La prisonnière du Jashiniste (part II) [PV Yanosa Oterashi]

Une heure... Deux heures... Trois heures... La journée passait lentement, mais sûrement, tandis qu'au fond de la caverne dans laquelle l'avait laissée Yanosa, Kahera dormait d'un profond sommeil. Ce dernier s'avéra cependant troublé par quelques cauchemars, lui offrant en spectacle la vue de cette pauvre victime mutilée par son geôlier, à son intention, dans le but d'obtenir ce qu'il voulait d'elle. Sans doute en garderait-elle un douloureux souvenir durant longtemps, de cet échec cuisant face à la volonté du nukenin. Contrairement à ses adversaires habituels, celui-ci n'avait pas hésité à faire beaucoup de mal à d'autres pour la convaincre de coopérer, elle qui se souciait davantage du bien-être d'autrui que du sien... Et le souvenir du corps meurtri, mutilé de ce pauvre homme, que lui avait alors ramené Yanosa lorsqu'il avait décidé qu'elle lui enseignerait son Gise no Saïgo de gré ou de force, Kahera ne pourrait sans doute jamais l'oublier, tout simplement.

Voilà bien l'un des principaux points faibles de la jeune femme, et aussi la raison pour laquelle Kahera n'acceptait pas n'importe quelle mission. A ce jour, jamais la kunoïchi n'en avait pas mené la moindre accompagnée d'un ou de plusieurs compagnons. Elle n'agissait que seule, ou pas du tout. La simple idée de ne pas pouvoir protéger un collègue la rendait malade. Et si Kahera possédait une confiance suffisante en ses capacités de camouflage et de fuite, elle doutait fortement que d'éventuels camarades puissent se vanter d'autant et ainsi, échapper comme elle au danger lorsqu'il se présentait. Quant à participer à un combat, pour la demoiselle pacifiste, c'était bien entendu hors de question, que ce fut directement ou même, indirectement, en ne "se contentant" que de soigner les alliés en combat.

Tac. Tac. Tac...

Un bruit, léger, mais bien présent, fit revenir Kahera à elle. Tout doucement, la demoiselle reprenait conscience de la réalité. Aussi lentement qu'un escargot n'aurait mis de temps à traverser la grotte de part en part, en fait. Et cette dernière s'avérait plutôt spacieuse, mine de rien. Située dans les falaises entourant Konoha, c'était le repaire idéal; jamais les shinobis du village n'auraient cherché si près de chez eux, forcément. En revanche, si la jeune femme s'en rendait compte, elle ne serait pas non plus bien loin d'une aide à appeler au secours avant le retour du nukenin...

Flac. Flac. Flac...

Le bruit devenait plus distinct. Ce n'était que de l'eau... Quelques gouttes qui, à intervalles réguliers, quittaient une pointe du plafond de pierre pour atterrir à quelques mètres de Kahera, dans une flaque formée au fil du temps dans la roche, usée par l'élément aqueux qui l'agressait siècle après siècle, sournoisement, tout doucement, mais... efficacement. Comme le Gise no Saïgo. Lentement, mais sûrement, la medical nin avait senti son énergie vitale s'enfuir de son corps pour aller revigorer celui de cette victime innocente ramenée par le jashiniste. Puis dans le corps de ce dernier, tandis que Kahera cherchait en vain une manière d'échapper à ce criminel, peu encline à lui enseigner ce qu'elle avait mis plus de dix ans à créer puis à maîtriser... Gise no Saïgo, l'Ultime Sacrifice, ce jutsu qui au final n'en était pas réellement un, vu qu'il n'usait d'aucun chakkra, vidant l'âme elle-même de son utilisateur pour la donner à une autre personne, usant de sa propre vie pour en faire don à un mourrant... Pas étonnant, lorsqu'on savait la quantité d'énergie distribuée en si peu de temps par la kunoïchi, qu'elle n'eut à présent plus aucune force!

Se redressant quelque peu, à grande peine, Kahera s'adossa de son mieux à la paroi rocheuse la plus proche de sa position actuelle, incapable d'aller plus loin pour l'instant. Elle souffrait d'une méchante migraine, et tandis que la conscience des derniers événements lui revenait petit à petit, l'horreur de sa situation se raviva à sa mémoire. Il lui fallait fuir cet endroit au plus vite, et de préférence avant que n'y revienne son geôlier! Les dernières paroles de ce dernier restaient sans équivoque à l'esprit de la jeune femme. "Je reviendrais dans quelques jours. D'ici là, restez en vie. Vous pourrez tenter de vous échapper si bon vous semble, m'est avis qu'il serait préférable pour vous de rester ici toutefois. A vous de voir." Il allait revenir. Il l'avait dit; il n'y avait pas de raison qu'il ait menti à ce sujet. Et de toutes façons, qu'il ait menti ou non n'y changeait pas grand-chose: il fallait absolument que Kahera se sorte de là au plus vite et trouve des secours charitables pour la remettre sur pieds, de quoi lui permettre de rentrer au pus tôt et sans détour à Suna! Sa situation au village du Sable n'était déjà que trop précaire pour qu'elle ne puisse se permettre d'en ajouter à son dossier...

