Naruto Teki Sanctuary
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 L'Ombre de la Mort

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Kuro
Rokudaïme Raïu
Kuro

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L'Ombre de la Mort _
MessageSujet: L'Ombre de la Mort   L'Ombre de la Mort Empty2009-11-15, 16:47

J’étais seul…
…Seul…
…Je l’ai toujours été après tout...C'est le tribut des Monstres...
Aussi loin que remontait ma mémoire il y avait encore bien peu de temps, je me souvenais seulement de la solitude, me retrouvant alors seul contre tous et devant me battre pour survivre. Me battre. Encore et toujours. Uniquement pour survivre, m’accrochant avec une rage de vivre qui me semble aujourd’hui bien vague, lointaine.
D’où avais-je tiré toute cette soif de vivre ? Cette volonté de me relever encore et toujours, malgré les coups du sort ?
Je n’arrivai même plus à m’en souvenir, mon corps malade refusant de répondre aux questions muettes que mon cœur recherchait ardemment depuis ce qui semblait être une éternité.

Une éternité qui me laissait un goût amer dans la bouche mais que j’ignorai comme la faim qui me tenaillait. Celle-ci se faisait de plus en plus vague, distante à chaque fois que je l’éloignai d’un revers de pensée épuisé. Le temps n’avait plus la même prise sur moi, j’ignorai d’ailleurs combien de jours s’étaient écoulés depuis que j’étais venu m’effondrer ici, au beau milieu de mon appartement plongé dans une nuit perpétuelle et artificielle. Si une personne était rentré, sans doute ne m’aurait elle-même pas remarqué tant à cause de l’absence de lumière que par rapport à ma position lointaine prostré comme je l’étais dans un coin, me faisant le plus petit possible en souhaitant disparaitre, me fondre dans les ténèbres pesantes qui m’entouraient. Que je désirai tant rejoindre.
Ma respiration était faible, mon corps fiévreux perdant un peu plus pied avec la réalité à chaque heure qui passait.

Dans ma mémoire tronquée, les instants fugaces d’un bonheur disparut me hantaient comme les fantômes d’un passé révolu, défilant devant mes paupières que je gardai résolument closes.
La douleur n’avait pas disparut.
Elle était toujours présente dans mes chaires, lancinante. Une dague en plein cœur que j’essayai d’ignorer à défaut de pouvoir l’ôter définitivement. C’était peine perdue. Chaque souvenir ravivait la souffrance et je n’avais même plus la force de gémir ou de lutter contre le flot tumultueux de ma conscience libérée de ce scellé que j’avais moi-même apposé. Seule ma respiration chaotique se frayait un chemin tortueux jusqu’au bord de mes lèvres mordues jusqu’au sang.

Cruellement, les images ne voulaient pas cesser de défiler.
Des couleurs qui m’éblouissaient tant elles étaient vives. Des sons chantant qui résonnaient dans mon esprit embrumé tantôt grinçants, tantôt mélodieux. Des odeurs enivrantes si puissantes qu’elles blessaient mon odorat de loup. Des sensations éparses liées à des sentiments que j’avais enfouis au plus profond de mon être.

Et j’avais mal. Tout mon corps hurlait pour que le supplice s'achève enfin tout en me maintenant en vie envers et contre tout. Le châtiment était si lourd, comme ce corps aliéné par la douleur.

Ramener tout ça à la surface était blessant. Une blessure profonde que j’avais pris grand soin de dissimuler à la vue des autres et de moi-même alors qu’elle était encore suintante de sang.
Et je n’avais plus la force de me reposer sur ce mensonge qui avait volé en éclat face à cette vérité grinçante mais qui était là, impérieuse et ne soufflant d’aucun tord, balayant les maigres défenses que j’avais tenté de mettre en place en désespoir de cause.

Mais à présent, ce que je désirais avec tant d’ardeur était le noir. Ce noir rampant dans lequel je m’étais plongé et dans lequel j’espérai me perdre et délaisser cette carcasse vide qui n’avait guère la force d’avancer un peu plus.
Pourquoi avancer…

Je me targuai il y avait encore peu de temps de toujours affronter ce qui se dressai sur ma route. Avec fierté, la tête haute, j’avais traversé des épreuves impossibles dans le seul espoir fou de vivre malgré la créature aberrante que j’étais. J’avais survécu, encore et toujours, avec ce désir impérieux de survie et la rage au ventre. Le monstre que je suis survivrai parce qu’après tout, ça servait à ça les monstres, ça marchait comme ça, ça vivait pour ça. Contre les autres.
Seul contre tous.

…Seul…

La dague se planta plus profondément encore et mon souffle se coupa brusquement au fond de ma gorge asséchée. Mes doigts se crispèrent et dans un sursaut de vie qui ébroua mon corps violemment mes poumons se remplirent de nouveau de cet air moite et lourd. Cette respiration laborieuse m’arracha un frisson de douleur et dans les brumes de mon esprit, je songeai que les nouveaux nés devaient ressentir la même sensation de heurt en venant au monde.
Mon estomac vide se révulsa et un haut le cœur envahit tout mon corps. Je le réprimai avec un gémissement faible à peine audible.

…Je m’accrochai à cette vie…
Mon âme restait accrochée à mon enveloppe charnelle et je ne réussissais qu’à subir ses affres.

Mes yeux restaient hermétiquement clos, plongés dans les méandres brumeux d’un passé évanescent, révolu à jamais.

Nous sommes des êtres maudits...Mais nous sommes libres, ivre de vivre.

Une larme, unique, roula sur ma joue traçant un sillon cristallin sur ma peau fiévreuse. Épuisé, mais toujours trop conscient...
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Takeo Kikuta
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MessageSujet: Re: L'Ombre de la Mort   L'Ombre de la Mort Empty2009-11-18, 01:36

Qu'était-ce qu'une ombre parmi les ombres?
Une particule dans l'univers?
Un instant dans l'éternité?
Tout et rien à la fois.
La forme qu'une ombre prenait n'était toujours que dictée par l'esprit de celui qui l'observait.

