Promenade matinale

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Depuis plusieurs heures, il n'avait eut de cesse d'y songer. Ce fichu rêve qui, tel un parasite, monopolisait ses pensées... et cet œil, à la fois beau et malsain, qui le hantait plus que toutes ses blessures passées. L'oppression en était devenue tellement intolérable que Shiva Oyama - Rokudaime Kazekage en titre - n'avait pu supporter de demeurer un instant de plus cloitré dans son bureau. Être ainsi parqué entre quatre murs ne le réjouissait guère. Ce n'était pas comme s'il se trouvait affalé sur le zinc de l'Akasuna, sirotant une tequila glacée. Son bureau devenait vraiment étouffant quand les soucis survenaient, pas son bar d'attache.
Cependant, aller "se piquer la ruche" dès le petit matin n'était guère avisé pour un Kage. Qu'eut pensé l'opinion publique face à la vision de leur nouveau seigneur titubant - ivre mort - dans le but de se rendre aux cabinets insalubres de ce pub mal famé ? Oh certes, il était de notoriété publique que Tsuki no Shiva affectionnait particulièrement l'endroit. Malheureusement pour notre maître-lame, son nouveau fardeau de responsabilités impliquait des concessions. Naturellement, la sobriété journalière en faisait partie; ce qui impliquait chez l'individu une hâte de retrouver la nuit. Oui Shiva, encore une longue journée à vivre.
Cela dit, rien ne l'empêchait d'y passer brièvement, à l'Akasuna. Acheter des cigarettes et un peu de hasch, par exemple. En voilà un de bon motif de se promener. La législation de Suna ne réprouvait pas la consommation de la ganja et de ses nombreux dérivés. Et à défaut de siroter une bouteille, le trentenaire à la tête de Suna pouvait toujours fumer un shilom afin de prendre quelque recul et ainsi faire face à la présente situation. Eventuellement, en faire abstraction . Fuir pour un temps ces visions de destruction qui l'avaient harcelé une nuit entière comme s'il s'était écoulé plusieurs mois. Fuir la réalité dans la drogue, comme il l'avait toujours fait en cas de coup dur par le passé.

Shiva vérifia. Avait-il bien pensé à prendre son shilom ? Oui, il était là, il le sentait dans la poche de son treillis-ninja noir. Sa fidèle pipe en terre cuite marquée du blason de Suna enlacé par un croissant de lune; ce même symbole qui était gravé sur le pommeau - récemment renouvelé - de son sabre de samouraï... le shilom à haschisch que son vieil ami Yoshimo lui avait offert avant son départ pour le Grand Voyage. Bien ! Il n'avait plus d'herbe, mais cela ne représentait pas véritablement un problème. De toutes façons, il ne lui restait plus que deux Bédouinas; enfin, plus qu'une à présent qu'il portait la tige de nicotine parfumée au citron à sa bouche. Faire quelques emplettes devenait donc une nécessite.
Dans l'optique d'allumer sa Bédouina, Shiva dégaina son fameux briquet à essence et en activa la molette d'un doigté expert. Il approcha alors la flamme de l'extrémité de la cigarette tout en inspirant par à-coups au niveau du filtre. Le tabac se fit alors cendre et braises au moment même où le Kage expulsait deux jets de fumée par les narines. La sensation n'avait hélas rien de plaisante. Pour cause, il avait jeté sa précédente cigarette quelques minutes seulement auparavant. Seulement, c'était ainsi depuis son éveil. Voilà pourquoi son dernier paquet se retrouvait incongrument dépourvu de contenu.
Après avoir soufflé une seconde volute de fumée - expirée par la bouche, cette fois ! - sur la fraise de la clope afin d'en attiser la braise, Shiva Démone-Lame regarda autours de lui. Il n'y avait guère de monde en ville à cette heure. Un groupe d'enfants passa, à priori égaillé par la perspective d'une épreuve pratique de lancer du kunaï à l'académie. Voilà qui était plaisant : observer cette jeunesse encore vierge de soucis. Constater avec jubilation que la prochaine génération arborait un sourire fier et franc, encore insouciante des enjeux politiques qui se tramaient à la cité des Sables et qui, par la force des choses, finirait très certainement englobée par telle ou telle faction. Mais cela, Shiva ne pouvait rien y faire. Les choses voguaient ainsi depuis quelques temps déjà, et les convictions de shinobis ne sont pas choses aisément maléables.