*Je dois me lever et partir... Absolument!!!*

Plus facile à dire qu'à faire. Figée, le moindre geste lui demandant un effort trop considérable pour qu'elle ne puisse au moins atteindre la sortie, Kahera ne pouvait plus compter que sur son chakkra. Mais sans vitalité, cette énergie permettant de lancer divers jutsus ne lui servirait à rien. Il lui fallait la force des ses jambes pour avancer, de toutes façons. Lasse, trop affaiblie et résignée, la medical nin resta allongée, refermant ses grands yeux d'or, ambre foncés sous l'effet de l'épuisement, pour se laisser sombrer à nouveau dans un sommeil long et profond...

Il avait cru ressentir un tressaillement, et il n'avait pas rêvé. Tandis que Yanosa posait ses mains dans le dos de Kahera, celle-ci s'était réveillée, plus ou moins en sursaut, et si elle n'avait pas été si faible, sans doute se serait-elle relevée, bondissant tel un diable hors de sa boîte. Mais elle n'en avait aucunement la force. Elle n'avait pu que sursauter, tressaillir en revenant à elle, au contact des mains de l'ennemi dans son dos, alors qu'elle était si vulnérable déjà, la jeune femme ne réalisant pas immédiatement ce que voulait tenter le nukenin. Yanosa lui annonçait son retour, et qu'il allait... s'occuper d'elle? Que voulait-il dire par-là? Sans doute l'entretenir afin qu'elle puisse encore l'aider à maîtriser le Gise no Saïgo, jusqu'à ce qu'il y parvienne. C'était là l'hypothèse la plus logique qui s'imposait à l'esprit de la captive, qui refermait les yeux, se reprenant doucement. A quoi bon se débattre? Elle n'avait même pas trouvé la force de se relever et de fuir loin de ce monstre avant qu'il ne revienne...

Ce monstre qui revenait de Konoha, d'où il comptait ramener ces fameux rouleaux du Kage Bunshin... Combien de pauvres gens avait-il massacrés en sacrifice à son dieu, tout aussi monstrueux que lui s'il existait réellement? Car au ton de la voix du shinobi, Kahera ne doutait que peu de la réussite de son entreprise. Il avait certainement réussi pour se comporter de façon si "insouciante". S'il avait échoué, n'aurait-il pas montré quelque sentiment négatif, déception, renfrognement ou autre, après tout? Certes, les shinobis apprennent aussi à dissimuler leurs émotions, mais en ce cas présent, la jeune femme n'en voyait pas l'utilité, aussi pencha-t-elle pour son option première, comme quoi Yanosa Oterashii avait vaincu l'ennemi et gagné ses foutus rouleaux.

"Et à combien de personnes avez-vous donc ôté la vie pour obtenir votre si convoité kage bunshin, monsieur Oterashi?"

La voix faible mais posée, douce et emplie de tristesse à la fois, de douleur même, Kahera ne s'était pas retournée pour adresser ces mots à son geôlier. La réponse à cette question, elle n'était même pas certaine de vouloir la connaître. C'était davantage un nouveau reproche qu'une question, en fait, qu'elle exprimait là au nukenin. Ses forces lui permettant de se retourner, elle le fit, se fichant bien de ce qu'il pouvait être en train de faire, ses mains ainsi posées sur son dos. Lentement, s'appuyant sur un coude puis sur l'autre, la demoiselle aux membres fatigués malgré le peu d'activité ces derniers jours s'assit, s'adossant à la paroi rocheuse derrière elle. Se retrouvant donc face à Yanosa, elle le fixa dans les yeux, sa tristesse et son anxiété lisibles dans l'or de son regard à elle...

S'occuper d'elle... Qu'importait le sens dans lequel il avait voulu le dire, Yanosa devait savoir que la jeune femme n'avait aucune envie de se laisser faire. Kahera ne savait que trop bien ce qu'il lui voulait, et n'avait aucune envie de l'y aider. Mais si par malheur elle le défiait à nouveau, combien d'innocentes victimes lui apporterait-il encore dans le but de l'obliger à obtempérer? Frissonnant d'horreur au souvenir du corps sanguinolent que lui avait ramené son adversaire quelques jours plus tôt dans ce même but, Kahera déglutit. Il ne se gênerait pas pour recommencer. Il remettrait ça encore et encore à chaque refus de sa part d'obéir à ses désirs à lui.

