Naruto Teki Sanctuary
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 .:: Essence Of A New Day ::. [PV]

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Ueki
Anbu "Ne"
Ueki

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MessageSujet: .:: Essence Of A New Day ::. [PV]   .:: Essence Of A New Day ::. [PV] Empty2008-11-03, 03:48

Chapitre 1 : Essence Of A New Day
« L'éveil... »
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C'est dans un état comateux qu'il ouvrit les yeux avec lenteur. La clarté du jour, même filtrée au travers des rideaux, le força à les refermer aussitôt. Agressé par les lueurs extérieures, il avait ressenti la pleine ampleur de la migraine violente qui le rongeait fébrilement. Etouffant une exclamation de douleur à ce ressenti nauséaux, il posa la main sur son front avant de la laisser traverser sa crinière charbon, paupières closes et sourcils froncés. Qu'est-ce qui pouvait bien provoquer son malaise soudain? Un état maladif altérait son être et le laissait hagard tandis qu'il était arraché bien peu délicatement à ses songes par ces maux naissants. Cet éveil pénible se révélait loin d'être à son goût et l'incitait à se diriger vers la perspective de se rendormir en vue d'en obtenir un plus serein plus tard. Mais pourtant, en dépit de l'impression d'être sur le point de subir un haut-le-coeur à chaque seconde et de la souffrance crânienne vertigineuse qui lui était imposée, il choisit de se résoudre à demeurer conscient bien qu'apathique. Son regard se dirigea vers la fenêtre masquée d'étoffes, à travers lesquelles l'orbe luminescent dressé parmis les nuages diluait dans la pénombre ses faisceaux étiolés. Il parvenait même à discerner la teinte céleste par-delà le tissu, une couleur ocre sombre sombre atteignant ses pupilles laiteuses. Clignant lentement des yeux à plusieurs reprises afin de s'accoutumer bon gré mal gré au peu de luminosité se manifestant, il étira paresseusement les bras, sans se redresser pour autant. Tout à ce geste anodin, il dirigeait toutefois ses réflexions vers la cause des divers soucis qui l'accablaient. Après avoir d'abord planché sur l'hypothèse d'avoir été drogué par un moyen ou un autre, les divers symptomes qu'il présentait, auxquels s'additionnaient une amnésie totale concernant la soirée de la veille, lui avaient offert une nouvelle perspective. Celle-là lui prêtait à croire qu'il avait été victime des ravages provoqués par un sombre fléau nommé alcool. Cette éventualité était difficile à prendre en compte au vu de sa tolérance excessive au vice susnommé, mais il fallait bien avouer que ça en avait tout l'air. De par le mauvais souvenir qu'il gardait de l'unique gueule de bois qu'il avait éprouvée précédemment, la jeune légende de Kiri ne pouvait que reconnaître l'analogie avec désarroi et consternation envers lui-même.

Qu'est-ce qui avait bien pû l'amener à boire plus que de raison, outrepassant sa rigueur coutumière? Dans quelles circonstances en était-il venu à ingurgiter assez de liqueur que pour se retrouver ainsi le lendemain? Il n'en savait rien, et entre la confusion dûe à son récent réveil et les maux de tête, ce ne serait pas une mince affaire que de tirer cela au clair. Attendant de quitter un minimum l'état second dans lequel il se trouvait il laissa un instant son regard clair vagabonder dans la pièce. Au moins, il se trouvait dans un endroit connu; sa chambre. La décoration sobre et un peu dépouillée de l'endroit ne lui laissait que peu de points d'accroche. Survolant brièvement les haltères, la bibliothèques et la table de chevet, il finit par arrêter son tour d'horizon sur ce dette dernière en remarquant le cadre qui s'y érigeait. Derrière la petite vitre fine de celui-ci apparaîssait une photo, demeurée intacte malgré le passage des années. Le cliché était une photo de groupe, ô combien lourde de souvenirs. Derrière se profilait la silhouette impressionnante de feu Seijin' Kami. Son senseï. Un renégat du brouillard et ancien porteur de l'une des sept grandes épées de légende de Kiri. Un homme qu'Erayn avait tué de ses propres mains, quatre ans plus tôt. Devant, quelque peu effacé, se tenait Shin'Zen, le premier membre de l'équipe qu'ils formaient autrefois. Celui-ci arborait déjà une mine triste et sombre comme celle qu'il affichait encore à ce jour, véritable croque-mort tant par son apparence que par son charisme dans sa globalité. Et au premier plan, sur la moitié droite de la scène figée pour l'éternité sur l'anodine représentation qui la ciselait, se trouvaient les deux derniers éléments manquants. Le membre féminin de l'équipe et lui-même, la première se jetant dans ses bras lorsque la photo avait été prise, et y atterrissant donc dans un grand éclat de rire joyeux tandis que lui-même voyait son visage ornementé d'un sourire léger mais néanmoins présent. Helii Kira. La première et la dernière, ainsi que la seule personne qui a été, est et sera capable de lui arracher un sourire. La femme qui l'aimait et qu'il avait aimée, aujourd'hui perdue depuis ces quatre dernières années fatidiques qui n'avaient de cesse d'être évoquées dans la narration des chroniques se rapportant à l'enténébré incoercible.

Tant de choses avaient changé en l'espace de cette période... D'adolescent, il était devenu adulte, et pas dans les meilleures conditions, loin s'en faut. Le chemin de ronces et la couronne d'épines qui lui avaient été attribués n'avaient que trop bien rempli leur oeuvre destructrice vis-à-vis de son âme déjà meurtrie et avaient fait de lui le déchu tourmenté qu'il était présentement. Il s'était renfermé sur lui-même alors qu'il n'était déjà pas des plus épanoui pour un garçon de son âge, et était devenu un être des ténèbres, une créature née de la nocturne et qui en tirait ses forces. Il était les ténèbres. Il ne faisait plus qu'un avec elles, à force d'avoir erré parmis les ombres et de s'y être perdu, se faisant leur hôte et leur seigneur par la même occasion. Il n'était autre qu'un prince obscur, un malheureux élu, un apôtre du crépuscule élu pour être la proie des fléaux qui l'avaient broyé. Son coeur et son âme étaient scellés par une gangue de glace qui les protégeaient des assauts épineux, mais les empêchaient aussi d'émettre quoi que ce soit. Mais ce n'était pas plus mal. Ainsi au moins échappait-il à une petite partie de la douleur qui le parcourait chaque jour. Il ne pouvait s'empêcher de revenir régulièrement au coeur de son psychisme sur les événements macabres qui l'avaient transcendé de manière à faire de lui ce qu'il est. Nostalgie et peine se mêlaient alors dans ses pensées et le plongeaient dans un désarroi profond, qui n'avait de cesse de s'en prendre à lui pour le maintenir dans son état mental actuel. Un bien triste sort que le sien, lui qui n'était voué à rien d'autre qu'à une existence de maléfice colporteur de mort et de malheur et dont les mains rougeoyaient de l'éclat maléfique du sang de ses victimes. L'hémoglobine maculait le sillage qu'il avait tracé au fil de sa progression destinée et n'en finirait pas, il en était persuadé, aussi inhabité par les pulsions meurtrières qu'il soit. Il avait déjà porté la mort, et ne pouvait que deviner qu'il aurait encore à le faire, peut-être même moults fois. Il était donc devenu froid et impitoyable afin de se prémunir contre ses états d'âme, désormais enfouis aux fins-fonds de sa conscience stigmatisée.

Il triomphait enfin de sa torpeur, s'extrayant avec force insatisfaction de son repos pourtant bien mérité. Désormais, il était quelque peu plus lucide, ayant les idées plus claires et son être recouvrant ses réflexes et sensations momentanément égarés dans ce désappointement. Il se sentait vaguement plus à l'aise, même si le poids qui compressait son crâne était loin de lui plaire. Il ne pouvait pas faire mieux qu'espérer que ce mal peu plaisant se dissipe et disparaisse, et si oui assez vite tant qu'à faire, afin d'être en pleine possession de ses moyens en cas de besoin. Entreprenant dès lors de se lever et d'aller se doucher, nourrissant secrètement la mince espérance que cette entreprise lui permette de se sentir un peu plus à l'aise, il ne pût qu'être stoppé net dans cette démarche dérisoire en réalisant la présence de quelque chose sur son corps. Parallèlement, il semblait venir d'être informé à l'instant de la nudité totale qui représentait sa tenue. Qu'est-ce qu'il faisait donc en tenue d'Adam? D'ordinaire, peu importe la chaleur et le climat, il dormait tout de même un minimum accoutré. Mais là, non, et cela lui offrait à douter. Doute qui ne pouvait qu'être confirmé en constatant que ce qu'il ressentait sur lui n'était autre que la présence d'une femme offrant sa peau à l'atmosphère au même titre que lui, pelotonnée contre son corps et logée au creux d'un profond sommeil visiblement plaisant à en juger par sa moue. C'était le frottement de sa poitrine opulente contre son torse à l'esquisse de son mouvement qui lui avait permis de découvrir cette nouvelle donnée, qui ne faisait qu'en rajouter une couche sur le monticule des choses déclenchées pendant son absence de conscience dûe à sa supposée ivresse de la veille. La position qu'elle avait vis-à-vis de lui, de même que les légers tiraillements qui se présentaient en ses muscles, ne trompaient pas, il était aisé de deviner la manière dont ils en étaient arrivés là et ce qu'ils avaient fait de la nuit. Les mèches verte de la demoiselle venaient caresser son torse, tandis qu'il la fixait, statufié par cette nouvelle découverte qui n'avait pas manqué de l'achever net, le poussant à retomber la tête sur l'oreiller, atterré.

La journée s'annonçait longue...

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Kiri ~ Après une nuit agitée
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Hyouri
Chuunin de Kiri
Hyouri

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MessageSujet: Re: .:: Essence Of A New Day ::. [PV]   .:: Essence Of A New Day ::. [PV] Empty2008-11-04, 23:29

- Peut-on briser des cœurs ? Les cœurs peuvent-ils parler ? Peut-on blesser des cœurs ? Peut-on voler des cœurs ? Les cœurs peuvent-ils chanter ? Un cœur peut-il se briser ? Les cœurs peuvent-ils être purs ? Un cœur peut-il être de pierre ? Peut-on interroger son cœur ? Peut-on loger plusieurs âmes au sein de son coeur? Peut-on offrir son cœur ? Peut-on penser avec son cœur ? Un cœur peut-il se ronger ? L'envieux ne le sait pas. Si je suis tuée par ces questions, alors le silence de leur réponse m’enterrera. Il y a un fossé à l’emplacement de mon esprit et de mon cœur. Mes torts demeurent et ne seront jamais réparés, tout comme mon âme ne sera jamais exhumée. Il n'y a nulle part où aller se cacher, plus personne à qui se confier : la vérité brûle au plus profond d’elle-même, mais ne mourra jamais. Il suffit juste de se pencher sur son cas et d’y penser … Longuement. Je m’efforce de m’y atteler mais je n’y parviens pas. Cela est surement dû au fait de la solitude qui m’habite depuis quelques temps. Je ne pensais pas en arriver là … Ces foutus médicaments n’agissent pas. Mais j’en suis devenue dépendante à force de consommation excessive. Dépendante d’une denrée rare et inutile. Autant dire que ce n’est pas une situation confortable. Je dois me souvenir. Il le faut. Car si je veux éclaircir mon présent, je dois d’abord résoudre mon passé. Mais tant que le doute persistera au sein de ma mémoire, je n’avancerai pas. Tout porte à croire que ma situation va de mal en pis … –


C’est une paisible torpeur qui prit possession d’Hyouri. Revenons un peu en arrière : Après être sortie de cette chambre d’hôpital où elle fut affectée à son insu pour une mort dont elle n’avait pas été victime et après avoir été registrée auprès des Chuunins de Kiri no Kuni, nul ne sait ce qu’elle fit ensuite ni où elle se rendit. On peut aisément supposer qu’elle non plus n’avait pas connaissance des lieux, son arrivée au village étant plus que récente. De vieux pervers lui avaient sûrement proposé leur aide, leur soutien ou bien leur modeste couche, cette habitude récurrente d’attirer l’attention malgré elle n’ayant manifestement pas disparu après sa dite « renaissance ». Inversement, faute de susciter l’intérêt chez les êtres autour d’elle, elle savait tout aussi bien se faire discrète au point d’effacer totalement sa présence sur les lieux qu’elle occupait. Par conséquent, il y avait toujours peu de témoins sur toutes ses actions dissimulées avec succès, ce qui ne nous aide pas à élucider la suite des événements. Après cela, black out total. Revenons maintenant au présent. Hyouri dormait sereinement sur le ventre, et étrangement, elle se sentait bien ; idée qui n’est pas forcément familière à votre quotidien lorsque vous êtes pris d’un mal de tête constant dû à une amnésie dont vous ignorez la cause. L’atmosphère était chaleureuse et doucereuse, une de ces atmosphères qu’elle n’avait pas connu depuis quelques années : celle d’un foyer. Cette agréable sensation fut abrégée par une autre qui le fut beaucoup moins ; le support sur lequel elle était étendue avec confort et négligence effectua un mouvement, ce qui, comme tout humain pourvu d’un brin de présence d’esprit pouvait en déduire, signifiait que la jeune femme était allongée non sur un objet comme la plupart du temps qu’elle passait à dormir, mais sur un être vivant. Conséquence : ses yeux écarlates auparavant clos de manière détendue s’ouvrirent alors précipitamment.