En cet instant, le Raïkage n'était qu'une ombre. Il n'avait de forme que pour ceux dont il voulait bien se faire observer, et même ceux-là ne parvenaient guère à voir plus qu'une cape s'évadant dans la nuit. Un froissement, un mouvement un souffle de vent... Il n'était rien de plus.
Pour cette nuit... Pour cette nuit uniquement le Raïkage avait cessé d'exister pour retourner à son ancienne nature: celle d'un spectre errant aux limites de la réalité. Pendant des années, enfermé dans les ténèbres de son propre cœur, il avait vécu parmi les ombres de Kumo. Exilé par lui-même de la société des Hommes, il avait évolué et grandit en marge de ses semblables. Durant tout ce temps il avait été un simili d'humain, faisant semblait de vivre alors qu'au fond il ne faisait que survivre. Il avait perdu espoir et s'était contenté d'observer les autres, cette race qu'il ne comprenait plus, évoluer dans leur réalité qu'il ne pouvait supporter plus longtemps.
Et une lumière avait finalement surgit, perçant le voile d'obscurité dans laquelle il s'était enveloppé.
Quelqu'un lui avait tendu la main.
Quelqu'un lui avait souris.
Malgré tout, l'ombre était restée une partie intégrante de l'être qu'était Takeo Kikuta. Même s'il ne se réfugiait plus sous leur couvert pour chercher la torpeur de l'oubli et de l'insensibilité, il continuait à les accueillir en lui sous une forme différente. Cela ne le gênait pas. Il savait que les ombres était une part de lui et que s'en séparer ne produirait que plus de souffrances, pour lui comme pour son entourage, alors il avait juste décidé de les accepter comme telles. Certes, le Vampire de Kumo était une ombre qui menaçait d'engloutir Kumo n'importe quand, mais c'était ce qu'il était, ce qu'il devait être. Ainsi allait-il être.

Pourquoi Takeo repensait-il à tout ça? Lui-même l'ignorait et se posait la question. Il ne se savait pas sentimental à ce point... La transe dans laquelle il entrait lorsqu'il faisait corps avec son environnement pour se déplacer sans la moindre trace physique avait tendance à déconnecter son esprit, de sorte que celui-ci se retrouvait à vagabonder entre ses sensations présentes et ses souvenirs passés. Peut-être était-ce là la raison de cette réminiscence... Ou peut-être pas.
S'immobilisant un instant au bord d'un toit, la silhouette sombre du Raïkage leva les yeux vers le Temple dont il était le Maitre. Vue d'ici, sa demeure semblait n'être qu'une immense ombre masquant une partie de ciel, imposante et pourtant rassurante, d'une certaine manière, éclairée par les lumières de la ville. Combien d'heures avait-il passé à observer de loin le village sans jamais rien ressentir de toute cette paix vivante qui l'habitait en cet instant? Était-ce Kumo qui avait changé, ou bien le regard qu'il lui portait?
Était-il toujours une ombre? Ou bien était-il parvenu à vivre, à son tour, en pleine lumière?

Souriant ironiquement en se rendant compte qu'il ne faisait que poser des devinettes dont il connaissait déjà les réponses, Takeo s'en retourna aux affaires qui l'avaient poussées à redevenir momentanément l'ombre de son être. Le premier cycle de son idéal allait très bientôt être bouclé, mais quelque chose n'allait pas. Alors qu'il pensait avoir trouvé quelques uns des piliers qui devaient le soutenir, ceux-ci avaient disparus sans laisser la moindre trace. C'était pour constater ce qu'était la réalité, et non pas se contenter de vulgaires rapports, que le Raïkage s'était permis cette sortie hors de son repaire. Sans doutes les vieux du Conseil n'apprécieraient pas, mais ces derniers ignoraient tant de chose...
Ils ignoraient le danger qui guettait dans l'ombre, dans leur propre ombre...
Dans froissement de son vêtement, le Vampire s'arrêta devant l'entrée d'un appartement. Durant un instant, il ne fit que l'observer de ses yeux rubis qui luisaient faiblement dans l'obscurité. Délicatement, ses doigts vinrent effleurer la porte, comme pour en tirer des informations, puis ce fut tout son corps qui vint se coller au bois. Tendant l'oreille et humant l'air, le Raïkage resta là, confondu avec ce mur qui le séparait d'une potentielle "proie".
Tout d'abord, le néant.
Puis un son, un odeur. Tous deux si faibles qu'il aurait pu croire les avoir imaginé.
Mais non. Il était là.

Ses canines en croissant de Lune furent dévoilées par le sourire carnassier qui étira les lèvres du Vampire. Il se décolla lentement de la porte, puis posa ses deux mains à plat dessus. Fermant les yeux, Takeo redevint momentanément une ombre et se faufila dans un silence effrayant à l'intérieur de l'appartement.
Plus noir encore que la nuit qui régnait à l'extérieur, la caverne du monstre de Kumo n'était qu'obscurité. L'ombre n'ayant aucune difficulté à se repérer, elle glissa jusqu'au salon, la salle la plus étendue de ce lieu qu'on aurait pu croire abandonné. L'ameublement quasi-inexistant de l'endroit n'allait pas pour rendre la place plus accueillante: en vérité, à part un canapé et des stores baissés, il n'y avait rien. Rien, hormis une ombre de trop.
La vision de l'être tordu et malade recroquevillé dans un coin de la pièce n'avait rien d'agréable. Rachitique comme jamais, Kuro n'avait pas, malgré ses sens surdéveloppés, identifié la présence de Takeo dans sa caverne. Son état aurait éveillé la pitié de la plupart, et le mépris du reste. Le Raïkage avait rarement eu le plaisir de voir une créature aussi abattue, aussi peu vivante... Pourtant, l'alarmement ne fut pas la réaction du Vampire, bien au contraire. Celui-ci resta à observer la chose devant lui de ses impitoyables iris couleur du sang. Ainsi, c'était en cette créature faible et brisée qu'il avait placé sa confiance et, en plusieurs occasions, sa vie? S'était-il fourvoyé? S'était-il passé quelque chose? Même si ces questions lui brulaient les lèvres, un sentiment indescriptible l'empêchait de briser l'isolement de la bête. Cette situation ressemblait à du déjà-vu, et étrangement il avait l'impression de déjà savoir quoi faire.