*Legaia... Si tu savais à quel point, pour la première fois depuis que j'y suis prisonnière, j'aurais envie de me retrouver à Suna, en cet instant...*

Ou à Kiri, ne put-elle s'empêcher de penser. Kiri, cette patrie perdue qui lui manquait tant... et qui se trouvait tellement plus proche de l'endroit où elle se trouvait à l'instant que Suna... Pensée piégée, envie fugace, puis tenace: Kiri. Son village, sa vie, ses amis, sa famille... Non! Il fallait qu'elle se reprenne! Ce n'était pas le moment de penser à cela! D'ailleurs, à quoi penser, en fait, là? La fuite lui était, et lui serait encore impossible pour un bon moment. Coopérer avec cet homme horrible? Pourquoi? Qu'y gagnerait-elle, sinon la vie sauve le temps qu'elle lui serait utile, et la pseudo garantie qu'il massacrerait moins d'innocents pour l'obliger à obtempérer? Rien.

Rien? Vraiment? En fait, peut-être pourrait-elle y gagner un petit quelque chose, au final... Son regard venait de passer de celui de Yanosa au sol, non loin d'eux, là où le nukenin avait au préalable déposé son arme et ses affaires... Un rouleau bien spécifique y reposait, contenant de quoi apprendre un jutsu spécial du village de Konoha no Kuni. Et ce jutsu, si le jashiniste l'avait appris, pourquoi lui en refuserait-il l'apprentissage, à elle? Pas qu'elle ait de quoi le faire chanter à son tour; loin de là! Mais pour tout le mal qu'il lui occasionnait, en plus du fait qu'ayant sa technique, il n'avait probablement plus besoin de ce rouleau, peut-être accepterait-il de le lui laisser? Ne fut-ce que le temps qu'elle récupère des forces avant la prochaine "leçon" de Gise no Saïgo...?

« J'ai du envoyer auprès de mon Maître et vénéré Jashin cinq âmes des plus vivaces pour obtenir ce que je voulais. Et excepté si j'ai eu à faire à un mythomane, je crois bien que Konoha va devoir se trouver un nouvel Hokage d'ici peu. Le spectacle était magnifique, Kahera-san, j'aurais aimé que vous puissiez assister à cela. »

Kahera n'était pas le genre de personne capable d'en haïr une autre, du moins le pensait-elle jusqu'à cet instant. Comment pouvait-elle ne pas détester cet homme, ce monstre, qui n'avait aucune morale, aucun respect pour la vie? Il lui parlait comme s'il attendait d'elle une réaction... comme quoi? S'attendait-il à ce qu'elle soit fière de lui pour avoir accompli pareil massacre?! De quel droit cet être abject et couvert du sang de trop d'innocents s'adressait-il à elle de la sorte? Était-ce de l'ironie?

« M'enseignerez-vous à nouveau? »

L'enseigner... revenant à la réalité, Kahera se rendit compte que, dans sa rage impuissante et intérieure, elle n'avait même pas entendu le reste du discours du nukenin. Pour l'heure, son principal soucis ne résidait même plus dans le fait d'être sa prisonnière en ce lieu, loin de Suna, de Kiri, des siens... Elle ne s'inquiétait même plus d'être ou non en danger. Ce qui la perturbait, c'était cet horrible sentiment qui la taraudait. Elle n'avait même plus envie de le laisser en vie. Le voir mourir lui aurait été d'une totale indifférence, pourvu qu'il ne fasse plus de mal. Frissonnant, elle ferma les yeux et déglutit, horrifiée par ses propres pensées. Elle ne devait pas laisser son esprit aller à de telles idées, c'était trop horrible! Aussi monstrueux que puisse être cet homme, était-il donc assez fort, aussi, pour faire d'elle ce qu'elle avait l'impression de devenir à l'instant? Elle qui n'avait jamais souhaité le moindre mal à quiconque? Comment était-il donc parvenu à lui faire ressentir ces choses, cette presque agressivité à son égard, cette envie de le voir disparaître, de ses propres mains si elle le pouvait, pourvu qu'il ne puisse plus faire couler le sang, lui?

