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 Nouveau pays, nouvel avatar, nouvelle vie... [PV Miharu]

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Naïlo
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Naïlo

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MessageSujet: Nouveau pays, nouvel avatar, nouvelle vie... [PV Miharu]   Nouveau pays, nouvel avatar, nouvelle vie... [PV Miharu] Empty2009-12-23, 05:09

Qu'est-ce qui lui avait pris, nom d'un chien! Pourquoi s'être dit qu'elle pourrait devenir ninja, elle aussi? Elle n'était qu'une artiste de cirque, rien de plus. Rien de moins non plus d'ailleurs, sinon une excellente pickpocket... Mais voilà, elle avait voulu entrer dans un monde qui n'était définitivement pas le sien, celui de ces shinobis, qu'elle admirait depuis toujours sans vraiment savoir pourquoi. Elle avait espionné les cours à l'académie, s'était entraînée, seule, très dur pour parvenir aujourd'hui à utiliser au moins un ou deux jutsu basiques, et un de suiton. Shikamaru lui avait décrété que c'était là son affinité, dès lors. Mais Naïlo n'en était pas vraiment certaine. Dans les bouquins, elle avait lu pas mal de choses, et dans ses songes, tous plus troublants les uns que les autres, également. Mais qu'importait, à présent? Elle à qui le maître du clan Hyuuga lui-même avait proposé son aide et sa tutelle en tant que senseï, voilà qu'elle avait fui, lâchement. Pourquoi? La réponse était simple et compliquée à la fois. La jeune fille ne se sentait pas prête à laisser tomber ses différents avatars et son mode de vie. Elle avait toujours vécu ainsi, en se déguisant, comme en quête perpétuelle d'une identité qui serait sienne parmi toutes celles empruntées, inventées, mais en vain. Elle se cachait, en réalité, se dissimulait au monde tout en s'y exposant. De par ces avatars, Naïlo pouvait nouer des liens avec de nombreuses personnes fort sympathiques ou intéressantes, ou les deux, sans jamais se sentir prisonnière, coincée... La simple idée de se retrouver entravée la terrifiait à un point qu'elle-même ne s'expliquait pas. Bien sûr, elle avait passé quelques séjours en prison suite à l'un ou l'autre larcin mineur, mais sans plus, à ses souvenirs, durant sa petite vie de nomade. Mais rien dans son vécu n'expliquait sa terreur à l'idée d'avoir les mains liées, des barreaux pour seule fenêtre sur le monde extérieur, ou encore tout simplement de se sentir attachée de façon trop intime à qui que ce fut. Alors, elle avait fui.

Alors que Hiashi Hyuuga, Shikamaru Nara et d'autres shinobis plutôt puissants du village de la Feuille lui proposaient leur aide et soutien pour rejoindre leur monde, Naïlo avait finalement pris peur, et cette crainte l'ayant emporté sur son enthousiasme à l'idée de progresser en tant qu'apprentie kunoïchi, elle avait plié bagages et suivi la première caravane de marchands ambulants quittant Konoha dès le lendemain de sa dernière entrevue avec le chef du clan Hyuuga. Sans doute lui enverrait-il des ninjas à ses trousses... Elle espérait que non, qu'il laisserait tomber, qu'elle serait tranquille si elle partait loin, où que l'emmènent ces marchands. Belle naïveté, sans doute. Mais pour l'emmener loin, ces foutus marchands ambulants, ils le firent! Pas spécialement en se rendant au village le mieux indiqué pour fuir d'éventuels anbus de Konoha no Kuni cela dit: Suna no Kuni, au Pays du Vent. L'air était sec, brûlant, le sable vous piquait la peau au moindre coup de vent, et Naïlo avait déjà l'impression de se dessécher de l'extérieur autant que de l'intérieur, dans ce pays qui, d'entrée, ne lui plaisait guère. Konoha lui manquait déjà... Ses forêts, ses étendues de prairies et ses nombreux cours d'eau, un endroit luxuriant de végétation et des habitants tous plus intéressants et sympas les uns que les autres! Oui, mais voilà, son identité était trop près d'être découverte, et elle ne se sentait pas du tout prête à la dévoiler. Ses avatars la protégeaient... D'ailleurs, pour l'heure, elle était encore une fois grimée. Ses longs cheveux soigneusement teints en noir, et ses yeux dissimulés par des lentilles de couleur brune. Une tenue simple, noire et blanche, et comme d'habitude, des semelles compensées pour paraître moins petite, et plus adulte, elle qui passait si facilement pour une enfant. Un brin de maquillage dissimulait d'ailleurs le rose trop enfantin de ses joues poupines. Personne ne la reconnaîtrait, ainsi, dès fois que des gens de Konoha passeraient la chercher ici. Elle préserverait cet avatar un moment, sans doute.

« Tout le monde descend, on est arrivés! Allez, Mam'zelle! »

Souriant au vieux marchand, qui avait accepté qu'elle grimpe sur sa roulotte à Konoha, Naïlo le remercia encore de sa gentillesse, et lui remit quelques ryos en guise de payement pour l'aide apportée. Puis, elle se dirigea vers ce qui ressemblait au centre ville de ce fameux village du Sable. C'était l'après-midi, il devait être quelque chose comme 14 heures, et il n'y avait pas un chat dehors. Le soleil tapait bien trop fort à cette heure de la journée. Même la petite troupe de marchands de la caravane s'étaient empressés de s'engouffrer dans la première auberge à portée. Peu désireuse de cuire sous l'impitoyable attaque des rayons de l'astre solaire, elle fit de même, s'engouffrant, sa valise en mains, dans ce qui ressemblait à une espèce de taverne. Plusieurs personnes à l'intérieur, donc un vieux barman et un autre, plus jeune, qui semblait travailler avec lui. Tout autour, de l'autre côté du comptoir, une bonne douzaine de clients, les uns en groupes à l'une ou l'autre table, riant et bavardant autour d'une bonne choppe de bière ou d'autres liquides alcoolisés, d'autres seuls ou en duo, plus discrets. Pas spécialement attirée par l'alcool, la demoiselle avait cependant terriblement soif, et s'approcha du comptoir. Il lui restait encore quelques ryos en poche, mais mieux valait les économiser... Et, à côté d'elle, un client complètement bourré semblait presque roupiller, bavant sur le comptoir. Amusée malgré elle, Naïlo se dit qu'empêcher cet homme de reprendre la boisson à son réveil ou à son prochain passage ici ne pouvait être qu'une bonne action, aussi se permit-elle de le déposséder de son portefeuille, très discrètement, cela allait de soi. Elle n'était pas la meilleure pickpocket de sa génération pour rien! S'asseyant alors sur une chaise haute, elle s'accouda au comptoir, s'adressant aux deux barmans, laissant le moins occupé des deux lui répondre.

« Bonjour! Un grand verre d'eau, s'il vous plaît! Un énooooooorme verre d'eau, même, si possible! »

Avec un large sourire gai, bien décidée à entamer cette nouvelle vie avec optimisme, la jeune fille mima de ses bras la taille exagérée du verre d'eau demandé, remettant en place le portefeuille à présent vidé du gros type à sa droite lorsque sa main fut descendue assez bas derrière le comptoir pour n'être, à nouveau, vue de personne. Au moins, elle avait de quoi le payer, son verre d'eau, maintenant, et même une chambre confortable dans une petite auberge, ensuite. D'ailleurs, à y regarder, cette taverne semblait en être une... ou pas? Dans le doute, elle préféra demander.

