Le sang qui coule, s’écoule lentement, langoureusement, suivant les courbes des doigts sur lequel il suinte doucement. Les gouttes carmines tranchent violement avec la peau laiteuse sur laquelle elles se répandent, la blessure dont elles sont issus ayant déjà disparut grâce à une partie de ce don dont il est peu fier mais qu’il trouve malgré tout utile à certain moment. Utile mais dangereux pour son anonymat. Elle lui avait posée une question dessus. Il s’était retrouvé pétrifié face à la capacité d’observation de sa tutrice qui l’avait si facilement remarqué. A ce moment là, il avait maudit son don puis il s’était maudit de ne pas en avoir profité pour lui parler de cet héritage qui coulait dans ses veines et dans son sang. Il s’en était voulut longtemps après, mais n’avait pas réussit à lui en reparler. De nouveau, il s’était sentit lâche. Maintenant elle était partie avec Kuro, son comparse raïu, en dehors du village pour son entrainement et entre ses cours à l’académie de Kumo et l’entrainement auquel il s’astreignait après ceux-ci, il n’avait plus le temps de penser à grand-chose – sa culpabilité entre autre chose.
Sa vie tournait autour de son apprentissage dans le monde ninja, et bien davantage encore à celui du Kuchiyose. Il en avait parlé vaguement avec son professeur à l’académie qui lui avait dit ce qu’il en savait et que le garçon avait déjà lut dans les parchemins que sa tutrice lui avait remit lorsqu’il avait signé le rouleau le liant aux chevaux. Il aurait souhaité voir Tilika pour lui demander davantage d’information voir de l’aide mais il avait finalement renoncé. La fillette ne semblait pas vouloir le revoir et il s’en voudrait de la blesser inutilement. Et puis il devait être plus fort avant cela et pour réussir il devait continuer ses efforts, seul pour le moment.
Alors il avait lut de fond en comble les rouleaux qui dormaient près de lui dans son sac en bandoulière et avait continué ses exercices de contrôle du chakra tout en redoutant de ne pas parvenir à les invoquer lorsque il passerait à la pratique.
La pratique qu’il commençait aujourd’hui, exactement cinq jours après avoir signé le pacte avec son sang. Les cours venaient de se terminer et il s’était dirigé vers ce qu’il avait décidé être son lieu d’entrainement attitré à l’écart du village non loin du chemin qui menait vers la montagne. Ici, l’enfant était coupé des autres mais restait proche de cette nature qu’il appréciait tant et pouvait faire ce qu’il voulait sans être dérangé.
Raï n’avait pas semblé vouloir qu’il parle trop de ses invocations, tout comme Tilika préférait ne pas que son secret ne soit ébruité, et même si il savait que ce n’était pas pour la même raison, Koma avait décidé qu’il ferait de même pour le moment, gardant son apprentissage solitaire pour lui seul.
Il s’était assit à même le sol, dans sa position favorite, en tailleur et les mains jointent dans le signe du tigre pour commencer par ses exercices quotidiens de malaxage du chakra. Il n’était pas peu fier d’avoir déjà une assez bonne maitrise de son flux vital. Sans doute avait-il de bonnes prédispositions naturelles au vu de son clan et de son héritage, son entrainement sur la maitrise de celui-ci avait été un autre coup de pouce non négligeable dans sa capacité à bien ressentir son chakra. Il lui restait encore beaucoup de chose à apprendre là-dessus et il savait qu’en déplacement cette faculté serait amoindrie par la précipitation, mais pour le moment, il n’en avait heureusement pas encore l’utilité.
En effet, pour invoquer il avait besoin de son chakra et de son sang et bouger comme un dératé n’était pas nécessaire.
L’enfant inspira une dernière fois profondément avant de rouvrir les yeux doucement, plissant les paupières le temps que sa rétine ne s’habitue de nouveau à la luminosité du soleil qui avait prit ses droits dans le ciel de cette après midi. La boule d’appréhension qui c’était formée dans sa gorge à son arrivé avait disparut remplacée par un sentiment de calme et une douce détermination qui s’emparait de son corps après son exercice de concentration. Le Kaguya étira ses bras au dessus de sa tête puis changea de position, se mettant sur les genoux d’un mouvement souple pour entamer le début de sa pratique. Il récupéra dans son sac en bandoulière placé à ses cotés, un kunaï qu’il avait emprunté à sa tutrice et se fit une entaille sur son index sans hésitation. La douleur que celle-ci engendra fut minime et rapidement noyée.