« Je ne sais même pas si j'ai seulement la force d'encore vous faire une quelconque démonstration. De plus... Si je ne suis plus, vous n'aurez plus aucun moyen d'apprendre le Gise no Saïgo... »

Elle sourit, rouvrant doucement les yeux. Résignée. A quoi bon rester là, à risquer sa vie et celle d'autres innocents? Si elle mettait fin à ses jours, ici, à l'instant, il ne pourrait plus la faire chanter sur le sang de nouvelles victimes. Et il ne pourrait jamais apprendre son jutsu ultime... Cette simple idée devait le faire rager, au vu du mal qu'il s'était donné, jusqu'ici, pour la maintenir en vie et l'obliger à coopérer. Relevant son regard vers celui du nukenin, la kunoïchi le provoquait presque. S'il voulait qu'elle lui enseigne quelque chose, cette fois, il allait devoir coopérer lui aussi. Elle ne se laisserait plus faire.

Se redressant en position assise, dos contre la paroi rocheuse de la grotte, elle inspira un bon coup, avant de continuer. Au vu du massacre qu'il avait fait à Suna lorsqu'il l'avait enlevée, il y avait de fortes chances que les sunaïens aient envoyé une escouade de shinobis à ses trousses. Elle allait les aider à le retrouver. Et dans un même temps, elle allait l'obliger à rendre plus égal le partage d'information entre eux. Il voulait son jutsu? Elle voulait le sien. Ce kage bushin, elle en avait entendu parler. Avec ça, il serait plus puissant, d'une certaine manière, et Kahera préférait le connaître également, afin de pouvoir le contrer le jour où ils seraient de nouveau face à face. Elle ne lui ferait, alors, aucun cadeau.

« Laissez-moi apprendre la technique de votre fameux rouleau, le temps que je reprenne des forces physiques nécessaires au Gise no Saïgo. Le chakkra nécesaire au lancement de justsus, je l'ai. Je pourrai donc m'enseigner ce kage bunshin, en même temps que vous, et pendant ce temps, je restaurerai les forces physiques qu'il me faut pour continuer de vous enseigner et démontrer le Gise no Saïgo. C'est à prendre ou à laisser. Si vous tentez de me forcer, je me tue. Vous n'obtiendrez plus rien de moi contre mon gré. Alors? »

Pas question d'encore se laisser forcer par ce monstre. C'était son offre, elle était sérieuse, et la jeune femme avait bien l'intention de s'y tenir. Yanosa le devinait, en lisant dans le regard assombri et sérieux de son interlocutrice. Elle ne se laisserait plus faire par ses odieux chantages. Quitte à devoir se sacrifier pour l'empêcher d'arriver, lui, à ses fins contre son gré à elle, la kunoïchi mettrait fin à ses jours, elle ne plaisantait pas. Alors, qu'allait-il décider?

Maître et élève... Kahera, tout en sentant son corps, encore lourd, se relever sous la traction qu'exerçait le jashiniste sur son poignet, frissonna. La seule idée d'un lien quelconque les unissant, elle et lui, l'emplissait d'horreur. Cet être abominable... Sans doute venait-il d'inaugurer la liste des personnes ne méritant pas de vivre dans le cœur, pur de ce genre de pensées jusqu'alors, de la jeune femme. Et lui qui s'adressait à elle comme si tout ce qui se passait était normal, qu'il avait tout à fait le droit de l'obliger à lui enseigner sa technique, tout comme il était normal qu'il lui laisse apprendre cette technique pour laquelle il avait fait couler tant de sang, censée rester précieusement gardée entre les murs de Konoha...

« Je vous connais assez pour dire qu'en nous entraînant à l'extérieur vous n'aurez pas l'idée farfelue d'essayer de vous enfuir, vous connaissez les enjeux... »

Pour qui se prenait-il? Alors que jamais d'orgueil n'avait effleuré l'esprit ou le cœur de la jeune femme, en ce jour et heure, Kahera se sentait outrée que pareil individu s'adresse à elle avec autant de familiarité et d'assurance. Horrifiée également par bien d'autre choses et aspect de sa situation, l'Ombre de la Brume sentait naître en elle bien des sentiments nouveaux, et désirs presque effrayants. Se maîtrisant de son mieux pour ne rien laisser paraître de tout ce qui pouvait bien la troubler à son interlocuteur, elle se redressa donc, avec son aide, et fit quelques pas, non sans difficultés, tout son corps lui paraissant encore tellement vide et lourd à la fois, faible, dénué de toute énergie vitale. Heureusement, il lui restait une quantité plus que suffisante de chakkra, au cas où l'occasion se présenterait de fuir. Mais sachant pertinemment qu'agir sans réfléchir était sans aucun doute la dernière chose à faire face à pareil individu, la kunoïchi se contenta de le suivre dehors, sagement, pour l'instant.