Pensif et préoccupé, son chapeau noir vissé sur le crâne, Shiva ne vit pas l'individu arriver du haut de sa distraction passagère. Il le heurta de plein fouet.

Sujet: Re: Promenade matinale 2008-06-06, 15:22

Marcher de bon matin, les premières sensations de la journée, le réveil délicat ou perturbé, c'est selon. J'apprécie avec une sagesse ,toute normale compte tenu de mon âge, ces moments si simple, ce calme qui précède la tempête, se retrouver enfin seul face à soi -même, quelque chose que trop peu de gens savourent, ils préfèrent se vautrer de bon matin dans un travail aliénant ou une relation hypocrite avec ce qu'ils appellent une femme. Ces deux aspects au combien crétin de la vie, je les réserve pour mon après-midi, le calme matinal est beaucoup plus propice à l'errance de l'âme, au vagabondage de ma vieille carcasse. Comment ne pas trouver une certaine quiétude temporaire face à ce paysage vide, terriblement vide, mais d'une beauté étrange, un doux vent constant qui soulève quelques grains de sable à votre passage, une terre humidifiée par une nuit aussi froide que la journée est chaude, l'illusion à jamais présente que le soleil distille dans nos esprits du simple fait des mirages chauds qui nous trompent, qui nous induisent en erreur mais qui peuvent s'avérer criants de vérité. Et ce silence, une qualité de silence que j'écoute avec calme, une béatitude que peu de gens comprennent, un plaisir simple que je me réserve et maudit soit celui qui me l'ôte ou qui me le coupe sans bonnes raisons.

Suna...

Un amas de tours et de beffrois, une architecture fixe, la même pendant des décennies, une couleur à jamais inchangée, une atmosphère qui est inscrite en moi, une vie qui semble paralysée par un je-ne-sais-quoi et pourtant....le lieu est immuable mais les gens changent, la communauté n'est plus la même, les idées évoluent ou régressent, le doute plane, un vent lent et constant laisse place à une bourrasque de révolte qui anime les consciences, la fin n'est pas loin , le début d'une ère nouvelle, un départ qui sera marqué par le chaos, assurément, c'est ma dernière tâche sur cette terre. La révolte est présente à chaque coin de rue, derrière chaque parole des quidams de Suna, une conscience communautaire qui se désagrège, et bientôt le langage de la violence ne tardera pas à monter le bout de son nez, au plaisir de certains bien pensants et pour le malheur des sacrifiés, des martyrs qui tomberont.

Aigu, Grave, noir, blanc....

Des virages que ma pensée opèrent aisément en cette douce matinée, les idées vont et viennent aussi vite que mes pas me rapprochent du choc, de la rencontre inopinée, le face à face avec notre bien aimée Kazekage, une expression que j'emploie avec beaucoup d'ironie. Mon corps est d'une logique implacable, il s'affaiblit avec le temps et à l'aune de ma 78 ème année, il ne peut même plus supporter un choc frontal avec un autre corps, une autre conscience que je ne connais que trop bien, et si mal à la fois.

Shiva Oyama, le Rokudaime Kazekage qui occupe une place particulière, une position indécise, cet homme que je jalouse et vénère à la fois, tient son titre du seigneur Gaara, Kazekage aussi de son état, mais on ne sait plus qui est qui, quel homme détient le pouvoir politique et quel autre assoiffé de puissance prend en charge le pouvoir militaire. Shiva Kazekage de par la fainéantise et l'incompétence de Gaara ? Shiva Kazekage de par son prestige, sa gloire passée ? Quoi qu'il en soit, Gaara et Shiva sont jeunes, bien trop jeunes, au sommet de la pyramide alors que la moitié de leur existence n'est pas consumée, mais elle peut être abrégée. Sa chevelure noir corbeau si longues et mouvantes au grès du vent, son regard trop franc, pas assez entraîné à l'hypocrisie, et cette odeur que je ne peux supporter, un mélange de drogue, de tabac et d'alcool en tout genre, comment peut- il représenter le village avec de tel vices qui lui collent à la peau ?.Toujours est-il que sa carrure imposante et son chapeau noir sont venues à la rencontre de mon crane dégarnie et de mes yeux perdues au loin. Deux hommes au sol, le pouvoir en lui-même et moi, sombre doyen du village portant un titre honorifique de Grand sage et porte-parole respecté du commun conseil, et bien entendu, chef des Radicaux mais de manière officieuse.

