Une pensée, furtive mais réelle, un détournement momentané de ce pourquoi ses pas l'avaient guidé, vers le lointain, une grotte où résidait sans doutes toujours cette Kunoichi malade et fatiguée... C'était un instant calme, dénué de toute tension, dans l'esprit du jeune homme qui arpentait les sentiers du Pays du Feu. Il y avait déjà quelques kilomètres qu'il avait changé d'apparence, afin de tromper les patrouilles qu'il avait pris soin de bien observer. Elles s'étendaient d'Ouest en Est sur tout le territoire environnant, opérant des rondes que Yanosa avait fini par clairement distinguer. A présent, pour lui, tout ne consistait qu'en une marche paisible, une impression de relâchement totale émanant de lui, renforçant d'autant plus son personnage.



Il avait réalisé qu'il ne serait pas en mesure d'accomplir son objectif s'il s'y prenait comme la dernière fois... Difficilement, le jeune serviteur de Jashin s'était donc rendu à l'évidence qu'il allait devoir aborder autrement la chose, ce qu'il fit. Au fil de sa marche sur les chemins de terre qui menaient aux Portes éculées du Village de Konoha, l'excitation grimpait tout de même d'un cran en son fort intérieur, les relans des combats qu'il avait mené ici même lui revenant en mémoire. Toutefois, c'est au prix d'efforts importants que Yanosa arrivait à réprimer ces pulsions combattives, motivées par son relatif manque de bataille récente. Il en allait de la réussite de son entreprise, et un nouvel échec signifierait probablement une défaite bien plus grave que la précédente, voir même, sa mort... Cela, il ne l'envisageait en vérité même pas, sa passion pour Jashin étant si forte qu'elle faisait circuler dans ses veines bénites une confiance, une certitude, inébranlable et inextinguible. A présent, il les voyait, les murailles entrecoupées d'une faille bien trop évidente et mal défendue. La journée battait son plein, l'après midi était à son paroxysme et faisait briller un Soleil vivace dans le dos du Nukenin déguisé. Bien loin d'un savant calcul de sa part, c'était bel et bien la volonté Divine qui l'accompagnait qui lui conférait en cet instant l'aura d'un conquérant, masquant d'autant mieux ses intentions, et les maigres éléments qui pourraient le trahir.



Il y était, enfin. Passant dans l'ombre des Portes, il entrait, pour la seconde fois, dans l'eceinte. Deux Shinobis étaient aux postes de garde habituels, comme à l'accoutumée. Sans que cela ne l'étonne outre mesure, le jeune Jashiniste passa toutà fait inaperçu. Une autre contingence heureuse que lui offrait son Dieu... ? Non.



" 'Hayoo, Asuma-san !

-Salut les gars ! "



Un simple signe de cette main, qui ne lui appartenait pas, et le tour était joué. Il n'avais même pas eu connaissance du nom de l'enveloppe qu'il avait emprunté jusqu'à présent, c'était une chance que cet homme lui ait adressé la parole de cette manière.. Tout s'accordait avec son temps, ainsi, son échec passé lui avait permis de connaître assez bien cet homme, Asuma, afin de le singer, pour tromper le peuple de Konoha.. Et à présent, le voilà passant au milieu de l'allée pavée, cigarette à la bouche dans un soucis de réalisme, souriant tout aussi faussement que son costume le lui permettait. Le subterfuge prouvait son efficacité, et Yanosa, indemne, pouvait continuer sa route, traçant tout droit vers cette tour qu'il apercevait au loin, gardienne de l'objet de sa convoitise.

Une bien belle journée, pour jouer le rôle d'un Shinobi enjoué de Konoha, pensait-il...

Tout se passait bien. Rien ne semblait vouloir s'opposer à la marche tranquille du Nukenin joyeux, presque festif de par son expression. Les Portes béantes étaient maintenant bien derrière lui, et s'ouvrait à ses yeux masqués la grandeur et le paisible du Village de Konoha. Les rues n'étaient pas vides, bien évidemment, mais sous ce couvert d'appartenance aux Shinobis du Pays, Yanosa pouvait se permettre de circuler librement, étant même au courant de "son" prénom pour palier à une éventuelle difficulté. Toutefois, un premier problème allait devoir se présenter devant lui...