* Avez-vous l'intention de me tuer, lorsque vous aurez appris de moi tout ce qui vous intéresse, Yanosa Oterashi? A quel jeu jouez-vous-donc avec moi, au final? *

Les questions se bousculaient encore dans la tête de Kahera. Pourquoi prenait-il le risque de la laisser apprendre cette technique, si elle était si puissante que cela? Pourquoi laisser son ennemie devenir plus forte? Ne la craignait-il pas du tout? Certes, la demoiselle ne semblait, de prime abord, posséder aucune volonté ou capacité de lui faire du mal, mais pensait-il réellement qu'elle allait se contenter de lui obéir, de lui apprendre son précieux Gise no Saïgo, puis de repartir comme si de rien était, chacun de son côté? Ne se doutait-il pas qu'elle ferait, dès aujourd'hui, tout ce qui était en son pouvoir pour le faire mettre derrière de solides barreaux, voire même, pour le bien de l'humanité toute entière, le faire éliminer définitivement? Jamais auparavant Kahera n'avait pensé faire davantage que d'arrêter les criminels pour les mettre en prison, lors de ses diverses missions. Ses supérieurs, à Kiri, connaissaient son nindo et son entêtement à le suivre. Aucune méthode que ce fut n'aurait pu pousser la gamine qu'elle était alors à une quelconque violence à l'encontre d'autrui, fut-ce un ennemi. Elle avait livré plusieurs criminels au village, et bien que le sort de certains, ensuite, ne fut pas des plus enviables, jamais elle n'avait accepté de mission aboutissant à la mort de qui que ce fut. Aujourd'hui, pour la première fois de sa vie, la seule obsessions qui la tourmentait concernant Yanosa, c'était de le savoir capturé par des shinobis assez puissants pour le contenir et le réduire à l'impuissance, lui, qu'il s'agisse de simplement l'emprisonner, ou de mettre fin au problème, au danger qu'il représentait de manière plus... radicale et définitive.

« Je suis prête. »

S'il comptait vraiment lui laisser lire et apprendre le contenu de ce fameux rouleau, c'était le moment. Debout face à lui, bien que légèrement vacillante, la jeune femme attendait la suite des événements... pour l'instant. Un léger vent fit voltiger quelques mèches folles de ses longs et fins cheveux couleur feu, couleur sang... Une couleur contrastant bien violemment avec le tempérament de celle qui arborait pareille crinière. Et pourtant...

Laissant au possesseur officiel du rouleau - du moins, officiel pour l'instant... - le soin d'en lire et d'en étudier le contenu en premier, Kahera ferma les yeux quelques instants, inspirant et expirant lentement, comme pour s'imprégner de la force du vent qui balayait la zone. Après tout, le fuuton n'était-il pas son élément, son affinité première, de naissance, même? Yanosa en avait eu un très bref aperçu lorsqu'il l'avait kidnappée, devant les portes de Suna, mais sans doute le nukenin n'avait-il pas réalisé à quel point sa faible prisonnière pouvait se révéler puissante, à sa façon, lorsqu'elle manipulait l'élément aérien. Oh, bien sur, elle ne possédait aucune technique offensive. Ç'aurait été contraire à son nindo, et si Kahera possédait une force, c'était bien celle de son cœur, qu'elle n'avait jamais trahi à ce jour, par rapport à la voie qu'elle s'était choisie. Jamais elle ne ferait de mal à quiconque, volontairement, sciemment, jamais. Pourtant... Un regard à Yanosa, alors qu'elle rouvrait les yeux, la fit frémir. Avait-elle réellement pensé de telles horreurs, à son sujet, quelques minutes plus tôt? Non, cela ne se pouvait pas. D'ailleurs, à présent, la jeune femme se sentait à nouveau presque sereine, aussi paisible qu'à son habitude, même si sa situation n'avait pas grand chose de rassurant, encore maintenant. Qu'importait les horreurs que pouvait avoir commises cet homme, et celles qu'il pourrait encore commettre: il devait être arrêté et jugé, mis hors d'état de nuire. Elle n'avait pas à avoir e pensées de mort sur la tête de ce type, même s'il n'était rien d'autre, à ses yeux, qu'un dangereux criminel. La prison serait sa peine, et Kahera avait bien l'intention de l'aider à rejoindre ce nouvel habitat...