« Et, euh... C'est bien une auberge, ici, ou juste une taverne? Car me faudrait aussi une chambre, avec le verre d'eau! »

Son sourire gai toujours aux lèvres, elle paraissait fort sympathique, et toujours aussi enthousiaste qu'à son habitude. Qu'importait les soucis de sa vie quotidienne. Qu'importait le fait d'avoir fui, une fois de plus, au lieu d'affronter l'avenir... Elle allait de l'avant à sa façon, même si pour d'autres cela signifiait stagner ou même, retourner en arrière. Qu'importait l'avis de gens qu'elle ne connaissait et qui ne l'avaient connue qu'au travers d'avatars, au final? Rien, sans doute. Pourtant, malgré son optimisme et sa motivation à l'idée de ce qui pouvait l'attendre dans ce nouveau village, au gré des jours de cette nouvelle vie s'offrant à elle, Naïlo sentit comme un pincement au cœur à l'idée de perdre tout ce qu'elle avait acquis au village de la Feuille... Encore une fois, elle se retrouvait seule.

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Asauchi Miharu
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Asauchi Miharu

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MessageSujet: Re: Nouveau pays, nouvel avatar, nouvelle vie... [PV Miharu]   Nouveau pays, nouvel avatar, nouvelle vie... [PV Miharu] Empty2009-12-29, 00:17

Ambiance feutrée. Musique à la fois rythmée et endiablée, sans pourtant toucher au cacophonique. L'alcool coule à flots, les blagues d'ivrognes aussi. Les piliers de comptoir sont à leur place et les discussions à bâtons rompus entre les consommateurs vont bon train, faisant vivre la place tant et si bien que les promeneurs passant trop près du pavillon se plaignent de nuisances sonores. Tout est dans les meilleures conditions pour faire tourner à plein régime un établissement appelant à la débauche comme celui qui s'était établi au cœur du village caché du sable depuis un bon mois, à compter de ce jour. L'ensemble parait assez rustique, mais ce n'est que trop volontaire : pour abreuver des personnes vivant au beau milieu d'un désert ou nulle végétation ne pousse et ou pas le moindre breuvage ne peut être puisé, quoi de plus logique que d'opter un style similaire à celui d'un saloon ? On pouvait voir cela comme une touche d'ironie de la part du tenancier, mais c'était précisément ce zeste d'originalité qui faisait plaire. Preuve en était que sa clientèle n'avait pas désempli depuis que l'ouverture officielle avait été annoncée. Le but était de faire voir le jour à un commerce tranquille et sans histoire ou tous pourraient oublier leurs tracas autour d'un verre, dans une atmosphère décontractante différent radicalement de tous ce qu'ils avaient connu par le passé pour ne pas accentuer la lassitude qui leur pesait si fortement.

Certains voyaient l'endroit comme étant mal famé et incitant au déclin, mais la plupart des hommes s'y retrouvaient avec plaisir sitôt le soleil approchant de son couchant. Les retours ou préparations de mission, les retrouvailles entre camarades, les soirées poker... Tout était prétexte à venir perdre quelques heures dans cet air enfumé, à noyer un quotidien morose au fond d'un alcool fort qui enflamme le gosier et donne un coup de fouet aux esprits les plus embourbés. Vouloir à tout prix tirer son épingle du jeu était un pari risqué que le maître de cérémonie avait gagné sans trop forcer. La recette avait beau ne pas être sa principale préoccupation quand il avait racheté une bâtisse délabrée pour la transformer en bar, force était d'avouer que ce n'étaient pas de modiques sommes qu'il comptait chaque soir à pas d'heure, quand le glas de la fermeture avait sonné malgré les suppliques des habitués ne voulant pas quitter les lieux même après y avoir passé la soirée et une bonne portion de la nocturne. La reconversion était imprévisible, mais se faire oublier en passant par ce biais était une idée géniale. Personne n'avait été fichu de le reconnaître, et sa désertion commençait à remonter. Les jours passant emportaient avec eux le danger d'être identifié, et cela n'avait de cesse de s'amenuiser, son sentiment de sécurité allant grandissant bien qu'il ne l'oppresse déjà pas des masses.

Pourtant, le patron était aussi discret et sobre que sa « progéniture » ; les crinières blanches n'étaient pas courantes dans cet environnement aride, et ce constat souffrait d'un renforcement quand on savait que cette pureté immaculée était innée. L'azur de ses pupilles ne faisait que liserer cette blancheur hors du commun. Les temps avaient bien changé, et ses aspirations avaient suivi. Tout ce qu'il voulait, c'était se poser, et oublier. C'était pourquoi il avait recommencé de zéro, bravant l'interdit et allant à contrario des principes de tous ses confrères renégats qui sillonnaient les pays en fugitif. Il ne comptait pas se cacher – son apparence inchangée le mettait en exergue. Si Konoha lâchait des traqueurs à ses trousses, il les attendait de pied ferme ! Et si saccage était fait à ce bâtiment qu'il avait tant peiné à remettre en état, c'était de leur sang et de leur chair que les responsables paieraient cet outrage. Le déni de sa condition de shinobi ne le rendait pas pour autant inoffensif et doux comme un agneau ; quiconque lui marcherait sur les pieds y goûterait avant d'avoir pu en tirer profit. À vrai dire, tout ce qui pouvait prêter à confusion quand au signalement donné à son sujet auprès d'éventuels poursuivants, c'était sa musculature ; les épreuves endurées avant d'en arriver là l'avaient endurci, et c'était également valable sur le plan du psyché.

Son caractère déjà fort n'avait fait que s'affirmer et prendre de l'importance au fil des étapes, suivant une évolution chancelante tout d'abord, mais qui avait fini par se stabiliser pour aboutir à son identité de ce jour. Cette incertitude initiale n'était due qu'au scellé apposé par la Racine et son seigneur, qui autrefois régissait sur sa personnalité et l'avait inhibée. Enchaîné par la servitude, libéré par l'indépendance. Après tant d'années, ses ailes coupées avaient enfin repoussé, resplendissant plus qu'elles n'avaient jamais pu le faire avant d'être arrachées sans vergogne. Pour sûr, ce décor changeait des plaines verdoyantes et des forêts gargantuesques du pays du feu, mais ce n'était pas un mal que d'être dépaysé : cela ne faisait que concocter une plus grande ampleur à sa fuite et à ce renouveau. On avait beau le nommer dragon, il avait singé le phénix en rejaillissant de ses cendres... Prenant les rennes de cette affaire, il avait néanmoins fini par devoir engager du personnel pour lui prêter main-forte, rencontrer un succès imprévu. C'était donc le vieux Gen, tenancier du casino, qui avait été reçu pour s'occuper de son bistrot en sa compagnie, du moins jusqu'à ce qu'arrivent les heures d'ouverture de sa « boutique » personnelle. Sa bonhommie le rendait d'une agréable compagnie, même s'il lui arrivait de perdre un peu la boule par moment...

Alors que tout deux astiquaient la vaisselle de concert, la porte continuellement ouverte en signe d'hospitalité fut franchie par la menue silhouette d'une demoiselle, dont l'apparition avait de quoi étonner entre tous ces gaillards souvent patibulaires qui occupaient la majorité des sièges disponibles. Et ce n'était pas faute d'être nombreux... Sa commande ne fut pas moins choquante dans cet amas de mâles ivres jusqu'à la moelle, et le propriétaire en personne eut du mal à retenir un rictus légèrement moqueur, sa résistance le réduisant à un sourire en coin après avoir durement bataillé contre de puissants éclats de rire. Les quolibets fusèrent alors que l'assemblée au grand complet s'esclaffait de tout son saoul, certains allant jusqu'à rouler au sol en se tenant les côtes – et ne se relevant pas, la position finissant de leur faire succomber aux vertus de la bibine. Usant de toute sa force psychique pour ne pas participer à l'hilarité générale, il remplit la demande de l'intruse et posa le récipient sous son nez mutin, après y avoir glissé quelques glaçons bienvenus étant donné la haute température de ces contrées. Ceci fait, il s'autorisa à examiner plus avant le physique – notamment les courbes – de cette arrivante, en toute discrétion. Ébouriffant sa tignasse d'ores et déjà hérissée, il engagea la conversation de quelques palabres sans importance, la moue enjouée.