Un homme, affublé d'une veste et d'un fourreau significatif, vint à paraître au devant de Yanosa, ou plutôt, dans ce contexte, d'Asuma, ce cher Shinobi qui avait eu la gentillesse de prêter son physique au Nukenin. Mais, bien loin de vouloir dans un premier temps engager une quelconque conversation avec le jeune Jashiniste camouflé, il sembla de suite soupçonneux à son égard, et débuta de but en blanc le dialogue comme suit:



~Asuma Sarutobi...Belle imitation...Cependant, tu dois ne pas savoir que notre Jounin Camel est actuellement en mission...Je vais donc te demander de te montrer sous ta véritable apparence de ce pas...Suite à quoi je t'invite à venir avec moi à l'extérieur du village pour pouvoir discuter un peu...~



Et bien, cette paix relative n'avait pas duré longtemps pour le jeune homme, déjà contraint de se creuser au plus vite les méninges afin de pouvoir continuer sa progression sans encombre. Tant qu'aucune provocation en duel n'était faite, il pourrais continuer à jouer cette comédie qu'il avait instauré, mais il suffisait d'un soupçon de trop, d'une invitation trop claire à combattre, pour qu'il soit susceptible de perdre tout contrôle, et d'être contraint de mener la bataille à tout moment. Mettant donc fin à sa plus grande chance d'approcher la Tour, et du même fait, le rouleau qu'il convoitait tant...

Une solution, vite, assez vite pour éviter tout autre doute à son égard. Une échappatoire pour éviter toute confrontation et pouvoir mener son entreprise à bien. C'était ça dont il avait besoin. Observant d'un oeil gêné aux alentours, Yanosa savait qu'il ne servait plus à rien de jouer ce rôle qu'il s'était donné, qui lui avait tout de même permis de passer les Portes. L'homme qu'il avait en face de lui, qui qu'il soit, et quelle qu'était sa force, il devait éviter à tout prix d'avoir à le combattre. Le jeune Jashiniste savait comment cet épisode terminerait si cela venait à arriver, les troupes de Konoha se mettraient en branle, une fois de plus, et mettraient leurs forces en commun pour le repousser, une seconde fois..



Hors de question. Alentours, toutefois, le paysage environnant suffit à donner une idée assez viable à Yanosa pour qu'il puisse réagir de suite, se plonger dans un nouveau rôle beaucoup plus indécis et bancale, mais qui avait de grandes chances de réussir. Les enfants étaien tellement empleins de pureté que les utiliser revenait presque à céder à trop de facilité, mais après tout. Affichant un air gêné et souriant, une main se grattant l'arrière de la tête, le jeune homme se mut alors dans un écran de fumé, lâchant un maigre et timide * Héhééé..*.
Cependant, loin de faire réapparaître son corps d'origine, c'est une silhouette bien plus petite qu'il fit reparaître sous les yeux de l'homme aux cheveux oscillants entre le gris et l'argent. Un corps de jeune garçon, d'environ 7 ou 8 ans, ressemblant très vaguement à Yanosa étant plus jeune, sans pour autant lui ressembler plus que cela. Une ultime ruse, peut-être, pour échapper à l'attention de la personne qui, en face de lui, paraissait à présent très grande.



Un sourire, un éclat de rire même, jaillit de la bouche du nouveau rôle que s'imposait Yanosa, exutoire d'un embarassement réel, et donc parfaitement imité. N'attendant pas plus, dans sa nouvelle enveloppe plus agile que jamais, il se mit alors à courir jusque dans le dos de cet homme qui l'avait interpellé, continuant sa course tout droit vers le quartier qu'il visait depuis le commencement. Son rire, dans la bouche d'un enfant, paraissait d'une pureté innocente au possible... Si il avait jaillit de sa propre bouche originelle, qui sait quel exclamation lugubre cela aurait donné..



" Youhuuuuu !! Hahaaa !! "



Son entreprise réussirait, il en était sûr. Plus qu'une conviction, c'était une voix divine qui le lui soufflait, comme toujours.