Le vent, doux, violent, froid ou chaud selon les jours, les lieux et les pays... La kunoïchi semblait n'avoir pris de son élément que les plus douces bises, dans la plupart des aspects de sa vie, et pourtant, lorsqu'elle fonçait vers un objectif, tel une tempête, rien ni personne ne pouvait l'arrêter. Comme l'air qui, lorsqu'un mur ou une porte lui barre le passage, s'engouffre malgré tout par la moindre petite fissure de ces obstacles, la jeune femme en kimono ne se laissait jamais totalement abattre, et encore moins stopper dans l'avancée de ses objectif. Elle y mettrait le temps qu'il faudrait, mais elle apprendrait ce nouveau jutsu, puis, embarquerait le rouleau et fuirait, le temps de reprendre assez de force pour arrêter cet homme. Alors, elle reviendrait, seule ou accompagnée, et le ferait mettre sous les verrous, foi de Kahera! Quant au rouleau... Pourquoi le prendre? Tout simplement, parce que sa place était à Konoha, là où il était gardé, préservé, avant que Yanosa ne s'en empare. C'était une question de principe. Kahera se sentait le devoir de le ramener, en toute logique de shinobi qu'elle était.

Une fois la place libre devant le rouleau, elle l'étudia à son tour. A première vue, il ne recélait de rien de si extraordinaire. Était-ce vraiment là le jutsu surpuissant qu'ils gardaient caché à tous et toutes, à Konoha?! Une technique de clonage aussi simple? Simple, mais, comme l'avait souligné le nukenin, terriblement efficace, en fait. Car ces clones-là, en plus de pouvoir être invoqués en très grand nombre si l'utilisateur possédait assez de chakkra pour cela, possédaient la faculté de lancer eux-mêmes des jutsus, contrairement aux petits clones d'ombres classiques que tout genin doit savoir produire pour passer son examen et avoir droit à son bandeau frontal. Imaginant une fraction de seconde une armée de Yanosa Oterashi lançant ses attaques sur d'innocentes victimes, la kunoïchi frissonna d'horreur. Il fallait qu'on l'arrête, à tout prix. Mais que pouvait-elle faire, sinon se mettre, pour l'instant du moins, à 'armes égales' avec lui? Se concentrant alors, elle forma à son tour l'unique mudra nécessaire au kage bunshin, et se mit en devoir de s'y entraîner elle aussi.

Ce ne fut pas bien dur. Sa maîtrise du clonage étant parfaite depuis déjà bien des années - et sans doute était-ce aussi le cas de son geôlier - Kahera mit à peine une heure à maîtriser tout aussi aisément le kage bunshin. Moins, en réalité, mais elle avait pris son temps. Non seulement parce qu'elle désirait reprendre des forces, et qu'elle devait gagner du temps pour cela, mais aussi et surtout parce qu'il était hors de question de montrer ses réelles capacités à son tortionnaire. Il savait qu'elle possédait des techniques médicales avancées, soit. Mais il ignorait tout du reste. Sa vitesse de déplacement moyenne, sa capacité à disparaître mieux que quiconque et à se rendre indétectable aux plus grands pisteurs de ce monde... Il allait en avoir une démonstration sous peu...

* Il maîtrise son kage bunshin depuis un moment. Et je doute qu'il me laisse encore beaucoup de temps pour reprendre des forces. Il faut que j'agisse avant qu'il ne s'impatiente. Surtout qu'il se doute autant que moi, après avoir commis ses crimes à Konoha, que des pisteurs doivent être sur ses traces depuis cette bonne heure qu'il est revenu, maintenant... *

Elle inspira un bon coup, se préparant une dernière fois à l'exécution de son plan d'évasion. Ses forces physiques en lui permettraient pas de fuir bien loin. Mais ses techniques, associées à la quantité de chakkra, non négligeable, qu'elle possédait à l'instant, seraient un atout précieux pour fuir l'ennemi.

* Kawamiri no jutsu! *

Première phase accomplie avec succès. Sous le regard du nukenin, lui exposant toujours son dos depuis tout à l'heure, la jeune femme semblait encore en train d'étudier le kage bunshin. Décidément, elle en mettait, du temps! Finalement, elle représentait peut-être moins un génie que ne devait le penser le jashiniste... Mais soudain, la silhouette féminine disparut, ainsi que le rouleau qu'elle tenait alors entre les mains, pour ne laisser place qu'à... une grosse pierre qui traînait sur le sol. Elle s'était jouée de lui. La demoiselle, contrairement à ce qu'il pensait, pouvait donc faire preuve de ruse.