Plusieurs gouttes carmines perlèrent puis la blessure se referma d’elle-même comme mut par une volonté propre. Normalement la quantité de sang n’était pas importante pour invoquer, il suffisait juste que le lien soit là, mais l’enfant entailla une nouvelle fois le même doigt, au même endroit en appuyant davantage sur la lame pour que plus de sang ne s’écoule de celle-ci avant que la plaie ne se referme de nouveau.
Il inspira une nouvelle fois.
« C’est partie. »Le sang coula sur ses doigts pâles, s’écoulant en partie sur la terre qui l’absorba sans peine alors que son autre main déposait le kunaï à coté de lui. Il se concentra sur ce petit lien qu’il décelait tout au fond de son esprit en essayant de le rendre plus fort, de ce concentrer davantage sur lui pour trouver un moyen d’utilisé ce que la signature de son pacte avait provoqué en lui.
Il se mordit la lèvre après plusieurs dizaines de minutes d’essais infructueux.
Il s’était douté que ça ne serait pas aussi facile que ça, mais il allait continuer de tâtonner jusqu’à ce qu’il arrive à quelque chose. Il savait que ce lien qu’il ressentait tout au fond de lui apparut lors de la signature était ce qui le liait avec ces créatures.
Un lien du sang.
Mais il ne savait pas réellement comment faire pour l’exploiter comme il le fallait, les parchemins qu’il avait lut restant très superficiel, ne révélant pas avec moult détails la manière de faire.
L’aspirant cessa son effort, prenant une respiration un peu plus forte alors qu’une nouvelle goutte de sang s’écoulait sur le sol et qu’il arrêtait de malaxer inutilement son chakra.
Il observa les gouttes de son sang lécher ses doigts comme si il cherchait dans les perles carmines la réponse à ses questions. Il eut un bref éclair de lucidité avant qu’il ne fouille de sa main non souillé de liquide vitale son petit sac en bandoulière dans lequel il mettait toutes ses notes de cours et les rouleaux qu’il avait emprunté. Après plusieurs seconde à fouiller anarchiquement dedans, il en ressortie triomphalement une simple feuille blanche sur laquelle s’étendait plusieurs caractères minutieusement calligraphié de sa main.
L’enfant prévoyant avait recopié certaine information que le rouleau du pacte acceptait de transmettre à ses invocateurs. Peu d’informations en réalités, l’une d’elle étant une série de nom d’animaux qui correspondait aux mudras des ninja. Au vu de son niveau, se passer de ce genre d’information et d’aide était tout bonnement ridicule. Il n’avait pas les moyens de les négligés aussi il les mémorisa puis après s’être débarrassé du sang sur ses doigts – tant pis, il se recoupera plus tard – il entreprit de les exécuter plusieurs fois.
A l’académie, ils avaient tous apprit à réaliser les mudra un par un, apprendre le nom de leur animaux totems puis à les enchainés plusieurs fois de suite. Certain était beaucoup plus simple à exécuter que d’autre, mais dans l’ensemble il les connaissait tous. Maintenant, il devait apprendre à enchainer ceux là précisément, et il était bien content que la série soit plutôt courte. En l’occurrence, il n’y avait que 5 mudra dans celle ci.
Dragon - cheval – chèvre – rat – cheval
Se souvenir des différents mudra lui prit une poignée de minutes qu’il utilisa pour les répéter en pratique – il était tout de même bien content qu’il y ait deux fois le même signe – puis avec des gestes lents et maladroit, il entreprit de réaliser la série une première fois. Il se trompa deux ou trois fois de suite avant de réussir à l’exécuter au moins correctement et sans erreur apparente. En ce qui concernait maintenant la vitesse de sa série…Elle était ridiculement lente. Mais cela n’était pas encore un vrai problème, le plus important étant qu’il puisse déjà l’enchainé sans erreur.
La rapidité viendrait avec l’habitude, songea t-il en l’exécutant une nouvelle fois, satisfait d’avoir de nouveau réussit.
Il continua cet exercice plusieurs fois de suite pour se sentir à peu près familier avec l’ensemble sans toutefois réussir à accéléré outre mesure son exécution.
Il songea qu’il fallait faire bien plus de chose en même temps que lorsqu’il avait dut apprendre à maitriser son don héréditaire. Le contrôle du chakra, se concentrer sur son lien, utilisé son sang et réaliser la série de mudra qu’il venait d’apprendre, et pourtant, malgré la difficulté de la tâche, l’enfant n’abandonna pas.