Passer, atteindre son objectif, pour vaincre et faire régner Jashin comme jamais sur cette Terre. Ces pensées habitant constament le jeune homme, à l'apparence liliputienne, il ne vit pas venir s'interposer sur sa route le fourreau qu'il avait remarqué un peu plus tôt au côté de l'homme au teint grisâtre. Etant donné sa taille actuelle, l'alliage de bois et d'acier vint le heurter au niveau de l'estomac, coupant net la course qu'il venait d'entamer avec ce trop plein de ferveur infantile qu'il singeait si bien. Qu'y avait-il encore ? Cet homme était-il suspicieux à ce points, ou bien, avait-il un dernier et judicieux conseil à prodiguer à un jeune garçon frivole et farceur ? Yanosa se demanda intérieurement si le comportement qu'il avait mimé n'était donc pas répréhensible dans ce Village, qui habritait tant de bons combattants.

Toutefois, le regard que lui lança alors en diagonal l'homme aux cheveux d'argent lui fit comprendre qu'il y avait autre chose, une volonté assumée de faire du zèle, pour une quelconque raison. Une volonté qui entrait en conflit direct avec celle du jeune Jashiniste, qui à son grand damne se voyait contraint de jouer avec une acuité plus que jamais accrue s'il ne voulait pas se faire démasquer. La main du Shinobi se posa alors sur son épaule, ferme, trop ferme, animée d'un geste qui visait quelque chose, au loin dans l'inconnu que Yanosa représentait. Ce dernier ne broncha pas, ne comprenant lui même pas ces actes teintés d'une violence gratuite, et restranscrivant donc cette impression sur son faciès juvénil. Lui parvinrent alors ces paroles:



~Tu n'es qu'un petit rigolo, pas vrai? Je suis curieux de savoir quel est le nom de celui qui se fait passer pour Asuma, ainsi que le nom de ton sensei à l'académie...~ Ainsi que la raison pour laquelle tu n'as même pas sourcillé au contact de mon fourreau et à l'emprise de ma main, là où des gamins de ton âge se seraient tordus de douleur ; ne serait-ce que pour me faire croire que je leur fait mal~



Des propos qui sonnaient justes, beaucoup trop justes, pour de simples questions posées à un membre "avéré", pas si avéré que ça du Village. A ces questions, le jeune homme camouflé ne pouvait pas avoir de réponse, il le savait. Nonobstant totalement les forces qu'avait employées l'homme pour le stopper, Yanosa dû se concentrer, pour réflechir au meilleur moyen de sortir de cette impasse. Affichant un visage renfrogné qui intimait le reproche, il demeurait pensif, laissant échapper quelques marmonements de mécontentement qui, encore une fois, caractérisaient avec précision son état d'esprit propre, tout en donnant de la matière à décrypter à son vis-à-vis. C'était une situation critique, qui pourrait signifier la naissance de l'échec pour le pieux Jashiniste qu'il était, et qui se voyait poussé de plus en plus par ses instincts, comme attiré irrémédiablement vers ses préceptes sacrés, qui lui dictaient de sacrifier sans sourciller toute menace, tout hérétique qui se mettrait sur sa route. Des instincts, qui pourraient tout aussi bien le mener à la défaite, et le contraindre au replis face à la machine militaire formidable de Konoha...

Parvenant finalement à une entente avec lui même, Yanosa prit le parti de la transparence apparente. Il était las de ces jeux de rôles. A présent, il ne jouait plus. Tout en restant inconito parmis cette foule qu... Quelle foule ? De sa vision périphérique, le jeune homme ne retirait plus aucun mouvement alentours, comme si la zone était devenue déserte, signe évident qu'une mesure d'urgence avait été prise. Une raison de plus d'appréhender la chose comme il allait le faire à présent...



" Je ne vais pas à l'Académie, répondit-il d'un ton soudain sec, presque fâché.

Je veux gagner en puissance par moi même, et apprendre comment utiliser le Kage Bunshin ! Je m'en sais capable, et je ferais tout pour y arriver.