* Kage Bunshin no Jutsu! *

Créant trois clones consistants, une fois hors d'atteinte de Yanosa, Kahera les envoya dans diverses directions, afin de tromper l'ennemi sur celle qu'elle-même prendrait. L'un d'eux se dirigea droit sur Konoha. Ils étaient proches du village, et la logique aurait voulu que la jeune femme aille chercher des renforts là-bas. Sans doute était-ce donc ce clone qui succomberait en premier au nukenin, et ce bien avant d'atteindre les premières habitations. Le second clone se dirigeait vers Konoha également, mais en contournant le village, par un assez large détour, comme pour tromper l'ennemi qui le suivrait tandis que son congénère fonçait droit au but, lui. Le troisième clone, enfin, se dirigea dans un sens tout opposé, en direction du village où le jashiniste avait enlevé la demoiselle: Suna. Entre une logique impliquant que sa captive tenterait d'aller chercher l'aide la plus proche et leur ramènerait leur rouleau, et une autre impliquant qu'elle fuirait vers son village en plein désert, que choisirait Yanosa, lorsqu'il retrouverait les pistes de ces clones qui, eux, n'usaient pas des techniques de fuite et de camouflage de leur créatrice?

Sous Meni Mienaï, la véritable Kahera, usant de toute ce qui lui restait de force physique pour avancer aussi vite que possible, s'éloignait dans une toute autre direction, quant à elle, et qui n'aurait rien de logique pour le nukenin. Il ignorait tout d'elle,d e son histoire, de son passé, et donc, également, de son appartenance première au village de la Brume Sanglante. Pour lui, elle venait de Suna. Aussi, il aurait sand doute du traquer et éliminer les trois clônes de Kahera avant de se lancer sur une éventuelle autre piste. Et de là, encore lui faudrait-il une bonne raison de chercher en direction de Kiri no Kuni...

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[Je ne mentionnerai pas les points de vie, de chakkra etc, car l'issue de cette traque est déterminée d'avance. On se concentre sur le rp en lui-même et non sur un combat de statistiques. En revanche, dans un soucis de logique et de compréhension, je signale tout de même, ci-dessous, les techniques utilisées et quelques autres détails.]

Spoiler:

Spoiler:

*Kahera ayant 25 en mental, elle peut créer jusqu'à clones. Ici, elle en invoque 3.

Spoiler:

[J'suis claquée mais j'ai craqué, j'ai répondu cette nuit. XD Gomen! *devrait en parler à sa psy, de son problème de rp... *]

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Le nukenin venait d'éliminer l'un de ses clones. Kahera en avait conscience, de même que Yanosa venait de ressentir la perte du sien, tout en apprenant par ce fait ce qu'il avait découvert. C'était l'une des fausses Kahera qu'il avait trouvée. Combien en restait-il? Où se cachaient-elles? Et surtout, où s'était cachée la vraie? Car il ne faisait aucun doute que la demoiselle, dans son état, ne pouvait avoir fui très loin. Aussi importante que puisse être sa réserve de chakkra, son énergie vitale, elle, n'était pas au plus haut. La jeune femme n'aurait pas la force d'aller bien loin, et Yanosa le savait aussi pertinemment qu'elle-même. Cependant, la kunoïchi possédait assez de talents de camouflage et de dissimulation pour lui échapper, le temps qu'il abandonne les recherches, change de direction dans son pistage, ou que des renforts arrivent de quelque part...

* Il faut que je tienne... Le plus longtemps possible! Tant que j'aurai du chakkra, il ne pourra pas me trouver. Mais je n'aurai pas la force d'aller loin... A l'exception de Konoha, le seul village pas trop loin que je pourrai atteindre, c'est... *

Kiri no Kuni. A bonne allure, elle y serait sans doute parvenue assez vite, mais dans le cas présent, elle ne possédait pas assez d'énergie pour atteindre ce but dans un délai aussi court qu'elle ne l'aurait espéré. Mais qu'importait: munie de son don héréditaire, le Meni Mienaï, Kahera se savait parfaitement indétectable aux sens de son poursuivant. De plus, aucune logique que ce fut n'aurait pui lui dicter la direction à prendre pour retrouver sa proie, lorsqu'il aurait déniché ses trois clones et éliminé ses hypothèses de chemin qu'aurait pu emprunter sa fugitive. Il ignorait tout de son histoire, de son passé, et bien que Kiri fut à moindre distance de Konoha par rapport à tout autre village caché, rien n'indiquait de raison logique pour laquelle la jeune femme s'y serait réfugiée plutôt qu'à Konoha, dans son état. Ce fut l'erreur fatale que commis Kahera.

