Mission de Rang D

Un Sang Précieux

La salle était aseptisée. Ne vous figurez vous pas un lieu sombre et archaïque. Orochimaru n'avait pas le temps de jouer les bouchers lorsqu'il devait soigner ses ninjas ou analyser des patrimoines génétiques, toujours riches en renseignements. Beaucoup de techniques qu'il maitrise sont d'ailleurs la résultante de ces expérimentations.

Le lieu était blanc, illuminé d'une quantité incroyable de luminaires. Des machines, des tables d'opérations propres et des outils neufs entreposés comme les trophées d'un homme qui savait dépenser l'argent du village pour l'essentiel, ou du moins ce qui apparaissait pour lui comme étant l'essentiel. Le lieu était propice à des travaux bien exécutés. Peut être fusse une demande de Kabuto, exigent de pouvoir exercer dans des conditions viables.

L'oeil posé derrière lui, Orochimaru observait Doreika, avec un oeil attentif à ses moindres mouvments. Il était soucieux de sa forme physique, et ne saurait tolérer la moindre défaillance.

Il s'adressa à elle ainsi :

"Doreika, assied toi sur une des tables tandis que je m'occuperais moi même de ta transfusion..."

Orochimaru avait choisit de faire de cette épreuve une mission, car Doreika la finirait usée... Attendant que la Kunoichi prenne place, il ne pouvait rester qu'en observateur. Que pouvait t'il bien se passer dans l'esprit de cette femme ? Lui paraissait elle désirable ? Comment pouvait elle supporter une vie sans passé, et donc, sans vie ?

La jeune femme prit maintenant la parole. Chacun de ses mots étaient comme enveloppés dans une délicate hésitation. Comme si chacun d'eux portaient toute la laideur du Doute.
Doreika voyait des choses. Qu'était-ce ? Orochimaru était mis face à une ambiguïté qu'il devra nécessairement trancher pour ne laisser que des certitudes, le genre de chose qui ne laisse pas la place à l'attente du doute.

Elle évoquait des images similaires à un Genjutsu. Or, personne n'avait rien lancé. En effet, le mental d'Orochimaru était assez affuté pour tout percevoir assez rapidement. Les drogues qu'elle avait du transiter auparavant elles mêmes n'étaient pas composée de mescaline ou d'autres drogues génératrices d'illusion. De ce fait, il ne pouvait s'agir que d'images qu'elle même avait, par démence ou raison, créé. Des Souvenirs ? Impossible. Il ne le fallait pas !

*Elle se tient là et me fait par d'une crainte que je n'imaginais pas intervenir si tôt : elle ne doit pas se souvenir de quoi que ce soit. En effet, si elle me suit comme une bête faible, c'est entre autres choses parce qu'elle me lie de façon consciente ou non à ce passé qu'elle ne peut que voir au travers d'illusion fantasmagoriques, comme fermer les yeux et ne voir que les tâches brunes d'une lumière vive... Tentons de déformer les choses. J'ai l'avantage d'avoir un ascendant mémoriel sur elle, et peut ainsi altérer la perception naissante qu'elle à de ses souvenirs... Allons-y.*

Orochimaru planta une aiguille longue comme un doigt dans le cou de la Kunoichi. Dans un mouvement lent et pacifiant, en planta une seconde dans son thorax dénudé. La douleur serait évidente si Orochimaru n'avait pas pris le temps de faire venir un duo d'anesthésiste d'Oto qui, en pressant des points précis d'acuponcture, eurent paralysé temporairement les nerfs ciblés par le serpent. L'aiguille plantée, il actionna une machine destinée à ponctionner le sang lentement et le conserver dans une série de fioles. C'était là l'ennuyeuse langueur dans laquelle devrait se complaire la jeune femme, voir son sang atterrir dans des fioles, prises elles mêmes par Kabuto pour être analysées et en déterminer l'intérêt.

Mais cela pourrait revêtir une toute autre apparence si seulement Orochimaru se laissait aller à la delicatesse de fournir à la jeune femme des informations sur sa jeunesse... Dans ce sens, ou pas, il lança à la femme :

"Ces images, que te figurent elles ?"

Même les gestes mécaniques d'un homme en apparence froid peuvent être rompues, ou du moins temporairement. C'est ce que laisse penser l'attitude d'Orochimaru-Sama qui marqua un temps d'arrêt après les paroles de Doreika, un temps d'hésitation.

Puis deux hommes en blanc pénétrèrent dans la salle illuminée sans dire un seul mot, comme des pantins, des sbires dévoués corps et âme surement, une fois de plus.

Pourtant ces hommes prirent le temps d'exercer leur art de l'acupuncture sur le corps froid et dénudé de la jeune fille. Des gestes méticuleux qui imprègnent les membres d'une sensation de lourdeur, de paralysie. Un état indispensable pour recevoir l'habituel traitement afin de donner une quantité non négligeable de sang. Le liquide rouge vif coulait dans des fioles sordides, une situation ironique, voir sa plus grande énergie défiler devant ses yeux, remplir de vulgaires contenants.