Que cela vous plaise ou non j'apprendrais cette technique ! "



Finissant sa complainte sur ces mots, Yanosa optait donc à présent pour l'ultime coup de bluff. Bien qu'on eut pu dire le contraire, il ne jouait plus du tout de rôle. Son Henge rendait un ton de voix infantile difficilement interprétable, camouflant la férocité qui en serait resortie si il avait été sous sa vraie apparence, mais c'était bien tout. Il venait de révéler ses intentions réelles, passant outre une première limite qu'on avait tenté de lui imposer. A présent, pour le jeune homme, c'était quite ou double. Le Shinobi en face de lui croirait-il en ce personnage qui n'en était plus un, comme on le ferait avec un mauvais rêve dans lequel on est plongé ? Ou bien, décèlerait-il pour de bon la lueur de duplicité qui sommeillait au fond de Yanosa, cette volonté de mettre à nu le Kinjutsu le plus prisé du Village de Konoha... ?

Ca il n'aurait trop su le dire, car en réalité, il ne se posait plus de question. Tout à présent n'était qu'instinct, et il serait aussi dangereux pour lui que pour l'homme qui lui faisait face que ceux-ci se déchaînent...

Fixant dans les yeux l'homme aux allures nonchalentes qui lui barrait le passage, Yanosa, sous sa forme infantile, attendait presque avec patience la réaction de celui-ci, fronçant légèrement des yeux en marque d'appui à ses propos précédents. La situation, il devait l'admettre, lui avait échappée depuis le moment où cet individu anonyme avait porté un trop plein d'attention sur lui. Ayant tâché de brouiller autant que faire se peut les soupçons qui avaient dès lors pesés sur lui, le jeune Jashiniste se voyait maintenant poussé à la limite de ses pulsions meurtrières, comme faussement assouvi à la pression que l'on lui imposait et qui faisait ressortir peu à peuson naturel violent.

Il ne le lâchait pas du regard, conscient que la réussite de son illusion précaire dépendait de ce qui allait suivre de la part de l'homme aux cheveux gris. L'espace de quelques instants, l'espoir fut permis pour le jeune homme. En effet, la pression de la main de l'inconnu sur son épaule se défit d'elle-même, ainsi que celle qu'apposait le pommeau sur son bas ventre. Un retrait, un abandon ? Ce ne serait surement pas aussi simple, pensa Yanosa. Et il avait raison de le penser. Prenant quelques pas de recul, l'homme prononça de maigres mots, sybilins et dénués de sens profond. Leur signification prit toute son importance lorsque, lorgnant sur les gestes de l'inconnu, Yanosa remarqua ces fourreaux d'épée qu'il manipulait avec dextérité, comme les préparant au combat.



L'avenir proche était donc scellé. Le jeune Jashiniste n'eut pas besoin d'observer plus attentivement la suite pour comprendre que l'homme allait user de la force pour l'empêcher de passer, quoi qu'il arrive. Loin d'éprouver un quelconque regret, Yanosa se dit qu'après tout, c'était peut-être la volonté même de Jashin qui avait placé cet individu sur sa route, afin de tâcher son périple de sang, une fois encore. Cela lui allait parfaitement à vrai dire, et c'est pour cela que, sur son faciès toujours truqué, ne paraissait aucune expression autre qu'un léger sourire. L'illustre anonyme mit son chakra en branle, faisant jaillir d'étranges énergies alentours, mis en forme d'une manière assez spéciale pour étonner ne serait-ce qu'un peu le jeune homme. Laissant tout loisir à son vis-à-vis de constituer l'air de combat sphérique, Yanosa regardait tout autours de lui, entouré de ces banderolles et de ce halo. Le tirant de ses réflexions inexistantes en vérité, le grisé prononça alors ces paroles à l'égard de l'enfant qui était toujours en face de lui:



~Tu veux apprendre le Kage Bunshin...Dans ta situation, il y a deux moyens de l'apprendre. Le premier est de retourner en dehors du village demander à celui qui t'as parlé de cette technique. Quant au second...~ Il consiste à me démontrer que tu es digne d'une telle technique. Pour cela, il te faut simplement venir jusqu'à moi, et me porter une attaque. Si ta force est suffisamment grande, je te laisserai passer.~



Prenant note de ces conditions, Yanosa fut interpellé par la proposition masquée de fuite que lui servait l'homme. Portant un regard distrait par dessus son épaule, il remarqua en effet que la technique dans laquelle il semblait être pris avait laissé l'équivalent d'une porte d'espace ouvert, au travers duquel il était convié à repartir, comme il était venu. Quelle mauvaise blague, lui faire une telle invitation à lui. Autant présenter un buffet de viande à un végétarien. Son refus à venir, son vis-à-vis devait s'en douter et l'avoir vu venir, mais proposer une telle alternative était sans doute preuve d'une confiance sans borne en ses propres capacités. Cela tombait à vrai dire plutôt bien, Yanosa plaçant autant de confiance dans les siennes.