Il récapitula ce qu’il devait encore faire en trouvant sa première tentative de plus en plus stupide. Il avait pour le coup oublié pas mal de chose et son échec avait au moins le mérite d’être logique.
« Bon. » commença t il à voix haute en récupérant dans ses mains sa feuille blanche qui résumait les étapes principales qui devait l’aider dans cet apprentissage et qu’il avait précédemment oublié dans les recoins de son sac.
« D’abord donner le sang puis composer les signes…mais comment j’ai put oublier ça ! » se fustigea t-il une nouvelle fois avant de se reprendre et de continuer.
« Puis appliquer sa main sur le sol en appelant l’invocation en question avec le chakra nécessaire à celle-ci. » Et ce lien qu’il ressentait au fond de lui, qu’est ce qu’il en faisait se questionna t’il une nouvelle fois depuis qu’il avait écrit son résumé sommaire.
Il réfléchit de nouveau avant de remettre sa feuille dans son sac d’un geste rendu presque nerveux. Il ferait comme il le pensait, comme son instinct lui soufflait de le faire et celui-ci lui murmurait que ce lien était primordial. Il se releva en prenant préalablement le kunaï de Raï dans sa main. Il l’observa quelques minutes en se souvenant à qui il l’avait emprunté en songeant qu’il devrait lui rendre lorsqu’elle reviendrait. A cet instant il se promit de lui parler de son don et de répondre à toutes les questions qu’elle pourrait lui poser dessus dans la mesure de son propre savoir. Pour tout ce qu’elle avait fait pour lui, c’était le moins qu’il puisse faire…
Sa prise se raffermit sur la lame de métal et c’est sans hésitation que l’enfant trancha nettement sa paume. La douleur bien que fugitive le fit grimacer quelques secondes mais il attendit que le sang s’écoule dans sa main avant d’éloigner l’arme de la plaie. Celle-ci mit plus de temps à disparaitre que les précédentes bien que cela ce compte en poignée de secondes. Il commençait à avoir conscience que cette faculté lui serait primordial si il venait à combattre et que cela pouvait devenir un avantage non négligeable.
L’enfant secoua la tête, déviant son flot de pensée qui le surprenait un peu trop. Au fond de lui, une part de son être était parfaitement consciente qu’il allait être amené à combattre contre d’autre ou au moins à encaisser des coups.
Mais ce n’était pas le bon moment pour y songer aussi il se concentra sur sa véritable tâche, son apprentissage.
Il relâcha la lame qui se planta dans le sol.
Première étape, faire couler le sang, le tribut.
Deuxième étape.
Ses mains formèrent le signe du Dragon, le premier de la série qu’il se devait d’utiliser pour invoquer. Puis lentement ils basculèrent dans le signe du cheval puis de la chèvre, du rat et enfin dans le signe du cheval.
Lors de cette série il malaxait son chakra et lors de cette opération il avait fait appel à sa volonté pour tirer ce lien qu’il ressentait vibrer dans son corps. Peut être était ce son sang.
Troisième étape.
Cela avait duré quelques secondes à peine, le temps qu’il réalise sa série et lorsqu’il finit sur le dernier signe – du cheval, le lien avec les invocations avec qui il avait passé un pacte l’avait fait sourire –, il déposa sa main ensanglantée sur le sol en dirigeant son chakra dans celle-ci.
Quatrième étape.
Quelques arabesques noires serpentaires sur le sol, formant des kanji que le garçon ne comprit pas sous le coup mais qui le rendit particulièrement fier…
Et qui le déstabilisèrent surtout.
Les serpents noirs s’arrêtèrent puis se rétractèrent et disparues finalement sans qu’elle ne s’achève.
Le Kaguya tomba à genoux respirant bruyamment, le souffle coupé, puis anarchique, ses bras tendus l’empêchèrent de s’effondrer sur le sol. Il inspira et expira plusieurs fois pour reprendre une respiration normale. Cela prit plusieurs minutes avant qu’il n’y parvienne et il s’assit finalement à genoux en passant une main sur son front.
Il y avait mit du chakra, mais pas suffisamment, ou tout du moins pas assez longtemps pour que la technique ne fonctionne jusqu’au bout.
Il s’était laissé déconcentrer.
Mais il avait comprit son erreur.