Hyouri avait toujours été dotée d’un sommeil affreusement léger, ce qui lui permettait certes d’être avertie de tout danger durant sa somnolence, mais lui causait l’infâme désagrément de se réveiller maintes fois par nuit. La cause ? Ceci est surement dû à cette constante douleur au crâne : il lui fallait accomplir un effort surhumain pour s’endormir en supportant ce mal provoquant l’insomnie fréquemment chez elle. Chaque mouvement, frottement, son ou même courant d’air l’éveillait systématiquement. Une autre hypothèse serait envisageable : ses médicaments douteux qu’elle prend frénétiquement. Ils causèrent également la coloration étrange de ses cheveux et de ses pupilles tout aussi étranges, respectivement verts et rouges. C’était le moins qu’on puisse dire : la Chuunin était visible de loin. Encore faut-il qu’elle soit dans votre champ de vision, condition non systématique et non aisée. Une fois ses yeux ouverts, la première chose qu’elle vit fut un mur nu, ou presque : y était adossée une petite table de chevet, simple, sobre, austère. Trônait sur son plateau un cadre fin présentant les mêmes caractéristiques et contenant une photographie. Sur cette dernière figuraient en tout et pour tout quatre personnes. Hyouri ne connaissait aucune d’entre elles, bien évidemment. Ne s’attardant que quelques secondes sur cette image qui semblait lourde de sens et de vécu pour son possesseur, elle décida ensuite de poser les yeux sur ce qui l’avait tirée de son endormissement de manière supposée involontaire. Elle baissa son regard et vit une étendue de couleur chair, inutile de préciser son origine. Telle ne fut pas sa surprise : c’était de toute évidence de la peau humaine et qui plus est, d’un homme par l’absence de poitrine. A la suite de cette découverte, ses pupilles rougeoyantes se réduisirent promptement de surprise. Cette personne et elle-même se trouvaient manifestement dans le plus simple appareil. Son regard se leva le long du torse de l’homme et s’attarda sur son visage. Ce dernier était peu singulier : une chevelure noir corbeau, des oreilles percées, une joue gauche marquée d’un étrange soixante-neuf et d’un trait noir recouvrant son nez également. Mais ce qui attira plus particulièrement son attention, était le regard du jeune homme non désagréable à regarder. Un regard blanc. Un regard blanc qui lui était d’ailleurs familier. Tout bon ninja savait pertinemment qu’il s’agissait du Byakûgan, dojutsu héréditaire des Hyuuga, là n’était pas la question. Le Byakûgan en lui-même lui rappelait quelque chose, ou plutôt quelqu’un. Lorsqu’elle cligna des yeux, L’image du regard qu’elle semblait reconnaître à travers le souvenir d’un Byakûgan lui revint en mémoire. Le regard d’une jeune femme qu’elle semblait avoir fréquenté depuis toujours sans vraiment la connaitre.

La perte de mémoire était, comme vous pouvez le constater, un phénomène récurrent chez la jeune femme. Mais il n’était pas habituel sur une si courte durée. Autant elle pouvait aisément se souvenir de la journée d’auparavant, mais à partir de la tombée de la nuit, le noir complet. Le mal de tête s’intensifiant, Hyouri passa sa main sur son front avec nonchalance en refermant ses yeux et se redressa en posant son autre paume sur le lit pour se détacher du corps du jeune homme, mais en restant tout de même au dessus de lui. Plusieurs hypothèses s’offraient à elle. La première était incontestablement l’alcool, car étant la plus commune. Elle rouvrit ses yeux et scruta rapidement les environs de la pièce. Peu de meubles, des murs nus, mais surtout aucune bouteille d’alcool gisant sur le sol. S’ajoute également aux contre-exemples la tenue exceptionnelle d’Hyouri à l’ivresse. Sans mauvais jeu de mots, elle ne se rappelait plus de sa dernière griserie. La possibilité d’une certaine gueule-de-bois était donc à écarter. La prostitution ? Ce n’était pas son genre et ce ne semblait pas être celui de ce mystérieux Hyuuga. A écarter. La jeune femme jeta un œil par la fenêtre : les rayons du soleil perçant les nuages ne mentaient pas, c’était déjà le matin. Son regard revint se planter dans celui de l’homme qui se trouvait auprès de lui. Ni l’un ni l’autre ne semblait être éclairé sur cette situation peu commune. L’incompréhension pouvait facilement se lire dans leurs prunelles. Cette incompréhension se transforma rapidement en désabusement. Ce sentiment, la jeune femme ne l'avait que trop ressenti. Face à toutes les frustrations qui l'attendaient au tournant en dépit de sa mémoire égarée, elle n'éprouvait et n'éprouverait majoritairement que ce même désenchantement, et cela, elle présume, pour un bon moment. Hyouri leva un sourcil en signe d’interrogation adressée à l’homme. Elle scruta une nouvelle fois la pièce de ses yeux couleur sang et constata que sa robe gisait sur le sol à portée de son bras. De sa main fine et longiligne, elle chercha au milieu de l'étoffe la poche qui contenait la petite boîte en verre qui contenait son salut, ce qui était censé son unique chance de recouvrir le peu de mémoire qu'il lui restait, non sans risques, mais sans douleur. Tandis que sa main était plongée au coeur du tissu de son habit qu'elle fixait, son visage toujours tourné vers le jeune homme, elle prononça d'une voix un peu effacée et détachée due à son manque de sommeil une phrase simple, précise et conscise à son attention :


« Une explication serait la bienvenue. De votre part, bien évidemment … »


Oui, la journée s’annonçait longue …


Dernière édition par Hyouri le 2009-01-24, 00:48, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: .:: Essence Of A New Day ::. [PV]   .:: Essence Of A New Day ::. [PV] Empty2008-11-15, 04:20

Chapitre 1 : Essence Of A New Day
« Douce philosophie de la clope au petit matin »
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La scène semblait s'être figée, l'obscur palladium se statufiant instantanément dès le moment où il parvint à comprendre et réaliser pleinement sa situation. Celle-ci se révélait d'ailleurs plus qu'épineuse; il ne pouvait qu'être absolument sidéré, à la fois par l'état des choses en lui-même, mais aussi par sa propre personne pour se retrouver dans une pareille position - quoique le fait de se retrouver nu sous une jeune femme aussi jolie qui l'est tout autant ne soit pas déplaisant en soit, mais passons -. Voir ce cas de figure lui tomber dessus lui apparaîssait si invraisemblable qu'il ne pouvait s'empêcher d'échafauder qu'il était mal réveillé, et tout simplement en proie à quelque influence d'un murmure onirique. Cependant, lorsqu'elle émergea à son tour de son profond sommeil, la sensation provoquée par le frémissement, puis le glissement de ses chevuex, ses doigts et sa peau sur la sienne ne pouvait que lui démontrer le contraire. Bien que toujours abasourdi, il n'était désormais plus paralysé, bien que son trouble se fasse croissant. Il demeurait toutefois parfaitement statique, perturbé et stupéfié à la fois par tout cela se superposant à son réveil, mais aussi par l'incontestable beauté de l'infante de Vénus. La pigmentation de sa masse capillaire et de ses pupilles était certes d'une originalité certaine, mais cette atypique particularité ne faisait qu'agrémenter le charme mature que ces teintes poussaient également à qualifier d'exotique. Son regard enneigé s'ancra dans les yeux vermillons de celle qui, selon toute probabilité avait été au plus proche de lui à la faveur des ombres en ces heures apparemment occultées non pas seulement par sa seule conscience, mais aussi par celle de cette étrangère fort séduisante mais néanmoins inconnue à l'esprit brumeux du sombre jeune homme. Son regard immaculé légèrement vitreux et terni par les méfaits de l'alcool ne décrochait pas de celui de la jeune femme, qui, elle, semblait bien plus fraîche que lui même si le fait de se réveiller dans un endroit inconnu, avec un inconnu après s'être vraisemblablement livré à des actes peu catholiques avec ce dernier précédemment semblait la sonner tout autant que lui.

En outre, un léger mal de crâne, juste assez grave que pour la faire grimacer légèrement de douleur au moment de se réveiller, semblait s'en prendre à elle bien moins fébrilement que celui qui rongeait actuellement le pauvre Erayn qui, décidément, n'y comprenait rien à rien. La position équivoque dans laquelle ils demeuraient n'arrangeait rien aux circonstances. Aussi attrayante que soit l'opulente poitrine de l'étrange nymphe qui le surplombait, il n'y accorda pas le moindre regard, celui-ci restant rivé au visage de la donzelle avec une expression qu'il s'efforçait de garder aussi froide et imperturbable qu'à l'accoutumée en dépit de ce face à face qui se déroulait dans des conditions qui avaient de quoi surprendre. Ayant selon toute vraisemblance partagé la nuit avec elle, il était facile de deviner à quel point il avait dû apprécier lesdits seins au cours de celle-ci. Il avait toujours beaucoup aimé cette partie du corps féminin, mais ce n'était pas le sujet; aussi, revenons-y. La jeune fille à la verte crinière prit le temps de le dévisager soigneusement, semblant peu farouche malgré la posture dans laquelle ils étaient en train de faire connaissance, si tant est que l'on puisse appeler cela comme ça. Après cet attardement sur ses traits, il la suivit des yeux tandis qu'elle semblait parcourir sommairement la pièce et sa décoration somme toute assez pauvre, sans perdre son calme bien que les choses ne puissent que lui apparaître de manière très curieuse après être sortie de son sommeil de cette manière. Puis, à nouveau, elle logea son visage en face du sien sans s'éloigner de lui, leurs deux corps offrant leur vue, étant toujours dépourvus du moindre habillement, et ses prunelles vermeil rejoignirent celles, d'ivoire, de l'ange noir. Un sillage de sang sur le manteau de neige...

La voyant se saisir de sa robe, il crût un instant durant qu'elle allait se couvrir; elle n'en fit rien, se contentant de se saisir avec grâce de la boite de médicaments -ces derniers étant toutefois assez douteux- avant de délaisser à nouveau le vêtement. Il fallait bien avouer qu'aussi anormale et effarante que soit leur position, ils demeuraient de marbre. L'un comme l'autre étaient tout simplement blasés, se regardant sans plus, alors qu'il y aurait pourtant eu de quoi ouvrir une conversation cent fois. Désabusés, ils se regardaient sans décrocher un mot, s'observant, se jaugeant, sans la moindre once d'agitation; ils étaient tous les deux simplement désabusés, au point que se retrouver ainsi ne les choquait au final pas outre-mesure, hormis le fait qu'il leur eut été plaisant d'obtenir quelques explications quand à cela. Malheureusement, il n'était pas en mesure de lui fournir celles-ci lorsqu'elle en vint à les lui demander après quelques instants supplémentaires, flacon de cachets à la main. Cependant, c'était réciproque, et il venait de l'apprendre; elle ne lui aurait tout simplement pas demandé une telle chose si elle avait été plus éclairée que lui. Pour faire simple, la recherche d'informations quand à ce qui s'était produit entre eux pendant la nocturne, et qui était à présent plus qu'évident étant donné leur nudité respective, ainsi que leurs positions et d'autres détails encore, allait se montrer complexe et fastidieuse. Il le devinait par avance, aussi se contenta-t-il de singer le haussement de sourcil de sa vis-à-vis, la mine de marbre, aussi expressive qu'elle avait pû être au fil de ce qui s'était désormais produit sans l'ombre d'un doute. Leurs expressions, à l'un comme à l'autre, étaient des plus adaptées à la situation; elles mêlaient la nonchalance à l'indifférence la plus froide qui soit, ainsi qu'à un soupçon d'interrogation dédié à leur face-à-face. Le problème étant dès lors que ni l'un ni l'autre ne pouvait narrer ce qui s'était produit, engendrant donc par conséquent un cercle vicieux dans lequel ils restèrent figés de longs instants, comme si chacun encore avec une once d'espoir que l'autre ait de quoi tirer cette histoire au clair. Lâchant en définitive un bref soupir de lassitude après cet instant d'un silence pesant, Erayn passa les doigts dans sa crinière enténébrée, fermant à demi les yeux et masquant d'autant ses pupilles couleur d'ivoire.

Ce n'était pas comme ça qu'ils allaient éclairer leurs lanternes, aussi avait-il coupé court à cet instant qui aurait pû se trainer en longueurs pendant encore quelques minutes sans cela. Il fallait bien avouer qu'il se déplaisait profondément à lui-même, et s'évoquait une certaine déception; ce n'était pas son genre non seulement de boire déraisonnablement, mais aussi que cela engendre de telles conséquences. Ce n'était pas digne de lui, véritablement, à un point tel qu'il en venait à supposer qu'elle avait pû le droguer pour profiter de lui, aussi convaincante que soit sa précédente demande. Elle pouvait très bien lui jouer la comédie afin de s'en tirer à bon compte, qui sait? Même si cette hypothèse s'avérait peu plausible, il en tenait bien compte, n'ayant de toute manière pas la moindre autre piste sur laquelle partir afin d'en apprendre plus. Tout autant que le fait de se retrouver ainsi chevauché par une nymphe en tenue d'Eve, c'était le fait qu'elle ne semble pas le moins du monde affectée par cet état des choses qui le titillait; il n'en dit cependant mot, suffisamment plongé dans ses réflexions que pour relever ce détail. Il avait cependant pris le soin de noter un détail précis; le fait qu'elle se trouve par-dessus lui et l'enjambait, de manière à ce qu'il ne puisse pas être pleinement libre de ses mouvements sans glisser entre ses jambes dans un sens ou dans l'autre. De fait, il ne pouvait que pressentir l'éventualité d'une baffe dans les instants à venir. Elle avait beau paraître calme, la jeune légende de Kiri n'était que trop accoutumé aux femmes et savait pertinemment qu'au moindre faux pas et qui plus est en se réveillant dans cette délicate posture, il ne fallait pas forcer la dose que pour qu'il ramasse un coup en plein visage. Or, le fait qu'il ait imité son expression machinalement quelques secondes auparavant pourrait potentiellement mettre le feu aux poudres, mais il ne s'en était rendu compte que bien trop tard et n'aurait de toute manière rien pû y faire même en anticipant.

Sans plus d'animosité que cette compagne impromptue qui semblait suffisamment confortablement installée au-dessus de lui, il finit par déplacer son attention d'elle pour la concentrer sur autre chose, qui méritait bien qu'il s'y focalise tout autant. À savoir, le paquet de cigarette brillant par sa présence, bien en évidence sur la table de nuit et rayonnant d'un charme irrésistible en ce moment. Tendant le bras vers ledit réceptacle, ne lui accordant cependant qu'un regard en biais, il en fit sauter le couvercle d'une pichenette et saisit l'un des précieux cylindres emplis de tabacs résidant en son sein. Portant sans plus attendre le précieux agrément à ses lèvres, il attrapa d'un geste souple du poignet le briquet trônant non-loin du paquet susnommé. L'objet était sobre; de couleur métallique, son flanc était gravé du motif symbolisant le village de Kiri, et une croix sainte en relief se dessinait au-dessous de cet emblème qui se trouvait gravé en son centre. Le souffle sybillin des bourrasques externes venait se perdre avec la douceur de la soie au creux de la pièce et des draps, la fenêtre ayant été au préalable entrebâillée avant les actes qu'ils devinaient l'un comme l'autre avoir rempli cette nocturne mystérieuse. Jouant avec le briquet entre ses doigts fins et habiles, attendant qu'elle lui fasse éventuellement signe ou non qu'il pouvait s'offrir ce petit plaisir afin de s'éclaircir les idées et de décompresser un peu, il conserva la clope au coin des lèvres, avant d'enfin répliquer, espérant qu'elle ne prenait pas trop mal son comportement désinvolte qui au final n'était qu'égal au sien:

°¤° Je ne suis pas mieux informé que vous. °¤°


Certes, cela pouvait paraître curieux que de se vouvoyer après ce qu'ils avaient hypothétiquement fait; cependant, c'était une question de principe, et puis c'était dans leur tempérament. Alors qu'il s'amusait à ouvrir et rabattre le couvercle de son briquet en des claquements métalliques successifs légèrement monotones, il reporta spontanément son regard laiteux à celui, couleur de flammes, de la demoiselle.

