant, je sais très bien m’occuper de moi, et je l’ai longtemps fait quand j’ai vécu tout seul pendant mon errance. Et puis même lorsque Raï était là, j’aimai m’occuper de la maison, de la cuisine et tout ça, après tout, je le faisais déjà avec Guji, pour l’aider dans les tâches ménagères.

Lorsque nous sortîmes du restaurant, Raï prit la direction d’un parc dans lequel on s’installa pour finalement revenir à cette histoire de Kuchiyose. Mon cœur battit un peu plus vite. J’allais savoir si ma déduction avait été véridique. Je m’assis à ses coté, curieux, les oreilles grandes ouvertes (si c’était possible en tout cas, elles le serraient) en tournant mon regard vers elle…Avant de les porter vers les rouleaux qu’elle déposa sur le banc entre nous. Il y en avait 3. Des plus petits qui devaient être des rouleaux d’informations au vu de leur aspect, et le dernier, plus gros et grand qui aurait put être n’importe quoi. Mais Raï ôta rapidement l’aspect secret des rouleaux en m’expliquant ce qu’ils étaient et d’où ils venaient…
Alors c’était ça, un rouleau d’invocation.
Ma curiosité était piquée malgré moi. La curiosité est imprudente, mais source de nombreuses découvertes…C’est ce que me disait Guji, et je ne pouvais être que d’accord avec lui sur ma propre nature. J’étais toujours un enfant après tout, et j’avais en face de moi, une toute petite chose qui permettait de passer un pacte avec des créatures fantastiques, comme pouvait Kiny ou Khanuk pour Tilika.
C’était assez étrange de penser que ce petit rouleau si normal au premier abord, était capable de lié deux êtres. Ou plutôt un être avec une famille de créature. J’essayai de me souvenirs de ce que j’avais lu à se propos dans les rouleaux de la bibliothèque après ma rencontre avec la fillette. Je suis curieux et j’aime savoir (et le savoir). Mon ancien tuteur m’a donné un peu de sa passion pour les livres et les découvertes, et dans ce monde, il y avait beaucoup à voir et à apprendre. Bien trop presque…
De quoi me défendre seul…En appelant à moi des créatures qui pourraient se battre à ma place… Des compagnons…Des amis…
Une partie de moi en était enchanté. Tant la découverte en elle-même, que la possibilité d’avoir des compagnons toujours près de moi, ne jamais être totalement seul, partager avec eux…Pour moi qui est dut vivre seul et qui ne supportait pas particulièrement cela, cette peur, je voulais dire oui. L’autre par contre, me disait juste que je me cacherais derrière mes invocations et que cela ne me rendrait pas fort. Ses alliés le seraient à ma place…

J’observai ma tutrice qui faisait tout ça pour moi. Tant de chose déjà, et elle continuait encore aujourd’hui, en s’inquiétant, en me proposant un moyen de me défendre…Cela la rassurait surement, de savoir que j’avais avec moi des êtres sur qui compter. Mon regard dévia sur les rouleaux.

« Je sais que pour devenir l’invocateur d’une famille de créature, il faut écrire son nom et son prénom en lettre de sang dans leur rouleau…On ne peut faire qu’un seul pacte, mais les invocations peuvent ne pas répondre à notre appel… »

Ma tête se baissa.

« Je ne sais pas si elles m’accepteraient. Même si, je crois…que ça me plairait de pouvoir…compter sur quelqu’un pour m’aider parfois… »

Pour ne plus être seul…
Je regardai de nouveau Raï, mon regard se faisant un peu plus voilé, ma voix un peu plus hésitante que lorsque j’avais simplement récité ce que je connaissais déjà, ce que j’avais déjà lut moi même.