C'est donc par un rire sardonique presque muet que le jeune Jashiniste formula sa réponse première, comme réagissant à une farce qu'on lui aurait fait. Détournant son regard et le reportant sur l'homme en face de lui, sa main passa sur sa nuque, à la recherche de quelque chose de nécessairement absent jusqu'ici pour des raisons évidentes. Le défi à relever semblait lui convenir en tout point. A ceci prêt que Yanosa ne se contenterait pas de porter un coup unique à l'illustre anonyme, présupposément escrimeur étant donné les lames qu'il portait avec lui. Sans esquisser d'autre mouvement, Yanosa remarqua tout à coup que son corps, ardent de désir macabre à l'encontre de l'homme, n'obéissait pas à ses pulsions, restant figé sur place comme soumis à un regard, son regard...



Ainsi, il avait à faire à un adversaire si baigné dans sa pratique qu'il en arrivait à le pétrifier et à lui ôter toute volonté d'un seul regard ? Loin d'être découragé au contraire, Yanosa envisagea avec d'autant plus de joie la confrontation qui allait suivre. Cet individu, il était fort. Le jeune jashiniste avait hâte d'apposer la marque divine sur son corps, comme il lui avait lui même proposé. Mais pour cela, il devait se débarasser de cette aura étrange qui l'empêchait de se mouvoir. Somme toute, l'entame de ce combat n'allait donc pas varier tant que cela d'un autre pour lui. Soudain entouré de fumée blanche, Yanosa daigna enfin laisser sa véritable apparence visible aux yeux de chaque observateur éventuel de la scène. Egalement, et même, avant tout, l'épée imposante qu'il avait toujours dans le dos, qui annonça ainsi de la même manière la couleur de ses compétences. Même si, au fond, les réels pouvoirs de Yanosa restaient cachés jusqu'à leur libération à l'encontre de leur cible, la proie de Jashin.



" Soit, guerrier ! Laissons donc le poids écrasant de notre force te balayer, s'il n'y a que ça pour que tu comprennes pour quelle futilité tu t'es donné tant de mal... "



Sur ces mots, il se saisit du pommeau de sa lame, l'amenant au devant de l'air de combat... Sans crier gare, avant même de finir son geste, Yanosa propulsa alors la masse d'acier au devant de cet homme si sûr de lui, aux capacités étranges, mais ne pouvant certainement pas rivaliser avec les pouvoirs divins dont était investi lui même. Telle une fusée, l'épée massive se dirigeait mortellement vers l'abdomen du Shinobi. Se lançant presque à la suite de son arme, Yanosa, dont les mouvements s'avérraient avoir retrouvé leur liberté, bondit après quelques petites et vives foulées poing serré en retrait, pointé en direction de l'homme qui lui barrait si vaillament la route. Décochant le coup de toutes ses forces, Yanosa était soulagé. Soulagé d'enfin pouvoir exercé comme il se devait sa religion, en suivre les préceptes avec assiduité et piété. Ce petit jeu de camouflage, s'il avait fonctionné, eut été parfait dans l'optique d'un larcin. Les conditions ne le permettant pas, c'était avec joie que le jeune Jashiniste se repliait sur ce mode de fonctionnement, qui à vrai dire lui convenait beaucoup mieux.

Une inconnue restait toutefois en suspend, bien que le jeune homme ne s'en était pas préoccupé une seule seconde. Cette façon d'agir, qu'il avait déjà mise en pratique la dernière fois, n'allait-elle pas lui porter préjudice cette fois encore ? Pour son adversaire aussi, l'inconnu devait régner à un niveau égal, restait à voir quel parti s'accomoderait le mieux de ces dernières afin d'imposer sa volonté...