Takeo s'assit en tailleur à juste deux mètres du corps plié de Kuro. Là, mêlé aux ombres, il observa de ses yeux de Démon les souffrances du Loup, ses supplices, sa passion... Ces éternités d'immobilité, ces soubresauts, ce mot répété à l'infini...
Seul.
Ce mot, ce seul mot, sortit d'une gorge serré par l'étau impitoyable du destin, offrait au Vampire toute la dimension de la prison de douleur dans laquelle s'était enfermé son ami.
Un miroir. Il était son miroir, et lui était le sien. Un miroir d'ombres...

Le Raïkage ferma un instant ses pupilles, laissant à ses paroles le temps de remonter des profondeurs à la surface trouble de sa conscience. Dans une ultime inspiration, Takeo Kikuta rouvrit ses yeux brillant d'un éclat froid et terrible et sa voix, empreinte d'une gravité inhabituelle, s'éleva parmi les ombres de la pièce, comme si elle s'était fondée en l'obscurité elle même, l'entourant de toute part.

« Es-tu réellement seul? Ou bien est-ce toi qui, en fermant les yeux, ne parvient pas à remarquer ceux qui sont à tes côtés? »


Dernière édition par Takeo Kikuta le 2009-12-25, 18:50, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: L'Ombre de la Mort   L'Ombre de la Mort Empty2009-11-20, 16:14

Ma conscience s’étiolait.
Lentement. Langoureusement. Je me laissai plonger dans ce semi état de torpeur douloureuse dans laquelle mon corps m’entrainait inexorablement, dans ce gouffre sans fond dans lequel je tombai depuis bien longtemps à présent. Des années pour ce que j’en savais…
Je n’avais plus rien à quoi m’accrocher et qui pourrait encore freiner un temps ma chute à défaut de pouvoir la cesser complètement.
Et mon corps s’affaiblissait. Et ma raison m’abandonnait.
Ça ne servait plus à rien. Cela me semblait tellement inutile de lutter encore !
Pourquoi faire, au juste ?
Il n’y avait plus rien qui m’attendait dehors. Je n’avais guère plus que des souvenirs épars et douloureux qui me rappelaient avec horreur que ce qui m’avait fait tenir jusqu’ici n’était qu’un honteux mensonge. Que des mensonges tissés les uns aux autres dans une parodie de vérité qui à présent n’était plus. Tout avait volé en éclat et j’étais au milieu de ceux-ci, brisé à leur image.
Et j’étais seul.
Seul avec ma douleur. Seul avec mon passé. Seul avec ma honte.
On naissait seul et on mourrait seul, ça avait toujours été ma façon de penser de toute manière, et aujourd’hui plus qu’un autre jour, je le ressentais dans chacun de mes muscles, chacun de mes os, dans toutes les fibres de mon corps.
Je le ressentais de la même manière que lorsque j’avais été trahit, abandonné comme un animal inutile sur le bord de la route par celle à qui j’avais confié ma vie.
Et il n’y avait eut que le vide.
Le vide creusé par l’absence, la perte, la souffrance sans nom qui avait découlé d’une telle traitrise, d’une telle manipulation et surtout…d’une telle naïveté. J’avais cru en elle.
Croire.
Ce mot qui aujourd’hui encore, grince affreusement à mes oreilles tant il me révulse et m’insupporte.
Et aujourd’hui, il n’y avait rien auquel je pouvais croire. Alors il n’y avait plus que ce vide tortueux autour de moi qui prenait de plus en plus de place au fur et à mesure que je me résignais à tout lâcher. Autour et en moi… Ce serait mieux. Je n’aurai plus mal au moins. Tout se terminerait là, dans les ténèbres de ma propre vie et de ce lieu clos, dans un silence seulement brisé par mes toux ou ma respiration anarchique qui finirait bien par s’arrêter aussi.
Mais une peur insidieuse m’empêchait de totalement me résigner, de totalement lâcher prise.
C’était surement la raison pour laquelle malgré mon corps malade j’étais toujours conscient – bien trop conscient à mes yeux.
Peur de l’inconnu dans laquelle j’étais plongé malgré moi. Peur de perdre définitivement le contrôle précaire qu’il me restait encore sur ma propre existence.
Peut être.
Je ne savais pas. Je ne savais plus…
Et le temps continuait de filer sans se préoccuper de moi, de ma peine, de l’état déplorable de mon corps et de mon âme torturée. Et dans le brouillard de mon inconscience il y eut un bruit. Pas un simple bruit en réalité mais une voix. Une voix grave qui venait de l’extérieur, qui glissa jusqu’à mon oreille pour s’infiltrer dans mon cerveau embrumé.
La surprise mit plusieurs secondes avant de mettre en branle mon corps dans un sursaut brusque alors que mon cœur le suivit en ratant plusieurs battements avant d’accélérer sa cadence. Je me mordis la lèvre pour faire taire un gémissement en prenant soudain conscience que je n’étais plus seul et que ma dignité s’en retrouvait particulièrement biaisé.
Avec un temps de retard, mon cerveau analysa les mots, le ton alors que dans un effort qui me parut surhumain, j’ouvrais mes paupières pour être accueillit par une brume ténébreuse qui mit plusieurs longues et interminables minutes avant de perdre de son trouble. Dans cet océan de noirceur, je ne vis que deux éclat rougeoyant qui me confirmèrent mes doutes premiers.
Un rire amer et épuisé fut ma seul réponse alors que je refermai les yeux.
Ma tête me faisait mal…Et il avait autre chose. Une douleur nouvelle. Je repoussai au loin ce sentiment que ma nature lupine exacerbait malgré moi. Je voulais encore croire que je m’en moquai. J’avais déjà suffisamment perdu sans en rajouter en plus. Je ne savais pas si je pourrai le supporter…
Il était patient et malgré les minutes de silence qui nous entourèrent – combien de temps ? Deux minutes, quinze, une heure ? ma notion du temps était particulièrement peu fiable en ce moment – il ne fit aucun geste, ne rajouta rien. Il était juste là telle une statue, une ombre qui attendait. J’aurai put faire de même, l’ignorer simplement en essayant de faire semblant. Après tout je n’étais pas à ça près, qu’il me voit dans cet état pitoyable plus longtemps ne changerait pas grand-chose puisqu’il m’avait vu…Mais un regain de fierté ou d’orgueil persistait malgré mon affaiblissement.
C’est au troisième essai que je parvins à dire quelques chose, d’une voix rauque de ne pas avoir parlé et but pendant un temps trop long, murmurant mon épuisement.