« Toi, t'es pas d'ici, ça se voit ! Moi non plus, remarque... » articula-t-il tout en plaçant une cigarette tout juste allumée à la commissure de ses lèvres.

Ramassant le chiffon humidifié qu'il venait de poser sur son comptoir briqué le matin-même, l'Hokage Déchu se remit à sécher les réceptacles à liquides revenant du lavage, en rythme avec son collègue. Ce qui ne le retint pas de remarquer que l'un des ivrognes couvrant son parquet paraissait aussi vouloir s'attarder sur la plastique de la donzelle, mais de façon nettement moins intéressée que l'ancien Anbu, puisque tendant une main vacillante vers son fessier tout juste installé sur le siège où elle avait temporairement élu domicile. La cerise sur le gâteau de cette ambiance aux accents paillards, c'était que tous les cigares et cigarettes fumés en ces lieux camouflaient ses petits talents très efficacement, lui permettant d'agir incognito. Avoir appris à ne pas bouger pour manœuvrer les chaleureuses volutes de la vapeur qu'il manipulait par don génétique était brillant, et c'était également très pratique pour retenir et châtier les mauvais payeurs ou intervenir dans les bagarres à leur commencement pour y faire tourner court sans être découvert. Commandant à la masse intangible, il lui donna une consistance éphémère qui entoura le poignet du mal rasé, arrêtant son geste avant qu'il ne soit trop tard avant de broyer sèchement son poignet pour réfréner ses ardeurs et ses hormones par un afflux de douleur brutal. Les bienfaits de ce qu'il avait ingurgité devaient être retombés d'un coup sous la pression, et cela ne pouvait que faire tourner les affaires et alimenter la caisse. Que du bonheur... Se focalisant sur son interlocutrice après s'être en apparence contenté de fusiller du regard ce lascar aux pensées salaces, il posa le nécessaire à cocktail que ses mains récuraient machinalement depuis plusieurs minutes avant de reprendre.


« Ni l'un, ni l'autre. C'est un monument à la gloire du monde où nous vivons, un édifice à la hauteur de sa décadence. Un saloon, qui montre bien dans quel no man's land nous avons atterri en naissant. Quitte à assumer ça, autant le faire avec ce qu'il faut... Vous êtes pas de cet avis ? »

Plus qu'à ce sosie efféminé précisément, c'était à l'assemblée qu'il s'adressait, et de bruyantes acclamations accueillirent cette déclaration de bon cœur, levant leurs verres pour féliciter ce jeunot très apprécié dans le coin en dépit de son jeune âge. Il avait su se mêler à la communauté sans créer d'animosité et s'était incorporé, allant même jusqu'à les prendre par les sentiments pour clôturer son intégration par l'ouverture de ce troquet fréquenté incessamment durant ses heures d'ouvertures – qui n'avaient cessé de s'étendre depuis son inauguration, à cause de l'affolante affluence qui le définissait. Posant tout ce qui occupait ses poignes, l'immigré se massa énergiquement l'épaule gauche, le bleu métallique de ses prunelles se posant une fois de plus sur la visiteuse. Son torse dénudé pour contrer la chaleur étouffante laissait perler quelques gouttes de sueur, qui tracèrent une mince route entre ses muscles à ce mouvement soudain.

« Normalement, j'propose pas de chambre, mais si ça dure pas trop longtemps je peux toujours vous accueillir chez moi. C'est l'étage juste au-dessus. C'est pas très grand, mais on a toute la place qu'il faut pour tenir à deux si ça vous dit. De ce que j'en sais, les hôtels du coin et tout ce qui s'y apparente sont pleins pour le moment, allez savoir pourquoi... »

Une série de sifflements accueillirent cette proposition. Si Miharu n'avait pas de perspectives indécentes en tête en le suggérant, ce n'était visiblement pas le cas de l'audience autre que sa présente vis-à-vis, mais il fit taire les piliers de comptoir en balayant la salle d'un regard mauvais. Jamais le détenteur de l'endroit n'avait battu publiquement un de ceux alimentant son compte en banque, mais sa musculature laissait entendre que ce ne serait pas une partie de plaisir de se le mettre à dos par des commentaires déplacés. Les parties de bras de fer parfois organisées sur le vif entre deux tournées avaient nourri cette réflexion, et aidaient les soulards à se dissuader spontanément quand ça commençait à chauffer. Le barman soupira. Il avait beau avoir été le grand manitou pendant un moment, et du plus prospère des cinq plus grands villages à fortiori, ses économies ne crevaient pas le plafond : une fois la construction retapée pour accueillir tous les amateurs de boissons pour majeurs, s'acheter un logis en plus était impensable avec les quelques piécettes qui tapissaient encore le fond de ses poches. Du coup, la partie supérieure de sa dernière acquisition en date était devenu son gite, sans plus de fioritures. Il s'y était fait, et ce n'était pas si désavantageux qu'il pouvait y paraitre. Le tout était de se faire à un espace réduit après avoir vécu longuement dans une des plus grandes habitations de sa patrie d'autrefois...
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Naïlo
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MessageSujet: Re: Nouveau pays, nouvel avatar, nouvelle vie... [PV Miharu]   Nouveau pays, nouvel avatar, nouvelle vie... [PV Miharu] Empty2009-12-29, 02:47

Pas spécialement intimidée par l'ambiance de l'endroit et le type de personnes qui le fréquentaient, Naïlo avait commandé son verre d'eau en se doutant bien des réactions que pareille requête ferait naître alentour. Elle s'en moquait bien, et à dire vrai, si fou-rire il dut y avoir, elle aurait ri avec les autres. Après tout, rire est un excellent moyen de garder la forme et le moral, dans toutes les circonstances! Les clowns et autres artistes de son cirque, antan, le lui avaient bien démontré. Leur métier, c'était vendre du rire. Mais leur vocation, la raison pour laquelle ils l'avaient choisi, ce métier... Leur nindô, comme diraient les ninjas, c'était de faire sourire autrui, dans ce monde où trop peu de gens savaient encore le faire. Rire... Combien de fois s'était-elle bidonnée face aux pitreries de ses amis et collègues d'autrefois! Jetant un regard autour d'elle, dans cette salle enfumée et remplie d'un monde bruyant et majoritairement masculin, la demoiselle sourit. L'on ne devait pas s'ennuyer, dans ce genre d'endroit... Tant lorsqu'on en était client que lorsqu'on en était le patron ou un employé. D'ailleurs, qui donc, des deux hommes derrière le comptoir, possédait le titre de patron? Pensant d'abord que c'était le plus âgé, Naïlo fut presque surprise de découvrir qu'apparemment, c'était le plus jeune qui menait la danse ici.

La constatation première de son interlocuteur amusa également la jeune fille. Ça se voyait tant que cela, qu'elle n'était pas du coin? Bon, elle n'était pas aussi bronzée que les gens ayant vécu longtemps sous le soleil sunaïen, certes. Sa peau à elle était plutôt claire, presque pâle, avec une teinte rose presque enfantine au niveau des joues, et qu'elle dissimulait actuellement sous un habile maquillage. Elle ne tenait pas à être prise pour une enfant, cette fois. Pas sous cet avatar-ci. D'ailleurs, en y pensant, elle ne lui avait pas encore trouvé de nom, à cette identité-ci. Il lui faudrait nommer au plus vite ce nouveau personnage! Mais comment? Y avait-il un style de nom bien particulier dans la région? Quoique, vu qu'on déterminait si aisément qu'elle n'était pas du coin, à quoi bon tenter de se trouver un nom d'ici? Un nom... Elle en avait tellement porté! Sur le coup, Naïlo n'avait aucune idée de prénom, encore moins de nom de famille dont elle pourrait baptiser ce nouvel avatar. Laissant échapper un léger soupir d'entre ses lèvres, elle se dit qu'elle trouverait bien le moment voulu, tandis que les première volutes de fumée de la cigarette allumée au coin des lèvres de son interlocuteur atteignait son visage à elle. Elle toussa, s'en détournant un peu. Quelle plaie, que cette drogue-là, décidément! Comme si l'endroit n'était pas déjà suffisamment enfumé...