Cette scène génante eu le mérite de plonger Doreika dans un état de léthargie, une façon de se perdre elle-même dans ses pensées :

*Je suis utile au moins....un objet......peut être que je n'aurais pas du parler de ces images...c'est surement quelque chose de gênant, quelque chose que je ne devrais pas connaître....*

La question du serpent mit fin à cette réflexion solitaire, Doreika devait lui décrire ce qu'elle voyait, ce qui la perturbait :

« ce qu'elles me figurent....une impression de déjà vu....ce sentiment de l' avoir fait...D'avoir déjà ressentit cela...des couleurs, beaucoup de couleurs, et quelques fois une impression d'être transportée ailleurs...ressentir une odeur qui n'est pas repérable, une douleur qui n'est pas détectable...un manque ou au contraire un trop plein, un trop plein de quelque chose que je ne vois pas...je sais que je suis confuse Orochimaru-Sama... il m'arrive de voir mais surtout de ressentir des choses que je n'arrive pas à décrire, tout ce qui est identifiable se résume à des couleurs...le reste résonne dans tout mon corps, ou peut être mon esprit...je devrais peut être stopper les dons de sang....cela ira mieux quand je serais en action....le fait de rester à ne rien faire accentue ces « crises » qui me gênent....même si je ne suis pas très en forme, il me faut bouger le plus vite possible.... »

Le regard de Doreika indiquait qu'elle essayait vraiment de décrire du mieux qu'elle peut ce qui la trouble, pourtant elle omet un détail, quelque chose qui ne pouvait passer inaperçu.

La jeune fille oubliait de préciser qu'une phrase résonnait souvent dans son esprit, une réminiscence qui se répète depuis quelques jours, cette simple phrase était néanmoins lourde de signification :

«* Doreika...ne te laisse pas charmer....n'oublie pas ce qu'il nous a fait.... *»

Une phrase étrange que Doreika garde pour elle par précaution, une intuition qui est surement bonne.

Paroles sous silence, objectifs inavouables, dissimulation de part et d'autre....Finalement les rapports humains sont souvent entachés de mensonge, de double jeu.

Orochimaru écoutait attentivement chacun des mots que la jeune femme lançait dans un chaos total, comme un bouquet de fleur agencées sans le moindre goût.
Pourtant, ce qui en ressortait était évident. Oter aux mots leur chaos, et ne laisser vivre que leur sens inesthétique. L'écrémage fait, Orochimaru parvint à conclure que la jeune femme s'ankylosait à rester ainsi, cobaye privé de soleil comme un tournesol contrit.

"Hum... Si tu me donne si peu de renseignements, en effet, le trouble que tu évoques ne me permettra pas de t'aider en quoi que ce soit, Doreika..."

Après avoir retiré l'aiguille dans un mouvement sec et franc :

"Toutefois, ne soit pas si enhardie de te lancer dans une mission qui nécessite que tu aies l'usage de toutes tes facultés. En effet, il te faudra de la force pour parvenir à arriver jusqu'à Suna, et en plus de ce voyage qui peut s'avérer périlleux, entrer et trouver le contact ne sera pas de tout repos..."

Tandis qu'il parlait, il déposait soigneusement les ustensiles dans un bac rempli d'eau et d'alcool, tandis que le sang reposait tranquillement dans de paisibles réceptacles.

"Bien sûr, tu peux t'infiltrer en te manifestant à outrance, pour ne pas attirer de trop vifs soupçons. Tu pourrais même te faire passer pour une pharmacienne à la recherche de plante rares de Suna. Dans tous les cas, la mission réclamera attention et finesse. De ce fait, tu ne pourras pas t'y jeter, sans mesure. Des attaques de Bandits, de Ninjas ennemis, tout peut arriver, tu dois être prête à ce genre d'imprévus qui toujours surviennent quand on s'y attend le moins..."

Ces mots permirent à Orochimaru de mettre la Kunoichi en garde. Si pour elle la vie se résumait à une quête personnelle d'un passé trouble et encore synesthésique, réminiscent, immatériel, alors elle courrait manifestement le risque de s'y perdre, et ainsi, de risquer la perte d'Oto et de ses commerces florissants...

*J'ai pris tout ce que j'avais à prendre d'elle... J'ai amplement de sang, assez pour percer le mystère qui entoure ses capacités... Toutefois, son pouvoir doit encore évoluer pour démontrer toute sa latence... Toutefois, ses questions sont des entraves à son développement... Il faut les évacuer au plus vite...*

Tendant d'une main un kimono de belle facture à la kunoichi, Orochimaru dévorait des yeux ce corps dénudé au glabre fascinant et blême, comme une orchidée sauvage privée de la radiance du soleil.

"Je crois qu'il est important que tu saches dissocier tes souvenirs, troubles, à la réalité rationnelle. Car c'est la réalité qui prend effet maintenant. Tes souvenirs, comme toute trace du passé, n'est que trace sans matière. Toutefois, je t'assures que je ferais mon possible pour t'ôter cette première source de soucis. Je ne voudrais pas perdre inutilement un élément comme toi."

Le ton était donné. Il fallait que la Kunoichi aille de l'avant, et réalise ce qu'elle était censée faire. Ce, même si le serpent blanc de Konoha serait contraint de perdre cet argument de valeur qu'il avait, la maitrise de la mémoire de la jeune fille.
Même si Orochimaru brillait par la folie du génie qui l'habitait, il n'était pas pour autant de ce qui apprécient la violence gratuite, et la cruauté sans fond. De ce fait, pouvait se permettre de tendre vers une gentillesse obscène, déplacée, quand on la mettait en tension avec les actes barbares commis au nom de la connaissance et du savoir...




[La mission de Rang D est close. Tu perds 15PV et 15PC à cause d'une fatigue immense (dûe à la perte de sang importante). Tu pourras les récupérer en partie si tu fais un RP de repos, qui réduirait ta perte à 5PC/5PV. Pour enchainer avec la mission suivante tout de suite, poste à la suite de celui-ci. Pour te reposer, quitte la salle de soins pour ta chambre ou j'irais te chercher.

Gains : 200 Ryôs et 4 Points]