« Marre toi…et fiche moi la paix... »

Je n’avais jamais été quelqu’un de particulièrement conciliant et la maladie – la folie ?- n’arrangeait pas les choses.
Qu’il rigole, se moque de ma carcasse pitoyable et qu’il me laisse ! Je me tortillai, serrant les dents en me recroquevillant un peu plus sur moi-même. Que ce sentiment se taise ! Par pitié ! Qu’il s’en aille cet homme et me laisse !
Je préférai la solitude à ça.

« Laisse-moi ...Takeo. »


Par pitié…

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Takeo Kikuta
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MessageSujet: Re: L'Ombre de la Mort   L'Ombre de la Mort Empty2009-12-26, 02:07

Un enfant.
Ce que Takeo observait dans le cœur de ces ombres, c'était un enfant.
Ignorant tout du monde dans lequel celui-ci vivait, il restait prostré et seul dans cette noirceur où il s'était perdu. A bout de force, il avait cessé de pleurer et de crier pour s'engager progressivement dans un irréel couloir dont l'issue ne menait qu'à un bien tragique dénouement.
Oui... Ignorance, perdition, solitude... Mais surtout peur et douleur. Tels étaient les principaux composants de l'être brisé qui gisait à ses pieds.
Plus qu'un enfant, c'était un nouveau-né.
Un nouveau-né laissé à l'abandon, prêt à rendre son dernier soupir.
C'était là l'impression que Takeo était parvenu à démêler parmi les multiples et troubles sentiments qui l'envahissaient lorsqu'il observait Kuro ainsi renfermé sur ses souffrances. Résumer l'actuelle situation du loup avec celle d'un enfant abandonné était certes injuste, mais le parallèle ne pouvait être ignoré. La manière inhabituelle qu'avait Kuro de sursauter à la moindre intrusion de la réalité dans sa "bulle", de respirer aussi difficilement que si on l'étranglait, de se recroqueviller comme pour préserver d'un vent trop violent la dernière braise d'un feu éteint... Tout cela le rapprochait de l'état de faiblesse d'un nourrisson qu'on aurait mit de côté et oublié.
Devant lui Takeo se sentait... Vieux. Vieux et infâme.

Cette réflexion, il eut tout le temps de s'y consacrer. Ses paroles avaient atteint le lycan, cela était sur et certain, mais son état ne lui permettait visiblement pas de répondre tout de suite. Dans le silence pesant du salon obscur, le brusque changement dans la respiration ainsi que dans le rythme cardiaque de Kuro était tout à fait audible pour les alertes oreilles du Raïkage. La surprise n'était pas la seule raison de cette panique incontrôlée: le loup était un être fier et le voir ainsi était pire encore que de le voir nu. Ce que voyait Takeo dépassait de loin la simple "intimité", et ce dernier en était parfaitement conscient. Cependant, même si un léger sentiment de gêne l'habitait, il ne regrettait en rien d'être venu jusqu'à cette caverne urbaine en cette nuit de pleine lune. Sa culpabilité, si elle existait, devait être étouffée le temps qu'il faudrait afin d'offrir à Kuro une image forte à laquelle il pourrait se raccrocher, s'il le voulait.
Là était néanmoins le problème. Le Monstre de Kumo n'était pas du genre à accepter de l'aide.
Sauf que là, Takeo ne comptait de toute manière pas lui laisser le choix.

Veillant à rester impassible et froid comme le marbre, le Raïkage pu observer un semblant de réveil chez son "patient". Un léger trouble apparu au niveau de ses paupières qui s'entrouvrirent assez pour qu'on puisse deviner l'azur sombre des prunelles du lupin, puis un faible toussotement qui, si on l'écoutait attentivement, sonnait comme un rire parvint à se frayer un passage au travers ses lèvres asséchées.
Puis le silence et les ténèbres, de nouveau. Le temps s'écoula rythmé uniquement par la respiration des deux bêtes de la nuit. La patience n'avait jamais été l'une des plus grandes qualités de Takeo, bien au contraire, mais cette nuit était visiblement l'exception qui confirmait la règle. Cette nuit, dans cette pièce renfermée sentant, à juste titre, le fauve, il avait l'impression de pouvoir attendre l'éternité que son compagnon daigne réagir d'une manière plus "vivante". Car Kuro ne pouvait l'ignorer, il le savait. C'était dans sa nature, aussi bien lupine qu'humaine, de réagir à la présence d'un "intrus".
Lorsque cet instant fatidique arriva et que la voix d'outre-tombe se fit entendre, le Vampire fronça les sourcils depuis son refuge dans les ombres. Tout ça pour ça? Tant de temps passé dans le silence pour finalement lui sortir un ordre dénué de sens et de raison? Ridicule. La parole du Kikuta claqua, sèche et grave.

« Rire? Ne te fais pas plus idiot que tu ne l'es. Il n'y a rien de drôle. »

Prétendre le contraire aurait été puéril et irréfléchi. Kuro pensait-il donc que son supérieur était à ce point cruel et insensible? Si c'était le cas, c'était là aussi bien une insulte à son intelligence qu'à l'affection particulière qu'il lui portait. Il était peut-être temps pour le lycan de revenir sur terre et de regarder autour de lui, non?
Si le loup était seul, c'était uniquement parce qu'il le voulait. C'était ce qu'il venait de prouver à l'instant en lui demandant de partir. Il refusait de voir et de croire ceux qui l'entouraient et les repoussait de toutes ses forces, et cela lui faisait horriblement mal. Pourquoi un tel choix alors? Inutile de chercher bien loin, Takeo connaissait cette réponse là. Kuro avait peur, tout simplement. Il avait souffert au contact des "autres", et était, consciemment ou non, arrivé à la conclusion que pour ne plus souffrir il suffisait de survivre en coupant les ponts avec tous ses semblables, tout comme Takeo autrefois. Il existait cependant une autre vérité. Décider de survivre à l'écart du monde, cela signifiait aussi vivre au jour le jour, refuser de conserver les souvenirs récents et les jeter dés que le présent devenait passé. Celui qui faisait ce choix se retrouvait donc seul avec sa mémoire première, celle d'avant son choix, et était condamné à la revivre jour après jour.
Le souvenir du bonheur n'est plus le bonheur. Le souvenir de la douleur c'est toujours la douleur.
Il n'y avait pas de bonheur pour ceux qui décidaient de vivre seul, car ils n'avaient ni présent, ni avenir. Seul leur restait le passé, et les souvenirs qui allaient avec.
Ce destin avait été le sien. Ce destin était aujourd'hui celui de Kuro. Ce destin, il allait le briser pour en construire un nouveau.

