Mélodie d'un paradis oublié

Sujet: Mélodie d'un paradis oublié 2009-07-04, 03:29

-> Priorité à Zomeru Souken.

Il était paradoxal qu’un village caché tel qu’Oto no Kuni se consacre à la culture du riz, activité nourricière des éléments, silencieuse, paisible, alors que ses shinobis nourrissaient un bellicisme tel que nul autre village ne pouvait l’imaginer. Longtemps, je m’étais demandé s’il ne s’agissait là que d’une coïncidence parfaitement ironique, où si inconsciemment, même les créatures les plus malsaines de ce monde ressentaient le besoin de toucher à la paix, du bout des doigts. On m’avait souvent pris de haut, considérant que de tels questionnements étaient vains, vides de tout intérêt. Je n’en tirais qu’une seule conclusion : Si le sujet ne méritait pas qu’on en discutât, c’était bel et bien parce qu’il était sensible, viscéral.

L’envie d’en rire ne me prenait plus comme autrefois. Autrefois… je me moquais volontiers de mes aînés, affichant mon sourire d’angelot et feignant d’être le détenteur des réponses à toutes les énigmes de l’univers. Mais la connaissance est un bien dilettante, capable de se retourner contre son possesseur sans même que celui-ci ne s’en rende compte… avant qu’il ne soit trop tard. Cette leçon, je l’avais apprise malgré moi, et elle me rongeait d’autant plus les entrailles, aujourd’hui que la marque venait de m’être apposée. Plus qu’une violation, je la considérais comme un drapeau brandit, symbole de ma servilité acquise. Les issues à cet état, quelles qu’elles soient, disparaissaient lentement mais avec assurance de mon champ de vision. Je me sentais pris au cœur de l’une de mes illusions, prisonnier d’une chimère qui me narguait de loin en me faisant un clin d’œil concupiscent.

Il n’y avait guère que le marais attenant au village qui parvenait encore à m’entraîner vers la sérénité. J’étais devenu l’un de ces bellicistes ambulants, prêts à toutes les ignominies au nom de leur maître, et je recherchais la paix malgré tout. Non pas au cœur des rizières, trop peuplées et superficielles pour que je m’y sente entier, mais au sein de ce marais. Vestige d’anciennes rizières laissées à l’abandon, il exhalait une odeur de moisissure pénétrante, et accueillait les espèces végétales et animales que les miens avaient bannies de leurs existences au nom du progrès… au nom de la guerre. Une dimension parallèle autre que mon ouvrage m’accueillait en elle, me donnant l’impression que rien de ce qui me préoccupait n’avait de consistance physique, qu’il ne s’était agi que d’un rêve éveillé, lointain de ce qui constituait l’essence vitale du lieu. Mieux encore, l’endroit me laissait le parcourir sans l’ombre d’une menace jaillissante, perfide, humaine.

Je n’imaginais pas un seul instant que quiconque puisse me découvrir ici, assis sur un tronc de frêne en décomposition, mes pieds nus immergés dans la tourbière, et mon regard porté vers l’horizon, inconscient. A vrai dire, je ne voulais pas l’imaginer, car la présence d’un intrus en ces lieux signifierait sans doute pour moi l’appel vers une nouvelle mission, et avec elle le retour de mes vieilles chimères. En regardant l’astre doré poursuivre inlassablement sa route, je me demandai si ma vie prendrait la même tournure, si je serais à jamais prisonnier d’un quotidien qui ne m’appartenait qu’en façade, où si je saurais m’en défaire le moment venu, et découvrir une nouvelle ellipse qui me soit propre.

Je ne saurais jamais profiter de l’instant présent. Trop de questionnements m’assaillaient l’esprit, inlassablement répétés sans que la moindre trace d’évolution n’apparaisse. Pour quelqu’un qui se prenait pour un philosophe incompris, j’avais sans nul doute oublié une donnée fondamentale. Ou simplement me complaisais-je dans mon malheur, tel un enfant trop gâté.

Un craquement retentit derrière moi. Je me crispai automatiquement et jetai un regard alentours.