Sa première journée de marche sous Meni Mienaï lui parut infiniment longue et difficile, et son rythme de déplacement, bien trop lent à son goût, mais sûr. Elle savait que tant que sa technique restait active, elle ne risquait pas de laisser la moindre trace d'elle permettant à quiconque de la trouver, ni même de se douter de sa présence. En revanche, elle sentit rapidement son premier clone disparaître, saisi violemment par la nuque... Les deux autres ne tardèrent pas à le rejoindre au pays des songes, explosant l'un après l'autre au contact agressif de leurs poursuivants respectifs. En une demie journée à peine, le jashiniste avait retrouvé et détruit ses trois copies. A présent, où allait-il chercher? De quel côté partirait-il afin de la retrouver? Se mettre dans sa tête et deviner la façon dont il verrait la chose et dont il y réagirait semblait extrêmement difficile à l'esprit de l'espionne, pourtant habituée à l'analyse de l'esprit humain et de ses réactions. Yanosa Oterashii demeurait un mystère pour elle, un être complètement fou, fou et dangereux, pour lequel elle ne pourrait sans doute rien faire. Intérieurement, elle se surprit même à prier pour que le monde ne recèle pas de trop de malade de son espèce.

La journée touchant à sa fin, la jeune femme prit une pause au bord d'un petit étang. Elle n'était plus loin de Kiri no Kuni, à présent. Quelques dizaines de kilomètres à peine... peut-être plus? Se servant de son don pour évaluer la distance, elle se rendit compte avec dépit qu'elle n'avait parcouru qu'une moitié à peine du chemin la séparant de son village, pensait-elle, natal. Il lui faudrait encore une bonne journée, au minimum, à ce rythme-là, pour atteindre ce refuge où elle pourrait, avant de rentrer à Suna, se faire remettre sur pieds. Rallier Suna dès à présent? Elle en aurait été bien incapable, et se serait effondrée en chemin. De plus, ce type l'aurait retrouvée, ce ce chemin-là... Après tout, quoi de plus logique que la kunoïchi qu'il ait kidnappée devant Suna tente d'y retourner?

* J'espère qu'il suivra cette piste ou celle de Konoha. En toute logique, il ne devrait pas se diriger dans ma direction. Il n'a aucune raison de penser que j'aie pu me diriger vers Kiri... aucune. *

C'était vrai. Mais qui savait ce qui pouvait passer comme idée dans un esprit aussi retord que celui du nukenin? Se relevant déjà après quelques minutes à peine depause, et bien qu'encore essoufflée, Kahera reprit sa marche en direction du pays de la Brume Sanglante. Elle avait trop peur de son poursuivant pour s'arrêter là, même s'il n'avait effectivement aucune raison de la chercher dans cette direction, et même si son Meni Mienaï la rendait en tous points indétectable. Serrant un peu plus fortement le rouleau contre elle, inspira un bon coup, puis, hâta le pas... un moment. La nuit passant, la faim, la fatigue et sa faiblesse trop évidentes la tenaillaient de toutes parts. Elle aurait du s'arrêter plus longtemps et dormir un peu, reprendre des forces, manger un peu... Mais elle n'avait rien, et certainement pas le temps de s'attarder, ni l'envie de prendre le moindre risque. Une heure, deux heures, trois heures passèrent encore... le ciel se couvrait de gros nuages, et doucement, puis de plus en plus fort, une pluie froide, battante, typiquement kirienne, s'abattit sur la pauvre medical nin.

« Kûki no Awa! »

Du chakkra, Kahera en possédait encore assez pour se permettre ce parapluie improvisé. Le fait de prononcer à haute voix son incantation ne représentait pas non plus de menace de se faire repérer, car elle pouvait bloquer toute émanation de son grâce au Mienaï. En revanche, ce à quoi ne pensait plus la demoiselle alors qu'elle avançait ainsi sous la pluie, c'était à l'effet visuel que produisait l'eau au contact de sa bulle d'air protectrice... Et bien qu'aucune logique que ce fut ne pouvait prédire qu'il la pisterait dans cette région, les recherches et l'énergie que pouvait se permettre de dépenser Yanosa dans ces dernières le nommèrent vainqueur de ce jeu de cache-cache. Où qu'il fut en cet instant, l'un de ses clones venait d'apercevoir un étrange effet de pluie tombant sur quelque chose de circulaire, de totalement silencieux et invisible, se dirigeant vers le pays de la Brume...

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Spoiler:

Note: J'ai presque fini le rp menant à l'apprentissage de cette technique! Il se situe bien en arrière, niveau temps rp, par rapport à celui-ci, et je considère donc qu'elle la possède ici. Sinon, tant qu'elle avait du chakkra, Yanosa n'avait quasiment aucune chance, si pas carrément aucune, de la retrouver. Bref. Perche tendue: à toi de faire le reste, vilain jashiniste!