°¤° Je peux cependant vous offrir mon nom. Hyuuga Erayn... °¤°

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Kiri ~ Après une nuit agitée
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Hyouri
Chuunin de Kiri
Hyouri

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MessageSujet: Re: .:: Essence Of A New Day ::. [PV]   .:: Essence Of A New Day ::. [PV] Empty2008-11-19, 17:38

- Bienvenue dans un monde où l’air que je respire est mien. Il n’y a rien pour accabler mon esprit et rien n’existe pour ombrager ma vue. Soyez n’importe qui, n’importe quoi ; essayez avant tout. Faites tout ce dont j’ai envie d’essayer. Car le temps n’existe pas en ces lieux, ni vous ni moi ne mourrons jamais. Vue mutuelle, sons mutuels, lutte mutuelle pour un territoire qu’il veut partager, le mien. Il est en sûreté, lui, caché dans sa planque ; elle essaiera de tout me prendre pour revenir, cette chose qui hante mon esprit. Tout cela ne compte que pour eux, ce qu’ils veulent n’a pas d’importance. Je ne suis pour eux que leur terrain de jeu et leur défouloir. Leurs aveux sont raides et grinçants, j’en ai maintenant conscience : cette entité parasite ne mourra jamais, elle aussi. Pourquoi nous asseyons-nous et nous brisons-nous le cœur cette nuit ? Pourquoi tournons-nous autour des questions que nous nous posons à présent jusqu'à la lumière du matin ? Quand nous nous asseyons et parlons, nous brisons nos vies respectives. Vous êtes un Hyuuga, n’est-ce pas ? Je le savais, vos pupilles ne trompent pas. Ce que je ne pouvais pas prévoir est l’unique fait que votre simple nom allait m’ouvrir des portes, des pistes dont je n’avais même pas conscience. Cette nuit n’était peut-être pas si inutile, après tout … –


« Un Hyuuga, hein … Des yeux et un Taijutsu bien utiles.»

Ce même nom lui résonnait en tête. Hyuuga. Rappelez-vous : Lorsqu’elle vit les yeux couleur neige de son interlocuteur, un regard semblable lui revint en mémoire, ce qui était déjà un bon début. Hyouri tenait dans sa main le précieux flacon de verre de forme rectangulaire contenant ses médicaments peu efficaces mais terriblement addictifs. Ces derniers se présentaient sous forme de pilules de taille moyenne, possédant un côté rouge, un côté vert ; ce placebo était étrangement assorti aux teintes étranges des pupilles sanglantes et de la chevelure verdoyante de la demoiselle. Elle fit remonter le couvercle et y introduisit un de ses doigts fins par le goulot du contenant et alla remuer l’amas de remèdes de ce même doigt, pour ensuite le ressortir muni d’un comprimé. Victoire. C’est sans plus de cérémonies qu’elle s’empressa d’ingérer cet ingrédient mystérieux et de clore la boîte à nouveau. Il était censé stimuler les cellules de son cerveau consacrées à la mémoire, aux souvenirs. Soit ce dernier était totalement inutile, une vraie camelote pourtant acquise à prix d’or ; soit il agissait à retardement, mais alors un grand retardement. Ou bien alors il les lui détruisait, à petit feu … Hyouri ne préférait même pas songer à cette éventualité-ci et se contenta de déglutir péniblement et de reposer l’écrin de verre là où elle l’avait pris. Le goût était incontestablement infâme. En d’autres circonstances, elle aurait affiché une moue de dégout profond. Mais comme elle se trouvait en présence d’un hôte – cette maison étant vraisemblablement celle du jeune homme –, elle s’efforça de rester présentable et d’uniquement clore ses yeux vermeils. Un long silence se fit ressentir. Sans doute attendait-elle un signe, une réaction de ce qu’elle venait à peine d’ingérer ? Elle prit sa tête dans ses mains et attendit. Soudainement, un étrange flash blanc se produisit dans l’obscurité de ses yeux fermés. Puis, plus rien. Quelques instants plus tard, la même chose se reproduit, mais plus longuement. Suite à cette seconde illumination, quelques traits de visage purent aisément se distinguer, de plus en plus … Jusqu’à pouvoir apercevoir un visage flouté. Il possédait le même regard qu’elle avait cru reconnaître dans les yeux d’Erayn, son hôte. Mais il n’apparût que pendant quelques fractions de secondes.

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Le visage disparut alors. Revint ensuite cette lumière éblouissante de clarté dans l’esprit d’Hyouri. Le mal de tête qui était chez elle d’habitude quotidien s’intensifia d’un coup de manière violente. Ses doigts alors refermés sur son visage se crispèrent légèrement de douleur. Comment se faisait-il qu’après avoir pris ses médicaments, ses maux retentissaient de plus belle ? C’est à peine plus tard qu’elle entendit une voix mystérieuse, envoûtante résonner de la même manière que le nom « Hyuuga » quelques instants auparavant.

« Je ne suis pas sûre de savoir comment j’ai atterri ici … Laisse moi t'aider à vider ta mémoire embrumée. Personne ne te connaît comme moi je te connais … Je pense à toi. Te souviens-tu de moi ? Maintenant si lointaines, autrefois si proches. Confuse dans tes propres réflexions ? Tu es sur la pente descendante, Hyouri. Non, ne me haïs pas maintenant … Ce serait approcher ta fin. Ils ont déchiré le sol sous mes pieds, comme je le ferai pour toi si tu venais à m’oublier. La normalité n'est plus du tout un mot que je comprends, tu sais … Cette petite cellule isolée me laisse froide et affaiblie. Prépare-toi à chuter. »

Les yeux d’Hyouri se rouvrirent une nouvelle fois. C’était la deuxième fois qu’elle ouvrait les yeux sur cette même chambre sobre, simple, avec ce même homme. De nouveau, une montagne de questions se bouscula dans la tête de la jeune fille. Qui était-ce ? D’où la connaissait-elle ? Qui parlait ensuite ? Pourquoi ces menaces ? De qui parlait-elle ? Ce n’est qu’après avoir pris conscience de ces choses qu’elle aperçut ledit paquet de cigarettes sur la table de nuit. Il semblait avoir été présent depuis le début, mais elle ne l’avait pas remarqué à cause de son éveil précipité. Elle vit aussi ledit Erayn s’en saisir d’un cylindre et le porter à ses lèvres, sans l’allumer. C’est bien connu : tabac et médicaments n’ont jamais fait de bien à personne. Hyouri vit également que le jeune homme la fixait toujours autant, et imitait son mouvement facial. Ce geste, probablement sans le vouloir, l’irrita profondément, et Hyouri s’insurgea intérieurement. De quel droit ? pensait-elle. C’est alors qu’il se mit à jouer avec son briquet métallique, à l’ouvrir, à le fermer, tout en émettant un claquement insupportable à ses oreilles. Le mal de tête intense que cette vision lui avait infligé l’avait incontestablement mise sur les nerfs. Son regard qui était jusqu’à présent teinté de l’incompréhension la plus totale qu’il soit reprit son air désabusé récurent. Elle retira doucement la main qui se trouvait dans ses cheveux de couleur verte pour la porter à la cigarette en question et la retirer délicatement des lèvres de son interlocuteur. Puis, imprévisiblement, elle porta ses lèvres aux siennes et l’embrassa… Sans sentiment aucun.

« Vous aussi, vous feriez cette tête au réveil si vous saviez pertinemment que vous seriez soumis à ce goût atroce quelques minutes plus tard, ou bien si vous vous éveilliez chaque matin avec une douleur intense au crâne. Me suis-je bien fait comprendre ? »

Après cet étrange baiser, elle se retira de sa position actuelle – c’est-à-dire au dessus du jeune homme – en lui prenant doucement le briquet des mains avec la main qui tenait déjà la cigarette ; de l’autre, elle ramassa sa robe noire et blanche qui gisait encore sur le sol froid de la pièce où ils se trouvaient tous deux. Elle porta également la clope à ses lèvres d’une main et commença à se revêtir de l’autre. Elle attacha quelques sangles de son habit de manière à ce qu’il tienne tout de même sur son corps, puis alluma la cigarette avec le briquet qu’elle était allée quérir aux mains de son possesseur, sans réellement lui demander son accord. Hyouri reposa ensuite celui-ci sur la table de nuit et commença à consommer le fin cylindre de tabac. Comme mentionné précédemment, jamais tabac et de genre de drogue n’ont été un mariage gagnant. Mais la jeune femme avait l’air de s’en ficher éperdument. Sa santé n’était déjà pas au beau fixe à cause de ses médicaments, donc au point où elle en était, elle estimait ne pas risquer grand-chose à fumer de temps en temps – gratuitement, qui plus est. Entre deux bouffées, elle finit par lui adresser de nouveau la parole, d’une voix bien plus assurée qu’auparavant, maintenant qu’elle fut bien éveillée :

« Je ne vois pas l’utilité de vous offrir mon nom, qu’en feriez-vous ? Mais la coutume veut que je me présente en retour, donc je m’exécute. Je me nomme Hyouri. »


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MessageSujet: Re: .:: Essence Of A New Day ::. [PV]   .:: Essence Of A New Day ::. [PV] Empty2008-12-13, 05:20



Chapitre 1 : Essence Of A New Day
« Les secrets de la nuit »
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Il ne prit pas la peine de répliquer quoi que ce soit lorsqu'elle réagit à sa présentation en tant que Hyuuga. De marbre, il ne pouvait que constater une fois de plus que la supercherie n'avait pas été découverte. Il fallait bien avouer que, nonobstant le fait qu'il réside au village de Kiri, ses prunelles d'opale et sa crinière enténébrée faisaient parfaitement illusion, et prêtaient à le croire sur sa simple affirmation. Une poudre aux yeux que le poids des années ne parvenait ni à ternir, ni à effacer. Une tromperie qui perdurait encore et encore sans discontinuer, sans que quiconque ne parvienne à outrepasser l'obscur voile dissimulant sa réelle identité dans les limbes de sa propre existence. Un secret de plus, se nouant en une chaîne hérissée d'épines saillantes avec les autres qui lui pesaient sur les épaules, fardeau inconstant qu'il n'avait de cesse de porter et auquel s'additionnait celui de ses regrets et de sa peine, se confondant pour former la croix qu'il supportait sans relâche. Chaque maillon de ce lien de pénitence était susceptible de le blesser jusqu'à l'âme, mais incapable de le tuer; c'était son triste destin que d'endurer cette hérésie au fil d'un quotidien qui ne désire d'autre achèvement que la mort tentatrice. Une fois encore, ces yeux usurpés ont trompé, ont poussé au mensonge; un bien léger mal en comparaison de ceux que le bagage de ses peines comportait déjà. Une histoire sans fin... Un refrain d'une seconde qui n'a de cesse de palpiter à ses oreilles, comme un requiem exaltant. Et son coeur de verre ne se libère pas. Juste vivre, quelque part entre les ombres.

La coloration qu'adoptaient les orbes de neige nitescents lui tenant lieu de pupilles semblait déclencher un imperceptible quelque chose chez cette étrange nymphe qui encore se tenait au-dessus de lui, semblant en définitive s'accomoder de la situation, tout comme lui. Il ne lui serait pas venu à l'esprit d'émettre la moindre remarque quand à cette position commune, peu lui en important en définitive. Il se souciait plus du fait de savoir comment il en était venu à se retrouver ainsi qu'à se mouvoir, finalement indifférent et imperturbable; le masque de glace qu'il chaussait à l'accoutumée était toujours aussi bien ajusté, et la froideur hivernale exprimée par son coeur et catalysée par ses iris le démontrait avec maestria. Il pose d'ailleurs sur elle ce glacial regard laiteux, qui semble inspirer une volonté de verser des larmes de jais. Il suivit ostensiblement ses mouvements lorsqu'elle s'empara d'un des cachets douteux qu'elle venait de faire émerger de ses affaires, visiblement un traitement médicamenteux. L'aspect que celui-ci revêtait était relativement douteux et donnait peu confiance à la jeune légende de Kiri quand à la potentialité de ses effets, mais ne décrocha pas le moindre mot lorsqu'elle déglutit, observant attentivement les possibles effets immédiats d'une telle ingestion. Il suivit sans grande attention le mouvement qu'elle fît pour replacer le petit récipient de verre et attendit sereinement de voir ce qui allait se produire, s'il devait y avoir quelque chose. Son regard rendu calligineux par l'emphase du sommeil et de la torpeur exorcisant son âme en une berceuse onirique s'enorgueillit peu à peu d'un éclat renaissant tandis que la plénitude de l'éveil transcendait sa vitalité obscurcie.

Et c'est de cette neige à la pureté renouvelée s'étiolant perpétuellement au fond de ses abyssales prunelles immaculées qu'il prit le parti de la fixer quelques instants avec distraction, recueillant ses questions internes s'exonérant de leur silence pour s'interroger sur la nature des spécificités physiques dont elle se voyait pourvue. La teinte atypique de sa crinière, sylvestre, et celle de ses prunelles, grenat, avaient de quoi susciter un engouement certain pour une propension aux interrogations diverses assaillant promptement les origines floues de ces étrangetés. Serait-ce là la manifestation d'un quelconque trait héréditaire? Il était en tout cas hors de cause d'envisager niaisement qu'il s'agissait d'un atours spontanément conféré par Mère Nature. Ses iris l'interloquaient, nimbés de sang sans pour autant paraître représenter l'existence intrisèque d'une sybilline aptitude y étant liée. Se confondant dans la tourmente aléatoire de ses soupçons relatifs, il erra ésotériquement à l'élaboration d'une théorie hypothétique, s'axant sur une perspective tangible selon laquelle ces démarquations auraient pû naquir de l'étrange remède qu'elle avait ingurgité à l'instant. Ainsi s'embourba-t-il dans cette hésitation, sensée originellement le divertir et se muant finalement en un mystère qu'il semblait se vouer à élucider, sa conscience lui inspirant pourtant de se départir de l'humble once d'intérêt qui teintait ses pensées pour cette curiosité.