*Tiens tiens… voici venir le messager*

Sujet: Re: Mélodie d'un paradis oublié 2009-07-04, 10:17

Le jeune Zomeru avait réussi à cartographier presque tout le territoire d'Oto: la falaise du couchant, Ryoshu no Sato, mais aussi les risières du territoire avaient déjà toutes été soigneusement inspectées et reportées sur des cartes. La seule zone qu'il fallait encore explorer pour Zomeru était l'ensemble des marais amoncelés prêt des rizières. Explorer un lieu aussi putride, vaseux et mal odorant serait pour le jeune ninja une vraie punition. Il détestait tout ce qui était laid, que ce soit un paysage, un objet, ou même un être vivant. Cela devait probablement venir de son côté superficiel et paranoïaque ; tout ce qui n'est pas aussi soigné que lui, lui veut nécessairement du mal. C'est ainsi que Zomeru voyait la vie. Une lutte permanente entre le beau et le laid, le bien et le mal. Cependant, il ne pouvait pas se contenter d'acheter une carte toute faite de ces marais, il ne faisait confiance qu'en ses propres capacités, le géographe qui avait cartographié cette zone devait probablement être vieux, et sa carte ne serait certainement plus d'actualité ; ou peut-être qu'un immense trafic de cartes tiendrait lieu à Oto, offrant aux malheureux possesseurs de ces cartes de fausses informations, les conduisant donc à une mort certaine. Après avoir paranoïé de longues minutes, il s'avoua qu'il se devait d'aller lui-même au marais, il était le seul pour lui à avoir les compétences nécessaires à l'élaboration d'une telle carte.

Il se mit donc pour les marais vers midi, lorsqu'il estimait que le danger à Oto était le moins présent, puisque toutes les sources de menaces qui y étaient présente devaient certainement manger à cette heure là. Refusant de se mettre à courir, ce qui nuirait grandement à son allure faussement naturelle, il mit plusieures heures à arriver au marais. Lorsqu'il fut enfin arrivé à cet endroit, son premier réflexe fut de mettre sa main devant son nez, en ne respirant plus qu'avec la bouche. Il regretta amèrement de ne pas avoir investi dans un appareil à oxygénation artificielle, il aurait pu lui être d'un grand secours dans cette situation. Cependant, le spectacle n'était pas aussi immonde qu'il s'y attendait. Certes les nombreuses variétés de plantes en décomposition n'étaient pas ce qu'avait vu Zomeru de plus esthétique, néanmoins, cela ne sentait pas trop mauvais, et l'eau dans laquelle croupissait toutes ces plantes reflétait à merveille la lumière du soleil ; la couleur de cette eau laissait tout de même le jeune ninja perplexe: une eau verte n'était pour lui qu'un vaste foyer à microbes, et non le chef d'oeuvre de dame nature. Il préféra donc éviter soigneusement chaque point d'eau, chaque flaque et chaque goutelette qui lui paraissait suspecte. Après un long moment de travail méticuleux et fastidieux, il remarqua au loin une autre présence humaine. Curieux de nouvelles rencontres, il s'en rapprocha, histoire de savoir si cette personne pouvait être "fréquentable" ou non. Malheureusement, la maladresse légendaire de Zomeru fit craquer une brindille, et la réaction du shinobi qu'il observait ne se fit pas attendre: il se retourna immédiatement dans la direction du jeune ninja.
Maintenant qu'il était repéré, il n'avait pas d'autre choix que d'aller discuter avec le ninja en question, s'il s'enfuyait maintenant, le ninja qu'il observait le prendrait probablement pour un espion, et il ne tarderait pas à faire savoir à Zomeru son mécontentement.
Il se rapprocha donc de l'homme qui était présent sur le tronc d'arbre et lui dit timidement:

"Belle journée n'est-ce pas? vraiment parfaite pour faire de la cartographie..."

Sujet: Re: Mélodie d'un paradis oublié 2009-07-04, 19:04

Je ne l’avais jamais repéré errant dans le village, où prenant part à mes missions groupées. Cet homme m’était inconnu, et je n’avais jamais apprécié la compagnie de mes pairs. Trop d’inconnues constituaient l’image que j’en avais, trop de parodies de relations cordiales alors que nous en étions tous au même niveau de perversion. Seules mes victimes, et les civils que j’abordais de temps en temps me permettaient de me sentir en paix avec eux, si ce n’était avec moi-même. Ils étaient purs, innocents. Lui portait le bandeau des Rang 1, comme une graine germant patiemment, dans l’attente de libérer son fiel.

Je détournai le regard alors qu’il s’approchait, hésitant. Sa démarche m’indiqua qu’il ne s’agissait pas du corbeau de mauvais augure que j’attendais depuis quelques jours. Il était là pour des motifs qui lui étaient propres. Je me détendis quelques peu à cette pensée, considérant que si sa présence n’était pas opportune, elle me laissait néanmoins en sursis.
Il n’avait pas l’air d’être un habitué des marais, et se comportait tel une jeune fille tombée dans une mare de boue. Si j’avais été friand de stéréotypes, je me serais alors dis que son bandeau n’était qu’une farce, et qu’il n’était pas plus ninja que je n’étais nonne. Puisqu’il était suffisamment propre sur lui pour développer une phobie de la crasse, je l’imaginais mal entrer dans les bonnes grâces d’Orochimaru et dépasser un jour le grade 1. Les fées du logis n’ont rien à faire dans les charniers.

Il m’interpella, avec une timidité qui frisait le ridicule. Mais je ne fus pas dupe, et compris qu’en réalité je lui étais tout autant inconnu qu’il l’était pour moi. Il jaugeait mes intentions à son égard, avec toutefois l’appréhension que développent les ninjas inexpérimentés. Il n’était pas dangereux pour un sou.