« Non, en effet, je ne suis pas d'ici... »

Lui non plus, avait-il ajouté. A dire vrai, sur le coup, Naïlo failli rire nerveusement, après l'avoir minutieusement observé, cet étranger de Suna qui pourtant y tenait pareil établissement. Il ressemblait étrangement à un visage à la fois inconnu et familier, qui apparaissait régulièrement dans ses songes, au cours de nombre de ses nuits. Sauf que dans ces rêves, il n'était ni aussi grand, ni aussi âgé, ni aussi... baraqué. Il fallait bien l'avouer, il était plutôt bien musclé, celui-là! Celui de son rêve, s'il possédait la même couleur de cheveux, de ce blanc pur, presque lumineux, ainsi qu'un ciel tout aussi pur capturé dans ses iris, semblait bien plus jeune et de stature différente. Mais la ressemblance avait tout de même de quoi troubler la jeune femme, et sur le coup, elle l'avait observé avec d'autant plus d'attention et de curiosité, tout en sirotant son verre d'eau, en appréciant chaque gorgée salvatrice ré humidifiant sa pauvre gorge asséchée. Ce songe, jamais elle ne se l'était expliqué, sinon par le fait que, dans ce passé oublié, d'avant ses cinq ou six ans, quand le cirque l'avait trouvée et adoptée, elle avait du connaître une personne qui possédait ce même regard et ces mêmes cheveux. Après, Naïlo se souvenait de chaque visage rencontré. Elle ne l'aurait pas oublié. Mais avant... C'était une toute autre histoire.

« Vous êtes pas de cet avis? »

« Hum...? ah! Oh, euh... pardon! Oui, oui! »

Elle ne l'avait pas écouté, distraite, l'observant sans gêne, la tête ailleurs, perdue dans ces souvenirs d'un songe trop étrange et répétitif pour qu'elle ne puisse l'oublier. Rougissant de honte, elle lui sourit maladroitement, tentant de se reprendre. Ce qu'elle avait du lui paraître grossière! La honte... A peine arrivée à Suna, voilà qu'elle se comportait déjà comme une adolescente mal élevée! Voire comme une allumeuse... S'il avait remarqué - et il ne pouvait qu'avoir remarqué! - la façon insistante dont elle l'avait observé, dans ses moindres détails, sans doute allait-il la prendre pour une espèce d'aguicheuse... Surtout vu l'endroit. Pourtant, il n'avait pas relevé, du moins, pas pour l'instant, enchaînant plutôt à sa question une proposition.

Les hôtels étaient pleins. Ça n'embêtait pas plus Naïlo que cela, d'ordinaire, sauf que... En pays totalement inconnu, dans lequel le climat était si différent de celui de Konoha, la demoiselle préférait passer ses premières nuits dans une habitation sécurisée plutôt qu'à la belle étoile. Il lui arrivait de dormir dehors, dans sa vie de nomade sans racines et sans attaches, mais dans le présent cas, l'idée de n'avoir aucune chambre de disponible pour une première nuit dans ce paysage trop aride à son goût, dans ce village où tous lui étaient encore inconnus, l'effrayait quelque peu. Mais était-ce bien prudent d'accepter l'offre de ce type pour la peine? Après tout, lui non plus elle ne le connaissait pas. Elle n'était qu'une jeune fille, pas spécialement moche, perdue, et lui... Quelle preuve pouvait-elle bien avoir que cet homme n'avait aucune mauvaise intention à son égard? Une fois seule avec lui, chez lui, que ferait-elle s'il se comportait soudain de façon inquiétante? D'ailleurs, les clients durent se faire la même réflexion... mais il ne répondit à leurs réflexions douteuse chuchotées et à leurs sourires en coins que par un regard qui stoppa net toute envie de l'un ou l'autre d'entre eux d'aller plus loin. Rassurant, ou inquiétant?

« Euh... c'est fort aimable à vous, mais... vous demandez combien à la nuitée? Et puis... Vous êtes sûr? Après tout, vous ne savez strictement rien de moi... Ni moi de vous d'ailleurs. »

Elle sourit, amusée. Il l'invitait à pieuter chez lui, sans même s'être présenté, sans qu'elle-même ne se soit présentée à lui, comme ça?! Elle pouvait être une dangereuse criminelle, une puissante kunoïchi, une espionne, n'importe qui de mal intentionné, et lui l'invitait sous son toit, comme ça. Drôle de bonhomme, décidément! Soit il était assez sûr de sa propre capacité à se défendre en cas de pépin, soit il était bien naïf mais, il fallait bien le dire, sympathique. Surtout qu'à moins qu'il ne pense que l'idée d'un payement coule de source avec son offre, il n'avait pas donné de prix à la demoiselle... L'invitait-il à profiter gratuitement d'un hébergement chez lui? Se montrait-il aussi généreux avec toutes les jolies étrangères qui passaient dans le coin, quand les hôtels étaient pleins? Dans tous les cas, Naïlo lui tendit la main, prête à entamer des présentations que devenaient plus que nécessaires, à présent.

« Kurushima Miharu, demoiselle sans passé cherchant nouvel avenir, enchantée. Et vous? »

Elle lui dédia son plus joli sourire. Elle ignorait son nom, et ne pouvait se douter que celui qu'elle venait de choisir à ce nouvel avatar risquait de faire naître en lui quelque réaction étrange... ou pas. Miharu, pour elle, c'était un prénom mixte, plutôt joli, qu'elle avait entendu plusieurs fois à Konoha, à l'époque où le hokage lui-même le portait, du moins en ce qui concernait le prénom. Naïlo n'avait pas spécialement de raison d'avoir choisi ce prénom, sinon qu'elle le trouvait joli et que, de par le fait qu'un hokage l'ait porté, et même si ce dernier avait disparu depuis longtemps maintenant, il lui rappellerait ce village si cher à son cœur et qu'elle venait pourtant de quitter. Elle avait fui, et le regrettait, mais elle ne se sentait plus capable d'y demeurer, pas à ce prix. Faire tomber tous ses masques et vivre sans plus se cacher, Naïlo n'en avait pas encore le courage. Alors, elle avait fui, une fois de plus dans sa vie, que d'autres auraient sans nul doute qualifiée de misérable. Ce qu'elle ignorait, en revanche, c'était que le destin l'avait menée directement auprès de la seule personne en ce bas monde qui l'avait connue, un jour, sans masque aucun, sans grimage, sans déguisement d'aucune sorte. Une personne qui la reconnaîtrait sans doute instantanément si elle l'apercevait une seule fois sans cet attirail de comédienne interprétant un rôle de plus parmi tant d'autres...
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Asauchi Miharu
Ex-Hokage
Asauchi Miharu

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MessageSujet: Re: Nouveau pays, nouvel avatar, nouvelle vie... [PV Miharu]   Nouveau pays, nouvel avatar, nouvelle vie... [PV Miharu] Empty2010-01-02, 21:46