« Mais…Est-ce que ce n’est pas lâche de ce cacher derrière des créatures qu’on invoque ? Ce n’est pas égoïste de leur demander de se battre pour quelqu’un d’autre qu’elles-mêmes ? »

Mon cœur était de nouveau emplit de doute. C’était une habitude chez moi…Une mauvaise habitude. Ça aussi, cela devait changer même si le dire était bien plus simple que de le faire. Je prenais sur moi depuis longtemps pour ne pas inquiéter les autres mais ça ne voulait pas dire que j’avais confiance en moi…Même pas du tout…Et en cet instant, je l’étais. Les invocations sont des êtres vivants, ce n’est pas comme apprendre à faire un clone ou a changer d’apparence…Il y avait des vies derrière et c’était une responsabilité.
Une responsabilité…
Peut être que c’était ça qui me dérangeai au fond, en plus des autres problèmes que j’avais exposé à Raï. Il fallait être à la hauteur, pour ne pas décevoir ceux qui nous faisait confiance et confiait leur vie et leur pouvoir. Il y avait peut être un peu de ça également…
Je réfléchissais trop. Comparé à d’autres enfants, j’étais sans doute bien plus hésitant que la majorité parce que les conséquences de mes actes me faisaient un peu peur. J’avais trop conscience de ce qui m’entourait, de ce que je pouvais faire malgré moi, malgré mon désir de bien faire…
Aie confiance et écoute ton cœur.
Cela semblait si simple à première vue, si simple et si complexe à la fois… J’écoutai de nouveau les paroles de ma tutrice qui se voulait de nouveau apaisante face à mes questions alors qu’elle me forçait à la regarder. Pour bien me faire comprendre son point de vue et qu’elle considérait que ce n’était pas de la lâcheté. Est-ce que j’étais…soulagé ? Peut être un peu… Ce n’était peut être pas si lâche que ça d’invoquer.
Je fronçais les sourcils à la suite de ses paroles, regardant toujours la jeune femme qui parlait cette fois si de son propre art. Je savais qu’elle employait les genjutsu, l’art des illusions, mais également le taijutsu. A mes yeux, ces deux arts étaient loin d’être lâche, bien au contraire ! Pouvoir envoyer des illusions étaient un art difficile qui n’étaient pas donné à tous le monde alors elle avait bien plus de courage que les autres pour moi.

« Le genjutsu n’est pas lâche ! »
Je ne voyais de toute manière pas Raï comme étant lâche, bien au contraire. Elle était forte et puissante, et faisait même partie de l’élite des ninja du village, ce qui démontrait sa force.
Elle ne me demandait pas vraiment mon avis sur cette question, aussi, je baissai la tête dès que mes mots furent prononcés…Mais elle rit et le poids qui était revenu sur mes épaules devint plus léger, comme ses paroles. Elle me protégerait.
Mais.
Mes doigts se crispèrent.
Je ne pourrai pas toujours compter sur elle. Pas que je ne lui faisais pas confiance, bien au contraire ! Mais Raï avait d’autres choses à faire, des responsabilités importantes dans le village et je ne voulais pas être un fardeau pour elle et la gêner.

Je redressai ma tête brusquement à son léger cri de douleur, m’attendant peut être à ce qu’elle tombe par terre ou je ne sais quoi, n’ayant pas remarqué qu’elle s’était levé trop enferré dans mon monde. Son passage à l’hôpital n’était pas si lointain, mais elle continua comme si de rien n’était, toujours sur le même thème.

« Un art comme les autres… »

Je fermai un instant les yeux, mes mains rejoignant ma poitrine pour me concentrer sur ce que mon cœur désirait.
Ce qu’il voulait…Sans me laisser parasiter sur les conséquences possibles et autres extrapolations de ma part, des scénarii qui n’étaient même pas forcément fondés…
Je voulais essayer.
Je voulais signer ce rouleau.
Prendre cette responsabilité et assumer mon choix même si il pourrait me faire mal, même si je pourrai regretter celui-ci. J’avais décidé de ne plus fuir, et me lier avec ses créatures pourrait être un premier pas dans cette direction. Me lier comme je m’étais lié tout doucement à ce village, aux personnes qui le composaient et faisait à présent partie de mon univers. Un lien de plus et une responsabilité qui allait de paire.
Elle avait raison.
Mon regard dévia sur les rouleaux qui étaient à coté de moi.