Il n'opta de la frissonnante gouverne de son inexpressivité constante que lorsque le mal sembla émerger de la présence charnelle de celle qui gitait sur son corps, régissant de sa liberté de mouvement de par le siège entravant qu'elle menait à son encontre. Désormais épris d'une moue contemplative face au trouble inconnu venu perturber la demoiselle au corps délicatement galbé, il ne pouvait que témoigner sans mot dire de l'effervescence qui semblait se jouer d'elle présentement, incapable de déterminer l'origine de son soudain malaise aussi flagrant qu'un éclat solaire abandonné dans les ténèbres de la nuit. Tenant compte de la soudaine virulence qui semblait la dévorer intérieurement, il ne pouvait trop se risquer à une initiative, ce qui reviendrait à encourir le péril de commettre une erreur dont les conséquences pouvaient s'avérer néfastes. Aussi demeura-t-il immobile face à la soudaineté de cette anomalie comportementale, ne pouvant se permettre de faire encourir possiblement en vain un quelconque risque à cette jeune femme encore anonyme pour lui. Il profita de cet intermède visiblement peu agréable pour elle pour la détailler plus avant, son physique se superposant toujours au sien en dépit de l'atypisme flagrant de la situation dans laquelle ils s'étaient communément retrouvés. Décidément, le charme qu'elle exhalait avait quelque chose de curieux, d'irréel... Comme un tendre linceuil sybillin l'entourant qu'elle même ne puisse parvenir à concevoir. Une drôle d'impression que celle qui le retint d'allumer immédiatement la cigarette agrémentant ses fines lippes.

Cigarette qu'il n'eut d'ailleurs pas le temps de sauver des doigts fins de l'étrange demoiselle, qui s'en empara avec malice, de même que le briquet. Avant qu'il n'ait pû s'en apercevoir, elle l'avait dépouillé de son doux poison et s'en intoxiquait elle-même, sans même avoir pris la peine de demander ou de justifier ce modeste larcin. Il n'avait guère eu le temps de comprendre, plongé dans ses observations, lorsqu'elle avait rouvert ses yeux de sang avant de s'emparer des deux objets anodins. Sans plus sourciller, il se para une nouvelle fois de patience quand à une éventuelle réplique liée à cela, mais n'eut en guise de cela qu'un baiser fort inattendu. Bien que tendre, il était toutefois empli d'amertume, autant par sa promptitude dépourvue de raisons et de sentiments que par le goût âpre de ce qu'il supposait être l'étrange cachet qu'elle venait de gober. Il n'eût cependant pas le moindre geste de recul, ne frémissant même pas, se laissant simplement faire sans protestion; ce n'était pas comme si ces inconforts allaient venir le titiller, il n'en avait strictement que faire. Après tout, peu importe... Plissant doucement les paupières, il se contenta de pincer légèrement les lèvres une fois qu'elle eut accompagné ce geste décalé d'une réplique autoritaire. Faisant la part des choses entre les goûts incommodants et celui des lèvres d'Hyouri, il établit que ce n'était pas désagréable, sans plus s'en soucier. Désabusé, il se contenta de la fixer silencieusement en guise de réponse, son imperturbabilité glaciale ayant suffi à refroidir les faisceaux solaires eux-même si l'opposition avait eu à se disposer. Il ne tarda pas à porter un nouveau cylindre chargé du tabac dévastateur, fruit de la dégénérescence, au creux de ses lèvres pour en aspirer la douce fragrance assassine. Le panache de fumée s'en dégageant avec grâce se mêla à celui que produisait l'étrange infant de Vénus avec celle qu'elle lui avait dérobée. La fenêtre ouverte suffisait à déverser au sein d'une atmosphère trop pure cet élan enfumé, les brises externes fusant et assaillant les lieux, faisant voleter les fins rideaux blancs des plus sobres qui masquaient les lieux au monde extérieur. Un véritable nid de corbeau que cette tanière...

Une fois libéré de l'incarcération inopportune qu'elle exerçait sur lui de son propre corps, il se redressa tout en faisant produie un craquement osseux à sa nuque en penchant la tête de côté, se passant une nouvelle fois la main dans les cheveux pour réorganiser vaguement ses mèches hérissées en une anarchie capillaire, laquelle se noyait dans un océan de ténèbres. Arraché à la chaleureuse étreinte de ses draps, il parcourut la pièce avec circonspection de son regard scrutateur, cherchant visiblement quelque chose de précis... Mais quoi? Son regard auquel échoyait la fraîcheur du voile enneigé des hautes plaines hivernales ne délivrait pas la moindre étincelle pouvant être interprétée pour déchiffrer l'objet de ses convoitises. Se redressant dans le plus simple appareil sans plus de pudeur, il entreprit de rechausser à son tour un minimum de frusques par simple décence, faisant mine de poursuivre ses recherches distraites tout à cette occupation. Bien vite nanti à nouveau d'un haut aux manches - trop - longues de couleurs noires rehaussé de câbles de caoutchouc enserrant ses avant-bras et d'un jean tout ce qu'il y a de plus banal, il finit par lâcher au terme de son inspection de son humble demeure une phrase lourde de conséquences, sans réellement prendre la peine d'envisager les diverses réactions que pourrait possiblement manifester cette étrange invitée. Après tout, quel meilleur moyen que de voir directement ce qu'il en est en mettant les pieds dans le plat sans craindre ce que cela allait produire? Il choisit toutefois de la nettoyer contrairement à elle : en définitive, après ce qu'il y avait vraisemblablement eu entre eux, c'était un moindre mal que de se permettre ça.

~._¤ Il semblerait que nous ayons omis un détail dans notre précipitation nocturne, ne crois-tu pas? ¤_.~ Lâcha-t-il ainsi d'un ton neutre.

La cendre rougeoyante qui s'envola au gré du souffle venteux serait sans doute bien la seule à demeurer silencieuse...

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Kiri ~ Après une nuit agitée
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Hyouri
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MessageSujet: Re: .:: Essence Of A New Day ::. [PV]   .:: Essence Of A New Day ::. [PV] Empty2009-01-08, 21:59

- Était-ce quelque chose que j'ai dit ? Mais je ne vous connais même pas. Était-ce quelque chose que j'ai fait ? Si c'était cela, alors dites moi … Si vous ne me montrez aucune âme alors vous ne me donnez aucune raison. Levez-vous quand je marche. Pourrez-vous me voir ? Frappez du pied à toute la poussière, le vide que vous voulez. Mais le vide c'est moi. Vous saurez bien assez tôt que vous n'allez jamais m'arrêter, je reviendrai encore. Si je vous donnais les outils, cela gâcherait-il ma liberté ? Si je souffre des imbéciles, me laisseriez-vous le succès ? Construisant mon âme, devrais-je vous donner raison ? Levez-vous quand je marche, pouvez-vous me voir à présent ? Qu'importe ce que vous dites, je reviendrai encore. Qu'importe ce que vous faites, je tiendrai. Et si elle m'arrête, je reviendrai encore. Ne suis-je pas déjà morte une fois après tout ? Voyez ces animaux dans la grande cage qu'est ce monde. Êtes-vous sûr de savoir de quel côté vous êtes ? Vous faites mieux de ne pas me regarder de trop près dans les yeux. Êtes-vous sûr de savoir de quel côté de la vitre vous êtes ? Regardez la sécurité de la vie que vous vous êtes bâti. Tout, d'où qu'il vienne sent le faux dans votre cœur. Et c'est tout, de là où il vient. Et si tout autour de vous n'était pas comme cela semble ? Et si tout le monde que vous pensiez connaître n'était qu'un rêve élaboré ? Et si vous regardiez votre reflet … Est-ce qu'il est ce que vous voudriez être ? Et si tout ce monde n'était que dans votre tête ? Juste une création de votre cru ? Vos démons et vos dieux sont la vie et la mort, et vous êtes réellement seul. Je ne peux pas vivre dans cette illusion. Je peux choisir de croire. Continuez d'observer, mais vous ne pouvez pas trouver ce que vous cherchez quand vous vous cachez derrière … Et si vous pouviez regarder dans les fissures de ce même monde, vous trouveriez-vous à l'intérieur ? Vous trouveriez-vous effrayé de vous y voir ? -


Hyouri était accablée dans le plus grand silence. Accablée devant tant de froideur, de stoïcisme et de désabusement. Cet homme était décidément mystérieux et se plaisait manifestement à le rester. Un véritable bloc digne comme le marbre, froid comme la glace. C'était même à se demander comment autant de contention pouvait être concentrée en un seul être. Par le passé, on avait souvent répété à Hyouri que tout Homme est unique. Mais celui-ci l'était au plus haut point, selon elle, du peu qu'elle en avait vu depuis son nouveau départ, son réveil. Faiblir devant cette présence allait à l'encontre de l'orgueil qu'elle éprouvait vis-à-vis d'elle-même. Or, être faible n'était vraiment pas dans les habitudes de la jeune femme. C'est pourquoi elle se décida à rester elle aussi d'une froideur qui se voulait aussi pertinente que la sienne une fois remise de cette étrange vision que ce médicament lui avait procuré. C'était d'ailleurs la première fois que ce remède qu'elle considérait auparavant comme un placebo avait daigné montrer quelque signe de fonctionnement … Seul point positif de sa prise pour le moment. L'autre cause de l'ennui ressenti par la jeune femme aux cheveux couleur émeraude était de toute évidence la passivité de son interlocuteur et par la présente, partenaire de nuit. Comment rester impassible dans ce genre de situation ? C'était une chose qu'elle-même avait du mal à comprendre. Tout être normal éprouverait une once de sentiment, quel qu'il soit. Lui, rien. Bien étrange était le spécimen qui se trouvait non loin d'Hyouri … La dernière action qu'elle avait effectuée était d'entamer la remise de l'habit qu'elle portait vraisemblablement la nuit dernière. Étrangement, l'habit qui se tenait au pied du lit – visiblement retiré précipitamment lors de cette mystérieuse soirée – n'était pas celui qu'elle avait l'habitude de porter.

Celui qu'elle portait d'ordinaire était long, fendu par quatre fois au jupon jusqu'en haut de son bassin : ce dernier possédait donc un pan large derrière afin de dissimuler ses jambes et le haut de ses cuisses entièrement, et trois pans plus petits devant qui volaient avec le vent la plupart du temps. Ces derniers étaient d'un gris profond, presque noir, mais du bas partait une teinte blanchâtre qui prenait peu à peu une forme étrange : on pouvait y distinguer de singuliers volatiles en y prêtant un minimum d'attention. Ces pans étaient reliés par deux sangles croisées devant et derrière elle. Le buste était tout ce qu'il y a de plus simple, comparable également à un corset possédant des bretelles se reliant en un col. Or, ce n'était pas cet habit là. L'habit qui gisait auparavant là avant qu'elle ne commença à s'en revêtir était tout autre. Il recouvrait l'extrémité de sa poitrine, par pudeur – pudeur d'ailleurs totalement inutile vu les événements qui avaient précédé leur éveil – et son intimité. Cette robe-ci était bien plus courte; une fois mise correctement, elle recouvrait ses jambes seulement jusqu'à la moitié de ses cuisses à peine : ce jupon-là n'était pas ouvragé comme celui de l'habit précédent, il était uni, noir. Mais les sangles étaient bien là, comme mentionné précédemment, de couleur blanche. Celles-ci avaient été attachées par leur propriétaire afin que cette tenue puisse tenir sur elle. La jeune femme revêtit les manches longues et serrées de l'accoutrement qui se terminaient en mitaines noires à ses doigts fins et longs vernis de rouge, couleur identique à ses yeux. Le décolleté important de cette robe liseré de blanc avait pour conséquence un dos et des épaules à moitié nus : l'immense marque noire en forme d'orchidée se trouvant dans le dos d'Hyouri était alors visible lorsqu'elle tourna le dos à Erayn. Cette robe avait été mise, de toute évidence, pour sortir. Ce qui voudrait donc dire que cette escapade nocture était préméditée ... Mais pourquoi ? Avec un inconnu ?

Puis cette dernière finit de s'habiller en glissant ses pieds dans des bottes à talon conséquent dont les sangles sombres s'entrelaçaient gracieusement autour des chevilles, puis des mollets de la Chuunin. Toujours la cigarette au bord des lèvres, elle passa doucement sa main au cœur de sa chevelure verte afin de l'arranger et de nouer quelques mèches ensemble d'un lien pour dégager son visage; elle reprit ensuite cette cigarette dans sa main et la tapota légèrement au dessus du cendrier prévu à cet effet. Puis elle s'assit au bord du lit, sa place initiale. C'est alors que le jeune homme reprit la parole, pour prononcer une phrase. Qui aurait cru qu'en seize mots seulement, quelqu'un aurait pu déstabiliser une autre personne de la sorte? Cette phrase, en apparence anodine et simple, eut l'impact désiré sur la jeune femme qui s'empressa alors de scruter la pièce du regard à son tour. L'inspection fut vite terminée vu la sobriété de cette décoration minimaliste dont faisait preuve le logement de son hôte. Il disait vrai. Ils avaient bien oublié une chose, simple mais importante. Le simple fait qu'il la tutoya l'exaspéra encore plus; bien qu'ils aient passé tous deux une nuit agitée ensemble, ils ne se connaissaient qu'à peine. Et ce qu'elle connaissait de lui ne lui donnait pas envie de le connaître davantage. C'est après qu'elle lui répondit, d'une voix légèrement excédée en s'efforçant de garder son sang froid :


« Je saurai au moins à qui m'adresser si un 'heureux' événement se produit dans neuf mois. Et croyez-moi, vous vous en souviendrez. Et oui, le vouvoiement reste de rigueur, Monsieur Hyuuga. Que les choses soient claires. Cette nuit ne doit pas être un prétexte à toute familiarité envers moi. Familiarité qui serait, soit dit en passant, totalement déplacée. »

S'ajoutaient à l'exacerbation ressentie actuellement par Hyouri le retour de ses maux de tête. S'énerver de la sorte n'était pas bon pour une amnésique sous traitement douteux comme elle. Mais la suite de données les plus agaçantes les unes que les autres n'était pas encore achevée; évidement, ce n'était pas une liste exhaustive, malheureusement aussi. L'homme qui se tenait non loin d'elle n'avait de cesse de la fixer de manière tout à fait déstabilisante. C'est ainsi qu'elle se crispa de nouveau, sensation qui se ressentit dans sa voix :

« Il semblerait que vous ayez un léger souci avec mon apparence certes peu commune, étant donné la façon dont vous me dévisagez. Examiner la physionomie de quelqu'un de la sorte n'est pas vraiment conforme au code de la politesse, vous savez … Suis-je si vilaine que cela ? Vous devez sûrement être noyé sous les interrogations. Je vous en pose des questions, moi ? Tenez, pourquoi possédez-vous un étrange 69 sur la joue ? Vous ne devez sûrement pas éprouver la moindre envie d'en parler à une inconnue. Ça tombe bien ! Moi non plus ! »

Un court silence se fit ressentir, sûrement le temps pour Hyouri de reprendre sa respiration.

« Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre. »


Dernière édition par Hyouri le 2009-01-24, 00:47, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: .:: Essence Of A New Day ::. [PV]   .:: Essence Of A New Day ::. [PV] Empty2009-01-19, 03:32

Il n'avait même pas pris la peine de se délester de sa froideur si caractéristique et de sa moue flegmatique pour aligner ces quelques mots, bien décousus pour quelqu'un d'aussi désenchanté qu'il l'était. Après tout, à quoi bon faire preuve d'une quelconque émotivité pour exprimer une découverte si désuète et peu significative à ses yeux? Il n'en avait que faire, strictement que faire, en dépit des conséquences désastreuses que ce qu'il venait d'évoquer pourrait avoir sur la suite des événements entre lui et cette jeune femme, ainsi que pour sa propre vie. Celle-ci n'était déjà que trop embourbée dans une inéluctable déchéance et dans un désespoir irrémédiable, alors pourquoi donc prendre la peine de se soucier de ce qui n'était qu'un détail mineur dans la succession d'éléments néfastes que représentait le sillage de son existence corrompue? Les choses sont ce qu'elles sont, inutiles de s'y attarder et de s'y morfondre, car de surcroît ce n'est certainement pas la manière adéquate pour les résoudre efficacement. Paniquer, ou montrer un quelconque autre signe d'animosité face à cette déplaisante nouvelle, ce n'était absolument pas son genre. De toute manière, il n'était pas dans les dispositions nécéssaires à la production de la moindre réflexion sur le sujet. Il vaut mieux chercher les sources de la question avec de se pencher sur la résolution du problème qui est est lié. Or, pour cela, il était primordial qu'il assemble les pièces du puzzle éclaté de ce qui s'était produit la veille, ou plus largement avant qu'ils n'en arrivent à dormir dans le plus simple appareil, l'un dans les bras de l'autre, dans ce même lit qui supportait désormais sa position assise après avoir été soigneusement refait. Ce n'était absolument pas qu'il n'avait aucun souci de l'impact que cela pourrait avoir pour cette curieuse demoiselle, mais simplement qu'il était pour lui bien plus pratique de résoudre les différents soucis dans l'ordre où ils se présentent. Malheureusement, il avait omis un détail de poids en lâchant de la sorte ce qui avait ni plus ni moins que l'effet d'une douche froide, ou même plutôt d'une bombe pour elle. Tout le monde ne raisonne pas comme lui, et il risquait d'en prendre pour son grade en lui faisant remarquer la chose, alors qu'elle ne s'en serait certainement pas rendu compte sans son concours... Ou tout du moins, pas dans l'immédiat.

C'était donc une bourde de taille que de lui souligner ce manquement embarrassant, nonobstant cette divergence d'opinion plus que probable et ne le réalisant qu'une fois qu'il était bien trop tard. C'était donc cela, voir ses mots dépasser sa pensée? Ca n'avait rien de bien agréable, et il en faisait les frais, subissant ce qu'il avait déclenché par sa désinvolture à ce sujet. On ne l'y reprendrait certainement pas deux fois, c'était une certitude désormais. Pourquoi fallait-il donc que la vie ne soit pour lui qu'un perpétuel fardeau? Une question qu'il n'était pas encore parvenu à élucider, malgré tout l'espace pour cela que lui dédiait son propre chemin de croix tandis qu'il s'avançait au plus profond des ténèbres, son corps baignant dans ce Styx sans fin qu'il n'aurait jamais dû quitter. Les limbes étaient à la fois son berceau et sa tombe. L'existence, comme une longue et lente agonie. Une rencontre qui mène à une séparation, et inversément. Le cycle de la vie n'était qu'un immuable recommencement qui se gravait dans l'éternité avec adresse, suivant un fil prétracé qui, pour lui, s'épanchait dans la plus obscure pénombre qui soit, appelé par le tendre poison de ses sombres tentations... Une continuité qui se baignait et s'enivrait dans le sang et les ombres, se forgeant jour après jour dans la souffrance et les cicatrices d'un pesant fardeau. « Je suis la Mort, la Vie, je donne l'une et retire l'autre. » C'était la maxime qu'il avait offerte à ses élèves le premier jour de leur rencontre, dans la folie effrenée de la bataille qu'ils avaient livré sous cet envoûtant crépuscule. Qu'il aimerait disposer de ce droit de régence, afin d'abréger le breuvage envenimé qui faisait battre son âme au quotidien avant de l'avoir délecté jusqu'à la lie, comme le plus malsain des vins. Une bien néfaste philosophie, empreinte d'un nihilisme profond et prépondérant. Mais comment ne pas comprendre pareil désarroi en connaissance des chroniques passées du guerrier errant qui les avait endurées jusqu'à manquer d'en perdre la raison? La démence, il l'avait effleuré du bout des doigts plus d'une fois en une caresse volubile, le désir attisé par la libération que serait pour lui cet abandon du corps et de l'âme. Mais la folie était une échappatoire à double-tranchant, car elle était significative de sacrifice : dignité, fierté et orgueil seraient le lourd tribut nécéssaire à cette amère délivrance. C'était ce qui l'avait fait reculer. Même si cela devait le pousser à vivre en serrant les dents plus encore qu'il ne le faisait déjà, il était hors de question qu'il renonce à ces valeurs qu'il primait quoi qu'il en coûte.

Et voilà comment il se retrouvait là, aujourd'hui : simple pantin désabusé endurant silencieusement les reproches épineux qu'abattait sur lui l'exotique nymphe avec la plus grande énergie, n'hésitant pas à profiter de la circonstance pour se défouler et exprimer toute sa frustration en la lui faisant encaisser. Ce n'était pas un mal en soi, et c'était simplement compréhensible, aussi délictueux que cela puisse être d'agir de la sorte. Il n'était pas à cela près, et l'aurait volontiers pleinement et définitivement déchargée de ses maux, si cela avait pû la soûlager un tant soit peu - et qui plus est lui apporter calme et tranquillité, chose dont elle avait largement besoin en ces instants de rage profonde qu'elle lui faisait connaître non sans un certain brio. Il se voyait bel et bien de la sorte, désormais. Une sorte d'éponge à douleur. Une incarnation de la peine et des regrets. Une simple ombre vouée à porter mort et désolation à quiconque à le malheur de s'approcher d'elle, l'ancrant dans les ténébreuses vertus qui la qualifient par excellence. La quintessence du Mal semblait être scellé en lui, comme une force intrisèque, source d'un maléfice auréolant continuellement son être pour infliger son charme démoniaque à quiconque avait le malheur de se mettre à sa portée. C'était bien ainsi qu'il avait fini par ce voir ciseler cette attitude : de la sorte, personne ne pouvait s'approcher de lui tant son âme s'hérissait d'hostiles mégalithes de glace, affutés comme les plus vengeresses des lames, délivrant un fil assassin à quiconque eût souhaité s'en approcher. Un carcan le recluant à perpétuité comme ses forfaits passés le justifient, et lui procurant les barreaux de la cellule dont ses errances mentales avaient fini par le gratifier arbitrairement. Ce n'était qu'un juste retour des choses, à son sens, et il était compréhensible qu'il établisse les choses de la sorte. Un soupçon de culpabilité s'empara de lui lorsqu'elle lui reprocha sa manière de la dévisager incessamment de son regard scrutateur. D'ailleurs, ses pupilles semblaient ne pas être au goût de la demoiselle, au vu de la moue qu'elle affichait lorsqu'elle les croisait des siennes avant de détourner les yeux précipitamment. Il avait souvent vu par le passé tous types de réaction de tous acabits face à ses chimériques pupilles, et c'est ce qui lui fit dédaigner de la sorte celle dont elle lui faisait part de manière flagrante, oscillant entre le dégoût et le dérangement à première vue. Ce n'était pas la première fois que quelqu'un réagissait comme ça en discernant les orbes d'ivoire, il était accoutumé, à présent.

Un élément de plus contribuant à sa pâle mine, apparaîssant toujours aussi blasée que d'ordinaire, aussi déplacé que cela puisse paraître dans pareille situation. Une fois le monologue hargneux de la chuunin achevé, il inclina la tête de côté avec un soupir discret, passant avec lenteur la main dans sa crinière enténébrée, les yeux clos. Sa nuque émit un craquement osseux fort peu délicat, témoin de l'étirement de son cou fin et délicat qui n'était ceint que d'un bien curieux collier. Parfois, lui-même se demandait pourquoi sa tenue la plus commune se parait d'autant d'artifices. C'était loin d'être pour attirer l'attention, surtout au vu de la discrétion globale des artefacts divers, alors pourquoi? Peu importe, après tout. Se redressant avec calme, puis se relevant pleinement, malgré les quelques douleurs que son corps courbaturé lui revalut pour ce déplacement, il alla se poster aux côtés de la jeune femme. Campé solidement sur le sol de ce refuge qu'il n'avait foulé que trop de fois, il démontrait toute l'envergure de sa vaillante silhouette, qui démontrait bien sa condition de farouche martial tant elle était impressionnante physiquement. D'un geste empreint d'une infinie délicatesse, il alla poser les doigts de sa main droite sur la nuque de celle que la force des choses faisait son invitée, le bracelet de chaînettes qui décorait son poignet allant caresser tout aussi doucement la chaîr découverte de l'infant de vénus de sa fraîcheur métallique. Point de sentiments particuliers dans ce contact surprenant, simplement le souhait d'apaiser sa fougue piquante et d'adoucir leurs rapports afin de ne pas les tuer dans l'oeuf, chose qui serait des plus dommageables au vu des potentiels soucis qui les attendaient communément. Il plaça ses opalines prunelles face aux siennes, se plongeant dans l'abysse écarlate de sa vision. Avec un peu de chance, sa présence et son regard, qui se détachaient par l'infinie froideur paisible qui les qualifiaient, parviendraient à suffoquer un minimum sa mauvaise humeur. Pour le reste, ce seraient ses mots qui joueraient au maximum dans la balance : restait à les aligner avec adresse.I l finit donc par lui répliquer d'une voix tranquille et détachée, dont le raffinement presque sirupeux montrait bien toute l'attention qu'il mettait à ne pas la perturber plus qu'elle ne semblait déjà l'être.

~._¤ Allons... Une jolie demoiselle comme vous ne devrait point céder si aisément à son courroux, cela ne peut qu'affecter la somptuosité de son minois. Je suis désolé si mon attitude vous a blessée d'une quelconque manière, mais je ne peux me défaire de l'habitude qu'est devenue cette frigidité notoire. Quand à ce nombre qui m'orne le visage, il n'est que symbole. Six représentant la malignité et neuf la divinité, ce n'est qu'une expression de la neutralité de la force qui s'écoule dans mes veines en ce flux continuel. Elle n'exprime aucune source, bonne ou mauvaise : cela ne m'a que trop imposé de déroutes par le passé, et les conséquences qui s'ensuivirent sont loin de me prêter à l'attribuer à qui que ce soit... Cette réponse vous satisfait-elle ? ¤_.~

Il n'était que bien trop rare pour lui que de se montrer si bavard, mais les circonstances l'exigeaient pour qu'il ne soit pas en proie à plus de tourments encore qu'à ceux qui composaient son éternelle mélancolie de tous les jours. Au moins, maintenant qu'il s'était accordé de délivrer plus que des réponses monosyllabiques et autres répliques qui brillaient par leur petitesse visiblement exaspérante pour la jeune femme, peut-être pourraient-ils partir d'un meilleur pied, chose qui serait des plus louable au vu de ce qui semblait s'être développé entre eux à leur insu. Il fallait cependant maintenant prêter la plus grande attention à la manière dont elle réagirait à cette approche, qu'elle considérerait peut-être un peu trop entreprenante. Espérer que ce ne soit pas le cas ne serait pas superflu, pour alléger cette absconse relation naissante.
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Hyouri
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MessageSujet: Re: .:: Essence Of A New Day ::. [PV]   .:: Essence Of A New Day ::. [PV] Empty2009-01-24, 00:47

- J'observe la montée et la chute de ma lassitude. Il y a tellement d'ennui et de douleur autour de moi, un tel manque de compassion … J'ai cru que ça serait drôle d'être seule pour une fois, être libre de tous souvenirs, tout passé, même à mon insu. A la place c'est toujours la même chose, toujours la même douleur, toujours les mêmes courbatures, toujours le même écœurement, toujours la même démoralisation. Je veux quelque chose à faire. J'ai besoin de sentir la folie en tout être pour me sentir vivante. Je sens la raison, et elle me quitte. C'est assez trompeur, au moment où je sens cette chair que j'habite me rendre mauvaise. Je passe mon temps à te chercher, passé oublié, envolé. J'ai besoin d'une piqure, d'un cachet. Toi aussi tu en as besoin. Juste pour obtenir un peu d'attention …? Attention... C'est un jeu dangereux. J'essaie de tenir bon, même si mon cerveau émet le même tic-tac incessant qu'une bombe prête à exploser à tout moment. Devinez alors la noirceur de mes pensées qui reviennent alors à moi. Ses mots aigre-douce, contrairement à vous, je les ai entendus. Chante, oiseau de malheur: tu me m'affectes pas. J'attends la délivrance de mon cœur. Et je ne m'améliore pas. Finis-en, délibère cela. Si tu attends, je serais ruinée, furieuse. On attend de moi que je soie forte. Jusqu'à ce que je m'aperçoive que personne ne m'attend. Dois-je alors être délicate? Attendez-moi encore... Je commence à suffoquer. Je croyais que mes démons étaient mes amis, mais ils m'étranglent en fait en silence, encore et toujours, m'attirant vers ma fin; ils sont là, hors de cette sobre chambre, prêts à m'avoir. Depuis mon plus jeune âge, j'ai goûté à la tristesse. Paraît-il que l'esprit est plus léger que la plume. Cela reste à vérifier … -