« Rokudaime Kazekage.....un bonjour matinal assez douloureux.....que faites vous de bons matins ?vous êtes tellement impatient d'aller à la rencontre des gens que vous protégez qu'il vous arrive de les heurter sans crier gare ?.... »

Je me relève difficilement tout en gardant un sourire certain, une preuve que mes paroles précédentes ne furent qu'une simple blague sans buts, des mots ironiques qui ne peuvent jaillir qu'après une telle rencontre. Le sable salissant s'accroche à ma tenue, je fais mine de ne rien sentir pour garder droit devant moi le regard de cet homme, un puissant qui m'intéresse, une vie que j'aimerais bien découvrir avant de perdre la mienne.

Invité

Même pour le tout puissant Seigneur Kazekage, la chute ne fut pas un agrément. Du gras, voilà ce dont son postérieur n'était pas pourvu. Voilà qui aurait pourtant pu amortir sa chute sur les pavés ensablés de la Cité des Sables. Et face à lui ? Un vieil homme. Ou plutôt ce vieil homme. Un sage parmi les sages, à ce qu'on en savait. Il avait toujours été là, aussi loin que Shiva put s'en souvenir. Difficile à cerner, le doyen avait dû être un grand ninja.
Shiva ne savait pas. La maison Mozaemon était réputée, certes, mais lui n'était au fond qu'un étranger. Hormis l'Ancien, nul ne l'avait véritablement instruit sur les coulisses du village. Jeune et téméraire à l'époque, Shiva avait préféré l'art du combat à l'instruction culturelle; en conséquence de quoi il avait négligé les dites leçons. A présent l'Ancien était parti, et les lacunes laissaient sur le palais de notre Kage un goût des plus amers. A moins de le questionner lui même, l'héritier du Maître-Lame Oyama avait peu de chances d'en savoir plus sur le vieillard.

"Oh, Mozaemon-sama... Je vous prie de m'excuser, je ne vous avais pas vu."

Déclara donc le Rokudaime, véritablement confus. Un Kage qui ne voyait pas plus loin que le bout de son nez, quel comble ! Comme si sa charge lui permettait de se laisser aller. Mais, n'y avait-il pas un lien entre son cauchemar de la nuit passée et les dissensions intestines qui rongeaient l'équilibre de Suna comme des vers ? Probablement pas. De son songe, Shiva n'avait pas retenu une quelconque instabilité politique. Où était la prémonition ? Etait-il judicieux de prendre en compte un simple songe ?
Mettant un terme à ses pensées, le samouraï Démone-Lame reporta son attention sur Itome Mozaemon. Sans se plaindre autrement que par une malicieuse boutade, le doyen de Suna se releva. Shiva, lui, hésita. Devait-il aider le vieil homme ? Non, assurément. Il eut été trop humiliant pour un tel personnage de recevoir l'aide d'un "louveteau". Conforme à la marche à suivre dans ce genre de situations, le Kazekage attendit que Mozaemon fut à nouveau dressé sur ses deux jambes pour se lever à son tour.
Il épousseta alors ses vêtements, et inclina la tête avec humilité face à cet homme qu'il avait toujours respecté de loin. Pas trop non plus, tout de même ! Un Kage ne devait jamais perdre la face devant ses conseillers; seulement reconnaître ses erreurs. Le principe s'appliquait à toutes les situations; du débat politique à la bousculade fortuite par un beau matin ensoleillé. Le but était évidemment de conserver une once de crédit. De mauvaises langues considéraient déjà que sa nomination n'était pas légitime. Mieux valait faire profil bas, pour l'instant...

"Grand Sage, vous sembliez vous-même bien pressé... - sourire entendu - Mais passons. Comment vous portez-vous aujourd'hui ?"

Un échange de banalité proféré sans ciller. Une apparente courtoisie, mais que d'intentions derrière ! Le jeu des politiciens, Shiva le connaissait. Le prédécesseur et père de Gaara, conscient du talent de diplomate qui sommeillait en son homme de main, l'avait maintes fois chargé de missions diplomatiques après qu'il eut demandé à être réformé des Chasseurs de Déserteurs.
Délicat jusque dans les moindres détails, Shiva inspira sur sa cigarette, mais s'arrangea pour expirer la fumée de côté. Cela, au moins, était la moindre des courtoisies.