Pourquoi diable cette jeunette le regardait-elle si fixement de son œil scrutateur ? La pression soutenue de sa vision pesait sur sa stature si robuste, il le sentait malgré la cuirasse de ses muscles et son envergure physionomique. C'était un appui oppressant, comme une brûlure avec un fer chauffé à blanc sur sa peau mise à nu sous l'effet du soleil de plomb accablant le pays tout entier. Si son attention n'avait pas été appliquée à cette observation dont il faisait l'objet, le tenancier aurait pu le confondre avec ceux que les langoureuses danseuses qui s'invitaient parfois lui lançaient à tire-larigot. Mais tout bien réfléchi, ce n'était pas ça. Comme si elle souhaitait pénétrer sous sa peau pour y voir qui il était vraiment, et voulait effectuer une percée pour pouvoir explorer plus avant ce qui pouvait être enfoui dans ce qui le rendait tel qu'il était. Creuser jusqu'à déterrer tous les secrets, toutes les parcelles de son passé... Espérait-elle devenir miraculeusement extralucide pour connaître chaque parcelle de ce qui le faisait dans la seconde ? Il avait connu des méthodes d'approche de la part de bien des femmes, à vrai dire, cela changeait presque à chacune d'entre elle qui tentait sa chance avec lui et s'y cassait les dents. Non pas qu'il ait changé de bord, mais plutôt qu'il était d'une extrême difficulté que le courant passe avec une demoiselle, son unique expérience remontant à son association avec Danzou et son unité spéciale lorsqu'il avait été assailli à la faveur de la brume gravitant autour des sources d'eau chaude du village.

C'était lointain au point que ses souvenirs en devenaient flous, mais il ne se connaissait pas d'autres « conquêtes », d'où qu'elles viennent et qui qu'elles soient. Si romances il y avait eu par le passé, cela précédait le choc qui avait causé son amnésie, laquelle n'était d'ailleurs toujours pas réparée malgré les années passant à la hâte. Bref... Tout ça n'étaient que les relents d'un chapitre tourné depuis une éternité pour en commencer un nouveau, à main levée. Sans attaches, ses pas avaient tracé son propre chemin, sans connaître d'influence pour choisir la direction à prendre. Et son itinéraire l'avait égaré là, au beau milieu d'un désert qu'il n'avait connu qu'à une seule occasion, quand il fit office d'escorte pour l'une des ressortissantes de la nation ensablée. Vieil épisode également. Tout ce qui avait fait sa mémoire semblait si effacé désormais, comme si ce n'avait été qu'une série de rêve et que la réalité ne faisait que commencer après ces aventures au péril variable. Ces périples palpitants remontaient dans les entrailles d'une époque grisonnante, usée par son ancienneté, et rangée au placard à l'aube d'une renaissance qui s'opérait actuellement, pleinement. L'ex-Hokage ignorait que son enfance allait bientôt le rattraper... Non pas ces histoires datant de son service au nom de la feuille, mais bien avant encore, alors que tout était différent, que jamais il n'aurait pu croire servir la patrie du feu et en devenir le maître...

Quoi qu'il en soit, cette fixette que semblait faire la dernière arrivante à son propos était dérangeante, et lui pesait sensiblement. Miharu ignorait ce qu'elle attendait de sa part, mais sa fascination débordante faisait hésiter entre s'en sentir gratifié et en avoir froid dans le dos. Obnubilée. Il n'y avait pas d'autre mot pour décrire son attitude alors qu'elle l'analysait sous toutes les coutures, attentive à chaque frémissement, chaque battement de cil. C'était effarant... Qu'est-ce qui pouvait justifier d'avoir les faveurs d'une nymphette qu'il ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam ? Était-il si attrayant que même une parfaite inconnue ne pouvait que succomber à la tentation en le voyant pour la première fois ? Nombre de questions pouvaient se poser à en voir ses yeux ronds comme des soucoupes, dilatés par une addiction visuelle qui n'en finissait plus. Mais à priori, elle-même ne s'en était pas rendue compte, et lorsque ce fut le cas, elle n'eut mieux à faire que de détourner le visage avec embarras, troublée par le comportement qu'elle s'était instillé par mégarde. L'ombre d'un sourire passa sur ses lèvres avant d'être dissipé sans que son interlocutrice n'ait pu le voir, son incompréhension ne le dispensant pas d'un brin de malice à être ainsi possiblement mis au centre des convoitises d'une jeune fleur venant d'éclore, baignée par la rosée malgré le climat asséché environnant. Après la vaisselle, l'argenterie. C'est avec lassitude qu'il entama la dernière étape du nettoyage, priant pour en finir promptement dès que ce serait amorcé. Si ses mains n'avaient pas été occupées par une petite cuillère assistée de son torchon, il aurait volontiers ouvert la caisse pour appuyer ses dires.

« Bah ! J'me fais assez de chiffre d'affaire que pour l'offrir de bon cœur. C'est ma piaule, je la partage avec qui je veux. J'espère juste que la fumée de clope te dérange pas, sinon, t'es mal barrée avec moi pour compagnon de chambre. Et t'en fais pas pour moi, j'sais me défendre au besoin, et y'a rien d'intéressant à piquer chez moi. »

Ceci étant dit, il aspira un grand coup sur le cylindre mortel placé entre ses lèvres, s'enivrant de son contenu hautement toxique et nocif à ses poumons. Qu'importe. Ce n'était pas la première, ni la dernière, et dans un monde aussi dangereux que celui-ci, mourir du cancer plutôt que d'une cause violente et « accidentelle » quelconque était aussi envisageable que des chutes neiges sur le pandémonium. Alors, pourquoi s'en priver quand la grande faucheuse peut frapper derrière chaque coin de rue ? Il était bien meilleur de profiter tant qu'il en était temps avant que cette chère amie ne frappe et que tout prenne fin du jour au lendemain. Entre se suicider à petit feu et se faire embrocher par autrui, le choix était vite fait. S'il pouvait décider entre choisir de sa mort et la remettre entre les mains d'un quidam, pas d'hésitations à avoir. Tout ne relevait que de son bon vouloir, que de son pouvoir décisionnel. C'était sa vie, et à lui d'aviser quand à ce qu'il allait en faire, de bout en bout. La façon dont elle s'achèverait en ferait partie, assurément. Toutefois, sa bonhommie se dissipa passagèrement lorsqu'elle entreprit de lancer les présentations, le prénom fictif qu'elle venait de donner frappant en plein cœur et en pleine tête à la fois. Que de souvenirs... Que de signification... Ne rien laisser paraître fut plus dur qu'il ne l'eut cru, et il se surprit pour la première fois à regretter l'insensibilité caractéristique de l'Anbu « NE » pour camoufler sa pétrifiante stupéfaction. Une toux légère le prit, manquant de faire tomber sa précieuse cigarette, qui fut rattrapée de justesse d'un mouvement habile. Agilité et adresse ainsi couplée n'étaient pas commune, surtout chez quelqu'un d'aussi banal qu'un simple barman. Ni vu, ni connu. Trop occupés à s'abreuver, les clients n'avaient pas remarqué cette adroite manœuvre de rattrapage, exécutée au mépris de toute prudence pour préserver son précieux moyen de soulagement. Il ne pouvait pas la laisser s'échapper, pas maintenant que la fébrilité le parcourait en un pénible frisson. Pourquoi fallait-il que ce nom resurgisse ?