L'action s'était vite emballée, dans l'enceinte confinée qu'avait créé lui même l'épéiste au teint gris. Fonçant droit sur lui, pris dans un élan qui aurait plié un arbre, le jeune Jashiniste fut soudain enveloppé d'un tissu, une veste, lui masquant alors la vue. N'en démordant pas une seconde, Yanosa continua sa charge de plus belle, appuyant la pression sur son adversaire. Son poing toutefois ne toucha pas sa cible, entrant en collision directe avec l'épée qui était à la main du bretteur, ce dernier utilisant son arme pour stopper le coup puissant qui lui était destiné. Le Shinobi fouineur, habile, s'était défait de l'offensive sauvage avec grâce, se glissant dans le dos du pieux et jeune Nukenin. Comme par habitude, une routine toute commune qu'il mettrait en exergue, son corps souple se mit en branle, lacérant la partie inférieure du corps de Yanosa à des endroits précis, trop précis, même, au goût du Nukenin.

Il n'avait cure des blessures qu'il arborait en combat, tant que celles-ci ne le contraignaient pas dans ses mouvements. Or, sa connaissance médicinale du corps humain lui fit comprendre très vite que la blessure qu'il avait reçu avait été savament calculée pour l'immobiliser, à petit feu. Se débarassant d'un revers de main du vêtement qui pendait à son poing, le jeune homme se retourna vers son ennemi, le rempart qui lui apparaissait de paille, mais qui se dressait bel et bien entre lui et son objectif. Pas avare de paroles, l'épéiste parla à nouveau, se sentant sans doute obligé d'expliquer des préceptes chers à son coeur à un individu qu'il pensait pouvoir mettre à terre facilement.



~Chez les Samurais, ainsi que pour beaucoup de combattants s'affrontant à mort, il est de coutume de donner son nom à son adversaire, afin que ce dernier, si il meurt, puisse aller dans l'au-delà, aux côtés des puissances divines, et puisse se justifier du nom de celui qui l'a tué~ Je répond au nom de Yojimbo Mifune...Je suis le Shichidaime Hokage de Konohagakure no Sato...Sache cependant qu'il est inutile de me donner ton nom...Je ne retiens pas les dénominations des déchets qui se dressent contre la paix du village et qui ne sont voués qu'à être écrasés par ma lame~


Tout en prêtant une oreille distraite aux palabres inutiles que proférait l'homme, Yanosa, à nouveau contraint par l'aura mystérieuse que faisait se propager son adversaire autours de lui, jetta un coup d'oeil agacé à sa jambe blessée et dont les muscles avaient été sectionnés, de telle manière qu'il lui était impossible de se guérir. Cet homme, comme il l'avait d'abord pensé, était fort dans son domaine. Yanosa n'avait aucune connaissance de ces techniques qu'il avait évoqué, mais un fait attira finalement son attention, dans le flot de paroles qu'il venait d'engager. Coupant court au combat quelques instants, le jeune Jashiniste ne put retenir ces quelques mots:



" Haa ! Le Hokage. Jashin va se régaler de tes chaires, pauvre fou hérétique. Tes dieux, tes croyances, tout ça n'est que du vent face à l'océan de Destruction qu'il t'apportera ! Ton titre ne t'apportera rien ici bas, si ce n'est une mort anonyme au service d'un château de cartes. "



Sur ces mots, le jeune homme bande ses muscles, instaurant une tension maximale au travers de tout son corps, à nouveau remis à neuf. Jettant un oeil à son torse nu, Yanosa fit ensuite paraître au devant de son regard son poignet, parcouru de cicatrices, mais ne satisfaisant aucunement en l'état son porteur. Avec son autre main, dont il tend un doigt orné d'un ongle plus long que la moyenne, le jeune et pieux Nukenin entaille d'une traite les veines qui parcourent son articulation, laissant couler le long de son bras son sang noirâtre et épais. Sans autre forme de procès, un ongle similaire de son autre main fait de même avec son deuxième poignet, enchaînant ensuite une multitude d'entailles variables et chaotiques sur toute la surface de son corps. Ainsi, il se sentait mieux au combat, orné à présent de son liquide divin et mortel.