Hyouri était maintenant habillée, coiffée, maquillée peut-être pas, mais vu la longueur naturelle de ses cils, on lui pardonnera. Personne n'aurait pu deviner, en entrant dans la pièce à cet instant précis, qu'elle venait à peine de se réveiller d'une nuit qui n'avait pas été majoritairement de sommeil, qui plus est. Elle était maintenant assise sur le bord du lit où elle avait préalablement dormi, qui était maintenant fait soigneusement. Une fois avoir « déballé son sac », la jeune fille soupira ostensiblement. Comment pouvait-on rester insensible à ce genre de discours ? Elle ne fut que plus surprise lorsqu'elle aperçut la réaction de l'homme avec qui elle avait passé la nuit. La Chunnin leva de nouveau un sourcil en signe d'interrogation lorsqu'elle le vit se déplacer de sa position initiale, c'est à dire du lit, pour venir s'assoir auprès d'elle, au bord de celui-ci. Telle ne fut pas sa surprise quand elle sentit sur sa nuque les doigts de son interlocuteur, ainsi que la fraîcheur du métal de son bracelet sur sa peau. Celui-ci provoqua un léger frisson parcourant son échine. Puis Erayn parla, mais cette fois-ci en quantité, ce qui surprit Hyouri: elle avait été habituée à de courtes réponses les plus minimalistes possibles de la part du ténébreux jeune homme qui, par ailleurs, n'avait pas l'air beaucoup plus âgé qu'elle. Ce qui la dérouta encore plus, est l'étrange délicatesse, la façon doucereuse, mielleuse dont il prononça ces mots. Vu la froideur, l'indifférence qu'il dégageait, cela ne s'accordait pas du tout avec le peu qu'elle connaissait de sa personnalité. Était-ce par culpabilité qu'il faisait cela? Ce personnage était décidément difficile à cerner. C'est alors que ses prunelles de sang croisèrent de nouveau les pupilles livides du jeune homme. Une étrange lueur apparut dans le regard d'Hyouri. Encore cette présence ? Allait-elle se manifester à chaque vue du Byakûgan ? Cela s'annoncerait handicapant pour d'éventuels combats contre des membres du clan Hyuuga par la suite. Sa vue s'embruma, mais pas entièrement comme il était question la dernière fois. La même voix se mit alors à résonner de nouveau dans son esprit...

« Je suis la voix dans ta tête et je te contrôle. Je suis l'amoureux dans ton lit et je te contrôle. Je suis la haine que tu essayes de cacher et je te contrôle. Je t'emmène où tu veux aller, je te révèle tout ce que tu as besoin de savoir. Je t'entraîne, je te consomme, mademoiselle auto-destruction. Je suis culpabilité, jalousie et crainte et je te contrôle. Je suis le mensonge que tu crois et je te contrôle. Je suis l'aiguille dans ta veine et je te contrôle. Je suis les médicaments que tu ingères et je te contrôle. Je suis la transe que tu ne peux supporter et je te contrôle. Je suis ton besoin de plus, ta dépendance et je te contrôle. Je suis la balle dans le pistolet et je te contrôle. Je suis la vérité que tu fuis et je te contrôle. Je suis la machine silencieuse et je te contrôle. Je suis l'aboutissement de tous tes rêves et je et contrôle. Je t'emmène où tu veux aller, je te révèle tout ce que tu as besoin de savoir. Je t'entraîne, je te consomme, tu es une auto-destruction. Et c'est moi qui suis à l'origine de tout cela. »

Hyouri laissa tomber la cigarette pratiquement entièrement consumée qu'elle tenait jusqu'à présent entre ses doigts fins au sol, puis frappa d'une force incroyable sur le plancher de la chambre d'Erayn de sa botte, provoquant un bruit assourdissant et écrasant ainsi le fin cylindre. La voix se tut de nouveau.

« Tais-toi ! »

La jeune fille détourna aussitôt le regard maintenant empli de la même rage qu'il y avait peu de celui de son voisin. Était-ce par gêne ? Surement pas. Cette voix, elle ignorait tout d'elle : seul son simple son lui était familier. Le fait de tout omettre à propos de cette même voix la frustrait au plus haut point. Qui était-ce pour prétendre connaître Hyouri de la sorte ? Et surtout pour la narguer de cette façon ? Ce n'était seulement que la seconde fois que la jeune fille aux cheveux d'émeraude entendait cette femme parler dans son esprit, mais c'en était déjà trop. Son mental est certes solide, mais il est fort probable que peu de personnes resteraient indifférentes à une présence comme celle-ci dans leur esprit. Hyouri n'était pas du genre à repousser quiconque voulait en savoir un peu plus d'elle, ou bien tout simplement l'approcher, loin de là : mais la colère qui l'habitait à cet instant précis l'aveuglait et la contrôlait. C'est alors avec une douceur caricaturale qu'elle prit la main d'Erayn, la reposa sur son autre main, celle du jeune homme bien entendu. C'est alors qu'elle reprit la parole, d'une voix excédée, puis de moins en moins ...

« Retenir ma colère ? Comment le pourrais-je ? C'est la seule chose qui me reste, avec cette intense douleur au crâne. Je ne tiens pas à être ruinée. Pas maintenant. Il y a un jour à peine, je me réveille dans une salle d'autopsie, sur le billard. Si je ne m'étais pas éveillée plus tôt, je ne serais pas ici à épiloguer sur la chose. Je n'ai plus d'identité, plus d'entourage, plus de passé, et surement plus d'avenir. Je ne me souviens de rien à part cette salle d'autopsie. C'est à peine si je suis sûre de l'authenticité de mon prénom. Et après cela, je devrais retenir ma colère ?! La seule chose qui peut me maintenir à peu près calme est celle-ci. Elle m'a été donnée par les chirurgiens après mon éveil lorsque je leur ai fait part de mon amnésie. Le calme à prix d'or, vous y croyez ? »

Hyouri sortit alors de la poche se trouvant sous le bandeau de Kiri, qui lui-même se trouvait sur son flanc gauche, la petite boite de verre rectangulaire pourvu d'un couvercle qui contenait son salut. Sa voix se fit un peu plus calme et posée.

« J'ai besoin de ça pour y arriver. Je ne peux pas résister et je n'en ai pas envie. Croyez-le, je sais que c'est vrai. Je ne peux pas me battre et je n'ai pas envie d'essayer. Serait-ce ce qu'on appelle un 'enfer parfait' ? Il y en a plus à savoir sur moi que vous ne saurez jamais. Ici bas, où ce qui reste de moi est tombé, je peux vivre ou bien mourir sans plus rien avoir à montrer, pendant que je suis dans cet 'enfer parfait'. Cette chose m'a rendue telle que je suis, autant physiquement que mentalement. Cette obsession a commencé il y a peu de temps. Comment en suis-je arrivée là ? Croyez-moi personne ne le sait. Car personne ne me connait ici. Parfois je ne peux pas m'accrocher. Et personne ne peut m'aider. Du peu que je fais depuis, la plupart n'a aucun sens. Au bord de la destruction, je me soumets à l'abduction; mon pouls n'arrête pas de courir. Comme mon cœur qui explose à chaque seconde qui s'écoule. Il n'y a aucune chance que je puisse gagner. C'est trop dur de ne pas abandonner. Je ne ressens simplement pas la même chose que le commun des mortels en m'éveillant chaque matin. Parce que je suis la seule à me blâmer. J'ai besoin de ça pour être moi-même. On dirait que j'ai besoin d'aide … Mais il est trop tard pour me sauver. Ou bien c'est seulement dans ma tête... Chacun porte sa croix … Je ne serais pas étonnée si je me suis retrouvée ici, chez vous, à passer la nuit dans votre lit pour oublier tout cela. Ironique de la part que quelqu'un qui ne se rappelle plus de rien. L'oubli est une solution facile. Mais cette décision ne peut être à sens unique. Il semblerait donc que vous ayez vous aussi quelque chose à oublier. Oh, et en ce qui concerne votre soixante-neuf sur la joue, sachez que je m'en fiche éperduement. »
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MessageSujet: Re: .:: Essence Of A New Day ::. [PV]   .:: Essence Of A New Day ::. [PV] Empty2009-02-25, 16:47

Une proximité excessivement surprenante que celle qu'il avait développé avec elle en l'espace de quelques instants à peine, fût-elle essentiellement pour conserver un minimum de calme et de bonne entente, éléments prépondérants à la compréhension d'une situation pareillement incongrue. Quoi qu'il en soit, il différait de ses habitudes aussi bien psychiquement que physiquement, se montrant non seulement proche de manière charnelle mais également plutôt ouvert au niveau de l'expression orale, chose avec laquelle il n'était que bien peu coutumier. Cela se voyait, d'ailleurs. Il peinait légèrement à finir sa tirade sans s'interrompre, peu à l'aise avec un phrasé aussi continu alors que d'ordinaire, il faisait aussi court que possible, se limitant même à des monosyllabes constamment lorsqu'il en avait l'opportunité. Malgré tout, cela ne changeait rien à la surprise que recelait sa position actuelle pour quiconque eut un minimum de connaissance du sybillin némésis tandis qu'il s’accordait de s’extraire à son carcan ordinaire l’espace de ce rapprochement surréaliste, au moins autant qu’elle était soudaine. La demoiselle à la crinière viride n’avait d’ailleurs guère eu le temps nécéssaire pour réagir, positivement ou négativement, à ce contact subit avant qu'il ne soit pleinement établi. Elle ne pût d'ailleurs pas y faire quoi que ce soit dans l'immédiat, un trouble flagrant prenant place en elle, la submergeant tel la plus titanesque des vagues. Cette intimité charnelle qui s'exerçait en ces heures retranscrites ne pouvait guère laisser indifférent, même si son être s'avouait en sa plus pure expression tout aussi désenchanté que celui de l'atrabilaire spadassin. Sa désuète stéréotomie s'adjoignait à celle de cette impromptue compagne, accentuant ouvertement l'extravagance et l'excentricité de leurs physionomies respectives au plus haut point, sublimant l'impression étrange qu'il en résultait conséquemment.

Si quelqu'un eût à loisir de les voir côte à côte ou encore tels qu'ils se tenaient à cet instant précis, nul doute qu'il eût souffert d'en conserver une image aussi marquante qu'originale. Irrémédiablement, le tableau que dépeignaient leurs deux existences conjointes momentanément par un tel rapprochement, assortissant leurs physiques si diamétralement opposé mais pourtant à nul autre semblable en ce que ceux-ci transmettaient de leur simple consécration à quiconque eût à loisir d'enraciner son regard en leurs présences unies. Bien curieux conciliabule que celui de deux êtres engendrés pour ne rien attendre d'une destinée depuis bien longtemps désenchantée, les vouant à s'enorgueillir d'une perpétuelle errance au sein de leurs silencieux tourments et du poison que ceux-ci instillaient dans leurs veines, faisant grandir en eux ce mal pernicieux qu'est la désillusion et le désespoir à la manière d'une graine de malheur semée dès leur venue en ce monde d'éternité et de prohibition par ce sybillin démiurge tant controversé. Ainsi allait l'incoercible palladium, s'oubliant à la berceuse qu'étaient pour lui la chaleur et la fragrance émises par celle qui avait partagé sa couche en cette trouble nocturne, s'oubliant à ces bienfaits aussi spontanés que séduisants qui charmaient ses sens et son âme désincarnée de leur plus simple ressenti, la tendresse de ces atours charmant sa personne en un instant de parfaite tranquillité, se ciselant silencieusement dans l'éternité que consacrait son obscurcie vitalité. Une jouissance aussi harmonieuse qu'evanescente, transcendant sa conscience l'espace d'une seconde en une infinie caresse flattant et poussant à s'émerveiller cette innocence brisée qui sommeillait en les confins abyssaux de sa spiritualité. Une réclusion aussi nécéssaire qu'épineuse, prépondérante à la noire errance qui lui était offerte, s'estompant en ce chemin de ronce et d'animalité primitive qu'il se voyait emprunter jour après jour, endurant toute blessure et celles qui s'ensuivaient.

Autant de braises sur lesquelles ses pas s'égaraient continuellement, consûmant peu à peu son obsolète souffle vital et l'altérant de toute son ampleur par un affect mortifère. Endurer était son fardeau, immuable fléau se mouvant en une symphonie hivernale au-travers de son étriqué carcan de chair et de sang et corrodant continuellement ses mânes nébuleux avec une nocivité pernicieuse. Ainsi se voyait-il épris de cette constance doucereuse et enchanteresse que lui offrait cette infant de Vénus de par l'unique contiguité qu'elle déscellait en cette délivrante cénesthésie liminaire et le voluptueux raffinement qui forgeait son allégresse. Une délictueuse opulence qui n'en était que plus savoureuse de par son absence d'évanouissement, bien que sa continuité ne se trace que sur d'humbles secondes. Une faible brise vint caresser nouvellement leurs épidermes, ou tout du moins les quelques fragments de ceux-ci demeurés à découvert à présent qu'ils étaient désormais à nouveau réellement accoutrés, ayant délaissé sans vergogne leurs tenues respectives d'Eve et d'Adam au profit de ces étoffes quelque peu plus décentes et chaleureuses. Bien que la pudeur fût un concept peu austère aussi bien pour l'un que pour l'autre, il dépendait du savoir-vivre le plus élémentaire que de se couvrir de la sorte, même si la manière dont ils avaient fait connaissance avait bien certainement appris à l'un comme à l'autre ce que masquaient désormais ces mêmes parures. Mais peu importe, cela n'évoque guère d'importance... Un tintement éphémère survint, résultant des mailles du discret bracelet qu'il arborait, lequel frémissait avec grâce d'être frôlé par le tissu cutané de cette absconse nymphe. Ainsi en était-il, leurs deux corps siégeant sous les hospices de la divination illusoire et trompeuse de ce vent farouche, tandis qu'il pratiquait un exorcisme evanescent sur ses démons intérieurs de par ces perceptions salvatrices.