Sujet: Re: Promenade matinale 2008-06-09, 01:59

Pas à son aise, pas encore acclimaté, un rôle qui ne lui sied guère ?...

Je vois devant moi un jeune homme qui ne sait comment se comporter, les fesses entre deux chaises, deux choses le tente, mais sa faiblesse toute humaine le conduit à adopter une nature, une posture devant moi , encore et toujours l'hypocrisie, un jeu relatif à Suna et au sens politique de ses hommes. Relever mon vieux sac de peau du sol ?attendre de moi un sursaut d'orgueil ?Quoi qu'il en soit, il ne sut choisir à temps, il restait devant ma carcasse comme cet âne ancestrale mort de faim et de soif , il a hésité mais j'ai vu et cela conforte mes premières idées à son sujet, le Kazekage est d'une nature libre et sa position n'est pas pour l'aider. Mais preuve en est que l'on peut être bien surpris à mon âge. Une fois passé ce bref moment humoristique où je me relevais tant bien que mal, voilà que se pointe devant moi un visage intéressant, une face humaine que je ne connaissais pas. Le Rokudaime Kazekage « Démone Lame » est bel et bien un manieur avertis du souffle, il ne gâche aucunement le vent quand il bouge ses fines lèvres, ses mots semblent anodins mais leur poids et leur mesure sont justement calculé, il m'incite à lire entre les lignes et me renvoit une « contre-boutade » de rue si je puis m'exprimer ainsi. Mon sens des mots n'étant pas encore réduit au simple néant comme peut l'être ma libido plus du tout libidineuse, je me hâte de renvoyer tout de go :

« Pressé ?...c'est la vie qui me presse honorable Kazekage....contrairement à vous, il me reste juste assez de temps pour égayer mon existence avant de rendre le dernier souffle dans ce village de tempête....votre jeunesse vous offre le droit de rêvasser et tordre l'ennui d'une douce fumée d'un produit trompeur, ma vieillesse ne me laisse elle, hélas, juste assez de minutes pour faire ce que j'aurais du toujours faire...ce que j'ai repoussé inutilement....suivez mon conseil si je peux oser Rokudaime....faites et rêvez ensuite, cela évitera une fin de spectacle choquante... »

Des mots sans queues ni tête si l'on s'en tient à l'apparence même, un silence lourd de signification et un rire, le mien, toujours aussi remarquablement faux mais au combien ressemblant à celui d'un vieux fou sénile tout juste bon à égayer un moment, une minute, une heure à tuer. Puis comme toute sensation ne vient jamais seul, à cela vient s'ajouter l'odeur, celle d'une épaisse fumée qui vous prend aux viscères, quelque chose de commun pour le vice même, une drogue douce ou dure peu importe, mais un de ces fameux produits trompeurs, un marchand d'illusion parmi une cité de Sable, je reconnaissais bien là les rumeurs au sujet de cet homme. Effectivement, Shiva « Démone -Lame » est bien un de ces « junkie » des sables, un ninja trompeur trompé, une victime qui se sait. Pour ma part, que ce soit mes narines délicates ou mon vieil âge qui accentue en moi mes côtés les plus « réactionnaires », je ne pouvais rester stoïque face à une fumée simplette, mon nez déjà hideux se plisse légèrement, accompagnant par la même mes sourcils noirs dans une danse du mépris et de la gêne. Le geste précédant, comme souvent chez moi, la parole :

« Deuxième conseil du jour de la part d'un vieux fou comme moi.....Limitez vos vieilles dépendances et autres accoutumances à tout produit qui ne soit pas confectionné par l'amour d'une mère ou la bienveillance d'une femme simplette....Le village a besoin d'un homme en pleine possession de ses moyens, au niveau physique et mental...mais bon, loin de moi l'idée de vous faire la morale, je me souviens encore d'un temps ou je ne pouvais terminer une journée d'entrainement sans mon sacro-saint Sake nuageux... »

Fin de phrase, encore un silence et une fois n'est pas coutume, mon rire en guise de point final. J'avais beau faire, j'avais beau me convaincre, il s'avère que le nouveau Kazekage est bel et bien une personne de qualité et mes plans d'avant mort seront surement plus difficiles à mener à leur terme naturel. De toutes manières, à vaincre sans difficultés l'on triomphe sans gloire comme dirait l'autre.