« Non. Je ne te laisserai pas tomber aussi facilement, petit louveteau. »

La voix égale mais puissante de Takeo était venue trancher de manière brutale dans le silence qui avait suivit les paroles de Kuro. La réponse avait au moins le mérite, si elle n'était pas délicate, d'être claire et nette. Ce ton impérieux du Ketsuki, celui de l'Alpha, le loup le connaissait bien. Il se refusait à considérer le Raïkage comme tel, mais cette nuit il n'avait pas assez de volonté pour s'y opposer. Il ne se sortirait de toute manière pas de cette phase sans cela.

Autrefois, alors que le Vampire était ombre, le hasard ou le destin avait voulu que son chemin croise celui d'autres qui avaient, volontairement ou non, éclairé son existence. Grâce à cela, il avait pu se relever. Aujourd'hui, lorsqu'il y repensait il se rendait compte qu'il avait eu de la chance. Certains mots et gestes qui l'avaient aidé n'auraient pas convenus à d'autres, il le savait. De la même manière, il ne pouvait se contenter de reproduire son expérience personnelle pour tirer Kuro vers le haut. Cependant, pour trouver les mots juste, il lui fallait connaitre le "Pourquoi" de cette mise en cage intentionnelle.
Si le "Comment" était clair comme de l'eau de roche pour le Raïkage, le "Pourquoi" lui échappait complètement. Il connaissait une partie du passé de Kuro à travers les rapports qu'il avait réunit à son sujet et qu'il était seul à pouvoir consulté, mais de lui il n'avait jamais rien pu tirer. En vérité, il n'avait jamais vraiment essayé de le questionner à ce sujet. Takeo n'avait pas voulu le brusquer et se le mettre encore plus à dos qu'à l'accoutumée. Il avait pensé, peut-être naïvement, que si celui-ci voulait lui parler de son passé il le ferait. Mais entre ce que le loup-garou voulait et ce dont il avait besoin, il y avait un monde...
Les pupilles du Vampire semblèrent luire un instant dans l'obscurité ambiante, puis sa voix grave s'éleva de nouveau avec, cette fois-ci, un note étrange qui d'ordinaire ne figurait pas à son registre. Son ton était... conciliant?

« Il est temps que tu me la racontes tu ne crois pas? Ton histoire... »


Dernière édition par Takeo Kikuta le 2009-12-27, 00:28, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: L'Ombre de la Mort   L'Ombre de la Mort Empty2009-12-26, 18:52

Vulnérable. Impuissant. Faible.
Tant de mot qui reflétait avec exactitude l’état déplorable dans lequel mon corps autant que mon esprit se retrouvaient, aliéné par une douleur intangible, invisible même de moi-même tant elle était diffuse, étrange et inconsciente. Personne ne pouvait voir cette plaie sanglante et suintante qui barrait mon être entier, mon âme bien avant mon corps, mon cœur avant tout le reste. Un monstre qui possède un cœur…Quel aberration…Qu’est ce que j’aurai souhaité qu’il disparaisse, cet horrible organe que l’on disait siège des sentiments…Moi qui avait toujours recherché à n’éprouver que ces émotions déformés par mon esprit, je me retrouvai aujourd’hui bien démuni face à cet assaut inconnu qui me ballottait de toute part. Et la présence de cet être dans mon environnement ne rendait la douleur que plus perfide, l’assaut plus violent et qui brisait avec davantage de puissance mes défenses bien trop faibles, dérisoires…Trop affaiblis par ma vie que je voyais enfin dans son ensemble après tant d’année d’ignorance. Tout ce que j’avais vécu pouvait à présent se suivre dans un ordre parfait, les images vivaces me faisant revivre tous ses instants oubliés par cette amnésie qui avait volé en éclat à cause de cette femme.
Je lui en voulais. Elle qui avait détruit mon mensonge, mon illusion par une des siennes, bien plus puissante et qui avait balayée ce que j’avais construit depuis mon enfance, mon oublie. Cela ne changeait pas tout…Il y avait des vérités plus grinçantes que des mensonges, plus terrifiantes et horribles et qui avaient régit ma vie…

Maintenant, alors que je faisais presque face à la Mort, j’entrevoyais la division de mon être qui avait commencée à sévir plusieurs mois auparavant et qui aujourd’hui sonnait comme un châtiment. Comme si cela avait été un avertissement, un préambule à ce que je vivais actuellement…Prostré tel un animal blessé en proie à ses tourments, guettant la venu de l’ennemi venu l’achever…
Etait il un ennemi ? Allait il m’achever comme le prédateur qu’il était sensé être ?

Je ne voulais pas le savoir mais je ne pouvais l’ignorer pour autant. Je ne pouvais plus maintenant que je savais qu’il était présent, ma conscience même brouillée me faisait parvenir des informations, légères, incomplètes mais qui se suffisaient bien assez. Je n’avais pas besoin de sa présence. Je voulais qu’il parte et me laisse agoniser seul dans mon coin comme je l’avais désiré en venant ici. J’avais besoin d’être seul…Je l’avais toujours été, et la solitude, même si elle pouvait être blessante, l’était bien moins que les autres…Beaucoup moins…Et puis…
Je ne voulais pas…Je ne voulais pas…
Ma gorge se noua. Mes paupières se fermèrent avec plus de force dans l’espoir vain que cette pensée disparaitrait avec ce simple geste, bien dérisoire, totalement inutile. La pensée restait, me brûlait de l’intérieur en envahissant tout mon esprit, blessant ce qui restait encore d’intacte en moi. Je ne savais même plus ce qui me faisait le plus mal…Mais je ne voulais pas qu’il reste…Qu’il me voit comme ça…Qu’il … Trop de choses qui embrouillaient davantage mon esprit totalement envahit par ces pensées diverses et divergentes, éparses et qui me plongeait davantage dans la confusion.