Le mélancolique célicole parvint finalement à rompre cette brusque étreinte au terme d'un instant inquantifiable, faisant à contrecoeur voler en éclats cet élan d'humanité, pulsion futile et souffle candide à la fin de l'homme. La solitude était une bien amère comparse, et sa compagnie de chaque instant s'étiolait en cette heure décalée pour le frigide bellâtre tandis qu'il cédait à cette tentation assassine en approchant de la sorte cette donzelle si étonamment semblable à lui-même, tel un alter ego tourné au féminin, un intriguant antagoniste. Que ce soit sous une influence quelconque, délictueuse ou non, était-il vraiment si surprenant que, conformément au proverbe, qui se ressemble s'assemble? Une parole que les événements qu'ils méconnaissaient tout deux ne faisaient qu'appuyer, qu'ils en aient ou non le souhait. Dans un cas comme dans l'autre, anésthésié partiellement par cette complaisante sensation étherée qui avait transcendé son être , le désenchanté célicole ne pouvait que contempler la souffrance psychologique qui semblait avoir étreint Hyouri en sa geôle de malignité, causant souffrance et trouble en un souffle de désolation qui semblait forger pour elle une sphère de vacuité inhibitrice, départie de ce monde d'éternelle démence. Serait-ce donc cet abscons océan d'ivoire assoupi en son regard dérobé qui lui provoque une telle déchéance? Il n'aurait sû le dire, mais c'était la seconde fois qu'elle avait à affronter ce fléau intrisèque en sa présence, et de même que précédemment, la débauche de sa venue avait été engendrée au visu des orbes d'opale enraciné en lieu et place de son regard originel. Il eût l'impression d'une caresse fantômatique née à même son âme, effleurant celle-ci de la cîme de ses doigts illusoires. Une compassion pétrie de pureté se mêla à la mélancolique empathie qui embrumait ses songes, laissant pourtant intacte cette face stoïque qui le caractérisait tant, ainsi que la paresse qu'elle semblait vouloir faire transparaître. Le visage de celui qui n'attend plus rien de la Terre qui l'a vu naître. Peu affecté par la manière dont sa main venait d'être chassée par cette perturbante invitée, il porta les doigts à son visage, les paupières mi-closes, caressant celle voilant son oeil gauche avec une infinie délicatesse. Souvenirs. Larmes. Douleur. Désespoir. Tant de notions que cette vision usurpée ne manquait pas de lui remémorer constamment.

« Une identité? Qu'est-ce qu'une identité? Nous naissons tous identiques. Ce sont nos faits, nos gestes et nos actes qui définissent qui nous sommes et forgent notre réelle personnalité. Il n'appartient qu'à nous de définir notre manière d'être, d'agir et de vivre, car le destin n'est pas un flux immuable. Manié avec une infinie délicatesse, il relève de notre volonté propre de le modeler à notre guise et de ciseler nos désirs et nos tentations dans son écoulement incessant. Le temps le mène et le soutient, mais il est de notre ressort de le transfigurer à notre guise pour devenir ceux que nous voulons être, et ne pas avoir à souffrir du désir illusoire de se retrouver soi-même, puisque le fait même de se perdre n'a pas de sens. Nous sommes qui nous sommes, et le fait de briser n'est qu'une destruction prépondérante à la création d'une reconstruction. »

Esquissant un pas machinal, laissant s'évader un imperceptible soupir tandis qu'il s'interrompait en un bref silence, réflechissant et tentant de s'accoutumer à soutenir de la sorte ses paroles. Lui d'ordinaire proche du mutisme le plus significatif, voilà qu'il se mettait à rivaliser avec elle en terme de quantification orale. Peu importe, après tout, si cela s'avérait être un besoin indétournable. Il manquait seulement d'accoutumance à une telle manière de procéder, bien plus tactile. Pour lui, les gestes s'avéraient bien plus primordiaux que les paroles, et le corps exprimait bien mieux que la langue, mais il se voyait présentement forcé de découvrir un domaine qu'il n'aimait guère. Après tout, c'était pour la bonne cause, et c'était bien ce qui le retenait de sombrer à nouveau dans sa loquacité minimaliste aussitôt cette première tirade prononcée d'une unique traite. Il ne s'était jamais senti à l'aise en donnant corps à de longs discours, et les années n'avaient pas allégé cette agaçante difficulté. Mais puisqu'il avait amorcé cet usage si indélicat, autant l'amener à terme...

« Je suis comme toi, forgé à l'identique. Je n'ai pas plus de droit sur l'existence que tu peux en avoir. Ma seule maison, celle où je demeure sans cesse, est à l'intérieur de moi. Pour le reste, de même que l'aube merveilleusement belle dans son éclat bleuté est vite remplacée par les rougeoiements du matin, qui recèlent une autre beauté... Rien n'est figé, je ne peux rien retenir. »

Passant la main une nouvelle fois dans la savane d'obsidienne constituant sa crinière archaïque, la vue interrompue par ses yeux clos, il s'immobilisa une nouvelle fois, campé devant elle, s'empêchant de dévoiler à nouveau les Byakugan qu'il avait jadis fait sien dans un bain d'hémoglobine pour ne pas lui infliger nouvellement les mêmes dommages moraux que cela semblait inviter en son for intérieur à chaque croisée des regards. Plongeant sa poigne libre dans sa poche, il en extirpa deux menus objets indéfinissables au premier abord et les mena d'un geste précis à ses yeux occultés, les en pourvoyant. Des lentilles de contact colorées. Sans aucune vertu correctrice, cela va de soi : même si les chimériques pupilles du clan Hyuuga semblaient singer un absentéïsme visuel, l'acuité qu'il en avait frisait la perfection la plus louable pour un martial de son acabit. Pouvant enfin se permettre de briser l'océan d'ombre dans lequel s'oubliait son optique, il dévoila un regard ambré peu orthodoxe, semblable à celui qu'il avait perdu avant de conquérir ses iris immaculés. Rattrapé par le passé, vivre l'avenir n'est pas aisé. En réalité, il en venait presque à envier sa vis à vis en son amnésie.

« Je ne peux jamais oublier. Ici est ma réalité. Même s'il me serait une joie de me délivrer de ces souffrances, c'est un fardeau que je ne peux abandonner. Il s'agit d'une promesse faite au passé. La promesse d'avancer sur ce chemin des bêtes qui se trace à travers les ronces dans une totale obscurité. L'amnésie serait une solution de facilité, une fuite, une échappatoire que je me refuse. C'est une chimère à laquelle je ne veux et ne peux accéder. Je ne pourrai me libérer de mes chaînes qu'au jour venu de l'éternelle torpeur. D'après vous, quel est le mieux entre connaître et déplorer à ma manière ou ignorer et en souffrir tout de même comme c'est votre cas? Dans un sens, ici encore, nous sommes identiques dans notre souffrance, même si ce qui nous y mène diffère. Dans la finalité des choses, c'est une nouvelle similitude, car il ne s'agit que de deux faces d'une même pièce. »

Caressant soudainement la joue de la chuunin avec une précaution minutieuse, comme atteint de la crainte de la briser de même que ces instants séraphiques desquels il se berçait, redécouvrant l'existence sous une nouvelle facette. Son regard à la couleur trompeuse s'ancra dans celui de la belle, désormais dépourvu de toute vertu incisive, parfaitement inoffensif grâce au linceul mordoré dans lequel il avait été précipité. Furtivement, il rencontra les lèvres de la jouvencelle des siennes en un contact atypique et charmeur, l'attirant faiblement à lui d'une main logée au bas de ses reins, apposée au creux de sa taille.
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Hyouri
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Hyouri

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MessageSujet: Re: .:: Essence Of A New Day ::. [PV]   .:: Essence Of A New Day ::. [PV] Empty2009-03-03, 16:27




- Des fragments de joie déchirent un cœur fraîchement épuisé qui bat. Eux-mêmes déguisés à travers ce cœur, ces morceaux diront qu'il n'y a rien de nouveau, jamais plus. Et je jurerai que cela est vrai. Pour toi, j'avalerai l'océan pour m'y noyer. Pour un changement je m'abstiendrai de cacher tout de moi pour toi. Voici ma berceuse... Prier pour la pluie, perdre ton nom et regarder tout tes rêves chuter. Apporte-moi tes secrets. Donne-moi simplement tes mains et je te laisserai sentir mes blessures. Si tu crois en moi, comment puis-je être dissoute? Si tu me crois, je te dirai tout. Silence, peux-tu m'entendre? Presse-moi à tes lèvres et je goûterai à ton poison. Qui me guérira? Ce qui a autrefois existé est maintenant sans sens. Tous les mots ont maintenant perdu leur poids. Mais je me rappelle beaucoup mieux de l'effet de certains, comme «Désespoir» ou bien «Dévastation». Tout ce que je sais vraiment c'est que je me soumets continuellement à l'isolement et à l'auto-damnation. Une vie que je possédais est perdue et sans valeur à présent. Ce que je savais était faux. Celui qui vivait est parti. Je peux me haïr plus, plus que quiconque. Je me hais encore plus que vous me haïssez. Me rejoindras-tu ? Je sais que tu sais que cette situation me torture. Ai-je créé la souffrance? Elle est si vide. Comment faire … Pour vendre les mots qui décident de m'attacher ? -



Après cette nouvelle crise, provoquée par cette même voix, Hyouri avait déjà oublié le visage mystérieux qu'elle avait entrevu lors de la première. Sa mémoire était tellement aléatoire et fragile … Peut-être oubliera-t-elle aussi le visage de son hôte dans peu de temps ? Les deux individus étaient vraisemblablement opposés. L'une femme, l'autre homme. L'un discret, l'autre voyante. L'une dont la mémoire défaille, l'autre dont elle n'est que trop performante. L'un faisant preuve de chaleur, l'autre le repoussant. Des opposés qui s'attirent. La demoiselle vit le jeune homme plonger sa main dans sa poche pour en sortir des lentilles de contact colorées. Une fois mises, les yeux autrefois neigeux d'Erayn prirent une teinte ambrée des plus singulières. Avec une hésitation qui ne lui était pourtant pas propre, la Chuunin leva tout doucement ses prunelles rougeoyantes vers les nouvelles pupilles de son interlocuteur. Cette fois-là, rien ne se passa. Un léger soupir s'échappa des ses lèvres rosées. La voix se manifesterait-elle à chaque donnée rappelant à Hyouri l'étrange visage qu'elle eut vu en rêve? Mais elle venait de l'oublier … Comment faire ?

«Comme c'est ironique … L'un ne peut rien oublier et l'autre ne peut se souvenir de rien. Vivre est-il votre châtiment ? Serions-nous les deux faces d'une même pièce ?»

Des opposés similaires. Une jolie oxymore que voilà... Et pourtant véridique. Après un court silence, l'étrange invitée reprit la parole, d'une voix un peu plus hésitante.

« Je ne veux pas être celle qui refuse d'être seule. Je me ferais pitié. Le soleil est aveuglant … Je n'ai pas envie d'aller l'affronter dehors pour le moment. Je suis une loque humaine. Je ne suis plus personne. Ce n'est pas ainsi que je veux que mon histoire se termine. Je devrais me ressaisir, mais je n'en trouve pas la force. Je suis au plus bas: plus rien ne me touche. Je devrais m'en réjouir. Mais alors, pourquoi ai-je l'impression que tout est terminé? Dire qu'il n'y a de souffrance en moi serait me mentir. Par orgueil, je n'accepte aucune protection, parce que je n'ai plus la force de me battre. Mais comment puis-je me sentir bien ici alors que je ne vous connais pas? Je ne veux pas être celle à qui on confie de remplir le silence de chaque être. Le calme me fait peur parce qu'il est criant de vérité … Ma vie n'est plus rien. Peut-on encore parler de vie ? S'il vous plaît … Ne me dites pas que nous avons eu cette conversation. Quand je ne m'en souviendrai plus, gardez votre souffle. Ne le gaspillez pas à vouloir me la remémorer. »

Un léger silence se fit ressentir, une fois de plus. Soudainement et furtivement, Erayn posa sa main à sa hanche et l'attira à lui. Sans même avoir eu le temps de riposter, ce dernier l'embrassa de nouveau. Une sensation non désagréable s'empara de la belle. Un subtil mélange de gêne, d'orgueil avec un soupçon de satisfaction. Elle se colla doucement au jeune homme et mit sa tête aux cotés de la sienne, sa joue au niveau de la sienne sans vraiment la toucher. Un regard sans expression, glacial. Elle murmura à l'oreille de son partenaire :

« Je perds pied. Savez-vous à quel point le monde peut-il me rabaisser ? Je suis faite d'argile et je suis effrayée à la seule idée d'être ainsi. A deux pieds sous la surface, je peux encore imaginer votre visage ondoyant. Et si j'arrive à l'atteindre, je pourrai quitter cet endroit. J'ai l'impression d'avoir vécu tant de vies en moi-même. Ne me dites pas que cela vous intéresse … Il n'y a vraiment rien à tirer de moi, n'est-ce pas ? Vous me tendez la main à moi qui souffre, qui sais ce que nous ressentons, qui ai un avant-goût de votre souffrance. Comme si votre main tendue voulait me dire quelque chose … Et ça me rend malade. Peut-être n'ai-je pas le choix. Et peut-être est-ce tout ce que j'ai. Peut-être mes pleurs ne sont-elles qu'un appel au secours. »

Et sur ces mots, Hyouri rendit son baiser à son interlocuteur...


Dernière édition par Hyouri le 2009-05-08, 18:17, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: .:: Essence Of A New Day ::. [PV]   .:: Essence Of A New Day ::. [PV] Empty2009-05-07, 19:38

    Manifestement, elle était aussi fragile mentalement que lui-même, malgré qu'il n'ait pas à souffrir de ce genre de crise aigüe qui semblait valoir un pic de douleur crânienne monumentale et des troubles indéfinissables. Il n'était pas dans sa tête et ne pouvait donc pas savoir ce qui lui provoquait cette variation comportementale apparentable à une saute d'humeur pour brûler les étapes jusqu'à un opposé diamétral, qui se calmait pourtant aussitôt après quelques instants sans avoir à interférer, peu importe comment. Tenter de toucher à quelque chose dont on ignorait tout, même si c'était pour soûlager quelqu'un, n'était pas des plus recommandé, aussi méticuleux qu'on soit dans son approche et aussi perspicace que soit celle-ci. Aussi, il ne pouvait que rester impassible faute de pouvoir l'assister dans cette épreuve visiblement plus que rude qui la laissait sur le carreau à chaque fois, après lui avoir fait profiter de décharges cérébrales qu'on pouvait dire du seul visu aussi agréables qu'un passage instantané sur la chaise électrique. Ce qui correspondait d'ailleurs étonnamment à l'espèce de court-circuit qui la traversait sous le coup de ce phénomène singulièrement comminatoire. Ils se ressemblaient et se divisaient à la fois, chacun se retrouvant entravé dans les abysses de ses douleurs engourdissantes. L'une cherchant sa mémoire perdue, l'autre n'essayant que trop d'échapper à la sienne.