« Moi ? Ça a pas d'importance. Je suis qu'un sabre sans nom, un katana laissé à découvert qui s'émousse à chaque pluie, et finira par rouiller. Tu peux m'appeler Nanashi, si t'y tiens. »

Nanashi. Sans nom, textuellement. Une subtilité qu'il se demandait si sa vis-à-vis serait capable d'identifier. Ce n'était probablement qu'une coïncidence, mais autant en avoir le cœur net. D'où la naissance de cette énigme qui allait torturer les méninges de la saltimbanque, et l'aider à comprendre qui était vraiment celui qui lui offrait si généreusement gite et couvert. Chaque signe nerveux pouvait trahir la falsification de la jeune femme, ou plutôt l'affiliation de ce mensonge nominal à l'ancien seigneur du grand arbre qu'était Konoha. Faisant mine de lui tourner le dos pour ranger tout ce que lui et son compère venaient de récurer de fond en comble, légèrement agité par ces troubles, le déserteur se mit à l'affut de toute réaction douteuse, prêt à en prendre bonne note. Enquête devait être menée ; même s'il ne l'était plus, le propre du shinobi n'était-il pas d'agir en toute discrétion et de recueillir des informations avant de se jeter au-devant des risques ?
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MessageSujet: Re: Nouveau pays, nouvel avatar, nouvelle vie... [PV Miharu]   Nouveau pays, nouvel avatar, nouvelle vie... [PV Miharu] Empty2010-01-03, 16:17

L'inconnu continuait de s'occuper de sa vaisselle, tout en fumant, encrassant ses poumons autant qu'il ne décrassait verres et autres couverts, mais un instant, il semblait avoir perdu son naturel, comme surpris, ou mal à l'aise. D'abord, sans doute, à cause de la façon dont Naïlo l'avait fixé, et ça elle en avait conscience, elle-même gênée lorsqu'elle s'était rendue compte de sa maladresse et de son impolitesse. Ensuite, lorsqu'elle lui avait présenté son nouveau nom d'emprunt, il semblait avoir subi comme un choc, et bien que le jeune homme dissimula ce dernier au reste de sa clientèle, son malaise et sa surprise n'avaient pas échappés à son interlocutrice. La façon dont il avait rattrapé son mégot, en revanche, Naïlo n'y avait pas fait gaffe. A dire vrai, c'était davantage la réaction de ce type face au nom prononcé qui venait d'éveiller sa curiosité. Connaissait-il quelqu'un de ce nom? Pourquoi lui avait-il donc fait pareil effet? C'était étrange. Ça semblait le gêner, presque, alors que s'il s'agissait d'une connaissance, il lui aurait suffit de dire qu'il connaissait quelqu'un du même nom, sans être obligé d'en dire plus, après tout, non?

En revanche, malgré l'inconnue régnant entre eux, le barman lui avait souri et accordé de pieuter chez lui gratuitement, comme ça, de bon cœur, juste pour rendre service. Plutôt sympa, le mec! De son avis, il n'y avait de toutes façons rien d'intéressant à piquer chez lui. Et la caisse, y avait-il pensé? Si elle était malhonnête, la jeune femme pouvait s'en aller en pleine nuit avce cette dernière, après tout. Lui-même avouait ne manquer de rien, faisant suffisamment de chiffre d'affaire pour vivre correctement. Qu'elle lui en pique un peu, de ce chiffre d'affaire, ne le priverait donc pas de pain pour vivre...

* Non mais ça va pas! A quoi je pense moi. J'te jure... *

Amusée par le déroulement de ses propres pensées et de son raisonnement incongru, Naïlo se dit que trouver un travail pour mériter sa croûte, ici à Suna, serait la première des choses à faire si elle voulait s'intégrer. Commencer en jouant les pickpocket d'entrée - comme elle venait de le faire pour s'offrir son verre d'ailleurs... - ne représentait certainement pas la meilleure méthode. C'était plutôt le meilleur moyen de vite se faire repérer et de devoir à nouveau chercher une autre patrie, ce dont la demoiselle n'avait aucune envie en ce moment. Avoir fui Konoha lui pesait déjà suffisamment. Elle l'aimait, ce village. Elle allait même être enseignée par un des plus grands shinobis, maître d'un clan, possesseur d'un kekkai genkai et d'une connaissance qu'il était prêt à mettre à sa disposition! Et elle avait fui. Car en échange de cet apprentissage, il lui avait demandé une chose que Naïlo ne se sentait pas prête à donner, un prix qu'elle se sentait incapable de payer: abandonner ses masques. Perdre ses identités variées, sa protection, ce qui lui permettait de rencontrer des gens différents, d'apprendre plein de choses tout en demeurant en sécurité, incognito, cachée derrière ces noms, déguisements et grimages divers. Abandonner ce mode de vie, si vite, ainsi... Elle en était incapable, et la simple idée de devoir se dévoiler au monde sous son seul et unique avatar réel, sous sa véritable apparence, la terrifiait. Son identité réelle, la connaissait-elle seulement? Même pas. Peut-être était-ce de cela qu'elle avait peur, d'ailleurs, de ne pas avoir d'identité, au final, de n'être qu'une ombre, une orpheline inconnue sortie de nulle part et recueillie par un cirque qui passait par là, un jour... Qui était-elle? D'où venait-elle? Naïlo n'en avait aucune idée.


« Moi ? Ça a pas d'importance. Je suis qu'un sabre sans nom, un katana laissé à découvert qui s'émousse à chaque pluie, et finira par rouiller. Tu peux m'appeler Nanashi, si t'y tiens. » Appeler quelqu'un 'sans nom', voilà qui était des plus originaux... Décidément, face à cet individu, elle ne semblait pas au bout de ses surprises. Mais soit, s'il préférait préserver une identité autre, fut-ce celle d'une arme émoussée ou quoi que ce fut d'autre, la jeune fille le respecterait. N'usait-elle pas elle-même d'autres noms que le sien, ou du moins que celui dont l'avaient baptisée les artiste du cirque lorsqu'ils l'avaient recueillie? Alors, souriant à nouveau, elle répondit simplement:

« Ah, bien, enchantée alors, Nanashi-san! »

Avec une note d'humour dans la voix, taquine, et sans spécialement le draguer par ces mots, elle ajouta:

« Mais vous n'avez rien d'un sabre rouillé... J'vous trouve plutôt en bon état, moi, hihi... »

Ce qui était vrai. Elle ne lui faisait pas la cour, non. Mais il était beau garçon, il fallait reconnaître ce qui était, et ne semblait pas spécialement malade ou pas en forme, quoi! Il tenait un établissement qui semblait plutôt bien marcher, gagnait bien sa vie, était beau gosse, bien musclé même pour un simple barman, et, de ce qu'elle avait pu noter, particulièrement agile et adroit... Un shinobi n'aurait sans doute pas mieux rattrapé la clope échappée d'entre ses lèvres, tout à l'heure, sous la surprise... En somme, la demoiselle ignorait ce qui lui faisait décrire sa personne comme une arme émoussée. Dans tous les cas, sa proposition était fort sympathique, et elle avait envie de prendre le risque d'accepter. S'il avait de mauvaises intentions... tant pis, elle aviserait à ce moment-là et se défendrait comme elle le pourrait, fuirait sans doute, comme d'habitude. En revanche, il n'était pas question pour elle de profiter de la charité de ce Nanashi! Sa chambre et sa paillasse, ou son lit, qu'importe, elle tenait à les mériter.