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Quand le conseiller politique se fait ardent défenseur de la sobriété des puissants, le Vent du Désert se tait.

Attentif - mais pas forcément pour les raisons que l'on put supposer - le Rokudaime Kazekage Oyama essuya avec maturité les remontrances du vieil homme. Sa simple tirade en disait long sur le fond de sa pensée, et l'attaque ne pouvait être plus directe... ni plus légère. Le doyen manipulait les mots avec aisance, et savait jouer le rôle du vieil homme bienveillant jusqu'aux tréfonds de son mépris. L'admiration n'était certainement pas réciproque, ce qui n'avait rien de déconcertant.
Sans en tenir rigueur donc, Shiva encaissa les mots du vieux shinobi. Qu'importe ? Son addiction était bénigne, si l'on comparait à l'état dans lequel il avait fini dans le rêve. Le savait-il ? Le mettait-il en garde contre ce que l'avenir lui avait déjà révélé par le terrible songe d'une apocalypse sanguinolente ? Peut-être... ou peut-être pas. Il n'était en tout cas pas question de référer à ce personnage de son vécu spirituel. L'homme demeurait trop étrange, et son apparente folie de vieil homme sonnait faux, contrairement à l'aigretté de ses propos.

"Je comprend tout à fait où vous voulez en venir, Mozaemon-sama. Ma femme m'a quitté, et je n'ai point connu ma mère. Mon vénérable maître en revanche se faisait apologue de cette ancestrale coutume du Sable. On dit parfois que le haschisch consommé avec modération favorise la prise de recul et la compréhension des choses au delà de l'aspect. D'autres vous parleront de paranoïa exacerbée... tout est relatif à chacun."

Ce fut à son tour de rire. Et il n'y avait nulle hypocrisie dans le rire du trentenaire aux cheveux semblables au plumage du corbeau. Lui aussi, savait jongler avec les mots. Son regard fier croisa celui du vieillard, et de l'indulgence put y être lue comme dans un livre ouvert. Oui, de l'indulgence à l'égard d'un homme qui, dans l'incapacité de profiter du repos saillant aux personnes de son âge, se faisait du souci pour l'avenir de Suna. Tout comme notre manieur de sabre, tout compte fait. A l'exception prête que Shiva ne doutait pas autant de lui-même.
Il se savait le seul à pouvoir endosser une telle responsabilité. Lui seul savait ce que l'avenir révélait. Il lui fallait à présent faire ses preuves tout en conservant le secret. Prouver face au conseil de Suna que sa nomination n'était point illégitime, mettre en confiance le peuple pour qui il s'était déjà tant de fois sacrifié. Une réunion exceptionnelle du conseil des Sables s'imposait. Mais avant, il y avait un endroit où Shiva devait absolument de rendre. Un endroit où on le comprendrait ouvertement, où les mots seraient francs et sans détours.
Restait à définir l'heure de son départ pour Konoha. Se faire accompagner ? Oui, un Kage ne voyage pas seul. Se faire accompagner, oui, mais par qui ? Tout en attendant avidement la réplique de Itome Mozaemon, Shiva "Démone-Lame" commença à dresser l'ébauche de ses prochains plans d'actions. Tant qu'il n'était pas en paix avec lui-même, il ne pouvait ne serait-ce qu'entreprendre de sauver le village. Gaara saurait bien gouverner un peu tout en attendant l'heure de la relève.
L'instabilité politique était, finalement, plutôt stable pour le moment. Les différents partis stagnaient du haut de leur position, sans qu'aucun ne prit le dessus sur l'un ou l'autre. Cela n'éliminait évidemment pas l'hypothèse d'un coup d'éclat en préparation par ci ou par là mais, après ? Ne s'en faisait-il pas un peu trop pour sa patrie ? Non, non, non ! Le rêve était un avertissement dont le but tait de susciter chez lui l'actuelle réaction. Envisager tous les points, ne rien laisser au hasard, et rencontrer Uchiha Sami, la plus fervente partisane de l'alliance Sable-Feuille.
Le destin de Suna n'était assurément pas le seul mis en péril.