Une erreur idiote qu’il ne laisserait pas le déconcentrer une nouvelle fois. Il avait été à deux doigts d’y parvenir cette fois ci, alors il savait parfaitement qu’il pouvait réussir et que ce n’était qu’une question de concentration et de persévérance. L’échec, loin de l’avoir découragé lui avait donné une détermination plus forte encore.
Il sourit et une fois qu’il se sentit près – une poignée de minutes plus tard – Koma reprit sa technique.
Il entailla une nouvelle fois sa paume, puis après avoir relâché l’arme avait réalisé sa série de mudra en concentrant son chakra dans son bras puis dans sa main et finalement dans son sang en appuyant sur ce lien qu’il ressentait au fond de lui, le noyant dans son chakra aux reflets bleutés puis il posa sa main sur le sol, appelant la créature qui attendait son appel.
« Kuchiyose no jutsu ! »Les arabesques noires s’étalèrent de nouveau sur le sol avec une vigueur renouvelé par le chakra du garçon. Elles s’entremêlèrent comme des serpents, s’exprimant dans leur langage propre puis un nuage de fumé se forma tout à coup, surprenant l’enfant qui atterrit par terre sur les fesses en observant ce qu’il avait créé.
Il ne put s’empêcher de soupirer de déception face à se résultat peu concluant.
Malgré tout, il avait échoué.
Pourtant, il ne voyait pas cette fois ci ce qui avait gêné. Peut être n’avait il pas assez de chakra pour appeler une invocation dans ce monde…Ou alors il n’en avait pas utilisé assez, mais il se sentait pourtant vidé et ne savait pas vraiment où est ce qu’il allait pouvoir récupérer de l’énergie. En tout cas, pas avant ce soir. Il soupira de nouveau. Tout cela remettait ses aspirations à demain, au moins…
Le nuage mettait un peu de temps à se dissiper mais un coup de vent balaya la fumée par à coup successif et entre celui-ci, l’enfant crut apercevoir une silhouette.
Il resta bouche bée face à celle-ci, le souffle coupé.
Au vu de sa position assise, la pouliche qui lui faisait face semblait plus grande que ce qu’elle était en réalité. Sa robe d’une teinte relativement blanche se fonçait au niveau des extrémités de son corps sauf sur son antérieur et son postérieur droit qui portaient deux balzanes et une liste qui s’étalait sur son chanfrein jusqu’à ses naseau. Ses crins semblait être en vie, comme des flammes mais au lieu d’un rouge soutenu celle-ci étaient composé d’un camaïeu de bleu froid mais terriblement beau. L’invocation l’observait, son regard aussi clair et vivant que ses crins le détaillant sans aucune gène, presque curieusement. Elle fit un pas puis un autre, sa crinière flottant au vent comme une bannière glacée puis ce qu’il devina comme un sourire se dessina sur les lèvres du petit cheval. Sa voix était douce et cristalline comme une voix de fillette dissimulée dans le corps d’un animal.
- Spoiler:
« Alors c’est toi notre nouvel invocateur ? » questionna t’elle sans toutefois attendre la moindre réponse du garçon qui sursauta de nouveau malgré lui, provoquant l’hilarité retenu de la pouliche.
« Ne sois pas si surprit voyons ! Et relève toi donc ! Ce n’est pas digne du nouvel invocateur de ma famille ! »Elle rit de nouveau face à la surprise croissante du garçon qui se faisait gentiment disputer par un poney parlant. L’irréalité de la situation semblait l’avoir percuté de plein fouet, mais il finit par se reprendre un peu avant qu’elle ne continu, se relevant au moins du sol.
« Nous avons été si heureux lorsque quelqu’un à de nouveau prit la peine d’apposer son nom dans notre rouleau de pacte ! Même si ton nom nous à surprit et en a abusé certain, ton sang ne nous à pas mentit lui et je suis heureuse de voir aujourd’hui que nous avions raison sur toi ! »Elle rit de nouveau et la joie qui exultait de la pouliche lui fit oublié le fait qu’il avait réussit sa technique. Elle s’arrêta puis recula de deux pas en arrière avant d’incliner son encolure vers le sol, rabattant en arrière son antérieur droit dans une révérence respectueuse qui étonna le garçon.
« Mon nom est Nami no Uma, du clan des chevaux, mais tu peux m’appeler Namima. » Elle se redressa souriante.
« Je suis ravie de te rencontrer, Kaguya Koma. »