Fixant son vis-à-vis, immobile, il l'était tout autant, comme le calme avant la tempête. L'aura immobilisante que manifestait le Hokage nécessitait apparemment autant d'immobilité de sa part. Yanosa, impassible, se préparait toutefois à charger plus férocement que jamais sur cet homme. Hokage... Cela le faisait bien rire. Etait-ce tout ce que le Kage de ce Village si puissant était capable de faire ? Il espérait qu'il ait d'autres cordes à son arc, afin de, peut-être, mériter sa place dans le tourbillon d'âmes dans lequel Yanosa comptait l'envoyer..

Les secondes s'écoulèrent lentement, au sein de cette arène artificielle créée par le Hokage de Konoha lui même. S'observant l'un l'autre, les deux combattants, qui n'avaient pourtant échangé qu'un bref élant de coups se jaugeaient avec mutisme. L'épéiste, en garde, prêt à frapper, maintenait autours de lui ce champ impalpable, empêchant le jeune Jashiniste en face de lui de faire le moindre mouvement vers lui, évitant ainsi toute effusion supplémentaire. Yanosa quant à lui se voyait de plus en plus frustré par cette aura hérétique qui l'entourrait, et le contraignait à l'immobilité. Le Kage de ce Village, pensait-il, n'était-il qu'un pleûtre inoffensif qui cherchait à éviter la confrontation ? Ses propos pourtant avaient démontré une toute autre volonté de sa part, irréalisable, celle d'envoyer le serviteur de Jashin dans les lîmbes de son créateur.

Bien fou était celui qui, en cet instant, aurait cru que cela puisse être possible. Le Nukenin, maculé de son propre sang qu'il venait de verser sur son corps, bouillait intérieurement de colère à l'encontre de tant de lâcheté de la part de son adversaire. Les poings serrés, tous les muscles et énergies de son être étaient sous tension, alors que de fines gouttes assassines de son liquide vital lorgnaient déjà le parterre jusque là intact du Village de Konoha, le faisant gémir, lui extrayant de lentes complaintes frémissantes et brûlantes. Yanosa se savait capable de briser ce Jutsu impie, il le sentait, dans ses os, sa chaire, dans sa foi inébranlable.



Son Dieu, ses muscles, ils formaient un cercle parfait de servitude et de récompense céleste. Exultant dans un râle que l'on aurait pu accorder à une bête sauvage, le jeune et pieux Nukenin déploya toutes ses forces, repoussant toujours plus loin l'emprise immatérielle de son ennemi, de sa proie, jusqu'aux confins de son épiderme, puis au delà, à un mètre, deux mètres... Tout son corps soumis à des pressions inhumaines, on pouvait observer sur son torse et ses bras l'ouverture encore plus grande, tels des ballets sanglants, un levé de rideau morbide, des plaies qu'il s'était infligé lui même un peu plus tôt. Le sang coulait, l'emprise de son ennemi sur lui faiblissait, pour finalement... Disparaître. La force d'un Lion, matérialisée en ces lieux, capable de faire plier n'importe quelle volonté extérieure à la sienne, et à celle de son Dieu Tout-Puissant, venait de faire son oeuvre. La sainte rage lui couvrant le visage, Yanosa se courba l'espace d'un instant vers l'avant, plaquant sa main gauche au dessous d'une des plaies qu'il s'était infligé sur le poignet... Emmagasinant du même coup dans sa paume une lampée impressionante de sang, qu'il se hâta de faire se répandre dans les airs, vers ce Hokage privé de ce Jutsu apparemment indispensable. Ce faisant, ce furent d'innombrables gouttes de sang bénies qui se mirent à pleuvoir alentours, aspergeant tout, n'épargnant rien.



Ce fut ce moment que le jeune Jashiniste choisit pour se jetter finalement avec une dévotion fanatique et terrifiante vers son adversaire, couvert comme par un halo de son auréole de sang noir. Le Hokage, mains serrées sur la garde de son épée, était prêt à frapper en timing, pour intercepter le fou furieux qui à ses yeux devait courire tout droit à sa perte. Interpellé par la pluie de sang qui venait de s'abattre, il n'eut probablement pas le temps de pouvoir réaliser quelle malédiction venait de le toucher, de ci de là sur ses vêtements clairs. Armant son bras dans un mouvement de balayage horizontal, le dénommé Mifune avait décidé de mettre fin au combat, en séparant la tête ornée d'une chevelure rouge sang de Yanosa de son corps. Toutefois, ce dernier ne l'entendait pas de cette oreille...