Puis la voix claqua, sèchement, faisant sursauter faiblement mon corps qui se raidit davantage et se recroquevilla un peu plus dans un réflexe inhérent à toutes les créatures faisant face à un danger contre lequel il ne pouvait rien hormis une défense dérisoire de ses organes vitaux. Comme un enfant qui affrontait le courroux parental…Ma gorge sèche restait nouer, incapable de lâcher une parole pour répondre à l’accusation et à laquelle je ne trouvais de toute manière rien à répondre. Alors j’accusai le coup en silence, espérant sans y croire que cela finirait bien par cesser à un moment ou un autre. Et pourtant, une autre de ses émotions improbable s’insinua dans mon corps à la suite des nouvelles paroles de Takeo…Un sentiment détestable que je n’arrivai pourtant pas à repousser, incapable de me battre contre lui dans mon état présent, trop affaiblit pour eriger une défense acceptable.
Je ne voulais pas …! Je ne voulais pas ressentir ça ! C’était tellement douloureux lorsque tout tombait en éclat, alors, je ne voulais pas laisser ce soulagement envahir mon esprit. Je ne le devais pas, si je voulais arrêter d’avoir mal…Mais il ne partirait pas…Et cette réflexion dénoua un peu l’étau de ma gorge. Et dans mon combat intérieur, cette nouvelle division se faisait plus nette que jamais…Le loup et son besoin. L’humain et sa peur. Et des deux maux, je ne savais pas lequel choisir, les deux me semblant aussi inconcevable l’un que l’autre. Je ne pouvais pas ignorer ma peur…Mais je ne pouvais pas non plus fuir ce besoin de plus en plus impérieux.

Mon…histoire ?
Sa voix était douce, moins agressive à mes oreilles qui s’étaient habituée au silence.
Je ne lui devais rien.
Mais il était là. Se penchant malgré tout sur la carcasse vide que j’étais. Alors peut être.
Mais je ne savais pas.
Mon histoire…
Laquelle ? Laquelle pouvait être appelé « Mon Histoire » ?
Mon histoire…C’était tout ça. C’était les deux parties. L’avant et l’après. L’enfance oubliée et celle détruite, les deux se rejoignant lors de cette nuit lugubre dans cette ville l’étant tout autant et dans laquelle j’avais vu disparaitre mon univers. Le fauve et le rouge. L’étincelle noire.

Puis, avant même que je me questionne davantage, ma voix s’éleva, faible, murmurante, épuisée…Blessée.

« Quelle histoire… ? Celle de Kuro, qui commence à ces 8 ans…ou celle de Yutsuki, qui s’éteint au même moment ? »


Ma bouche était pâteuse, parler était une véritable épreuve de force, si bien que le silence s’étira encore, le temps que j’emmagasine assez de force pour y parvenir. Mes yeux s’entrouvrirent, se fixèrent à un point pour me permettre de trouver plus facilement mes mots qu’assaillit par les images de mon passé. Yutsuki…C’était étrange d’entendre de nouveau ce nom oublié, sceller au fin fond de mon esprit par mon amnésie. La consonance était si mélodieuse… si peu à mon image.

« Ça fait mal…de me souvenir de nouveau. Je n’avais jamais……cherché à me souvenir de mon passé…C’est moi…Et… une autre personne en même temps………J’aurai préféré ne pas me souvenir… »
Je fermai les yeux de nouveau. Un murmure. « …leur mort… »
Je frémi devant ce mot puis m’enfermai de nouveau dans mon monde. Mal. Ce mot faisait mal. Le dire pour eux faisait mal. Devant mes paupières closes, les mêmes scènes se rejouaient, encore et encore. Les larmes inondant ses joues alors que l’étincelle noire disparaissait. Cette douleur palpable que je ressentais, que nous ressentions. Et puis cette course. Et puis…Le rouge et le fauve se mélangeant…Le rouge qui grandit. Et le noir.
Je n’étais pas en état de raconter toute mon histoire. Mon regard embrumé rechercha dans la noirceur environnante, les yeux rougeoyant de l’intrus et s'y agrippa.

« Mon histoire…Mort…Trahison…et survie… C’est ça…et un peu plus. »
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MessageSujet: Re: L'Ombre de la Mort   L'Ombre de la Mort Empty2010-01-03, 05:40

C'était comme si le monde extérieur avait cessé d'exister.
Ici, dans cet espace mort, la lumière et les sons avaient été bannis pour ne laisser que les ténèbres et le silence. Le temps lui-même, aussi inaliénable pouvait-il être alors, n'avait plus de prise en ce lieu, car plus aucun être n'avait encore conscience de son fugace passage. Dans cette pièce qui n'existait pas, dans ce néant où rien n'était perceptible, seules leurs esprits leur permettaient encore d'affirmer qu'ils existaient et qu'ils ne s'étaient pas encore évanouis dans les ombres environnantes... Pour le moment du moins.
Car si l'une des deux consciences en présence épousait les ombres sans pour autant se laisser consommer par elle, la seconde s'étiolait petit à petit, comme une fleur à laquelle on arrachait un par un ses précieux pétales jusqu'à ce qu'il ne subsiste plus rien de son ancienne splendeur. Si rien n'était fait, une existence allait, en ce lieu d'infinie noirceur, être engloutie par le voile de douleur dont elle s'était elle-même entourée.
La situation présente aurait encore pu donner naissance à bon nombre de métaphores plus poétiques les unes que les autres, mais aucune n'aurait pourtant pu rendre avec justesse l'intégralité du drame qui se jouait entre ces quatre murs. Elles n'auraient fait qu'éloigner à nos yeux la réalité déjà trop peu visible qui existait pour les deux lueurs qui peuplaient ce vide obscur. Nous en resterons donc là en cette matière.

