La journée n’avait pas commencé comme d’habitude. Il y avait quelque chose dans l’air qui n’annonçait rien de bon en cette matinée avancée. Je ne pouvais déterminer de quoi il pouvait s’agir, mais il était encore peut-être trop tôt pour que je le sache. Je m’étais levé en retard, moi qui avais l’habitude d’être dans les premiers à empiéter les routes du village caché du sable. Le rêve m’avait retenu dans son monde d’illusion. J’avais fait un drôle de rêve mettant en scène ma mère et moi. Ma mère était au centre de la pièce à attendre je ne sais trop quoi. Elle était là, immobile, hypnotisée. On aurait cru que quelque chose ou quelqu’un l’avait figé sur place. Presque aucun son ne provenait de la pièce où on était. Seule la respiration rapide de ma mère résonna sur les murs de la petite maison. J’étais là, à attendre l’inconnu, ne connaissant même pas la raison de ma venue ici. La porte de la chambre s’ouvrit dans un grand vacarme et un homme y entra. Il était très grand et portait des vêtements sombres, comme s’il voulait cacher sa présence. Il resta caché dans la pénombre, m’empêchant de distinguer quoique ce soit, de lui. Ma mère n’avait toujours rien dit, mais sa respiration devenait de plus en plus rapide comme si elle craignait cette personne qui se trouvait devant elle. Des mots commencèrent à remplir la pièce et rebondissaient sur le moindre obstacle qu’ils pouvaient rencontrer. Certaines de ces paroles parvinrent jusqu’à mes oreilles, mais mon cerveau ne n’avait pas réussi à décoder cette information. Ce langage était tout à fait inconnu pour le jeune enfant que j’étais. Cette femme si courageuse ouvrit enfin la bouche et prononça des paroles qui m’étaient une fois de plus inconnues. Cette discutions dura un court moment qui paru une éternité. Plus le temps passait et plus le visage de ma mère changeait. De la tristesse s’était dessinée sur son visage si humble. Même si je ne comprenais rien de ce qu’ils se disaient, les sentiments que ma mère ressentait se ressentaient en moi aussi. On disait que l’on pouvait ressentir les sentiments d’une personne que l’on aimait par-dessus tout et bien je me pouvais m’en rendre compte maintenant. J’aurais voulu aider cette dame contre cet homme, mais des chaines m’en empêchaient. J’étais attaché contre le mur, sans aucun moyen de m’en sortir. Je ne pus que rester là, à regarder cette femme s’effondrer devant mes yeux. L’homme se retourna vers moi et m’envoya un sourire béat. Je tentai de tout mes forces de me sortir de cette position, mais je ne pouvais rien contre ces chaines qui me retenaient. L’homme parti d’un pas lent, laissant sa victime seule, sur le plancher. Les chaines s’ouvrirent comme par magie, me laissant de nouveau ma liberté. Je partis à la course vers cette dame en pleur, mais lorsque j’arrivai à ces côtés, elle disparut à son tour dans un nuage. Je me retrouvai donc seul au milieu de la pièce. J’essayai de comprendre ce qui venait d’arriver, mais le sommeil me renvoya dans la vie réelle. Je me réveillai donc suite à ce rêve étrange. C’est à ce même moment que je me rendis compte que ce n’était qu’un cauchemar heureusement. Je fus soulagé quelque peu, mais pas totalement. Je n’avais pas l’habitude de faire de tel rêve, mais la nuit passée, j’en avais fait un. Peut-être que la vie essayait de me dire quelque chose. Peut-être qu’il voulait simplement m’avertir d’un danger qui me guettait. Mais j’oubliai rapidement cette idée absurde puisque je ne croyais pas vraiment au fait que les rêves pouvaient refléter la réalité. Pour moi ce n’était que des rêves, points finaux.

J’étais maintenant en plein cœur du centre-ville, ne sachant pas trop ce que je venais faire en ce lieu. Les seuls moments où je me retrouvais ici étaient lorsque je devais me procurer de la nourriture et certains articles dont j’avais besoin. Mais je ne me rappelais vraiment pas du pourquoi de ma présence ici, mais si mes pieds m’avaient dirigé jusqu’au kiosque des marchands, je devais certainement avoir besoin de quelque chose. Je me replongeai dans ma mémoire pour tenter de trouver ce que je désirais acheter. Ce rêve m’avait fait oublier la raison de ma présence ici. Je ne savais pourquoi ce rêve me touchait autant, mais je ne devais pas lui laisser prendre le dessus sur ce que je croyais réellement. J’éliminai donc rapidement ce rêve de ma mémoire, continuant ma marche en espérant retrouver l’objet qui me manquait. Tout à coup, de nombreux cris attirèrent mon attention. Je me précipitai sur le lieu d’où provenaient ces cris. Tous restèrent là, sans bouger, criants des choses à un homme qui s’enfuyait. Je me rapprochai rapidement du lieu du crime entendant le mot « voleur » qui résonna de plus en plus tout autour de moi. Ça ne me prit pas très longtemps pour savoir ce qui venait d’arriver. L’homme qui courait un peu plus loin était en fait un homme qui venait de voler quelque chose à ce marchand. Je partis donc à sa poursuite suite à ma déduction. Plus je me rapprochais du voleur, plus celui-ci s’éloignait de moi. Il était très rapide et l’on ne pouvait lui enlever cela.