« Ça marche, j'accepte votre offre! C'est super gentil à vous! En revanche... Je tiens tout de même à mériter le gîte et le couvert que vous m'offrez là! Z'avez pas besoin d'une serveuse ou autre...? J'sais tout faire! »

Ça, pour tout faire... Naïlo vivait de plein de choses différentes, de petits jobs en plus de ses petits larcins. Femme de ménage, babysitter, vendeuse, serveuse, bricoleuse, et surtout, artiste, elle savait coudre, cuisiner, réparer toutes sortes de choses, et s'entraînait encore à ses numéros de cirque même. Ils ne lui servaient plus à grand chose à ce jour, mais savait-on jamais. Et puis, faute d'un passé, d'une identité, ce qu'elle avait passé comme temps avec cette troupe de saltimbanques représentait un peu son histoire, à elle, son identité, d'une certaine manière. Danser, faire des pirouettes, jouer l'équilibriste, ou la trapéziste, ça avait fait partie de son quotidien, à cette époque. Aujourd'hui, elle ne s'en servait plus que rarement, en rue, pour quelques pièces, et encore. Mais dans une taverne... Savoir danser, chanter et faire des acrobaties pouvait peut-être servir...? Souper-spectacle? A l'idée de faire des représentations en tenue à paillettes devant ces soulards, elle ne put s'empêcher de pouffer de rire... Finalement, femme de ménage et serveuse suffirait bien, non?
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MessageSujet: Re: Nouveau pays, nouvel avatar, nouvelle vie... [PV Miharu]   Nouveau pays, nouvel avatar, nouvelle vie... [PV Miharu] Empty2010-01-07, 20:00

Son instinct lui susurrait à l'oreille qu'un détail clochait dans cette scène pourtant banale de sa vie quotidienne. Tout n'était pas à sa place, un point précis faisait défaut pour que tout rentre dans l'ordre et que la vie suive son cours sans esclandre. Mais quoi ? Malgré ses silencieuses cogitations, le déchu était incapable de mettre le doigt dessus, et préférait donc les utiliser à trier et ranger tout ce qui venait de sortir du lavage après un long et fastidieux essuyage, pièce par pièce. Si l'activité n'était pas la plus passionnante qu'il puisse trouver, c'était assurément celle qui le laissait le plus en état de se creuser la cervelle en toute tranquillité, et donc avec un aboutissement optimal de ses investigations dissimulées. Depuis que la touriste était entrée, une distorsion avait pris place dans l'atmosphère, captée par lui uniquement. Était-il plus perspicace que les ivrognes noyés dans leurs consommations ou que tout un chacun ici présent ? Était-ce ses sens affutés de « chasseur » qui faisaient du zèle en l'avertissant de ce dysfonctionnement ? Comprendre n'était pas dans ses moyens, trop de secrets étant à élucider, après avoir été tirés de l'enlisement de sa mémoire enfantine disparue depuis des années. Ce qui ne pouvait que le torturer psychiquement, faute de finir par saisir ce qui manquait, ce qui faisait que ce tableau était incomplet. Bah... Après tout, parler d'étrangeté était paradoxal aussi bien qu'ironique dans cette vie différant radicalement de tout ce qu'il avait pu connaître par le passé, des lointaines forêts que ses cavalcades lui faisaient traverser et explorer de fond en comble...

Loin des responsabilités qu'il avait laissées derrière lui en prenant la tangente, tout allait pour le mieux, et son unique espoir était que ses lendemains continuent à n'être habités que par ce relâchement qui lui faisait tant de bien. Après avoir été instrumentalisé, et avoir servi d'arme, d'ustensile, pour ensuite n'être qu'une figure de proue, pouvoir revenir à la vie monotone d'un citoyen ordinaire au service de ses concitoyens était un soulagement sans bornes qui le ravissait tout spécialement. Le plus étonnant était de ne pas avoir été appréhendé dans sa pérégrination vers ce village, ou même après avoir changé aussi bien d'identité que de fonction pour commencer cette nouvelle vie qu'il s'était lui-même improvisée du jour au lendemain, dépassé par les événements et ce qu'impliquait un poste qu'il n'était pas fait pour tenir. Son investissement avait été grand même si pas franchement révolutionnaire et il s'était toujours voulu bon souverain, agissant au mieux pour le peuple sur lequel il régentait. Mais il n'en pouvait plus et ne voulait pas faire connaître à Konoha une ère de chaos due à sa lassitude et à son manque de goût pour la prise de commandes. Avant de pouvoir diriger autrui, il aurait mieux fait de balayer devant sa porte et de faire le point avec ses propres sentiments, avec la liberté prise une fois éloigné de la Racine et de son ambiance nuisible à sa personnalité en plein épanouissement.

Désormais récupérée, cette dernière avait rouvert l'azur de ses yeux en lui faisant voir qu'il ne devait se battre que pour lui, faire de sa vie un rêve en accomplissant ce que lui murmuraient ses envies fantasques. Agir selon son bon vouloir et pas celui de qui que ce soit en prenant son indépendance, se saisissant brutalement des rennes de son destin pour en bouger le chariot vers des horizons plus aptes à l'accueillir, avec les excentricités récupérées au fil de son règne. Tout ça n'était plus qu'un souvenir enterré au fin fond d'une mémoire ne voulant plus y repenser et se consacrer à l'avenir forgé de sa main et de ses aspirations, celui d'un commerce calme et sans histoire apprécié de tous ou presque. Se remplir les poches au comptoir, régler les bagarres d'alcooliques, jouer aux fléchettes ou aux cartes avec les clients... C'était ce qu'il demandait et avait réussi à obtenir, par miracle. Sa reconversion avait su n'alerter personne alors qu'il prenait le large en laissant en arrière sa place d'éminence du village, à qui la voudrait. Ce n'était plus son problème. Ce qui fut le plus saisissant, c'est de ne pas croiser la route de traqueurs lors de sa migration pour venir se cacher en ces terres asséchées, ce qui lui avait laissé entendre que la soudaineté imprévue de sa disparition en avait laissé plus d'un sur le carreau – ou que son ancien attachement à la Racine avait entravé les recherches, mais c'était de la pure spéculation.

La première solution paraissait plus réaliste, et il ne manquait pas d'un certain contentement à avoir obtenu cet effet de surprise en réussissant son coup. Ce n'est pas tous les jours qu'un grand manitou disparait dans la nature, laissant ses loyaux sujets s'en remettre à eux-même après avoir été lâchés par la principale autorité leur servant de maître, que ce soit à agir ou à penser. Beaucoup de ceux ne jurant que par la suprématie de l'Hokage avaient du éprouver le plus grand mal à s'en remettre, et apprendre à exister par eux-même. Ce n'était pas plus mal... Pour en revenir au présent, le plus stupéfiant fut que son coup de bluff avait su frapper juste ; elle avait cru que c'était son nom, ou jouait le jeu. Si c'était la seconde option, c'était bien agréable de sa part. À dire vrai, elle était la première à formuler cette demande : ceux qui entraient ici n'avaient cure de son nom en général, et ne s'intéressaient qu'à sa cave et à tout ce qui se cachait derrière le comptoir fraichement ciré en terme de bouteilles. Son commentaire ne le laissa pas de marbre, et en l'associant au regard fixe qu'elle lui lançait à son arrivée... Les raisons n'étaient pas foules, et ses doutes parurent se confirmer. Il n'en fit cependant aucunement part, par tact, gardant ce constat pour lui en attendant de pouvoir en avoir une confirmation tangible et définitive. Croire à des avances sans preuve irréfutable, qu'il le veuille ou non, n'était certainement pas le mieux à faire. Ces interrogations furent rompues à mi-chemin par un bonhomme grassouillet à la lucidité déjà visiblement altérée par les breuvages qui agitait son verre, quémandant durement une rasade de plus.

Se remémorant la commande précédente, le déserteur s'inclina pour aller récupérer le récipient allant de pair qui se tenait non loin de ses pieds. Ce fut alors que la proposition clairement audible de l'étrangère résonna jusqu'à ses oreilles, lui suggérant de l'embaucher. Naturellement, sa silhouette poussa le tenancier à l'envisager en tant que danseuse, sans grand catholicisme. D'autant qu'avec l'ambiance orientale du coin, les tenues adaptées à ce genre de pratique devaient aller de pair, et donc être grandement dénudées... Cette vision le désempara et le fit se relever à toute vitesse, heurtant douloureusement l'épaisse plaque sur laquelle étaient servis ceux venant s'installer près de sa position. Sans que son crâne ne se fende, fort heureusement, mais bien assez pour lui coller une migraine durable et une bosse proéminente. Au moins, son saignement de nez passerait inaperçu après un choc d'une telle violence, si la perversité de son imagination trop fertile à son goût sur ce coup-là en était à ce point. Se passant la main sur le visage pour rassembler ses esprits, assommé par le heurt, il remplit le verre du demandeur avant d'avaler une rasade à même le goulot, finissant ce qu'il restait du liquide. Sa gorge et son gosier s'enflammèrent sous l'âpre amertume du whisky mais le coup de fouet qui en vint le requinqua, en partie du moins. Stratégie un : faire mine de rien, et espérer qu'elle en fasse de même, après cet incident plutôt humiliant.