    Mais ils avaient en commun de n'avoir pour seul compagnon le linceul de sombreur propre aux gens de leur acabit. Ceux n'étant pas faits pour être heureux. Dans un sens, ils étaient pieds et poings liés dans l'eau et n'avaient de cesse de se débattre pour rester à la surface, inéluctablement voués à lâcher prise un jour. Le seul moyen de se tenir la tête hors de l'onde aquatique restait encore de s'appuyer sur les autres pour s'en extirper, fût-ce uniquement afin d'avaler à grandes goulées cet oxygène. Pour eux, il s'était tant raréfié dans leurs tourments qu'il y avait de quoi se demander s'il n'en était pas devenu toxique pour eux. Une damnation méritée dans son cas, ou tout du moins le pensait-il, dans cette auto-accusation qu'il maintenait depuis des années pour ne rien oublier de sa sentence méritée et des échardes affutées dépassant du fardeau qu'il avait à dos depuis lors... Depuis qu'il s'était engouffré quelque part entre les ombres. Bien qu'il ignore tout du mal la rongeant, quoique supposant que ces mystérieux cachets pouvaient ne pas être inconnu à ses maux, cette perturbation peu plaisante de toute évidence semblait ne se déclencher que lorsqu'elle contemplait la blancheur de ce regard subtilisé dont on vantait tant les mérites. Voilà ce qui qui faisait germer cette préciosité détonante chez la belle.

    Aussi, résorber le flot de corruption qui semblait en émaner à chaque fois qu'elle en venait à les scruter en endiguant cette couleur d'abâtre par les filtres qu'il venait de disposer devant elle était la moindre des choses. Le mieux à faire pour estomper les désastreuses conséquences provoquant pareil affect chez la jeune femme. Le soûlagement qui résulta de cette dissimulation s'exprima audiblement, bien que discret, et l'ombre d'un sourire désabusé survola les lèvres de l'ombrageux qui ne pouvait qu'apprécier la nouvelle détente d'Hyouri. Buvant les premières paroles qu'elle réussit à aligner après cette fébrilité interloquante, il effleura machinalement du bord de la paume le fameux chiffrage couvrant son tissu cutané à la face, sa vision se perdant dans ses pensées pour mieux s'enfoncer dans les méandres d'un passé révolu qu'il avait lui-même fâné au nom d'un orgueil disproportionné. Laissant se clore ses paupières en un soupir égal à celui de son invitée, il les rouvrit aussitôt après, contemplant un point fixe dans le néant du plancher de la pièce, comme en proie à une vision hallucinatoire qui donnerait place à quelque chose sollicitant toute son attention à cette endroit. Les images défilaient devant ses yeux, formant une chaîne de cicatrices le traversant comme autant de fils de fer barbelés, creusant de leur pointe cette chair ayant jadis servi de contenant à la malignité.


    « Vivre ? C'est ma perdition. Je suis condamné à errer sans être perdu. À n'être nulle part dans ma demeure, et à ne me lier sous aucune occasion. Je ne suis qu'une âme en peine, un spectre dont l'incarnation devient un peu plus insensée par jour. Mon châtiment, c'est d'exister et de contempler à chaque instant d'éveil les morceaux brisés de la porcelaine de ma vie et de mon destin. Cette chair est ma prison, mes chaînes et mon enfer, de même que la vie qui l'habite sans pourtant y connaître de coeur à exploiter. Même si je n'ai pas le talent de lire l'avenir, il faudrait que je sois aveugle pour ne pas voir les nuages noirs se profilant sans discrétion dans les cieux de mon devenir. Je sais que le coloris de mes pupilles peut prêter à confusion, mais je suis bel et bien voyant. C'est aussi une part de cette punition qui m'accable de voir encore et encore, par les yeux d'un autre pour couronner cette douleur, afin de voir les lambeaux écorchés que je laisse derrière moi et le désert de noirceur qui m'attend. Je suis un être abject, désolé de vous l'apprendre. »

    Se redressant de toute la hauteur de sa stature plutôt bien bâtie, l'effort physique étant un excellent trompe-l'oeil pour faire mur à toute optique dirigée vers son désarroi et son désespoir. Sans atteindre l'éminence en la matière, il avait sû forger une stéréotomie avec laquelle les experts devaient compter, car sans atteindre la quintessence il n'en était pas moins parmis l'élite martiale, sans doute partiellement à l'aide de ce travail personnel. Particulièrement, sa carrure assez large lui donnait des allures de colosse vu sous un certain oeil, d'autant qu'elle ne faisait que décupler cette impression lorsqu'on le voyait de dos, marchant d'un pas décidé vers ce qui n'était pourtant ni plus ni moins qu'un chaos innomable se réservant à sa seule attention.

    « L'un comme l'autre, nous sommes pareils. Nous sommes des humains dans leur plus absolue et horrifiante condition, des entités recrachées par le passé pour endurer des vicissitudes que nul autre que nous-même ne peut saisir. Nous sommes les seuls à pouvoir nous comprendre mutuellement car le malheur qui nous accable est identique. Nous avançons sur le même sentier à la surface sertie d'aiguilles, même si nous n'avons pas emprunté une trajectoire semblable pour nous y rendre. Qu'est-ce que ça change ? C'et une unique destination finale qui nous entend, simple aboutissement de la torture que nous endurons. Bien que jumelés par ce fait, nous divergeons et c'est bien ce qui fait que nous nous complétons.Si je peux être une porte de sortie pour vous, alors soit, n'hésitez pas à l'exploiter jusqu'à l'usure. »

    S'emparant de sa main, il la hissa jusqu'à la joue qu'il touchait encore quelques palabres auparavant, l'amenant à l'y poser avec une prudence presque irréelle. Ne retirant pas la sienne, il oublia une caresse furtive à la surface du dos de celle de l'adolescente à la crinière viride, la fixant désormais en biais pour lui laisser voir ce faciès qui lui permettait apparemment d'obtenir des ailes, fussent-elles éphémères.

    « Nous sommes des saints de la dégénérescence, ensevelis dans l'ignorance et dans l'horreur. Nous délaisser serait une erreur car nous n'auront d'autre aide que nous-même dans ce royaume des ombres qui accueille nos âmes esseulées, refuge étheré pour notre condition peu enviable. S'il n'y a rien à faire de vous, il n'y a rien à faire de moi non plus, car chacun est le reflet de l'autre et son antre en même temps. Cette main tendue ne demande qu'à être happée vigoureusement pour vous tirer hors de l'eau, même si ce ne doit être que suffisamment pour vous éviter la noyade sans parvenir à vous dispenser de l'épine glacée des flots qui pave notre route. Alors, empruntons donc cette allée dérobée... Qu'en dites-vous ? »

    Il se fit prendre de court sans avoir le temps de capter de réponse malgré la convaincante consistance de ce laïus tristement clairvoyant portant à la lumière ces silencieuses atrocités incrustées dans leurs sillages passés, présents et à venir. Assailli par les lèvres de l'amnésique qui capturèrent les siennes sans attendre en une langueur évocatrice, il garda un instant la vue avant de clore ces yeux, dont l'ouverture était dérangeante pour la saveur qu'était ce moment volé d'un apaisement auquel il ne devrait plus avoir droit. Un larcin libérateur...
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Hyouri
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MessageSujet: Re: .:: Essence Of A New Day ::. [PV]   .:: Essence Of A New Day ::. [PV] Empty2009-05-08, 15:19

- On dirait que je vais devoir tout faire moi-même. Je me dis que j'aurais surement besoin d'aide. Mais si vous voulez que les choses soient bien faites, alors faites-les vous-même ! Peut-être que nos vies connaissent des hauts et des bas, mais en quoi a consisté ma vie jusqu'à aujourd'hui ? J'ai été ton souffre-douleur. Mais maintenant les choses ont changé. J'ai déjà été vivante, et maintenant je me sens ridicule et je comprends : ce qui est fait est fait, je ne dois plus y toucher et ne pas le regretter. Je dois me soumettre à cette idée, impuissante. Mais parfois, certaines choses deviennent plus compliquées. Et c'est à ce moment la que toute personne sensée se décide. Pourquoi est-ce que sur mon chemin j'ai rencontré quelqu'un comme toi ? Pourquoi est-ce que sur ton chemin tu as blessé quelqu'un comme moi ? Comment et pourquoi as-tu pu faire une chose pareille ? J'espère que tu sais que je quand je me serai débarrassée de toi, je ne reviendrai jamais. Dépendant de toi, je l'ai été. Te donner, je l'ai fait. Plus rien ne m'atteint, je ne dors plus, je ne vis plus; je n'ai fait que te donner, et maintenant je n'ai plus rien. Me cacher de toi, je l'ai fait, me mentir, je l'ai fait. Je ne mange plus, je ne dors plus, je ne vis plus. Je n'ai fait que te donner et maintenant, je n'en peux plus. -



Je suis née sous le mauvais signe, dans la mauvaise maison, dans la mauvaise famille. J'ai pris la mauvaise route, vers les mauvais comportements; j'étais au mauvais endroit au mauvais moment, le mauvais jour d'une mauvaise semaine. Je suis la mauvaise méthode et la mauvaise technique. Quelque chose cloche avec moi et cela ne peut être héréditaire. Je suis le mauvais mélange entre les mauvais gènes. Je suis parvenu aux mauvais buts par les mauvais moyens. J'ai été le mauvais instrument entre les mauvaises mains. Les mauvais mensonges et les mauvais pressentiments, les mauvaises questions et les mauvaises répliques. Tout est mauvais en moi.

« Je suis devenue impossible, quand tout a soudainement semblé importer plus à mes yeux. Nous sommes entièrement utilisés et déglingués, regardant le destin alors qu'il s'écoule le long du chemin que nous avons choisi, nous nous tenons là. Vous et moi, nous sommes ensemble là-dedans, dans cette valse qui meuble notre existence continuellement et nous bouscule. Aucun d'entre eux ne pourrait nous arrêter. Nous y arriverons d'une façon ou d'une autre, à cet épanouissement qui nous est vraisemblablement interdit. Si le monde devait se briser, nous resterions là. Jusqu'à mon dernier souffle. Jusqu'à votre dernier souffle. Ils devront tuer ce que l'on aura trouvé pour nous sortir de cette situation pour nous stopper. Ils devront haïr ce dont on a peur. Ils devront la faire partir. Ils devront la faire disparaître, cette chose qui m'habite. Aussi loin que je tombe, je suis à vos côtés. Aussi perdue que je sois, je vous trouverai. Aussi profonde soit la blessure, je suis en vous. Tout ce que nous étions n'est plus, nous devons tenir. Lorsque tout notre espoir est parti, nous devons tenir. Vous et moi. Nous sommes là-dedans, ensemble. Aucun d'entre eux ne peut nous arrêter maintenant. Nous y arriverons d'une façon ou d'une autre. Après tout … Vous êtes une sorte de roi déchu et je suis la reine qui vous est associée. Rien d'autre n'a de sens. »

Je marche au mauvais rythme, dégageant une mauvaise énergie. J'ai utilisé les mauvaises lignes et les mauvaises lettres, avec les mauvaises vibrations. J'étais à la mauvaise page du mauvais livre, avec la mauvaise interprétation du mauvais lien. Je fais les mauvais gestes toutes les mauvaises nuits. Je suis un mauvais ton que l'on ajuste violemment chaque seconde jusqu'à ce que je sonne juste. Simplement, je suis celle qui peint la nuit en sombre. Celle qui voit tous les jours la pénombre. Je suis celle qui a été, et qui n'est plus.

« Est-ce qu'elle est parvenue à m'attraper, ou est-ce passé trop vite ? Ce que je pensais toujours durer m'est passé devant. Est-ce que tout s'accélère, ou est-ce moi qui ralentis ? Je tourne en rond, et je ne sais pas pourquoi. Toutes les pièces que j'ai pu rassembler jusqu'ici ne conviennent pas, elles ne s'emboîtent pas. Je pensais que je m'en foutais, mais non. Je n'ai jamais voulu être comme elle. Mais pour tout ce à quoi j'aspire, je suis vraiment une menteuse. Et je suis à court de choses que je peux faire. J'aimerais rester, mais chaque jour tout m'éloigne encore plus. Si elle pouvait montrer une quelconque utilité, m'aider à savoir, m'aider à comprendre comment tout cela est supposé être … Où est-ce parti ? L'ai-je manqué ? Où est tout le monde que je connaissais jadis ? Est-ce un rêve élaboré ? Où sont-ils tous passés ? »

Hyouri était toujours auprès de son hôte, leurs deux enveloppes charnelles rapprochées comme au cours de cette mystérieuse nuit dont ils n'essayaient même plus d'éclaircir le mystère. Plus rien n'avait d'importance. Ce qui avait été fait fut fait, ce n'était pas si important après tout. La suite des événements pourrait peut-être poser problème, mais en cet instant, les deux êtres errants n'y accordaient guère d'attention. Leur principale activité était leur découverte mutuelle, ainsi que le vain essai de se détendre, et surtout, d'oublier. Chose vaine pour la légende de Kiri. Chose inéluctable pour la demoiselle aux cheveux émeraudes. Cet instant volé par cette dernière avait partiellement réussi. Ils s'abandonnèrent, ce qui avait été avant leur rencontre quasiment impossible. Les habitudes sont faites pour être brisées. Pendant que le jeune homme aux pupilles douteuses lui caressait doucement le long de son dos où figurait une étrange et immense marque en forme d'orchidée teintée de noir, elle rompit son immobilité. En un geste lent et délicat, Hyouri prit les mains d'Erayn pour les poser à un endroit inattendu : ses yeux couleur de sang. Elle murmura :

« J'essaye, je mens, je défie, je refuse, j'endure, je m'éteins. Je suis une auto-destruction. Quand tout ce que je fais vraiment, tout ce que je veux accomplir essaye de se cacher, de fuir, je m'éclipse. Et je garde tout cela en moi. Remplissez-moi de mensonges ? Ouvrez mes yeux ? Peut-être j'espère que je pourrais essayer … Il n'y a plus rien à perdre, alors empruntons ce sentier improbable. »
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