*Merde pourquoi faut-il toujours que je tombe sur des gens qui ne respectent rien. En plus, il va bientôt m’échapper. Je dois le rattraper coute que coute.*

J’accélérai donc le pas pour tenter de le rejoindre, mais ce qui arriva ensuite m’enleva toute possibilité de rattraper ce satané voleur. L’homme avait tourné le coin d’une rue et j’avais fait de même, mais je n’avais pas vu la jeune femme qui arrivait de l’autre côté et sans le vouloir, je l’accrochai au passage allant terminer ma course dans quelques sacs de farine qui trainaient un peu plus loin. Heureusement pour moi, ces sacs amortirent ma chute. Je restai là un moment le temps de reprendre mes esprits. Lorsque cela fut fait, je tournai rapidement la tête, mais le voleur avait réussi à s’enfuir.

*Et merde si je n’avais pas accroché cette dame, j’aurais réussi à le rattraper.*

Je restai là, assis sur le sol, laissant passer la défaite que je venais d’avoir.

La réaction de la jeune femme m’avait quelque peu surpris. Je ne lui voulais aucun mal. J’avais voulu seulement la sortir de son état, mais en une fraction de seconde, elle avait réagi en sautant par en arrière. Elle avait pris une distance avec moi comme si elle me craignait. Mais pourquoi me craindre moi? J’avais tout fait pour lui démontrer que je n’étais pas son ennemi. Plus je connaissais cette femme et plus je la trouvais étrange. Elle était souvent dans la lune, comme si elle possédait un désir qui la hantait. Un désir qui la contrôlait complètement. Elle devait être une personne des plus craintives pour agir de la sorte avec un ninja de Suna. Je croisai les bras et lui lança un regard interrogateur. Elle était de plus en plus étrange et en plus avec toutes les capacités que j’avais pu observer chez elle, je me doutais bien qu’elle était ninja elle aussi. Mais pourquoi cacher son bandeau? Avait-elle honte de servir Suna? Je devais avoir des réponses à mes questions.

— Si vous me permettez avant de partir, j’aurais une question à vous poser. À ce que j’ai pu remarquer, vous ne possédez pas de bandeau de ninja. Donc, la logique serait que vous êtes une civile, mais suite à vos exploits tantôt, je doute de cela maintenant. Je n’ai jamais rencontré de civile possédant une telle vitesse et de tels réflexes en plus. Alors, pourquoi cacher le bandeau démontrant votre statut aux autres? Avez-vous honte de ce que vous êtes?

J’avais peut-être été un peu trop direct, mais je voulais avoir des réponses et c’était la seule solution pour en avoir. Elle m’avait déjà trop fait poser de questions et le temps était venu maintenant que d’avoir des réponses. Je ne pouvais pas comprendre pourquoi elle ne désirait pas que l’on sache qu’elle était ninja. Après tout ce dont elle avait fait, on ne pouvait plus avoir de doutes sur elle maintenant. Beaucoup de personnes auraient tout simplement remercié ladite femme et auraient continué leur chemin, sans en connaître davantage sur la personne qui les aurait aidés. Mais c’est ce qui me rendait différent des autres. J’avais la joie de vivre et le fait de connaître de nouvelles personnes me rendait des plus heureux. Je l’avais observé depuis le début et les talents qu’elle avait n’étaient certainement pas dus à des talents naturels. Pour acquérir de tels talents, de longs et fastidieux entrainements devaient avoir été faits. Après tout, juste à voir son visage, je pouvais me rendre compte qu’elle était plus jeune que moi. Alors, j’en avais vu d’autre dans ma vie et je n’étais pas prêt à avaler n’importe quoi. Je restai là, debout devant elle sans bouger à la fixer. Mon regard scrutait son intérieur comme si je voulais découvrir son secret. Je détachai mes yeux un moment pour ne pas la rendre mal à l’aise suite à mes questions en rafale. Il n’y avait plus personne dans la ruelle, alors personne d’autre que moi n’entendrait ce qu’elle allait me dire. Je savais très bien aussi que l’on se connaissait que depuis quelques minutes seulement et qu’elle voudrait rien me dévoiler étant encore une personne inconnue pour elle. Je devais donc la mettre à son aise si je voulais avoir une chance. Je décroisai mes bras,

— Et si nous allions parler en mangeant un bon repas. Qu’en dites-vous?