« T'inquiète pas, j'ai besoin de rien. On s'en sort très bien à deux, mais c'est gentil de t'être proposée. J't'aurais bien proposé de participer à l'animation en tant que danseuse, mais avec le genre de types qui trainent ici, je pense que ce serait malsain pour toi, alors je crois qu'on va oublier l'idée. Au pire, on avisera demain. Dis-moi, t'as des bagages ? Si oui, on va déjà les monter à l'étage, pour pas t'encombrer. »
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Naïlo
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MessageSujet: Re: Nouveau pays, nouvel avatar, nouvelle vie... [PV Miharu]   Nouveau pays, nouvel avatar, nouvelle vie... [PV Miharu] Empty2010-01-08, 22:12

Faire mine de rien après ce qui venait de se passer, voilà bien ce dont Naïlo se sentait incapable... D'abord surprise lorsqu'il s'était cogné la tête, puis inquiète, la demoiselle s'était penchée par-dessus le comptoir, l'auscultant de son regard sombre, vérifiant qu'il n'ait rien de grave. Savait-on jamais... A la voir de si près, son vis-a vis pouvait déceler un détail, s'il était suffisamment attentif, une fois sorti de ses pensées perverses et illusions douteuses de la petite demoiselle dansant le french can can sur une scène, dans son établissement, en tenue légère... Elle portait des lentilles de contact. Simple coquetterie? Voilà bien là un détail qui pouvait paraître insignifiant de prime abord, mais peut-être le remarqua-t-il tout de même, tandis que ses clients, à voir la jeune fille ainsi penchée par-dessus le comptoir, durent se faire de jolis films de la vue qu'elle offrait ainsi au barman sur sa poitrine, eux. La coquette ou mystérieuse demoiselle ne semblait cependant pas y prêter attention, à ces détails. Pour elle, seul importait l'état du jeune homme qui venait de se cogner la tête, plutôt violemment, contre son comptoir.

« Hoy! Ça va, pas de mal? »

Malgré tout, une fois rassurée quant à son état, elle ne put s'empêcher de pouffer de rire, aussi discrètement que possible afin de ne pas attirer l'attention des autres ou ne pas trop le vexer, mais ce fut plus fort qu'elle. Rire, ça faisait tant de bien, à tout le monde, et ça manquait en ce bas monde. Pourquoi donc s'en priver quand la vie vous offrait une raison ou l'autre de vous laisser aller? Surtout lorsqu'on avait, comme la petite demoiselle, bien des soucis à oublier. Quelle meilleure méthode que le rire pour chasser tout ce qui lui embrumait l'esprit, occultait ses espoirs et l'enchaînait à un présent qu'elle désirait chaque jour fuir pour un futur meilleur?

« Pffihihi... D... désolée! C'était plus fort que moi. Hmf... »

Elle tentait de se reprendre, tandis que son interlocuteur lui proposait déjà de monter ses bagages à l'étage. Sans doute son collègue pouvait-il tenir le bar sans lui ce temps-là, mais bon... Gêner quelqu'un dans son travail ne faisait pas partie de ses buts, Naïlo préférant aider au dit travail, à la limite, pour qu'il se termine plus rapidement. Sauf que dans un établissement comme celui-ci, les horaires étaient sans doute fixes, et tardifs, aussi... Mais elle n'était pas pressée,? Elle venait d'arriver dans ce nouveau pays, ce nouveau village, et entamait une toute nouvelle vie. A quoi bon se presser?

« Veuillez me pardonner... Je ne me moque pas de vous, mais de la situation. Je ne sais pas. Quelque chose d'étrange, de magique. Je dois vous paraître stupide! Mais j'ai grandi dans un cirque, et l'on m'y a appris à faire de la magie et de la comédie mon quotidien. Rire, ça fait tellement de bien! Et ce monde n'offre que si peu d'occasions de se laisser aller ainsi... »

Essuyant une larme au coin d'un de ses yeux, elle lui sourit gentiment, espérant ne pas l'avoir froissé pour autant. Si c'était le cas, elle s'excuserait encore, et chercherait comment se faire pardonner.

« Tant pis, pour le job... J'verrai alors. Pour celui de danseuse, héhé, je suis un peu petite en taille, mais je sais danser, alors pourquoi pas! Avec vous au comptoir, j'ai l'impression que je n'aurais de toutes façons pas grand chose à craindre de vos clients... N'est-ce pas? »

Pour toutes possessions, la jeune fille trimballait avec elle une valise. Une grosse, mais unique valise. En fait, elle n'avait emporté avec elle que ses perruques, son maquillage et tout ce qui lui permettait de changer d'apparence et d'identité autant qu'elle s'en sentirait le besoin. Les quelques ryos gagnés honnêtement qu'elle possédait également, au fond de l'espèce de malle qui reposait au sol, derrière son tabouret. La voleuse, la pickpocket professionnelle, c'était elle. Si quelqu'un tentait de lui piquer ses biens, elle le prendrait sur le fait tout de suite, à moins qu'il ne soit aussi doué et bien entraîné au larcin qu'elle-même ne l'était. L'on apprenait pas à un vieux singe à faire des grimaces, c'était bien connu, et la demoiselle ne dérogeait pas à la règle. Si quelqu'un parvenait à sortir d'ici avec sa malle sans qu'elle ne s'en rende compte, elle n'aurait plus qu'à lui porter son chapeau, car cela ferait de lui un voleur bien plus habile qu'elle encore. Et comme elle l'avait souligné dans sa dernière remarque, aussi, le tenancier de cet établissement semblait du genre à ne pas se faire berner facilement. En revanche, il pouvait aussi se montrer maladroit, au vu de la façon dont il s'était cogné la tête un peu plus tôt...

« Bref... Pour mes bagages, je ne suis pas pressée, ne vous en inquiétez donc pas. A moins que vous n'ayez un petit boulot à me faire faire pour passer le temps d'ici ce soir, vaisselle, nettoyage ou autre... je vais attendre ici, si cela ne vous dérange pas... »

Souriant plus timidement à son interlocuteur, elle avait posé ses coudes sur le comptoir, et appuyé sa tête sur ses paumes. Décidément, cet homme l'intriguait. Il ressemblait tellement à un autre, qu'elle revoyait parfois, dans ces songes qui la hantaient... Sauf que cet autre n'affichait pas pareils musculature, et portait les cheveux longs. Elle ne voyait jamais vraiment son visage, non plus. Ou, plus précisément, elle l'apercevait lors de chacun de ces songes, mais il lui était impossible de s'en souvenir au réveil. Comme son nom, qu'elle ignorait aussi. Elle le prononçait pourtant à chaque fois, alors qu'il était si près d'elle, et pourtant, tellement inaccessible... Nanashi. Étrangement, cet homme venait par ce pseudonyme lancé comme ça, de lui rappeler par un détail supplémentaire celui de ses rêves, de personnage sans nom. Hasard? Dans tous les cas, c'était... magique. Le mot y était. Lui ne le comprendrait sans doute pas, mais pour elle, cette rencontre n'était pas qu'un hasard. Elle ne croyait pas spécialement au destin, mais, en cet instant, elle se demandait s'il n'existait pas, finalement, et ne lui jouait pas un tour...
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