C’était un matin comme touts les autres.
Ouvrir un œil… Puis le deuxième… Regarder l’heure, baîller, les refermer aussitôt. Attendre cinq bonnes minutes sans trouver le sommeil. Ré-ouvrir les yeux, encore regarder l’heure, souffler. Se rendre à l’évidence : il est bientôt neuf heures et je ne pourrais dormir plus pour aujourd’hui.
C’était une sorte de rituel, des actions enchaînées à mon réveil qui marquaient le début d’une journée aussi chiante que la précédente. Eh ouais, être shinobi ne signifie pas pouvoir faire la grasse mat’. Encore que je pouvais m’estimer heureux. Grâce au fait que j’étais coltiné à la paperasse et à l’organisation d’évènements aussi chiants et inutiles les uns que les autres, je pouvais m’autoriser chaque matin à un peu de laxisme dans mon emploi du temps. A quoi bon se lever dès l’aube pour remplir des formulaires ? Je peux aussi bien le faire après une bonne nuit de sommeil.
Je comptais m’installer encore un peu plus dans ma routine fainéante ce matin-là. Devant mon miroir, je m’occupais à me vêtir convenablement, à me faire propre sur moi, car bien que le soin que j’apportais à mon apparence physique n’était pas si important pour moi, il fallait, pour l’image des ninjas de Konoha, savoir se trouver irréprochable. Encore, quand on est en mission, être décoiffer ça passe parce qu’entre deux combat, y’a pas de concours de beauté. Mais quand on est préposé à toutes ces conneries administratives, il y a un contact avec la population, d’où ce souci d’image. Enfin, j’étais prêt à ce sacrifice, d’autant plus qu’il ne me nuisait pas de l’avis à ma mère en tout cas.



J’allais sortir de ma chambre lorsqu’on vint taper au carreau de ma fenêtre.
Je n’étais guère étonné de cela, sachant la terreur qu’inspirait ma génitrice, tout un chacun préférait largement escalader la façade de mon immeuble plutôt que d’aller frapper à sa porte. Cependant, je n’eus pas le temps de voir qui était là que l’étranger disparut, laissant derrière lui un parchemin contre le rebord de ma fenêtre. J’eus un étrange pressentiment : allais-je reprendre du service ?
Cette idée se confirma lorsque je déroulais le parchemin et pris connaissance de son contenu. Ainsi j’étais sollicité pour une mission de rang B. Un homme s’était échappé de la prison de Konoha par un moyen pour l’heure inconnu s’était réfugié dans les quartiers du village, avec des otages. Que me fallait-il de plus ? Rien d’autre, j’étais au courant des principaux faits et je ne devais pas m’attendre à en savoir plus avant d’arriver sur les lieux : en effet, les dirigeants de Konoha n’allaient pas risquer de laisser de trop amples informations circuler sur un parchemin.
Etant prêt, je n’avais guère d’excuses pour repousser mon départ. Je réprimais fortement mon envie de râler, me disant que la vie des citoyens du village était en jeu et que j’étais prêt à tout pour eux désormais. Rapidement, je pris mon équipement qui ne se composait que d’une dizaine de kunaïs, de shurikens, et d’une bombe fumigène et note explosive. Voyageons léger !



Ainsi, je m’élançais par ma fenêtre jusqu'au toit le plus proche ; bien que je n’ai pas les coordonnées précises du lieu de la prise d’otage, le parchemin avait réduis les zones de recherche : les Quartiers, comme on appelle communément cette partie de la ville s’étendait au nord du village. Un attroupement certains devrait s’y trouver : la population voudrait sûrement voir à quoi ressemble une prise d’otage et des forces alliées seront sur place pour contenir la foule. J’irais chercher plus d’amples informations là-bas.

Le village, en cette matinée ensoleillée, était bruissant de monde. Bien qu’en hauteur, je ne pouvais échapper aux bruits de la foule en liasse comme il est de coutume qu’elle le soit aux heures de marché. En bas, les tréteaux se montaient et se démontaient au rythme de l’arrivée des marchands ambulants ou ceux qui vendaient à la sauvette deux ou trois articles sans valeurs mais dont les enfants raffolaient. D’ailleurs, les cris des plus jeunes arrivaient à mon oreille avec plus de virulence que ceux des poissonniers qui refourguaient leur cargaison à coup de grands slogans vendeurs. Etait-il frais leur poisson ? Franchement, je n’en avais rien à faire et j’évitais ce genre d’égarement d’esprits qui m’éloignaient de mon but. Là où je me rendais, des vies étaient en jeu et je devais très vite me mettre dans la tête que je n’avais pas le temps de vagabonder. Aussi, serrant les poings, je m’activais.

Il ne me fallut qu’une dizaine de minutes pour arriver à bon port. Sur le toit d’un immeuble, je voyais la petite maison à une centaine de mètres de là. Il n’y avait pas le moindre doute sur la question. J’y étais. Dans mon esprit, je commençais déjà à réfléchir aux possibilités que m’offrait une situation pareille mais je me rendis vite compte que tout cela était vain tant que je n’aurais pas d’autres informations à me mettre sous la dent.
Il me fallait m’approcher pour en apprendre plus, c’est ce que je fis.