Sujet: Re: Promenade matinale 2008-06-12, 10:39

Me suis-je emporté ?les mots sont-ils sortis de ma bouche tel des pensées vicieuses que je n'ai pu contenir ?est ce que je voulais vraiment les contenir ?....

Le regard si franc et pur du Rokudaime Kazekage avait pris une tout autre teinte pendant mes longues tirades épuisantes, de l'obscurité pouvait y être lu, un changement infime dans la conversation, une perturbation de l'air ambiante. Plus l'heure H approche et moins j'ai de facilité à ne pas extérioriser mon mauvais fond, celui qui a évolué et grandis sous la poigne écrasante du temps, une femme à mon sens, et pas une des moins chiantes, je ne saurais jamais la rattraper à temps. Peut être que ce vénérable Kazekage se rend compte de mes penchants et de mes idées radicales, mais je doute qu'il sente un danger envers un vieux papy des sables. Soyons sérieux un instant, que pourrais je faire face à une jeunesse toujours plus entraînée, toujours plus forte et droguée à souhait ? Allons bon, au moins j'ai un atout de taille par rapport à toute cette chienlit, je ne me carapaterai pas devant la grande faucheuse, et tout le monde sait qu'il faut une vie entière si ce n'est plus pour obtenir cette capacité. Bien, pour mettre fin à cette pensée toujours aussi zigzagante dans les tréfonds de mon esprit, concentrons nous un instant sur mon interlocuteur...

Ce kazekage qui ne dit rien, qui m'a laissé dire. Aucunes remontrances ne freinent mon éloquence déplacée, « Démone-Lame » fait preuve de respect ou de ruse, la lecture peut être double. Lorsqu'il prend la parole, c'est pour évoquer un passé dont je sais si peu de choses, une lacune dans mes informations que je devrais bientôt faire oublier. Une femme qui le quitte ?une mère qui meurt ?un drame si beau de la vie dont j'ignorais tout. Au fond que -savais-je sur lui ? Rien hormis le fait qu'il est l'héritier d'un maître samouraï et d'un vieux jinchuriki qui sont tous passés de vie-à-trépas. C'est beaucoup et en même temps, on ne va pas très loin avec cela. Est ce qu'un sens se dégage de ses paroles ? il évoque avec dureté un passé trouble et tout de go il prend le virage et annonce quelques phrases bien trouvées visant à faire l'apologie de ce « Haschisch » que j'ai toujours du mal à sentir. Prenons le virage ensemble :

« Moi je ne comprends pas où vous voulez en venir vénérable Rokudaime mais je me garderais bien d'argumenter pour vous faire boire mon eau ou manger mes légumes.... De plus, votre femme n'est plus, qu'à cela ne tienne, faites bougez vos cheveux si délicats pour ameuter quelques unes des beautés du village du sable, nous avons pour tradition d'en produire de très belles, même si on se lasse vite de leur présence aussi utile que les nombreux bibelots qui s'accumulent dans ma résidence champêtre..... »

Sensation étrange qu'est celle du changement de sujet rapide dans une conversation, on a l'impression de voyager en un rien de temps, évoquer avec gravité X et retomber sur ses pieds pour parler de Y, un jeu loin d'être déplaisant. La joie qui doit se lire sur mon visage à l'idée de converser sur tout et rien n'a pas l'air d'égayer mon interlocuteur qui semble perdu, dans ses pensées ?sa mémoire ?un « Bad trip » comme dirait la jeunesse ? Je suis en face de lui, il se projette déjà dans le futur proche, je ne vais pas le retenir plus longtemps :

« Bien, cette rencontre inopinée m'aura fait le plus grand bien Rokudaime Kazekage.....nous aurons surement l'occasion de partager nos idées différentes mais alléchantes au cours des prochaines séances du conseil...Pour l'heure, je me dois de vous saluer comme il se doit et de vous quitter pour rejoindre mon chaleureux foyer, une femme m'attend, elle ne fait d'ailleurs que cela....heureusement que je peux encore me distraire un peu, mon jeu de go n'a jamais été aussi usité que cette année...bouger des pions après réflexion, voilà un plaisir complexe qui vaut le détour.... »

Il n'en faut pas plus pour se quitter sur de bons termes et caresser du bout du doigt la prochaine rencontre, les prochaines paroles qui fuseront et le plaisir qui sera miens.

Uniquement.

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