Au dernier moment, le jeune Jashiniste bondit, exposant son torse nu au coup chargé et puissant de son ennemi, qui lui inglige une balafre rectiligne de plusieurs dizaines de centimètres le long des muscles saillants du Nukenin. Un sourire carnassier aux lèvres, le jeune homme abat alors toute sa masse corporelle vers le corps tout à coup frêle et vulnérable du Hokage aux cheveux grisâtres, plaquant ses épaules au sol à l'aide de ses genoux. Les deux hommes se retrouvèrent alors immédiatement à terre, l'un immobilisant l'autre sur la surface rocailleuse tâchée de sang de l'air de combat. Dans cette position, il n'existait plus aucune échapatoire pour la proie du pieux Jashiniste. La main tenant en son milieu le pommeau de son épée ne disposait plus d'aucune marge de mouvement, seulement capable de s'agiter dans le vide, tandis que la main gauche du Nukenin s'emparait du visage de l'Hokage, immobilisé. Sans aucun temps de latence, la peau hérétique de celui-ci se mit à crépiter, brûlée et consumée par le sang qui jaillissait encore des veines de Yanosa. Armant à son tour son coup de poing, il adressa avant de le décocher ces quelques mots à sa victime... Bien qu'ils paraissaient être adressés à une entité toute autre.



" Ô Jashin, accueille cette brebi dans ton Royaume de Destruction, et châti le pour ses pêchés !!

Toi, Hokage, rejoins le troupeau d'âmes en quête de rédemption qui alimente le Feu Divin ! "



Sur ces mots, son poing semble littéralement s'enfoncer dans le visage du-dit Hokage, le balayant d'une nouvelle lampée de sang. L'on aurait dit que ce coup unique fut capable de tuer à lui seul, mais il n'en était bien entendu rien. Toujours maintenant sa tête à l'aide de l'une de ses mains, Yanosa frappe, sans relâche, avec cette joie clairement affichée sur son visage. Il ignore tout de ce qui l'entoure. Cette arène, qui peu à peu se flétri à mesure que la vitalité de son créateur fait de même, les observateurs éventuels, effarés, impuissants. Tout n'est que foi et violence. Le sang bientôt se mêle, confondant le béni et l'impure. Les jambes du nommé Mifune, jusque là vivaces et essayant en vain mais continuellement de se dégager, peu à peu, s'immobilisent, animées encore de légers spasmes. En quelques instants, la vie de l'Hokage s'envole, pour immédiatement être happée par les conduits de l'Enfer que lui réserve Jashin. Essouflé, comme toujours après une telle consécration, Yanosa se redresse, laissant tel quel le corps de l'homme, à la face ravagée de coup et de brûlures profondes. Autours de lui les bâtisses du Village son réapparues, et lui laisse champ libre.

Aucune place au remord, il n'en a jamais été question dans son esprit. Soignant les lésions internes de sa jambe en vitesse, le jeune homme littéralement enveloppé d'un halo de sang se saisit ensuite de sa lame de fer, massive et destructrice. Sans plus tarder, il quitte alors les lieux, s'enfonçant toujours plus entre les maisons et les divers bâtiments, fonçant à toute vitesse maintenant que sa couverture est compromise... A moins que...



Une idée lui vient, au détours d'une ruelle où personne n'est en mesure de l'apercevoir. Il n'avait pas le temps d'affronter de nouveaux Shinobis, bien que cela lui aurait fait grand plaisir, ainsi qu'à son Dieu Jashin. Joignant les mains, son corps s'enveloppe d'une fumée blanchâtre. Paraît alors une silhouette fine, surmontée d'une veste marron, fourreau au côté, cheveux blancs... Le Hokage n'etait pas mort. Ou n'etait plus, peu importait, et pour une durée qui dépendait exclusivement du bon vouloir de Yanosa. Sortant de l'ombre, il reparait confiant, mais tout aussi pressé. Plus le temps de jouer des rôles. Si cet artifice grossier mais maîtrisé pouvait l'aider, tant mieux, sinon, quiconque verrait au travers subirait le même sort que le précédent rempart qui s'était auto proclamé devant lui. Ainsi était faite sa volonté, ainsi que celle de son Dieu Tout-Puissant...