« Ce n’est pas le regard des autres qui me gène…C’est que…Ce sont des créatures vivantes, pas des outils…Alors ils ont leur mots à dire aussi. »

Je fermai les yeux, inspirant profondément puis mon hésitation disparut alors que je récupérai le rouleau entre mes mains, doucement, comme un objet infiniment précieux – ce qu’il était. Un rouleau que quelqu’un avait confié à Raï et qu’elle avait acceptée de partager avec moi.

« Maintenant… »

Je relevai la tête vers Raï en face de moi, affrontant son regard.

« J’aimerai les rencontrer. Savoir qui ils sont, comment ils sont, pouvoir me lier avec eux comme je devrai me lier avec eux pour pouvoir les invoquer. » Je baissai la tête vers le rouleau entre mes mains. « Je pourrai devenir plus fort avec eux, et puis apprendre un autre art avec leur aide, si ils sont d’accord. »

Je me tus pendant quelques minutes avant de reprendre d’une voix déterminée. Je ne savais pas qu’à cet instant, je n’étais plus qu’un simple enfant. Je grandissais. Un peu plus chaque jour.

« Je veux essayer. Essayer dans cette branche et être à la hauteur de leur souhait…Même si je ne suis pas sur d’y parvenir, même si je ne sais pas si je ne le regretterai pas plus tard. Je ne veux plus…fuir. Je l’ai bien assez fait, et je veux avancer. »

Je me redressai, mon regard émeraude accrochant une nouvelle fois celui double de ma tutrice, une lueur interrogative brillant dans celui-ci. L’innocence revenait habiter mon visage, comme l’enfant que je n’étais plus totalement.

« Je peux signer tout de suite ? »

Tant que j’étais déterminé, même si je devais signer avec mon sang, je n’avais pas peur.

Je voulais réussir. Réussir ce que j’avais commencé à entreprendre petit à petit, parvenir à prendre mes responsabilités pour réaliser mes souhaits et mes aspirations. Elles étaient limitées aujourd’hui, se résumant simplement à ma volonté de devenir plus fort, ce qui était vague, il faut l’avouer…Mais c’était une première étape.
Et signer ce rouleau en était une petite contribution qui semblait bien faible mais qui pourtant signifiait beaucoup pour moi. Un tout petit pas de plus dans une direction que j’espérais être la bonne pour atteindre mon but. Et puis, j’étais impatient de les voir, les découvrir, même si je ressentais également une légère appréhension face à cette rencontre qui pourtant, n’était pas encore pour tout de suite. J’avais peur qu’elles ne m’apprécient pas, qu’elles ne m’acceptent pas comme un ami et pas forcément comme un maître. Après tout, ces créatures étaient des êtres vivants, douées de pensées et de raisons ! Mais je n’en savais pas beaucoup plus, surtout sur celles avec lesquels je ferais un pacte. Je ne savais pas où je mettais les pieds et Raï ne le savais pas plus que moi (mise à part qu’elle disait que c’était des Chevaux…). Et encore, avant de les rencontrer, je devrai m’entrainer pour pouvoir parvenir à invoquer une de ces créatures…
Signer en lettre de sang ne faisait pas tout.