De nouveau, le corps du lupin fut parcouru de silencieux sanglots. Ce furent en premier lieu les seuls résultats qu'obtinrent les paroles de Takeo sur Kuro. Bien qu'en apparence banals, ces sursauts sonnaient à l'esprit du Vampire comme le cri de désespoir d'un loup mourant. Bien qu'inaudibles à tous, le Vampire avait l'impression d'entendre résonner ces plaintes au plus profond de lui, en écho à ses douleurs passés. Lui-même, il le sentait, pouvait à tout moment perdre pied et être submergé par ses propres douleurs. A tout moment, s'il le voulait, il pouvait se retrouver dans le même état que son compagnon et partager avec lui la torpeur éternelle dans laquelle il cherchait à s'enfoncer. Mais il ne devait pas abandonner. Continuer à lever la tête de sorte à voir le ciel et continuer à marcher droit devant dans l'espoir de voir poindre de nouveau horizons... C'était devenu sa vie, son credo. C'était cette vision du monde qu'il voulait, ne serait-ce qu'en partie, faire partager à Kuro.
Ils en étaient cependant encore bien loin. Le silence perdura, pesant et oppressant, entre les deux protagoniste. Ce furent là autant d'interminables secondes que Takeo aurait voulu pouvoir combler de ses mots, car il lui semblaient que chacune l'éloignait un peu plus de cette âme en perdition qu'il cherchait à atteindre, rapprochant chaque fois un peu plus l'instant où elle disparaitrait. Il ne voulait pas... Pas encore... Pas une nouvelle fois... Il avait déjà par deux fois échoué à sauver les personnes qu'il chérissait le plus au monde, incapable d'entendre leur détresse, incapable de leur tendre la main lorsqu'il aurait dû. Cette fois-ci il était hors de question d'échouer. Il n'en avait plus le droit. Il ne s'autoriserait aucune faiblesse cette fois-ci.

Le son de la gorge enrouée de Kuro s'échappa de nouveau de sa carcasse, parvenant avec difficulté jusqu'aux oreilles de l'ombre qui veillait sur elle. Il lui posa une question qui à la fois ne lui disait rien et signifiait tout.
8 ans... L'âge auquel Kuro avait été trouvé et recueilli par une kunoichi du village de Kumo. Qu'avait-il vécu auparavant? Nul ne l'avait jamais su. On l'avait imaginé, tout au plus. Le peu de recherche qui avait été entamé avait vite été abandonné. Le jeune loup lui-même semblait avoir un dans ses souvenir dans toute la période précédant sa "découverte". Sa question ne pouvait trouver sa réponse dans la bouche du Vampire, car seul le lycan la possédait, mais elle permettait au moins de prendre toute la mesure de la dimension du problème.
Souvenirs amers et perte d'identité.
Un bien mauvais mélange...
Fermant les yeux et poussant un imperceptible soupir, Takeo vida entièrement son esprit du peu de pensées parasites qui y subsistaient encore, et répondit au son ami avec toute la sincérité et la simplicité dont il était capable.

« Tant que tu considères ces histoires comme "tiennes", je veux toutes les entendre. »

Nouveau silence. Nouvelle attente.
Un nouveau son s'éleva dans le recoin sombre du loup. Une voix brisée, emplie de faiblesse mais surtout d'une douleur qui aurait à elle seule faillit fendre l'impassibilité de Takeo. Cette voix brisée aurait parfaitement pu être la sienne, sans nul doute, s'il avait pu autrefois se confier à quelqu'un. Les mots espacés et incomplets de Kuro planèrent un long moment dans le silence de la pièce, offrant à son Vampire de Raïkage le peu d'indications dont il avait besoin pour trouver ce que cherchait si désespérément Kuro.

La "vérité". Un concept bien étrange de l'esprit humain. Malgré tout ce qu'on pouvait en dire, il n'existait aucune vérité universelle. La vérité était quelque chose de relatif que chacun modelait à sa manière. Ainsi la vérité des uns devenait le mensonge des autres, et inversement. Chacun avait sa propre "vérité" qui, à elle seule, suffisait à maintenir entier son propre univers. L'important n'était donc pas d'avoir "la bonne vérité", mais de trouver "sa propre vérité".
L'épreuve à laquelle Kuro était confronté restait dans la même logique. Sa vérité, celle qui constituait son monde, avait volé en éclat pour être remplacée par une nouvelle vérité à laquelle il n'était pas préparée. Trop brillante, trop éblouissante, elle lui avait brulé les rétines et pour s'en protégé il avait finit par s'enfermer dans ce vide plus noir que la plus sombre nuit. Même si cette lumière était son énergie vitale, il s'en était coupé. Même si sans elle il ne pouvait que dépérir, il avait décidé de la perdre de vue. C'était un choix, certes, mais le mauvais. Toute la tâche de Takeo était de le ui faire réaliser... Mais imposer son opinion ne menait jamais à rien, le Raïkage le savait bien. Il devait, lentement mais surement, donner des indices et indiquer la voie à Kuro pour que, étape par étape, son esprit chemine jusqu'à ce qu'il trouve "sa vérité".
Et maintenant... Il avait trouvé son point de départ.

Ouvrant de nouveau ses yeux rubis qui brillaient d'une force et d'une détermination elles-mêmes effrayantes, le Vampire écouta les derniers mots de son ami. A leur suite, il ne laissa qu'une brève pause, brisant ainsi la routine établie jusqu'à présent qui laissait d'immenses silences entre chaque parole des protagonistes.