"Belle journée n'est-ce pas? Vraiment parfaite pour faire de la cartographie..."

De la cartographie ? Je fronçai imperceptiblement les sourcils, à l’entente de cette nouvelle blague. Il y avait une chose que je ne désirais pas le moins du monde, et cet hurluberlu sous entendait peut-être la mettre en pratique. Il fallait que j’en sache plus. Maîtrisant les battements accélérés de mon cœur et l’humeur morbide qui m’avait soudainement pris aux trippes, je me levai et le toisai de toute ma hauteur – quoique celle-ci ne soit pas en mesure de rivaliser avec la sienne.

« Pourquoi donc cartographieriez-vous un endroit comme celui-ci ? Revêt-il un intérêt particulier aux yeux d’Orochimaru-sama… ou aux vôtres ? »

Je ricanai jaune malgré moi. Il n’y avait aucune chance pour que le marais intéresse mon nouvel interlocuteur, mais les pensées du serpent échappaient à tout entendement. Imaginer qu’il puisse un seul instant envisager de restaurer les anciennes rizières, ou pire encore, d’initier une campagne immobilière, me révulsait. Il ne fallait pas que mon refuge perde sa pureté. Je ne pouvais concevoir de le voir anéanti… la démence me prendrait sans clémence, le cas échéant. De cela, j’étais persuadé.

Cependant, je doutais qu’Orochimaru s’en remette à un simple rang 1 pour délimiter les lieux ; surtout à celui-ci. Mon visage s’adoucit, lorsque je pris conscience de mon propre manque de tempérance.

Sujet: Re: Mélodie d'un paradis oublié 2009-07-08, 21:38

Après un entrée en scène plus que ridicule, le jeune Zomeru décida qu'il lui fallait se rapprocher quelques peu de son interlocuteur. Il ne voulait en rien se montrer malpoli et encore moins qu'il était effrayé. Il rassembla l'once de courage qu'il lui restait en ce moment et fit quelques pas vers l'autre ninja. Ce dernier, qui semblait être bien plus âgé que Zomeru, se redressa sur son tronc d'arbre, comme s'il était désireux de s'entretenir avec le jeune ninja. Peut-être voulait-il se jouer du pauvre Zomeru, ou peut-être voulait-il tout simplement se montrer poli et respectueux à l'égard de ce dernier. Zomeru avait perdu l'habitude qu'on le regarde lorsqu'on lui parlait, d'habitude, on ignorait jusqu'à sa présence. Son interlocuteur, après l'avoir jaugé du regard, lui dit en ricanant:

Pourquoi donc cartographieriez-vous un endroit comme celui-ci ? Revêt-il un intérêt particulier aux yeux d’Orochimaru-sama… ou aux vôtres ?

Zomeru ne comprenait pas pourquoi son interlocuteur lui avait parlé de maître Orochimaru. Peut-être pensait-il que le jeune génin avait été envoyé en mission au marais pour effectuer une basse besogne, un peu comme nettoyer une armurerie ou chercher un herbe rare. Cependant, il semblait aussi s'intéresser aux raisons qui avaient poussé Zomeru à venir dans un endroit pareil, peut-être que cette personne s'intéressait tout simplement au jeune ninja. Dans la mesure où Zomeru ne connaissait encore rien du village d'Oto, il ne pouvait évidement rien comprendre à la situation actuelle, il se contenta d'imaginer qu'il venait d'enfin trouver quelqu'un qui semblait s'intéresser à ce qu'il faisait.

Et bien , pour tout vous dire, je suis tout nouveau dans ce village. Donc j'explore un peu les alentours, ça peut toujours servir. Et vous, que faites vous ici?

Le coeur de Zomeru battait la chamade, il était à la fois triste et heureux. Triste de devoir perdre son temps dans un endroit aussi répugnant, mais heureux d'y avoir trouvé un ninja aussi respectable, surtout dans un village tel que celui d'Oto. Il essaya tant bien que mal d'observer son interlocuteur, de trouver dans son attitude quelque chose qui tendrait à trahir ses intentions. Il n'était pas encore très doué dans ce domaine, donc il prenait plus cette activité comme un entrainement qu'autre chose. Il attendait avec impatience la réponse de son nouvel interlocuteur, il semblait être littéralement pendu à ses lèvres, comme s'il voulait se repaitre de chacun de ses mots et chacune de ses phrases.

Sujet: Re: Mélodie d'un paradis oublié 2010-09-13, 02:54

Citation :: °¤ Evaluation ¤°

> Zomeru : Ton partenaire était un bon RPgiste, ce RP aurait pu aboutir à quelque chose d'enrichissant. Dans tous les cas, tu semblais inspiré .. Tes RPs étaient déjà bons ^^

4 points