Plongé dans mes pensées, je ne remarquai même pas que Raï c’était un peu éloignée pour fumer, chose que j’avais du mal à supporter. La cigarette était à mes yeux un poison que personne ne devrait ingérer et surtout pas de manière volontaire. Ma tutrice savait mon avis là-dessus, j’avais réussit à lui dire un jour, mais c’était son choix, et lorsqu’elle revint vers moi, la fumée me fit grimacé mais je ne fis aucun commentaire.
Elle continuait de parler et mon regard coula vers elle, pas réellement surpris par ses paroles.
Je savais que j’étais un enfant, et malgré ça, je savais que je ne l’étais plus vraiment non plus et ses mots n’y changeraient plus rien. Je ne disais pas que j’étais un adulte, loin de là ! Mais je raisonnais comme cela me venait en sachant que mes actes avaient des conséquences et que je ne pourrai rien y changer. Mais je ne dis rien. Je lui souris simplement, comme pour lui signifier que j’avais compris ce qu’elle voulait me dire. Un sourire pour la rassurer…mais aucun mot ne confirma ses paroles, parce que je ne le pouvais pas. Certes, je n’étais pas obligé de le dire à voix hautes, mais je le penserai toujours, j’agirai toujours comme ça.
Je n’étais plus vraiment un enfant. Je n’étais pas un adulte. Je flottais quelque part entre ses deux extrémités sans savoir ce que j’étais véritablement.
Mais j’aimai son soutient, sa présence chaleureuse et rassurante qui me faisait pensé à une présence que je ne connaissais pas vraiment mais que j’avais imaginé ainsi. C’était idiot, et la pensée disparut quand elle déroula le rouleau à coté de moi, juste après ses autres paroles sur l’entrainement. Au fond, j’en étais heureux.

« D’accord, je te demanderai alors…Mais pas pour les invocations ! »

Je rigolai un peu, puis observait ce simple parchemin déroulé devant moi qui était si important. Ma gorge se noua. Ma détermination était toujours là, mais l’appréhension également. Je décidai de l’ignorer pour me concentrer uniquement sur ce souhait, cette envie.
Il fallait signer avec son sang. Ecrire son nom et son prénom dans le rouleau et après seulement, les créatures avec qui on avait signé un pacte acceptait de venir. C’était un lien du sang entre l’invocateur et les invocations… Enfin c’est ce qu’il avait lut…J’inspirai profondément puis me levai pour être devant le rouleau que je devais signer.
Me confier le rouleau ? Je l’observai en même temps, d’une nouvelle façon. Je savais ce que cela signifiait, et cela me rendait heureux et en même temps j’avais un peu d’appréhension face à cette nouvelle responsabilité. Qui n’était pas encore pour aujourd’hui. Avant cela, je devais devenir plus fort…Je souris à Raï.

« D’accord. »

On verra le moment venu.
Mon doigt se porta à ma bouche et je le mordis assez fort. La douleur me fit frissonner mais je fis comme si de rien n’était, continuant à mordre la chaire jusqu’à ce que le goût métallique du sang n’envahisse ma bouche. Et puis j’écrivis mon nom sur le rouleau placé devant moi, sur ce banc.
Les kanji s’assemblèrent, maladroitement, mon écriture s’étalant sur le parchemin rugueux, en lettre de sang.
Kaguya Koma.

Il ne se passa rien. C’était normal. Il y avait juste une impression, quelque chose au fond de moi d’indescriptible, trop fugace pour parvenir à la comprendre, mais je la sentis. Et c’était à mes yeux le plus important.
J’étais fier et je souriais à ma tutrice avec un sourire radieux. J’avais réussit. Ce n’était vraiment pas grand-chose, mais cela semblait tellement d’un coup pourtant !

« Je l’ai fais ! »

J’effaçais les dernières traces de sang sur mon doigt en le portant de nouveau à ma bouche. Je n’aimai pas le goût du sang mais je savais que la blessure n’était déjà plus là, effacée par mon don héréditaire et ma capacité de régénération plus importante que la normale. Puis je pris de nouveau la parole en ôtant préalablement mon index de ma bouche.

« Je crois que je dois lire un peu pour savoir ce que je dois faire à présent…Je n’y connais pas grand-chose non plus en Kuchiyose. »
Je grimaçai malgré moi.
Mais j'étais heureux...