« Qu'y a-t-il dans ce "un peu plus"? »

Le ton de Takeo s'était empreint d'une étonnante note interrogative, intéressée, comme si il avait hâte d'en connaitre la réponse. Ce n'était pas de la hâte, il se sentait seulement "concerné" aussi aberrant que cela puisse paraitre à Kuro.
Il était sur une sombre route menant à un précipice. Et il n'était pas seul.
Ici était la croisée des chemins. Ici était le début d'une nouvelle route.
Ici était son choix.
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MessageSujet: Re: L'Ombre de la Mort   L'Ombre de la Mort Empty2010-01-06, 23:06

Un peu plus.
Aucun être humain ayant un minimum vécu ne peut résumer sa vie en quelques mots futiles et humains. Même en essayant, en cherchant les mots qui me semblait les plus adéquates, je ne faisais que trancher et amener ce qui me semblait le plus représentatif…Ce qui m’avait le plus marqué durant ces années d’existences dans ce monde. Lorsque je fermai les paupières, ce que je voyais n’était que mort et douleur, l’une entrainant l’autre à sa suite dans une valse funeste dans laquelle j’étais emporté. La mort avait apposée sur ma mémoire son scellée. La trahison avait mit en branle le cercle de douleur et de rage mêlées, l’une finissant par laisser place à l’autre définitivement dans l’espoir qu’ainsi, en la remplaçant, la souffrance n’existerait plus…Le désir impérieux de vivre avait succédé, brillant dans toute mon âme, animant chacun de mes muscles épuisés par cette ardeur rageuse, haineuse. Et puis cette vengeance sur le monde qui m’avait maintenu debout…Tant de temps. Mais à présent, je ne la voyais plus, cette rage de vivre. La lumière que je suivais depuis toujours, le chemin que j’avais tracé dans le sang versé était devenu invisible à mes yeux aveuglés par de nouvelles ténèbres. Je n’étais même pas certain de vouloir la revoir…Embrouillé. Confus. Apeuré. Le monde ne tournait plus, c’était arrêter tout à coup et je peinai à y trouver de nouveau ma place. Tout semblait avoir tant changé tout à coup !
Mon univers, brisé en milles éclats, comme un miroir cassé qui ne reflétait que des chimères, inversant la réalité qui était tout autre.
Mais ce monde illusoire…Ce monde que je m’étais bâtit de mes propres mains, avec mes propres forces…Pourquoi semblait il si lointain aujourd’hui ? Cette question naquit étrangement dans mon esprit aliéné, me concentrant sur cette présence plus aussi dérangeante tout à coup, lui qui faisait le lien entre mon monde brisé et celui bien réel dans lequel il vivait. La distance me semblait si lointaine…Mais j’avais…conscience de celle-ci, du chemin que je devrai parcourir…Peut être…Il y avait tellement de brouillard…
Mais il était là, comme une preuve tangible de cette route que j’avais parcourut tant d’année, avec ou contre lui, le seul repère un tant soit stable dans ma vie…Le seul qui était resté plusieurs années durant sans disparaitre brutalement comme tout les autres…

Mort. Trahison. Survie.
Ses mots que j’avais moi-même prononcé tournaient et retournaient dans mon esprit, devenant des mantras, des incantations étranges que j’essayai de décrypter. Ils étaient venus logiquement à mes lèvres, sans réfléchir. Ils représentaient de nombreux pans s’entrelaçant de mon histoire qui semblait si importante pour cet homme.
Et pourtant…
Mon corps affaissé, courbé, fragilisé par cette maladie de l’âme trembla un instant. Mes doigts se crispèrent raclant le sol froid pour serrer de manière dérisoire mon poing avec mes maigres forces. Mon regard embrumé se fit de nouveau flou comme ma conscience qui vacilla plusieurs minutes, avant que je ne parvienne de nouveau à retrouver le fil de mes pensées troubles. Il n’y avait que cette présence, là, à quelques pas à peine de moi qui me donnait une raison de m’affirmer, de penser et non pas de me laisser engloutir par ce vide de plus en plus attirant. Mais malgré les ombres dans mes yeux essayant de s’accrocher à la réalité de l’espace qui m’entourait, il restait encore un peu de cet éclat turquoise qui me représentait.

« Un peu… plus…. »


C’était quoi, au juste… ?
Je n’avais pas réfléchit à mes paroles, celles-ci aussi étaient sorties seules de ma bouche, avec une logique certaine mais qui m’échappait quelque peu.
Un peu plus que la mort, la trahison et la survie…C’est vrai, il y avait eut la douleur aussi, la vengeance, la haine, la rage…Toutes ces choses qui faisaient parties de ma vie depuis si longtemps et qui constituait une charpente sur laquelle j’avais évolué...Ce qu’il y avait eu en plus…Je serrai les dents en fermant mes paupières. Beaucoup plus de choses, beaucoup d’émotions diverses étaient concentré dans ce simple plus. Tellement de chose, toute une vie…Ma vie.

La question de Takeo était bien plus difficile à répondre que ce que je ne l’aurai jamais cru.

« Je… »


Aucunes autres paroles ne parvinrent à sortir de mes lèvres. Je ne savais pas quoi dire pour tout avouer…Ce n’était pas ‘un peu’…Je ne pouvais pas résumer ma vie aussi simplement ! Une légère pointe d’agacement face à cette absence de réponse me permit de faire taire ma confusion mentale…pour mieux la dévoiler.

« Comment… ? Comment tu veux que je réponde ! C’est…C’est tellement… ! Compliqué… »

A peine un sursaut de voix, de vie déjà vite emporté par un voile sombre. Avec une lenteur mesurée, une de mes mains vint s’emparer dans un geste désespéré à une poignée de cheveux couleur corbeau.
« Beaucoup de chose…Trop… »

Lorsque je fermai les yeux, les visages défilaient distillant dans mon cœur, différentes émotions que je peinai parfois à suivre, chacune d’elle étant mêlé à d’autres dans un tourbillon de sentiments qui me donnaient le tournis. Et me blessaient davantage. Tant d’émotions contradictoires…Tant de rumeurs du passée à jamais envolée, emportées par le temps lui-même transformé en autre chose.
« Je ne veux pas…penser de nouveau à quelque chose de révolu… c’est douloureux…Les souvenirs ne sont plus…heureux. Ils sont juste…passés… »
Les instants de bonheurs fugaces, illusoires…Qui avaient été salis par la trahison que j’avais ressentie. Leurs visages étaient gravés en moi. Celui de celle qui avait faut de moi un monstre…Et celle qui avait accepté cette part en moi…
« Et il n’y a que le vide après… A combler…»

Par la haine que cet abandon représente réellement. Cacher la douleur…La remplacer par autre chose de plus puissant pour faire comme si elle n’existait pas…Alors que la blessure restait…Suintante. Horrible, juste dissimulée par des artifices…
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