La chasse. L’odeur de la mort, celle du gibier feintant les sens du prédateur pour essayer de s’en sortir par ses propres capacités que lui a confiées la Nature aimant mettre ses créatures à un certain pied d’égalité. Elle était bien la seule à ce soucier de l’égalité…Si encore égalité il pouvait y avoir réellement dans ce monde.
Mais pour l’heure, seule la chasse importait. Seules les sensations qui animaient son corps, bandaient ses muscles et exaltaient ses sens avait une quelconque importance, tout le reste était relégué bien loin dans la petite partie de conscience humaine de son esprit à présent remplacée par l’instinct du loup traquant.

Il continua sa course, ses membres le propulsant toujours plus près de la créature qu’il avait ferrée et qu’il comptait bien s’emparer. L’odeur de la panique de l’animal traqué lui montait à la tête comme une drogue, et il se plaisait à jouer avec elle. Pauvre petite chose dont la gorge finirait broyée sous ses crocs d’argents. Il s’en délectait d’avance.
Et c’était pour lui, le moment le plus jouissif de toute la chasse : cet instant où la proie mettait toutes ses dernières forces dans un combat perdu d’avance, mais qui au fond, le savait d’ors et déjà. Lutter pour survivre. Il aimait ôter le dernier espoir, le dernier maillon de la vie, la dernière petite étincelle.

Il sauta agilement le fourré et retrouva sa proie acculée. Les yeux turquoise du loup noir se braquèrent dans ceux affolés de la créature qui lui faisait face. C’était un daim encore jeune au vue de sa ramure, mais rapide et endurant grâce à ce jeune âge...Une belle bête sans nul doute, qui à présent qu’elle se savait finit, continuait malgré tout de lutter contre la mort qu’il représentait, près à charger son traqueur malgré sa respiration saccadé et son poil humide dut à leur périple.

Une lutte qu’il aurait sans doute gagnée sans trop de mal - ce daim n'avait pas les bonnes armes pour se battre d'égale à égale avec un loup si grand - si il n’avait pas abandonné cette proie pour une autre, différente. L’odeur l’attirait plus que celle de l’animal farouche mais qui restait finalement faible, ou peut être était ce quelque chose de plus humain qui l’attirait par là bas ?
Une odeur différente et semblable. Le brûler. Le sang. L’épuisement. Ces odeurs de combats qui ont commencé avant même qu’on ne s’en rendent compte et qui ne termine jamais. La survit d’un être devenu arme.
D’autres odeurs vinrent par la suite lui chatouiller ses narines sensibles, un peu plus lointaines mais non moins reconnu par l’habitude. L'effluve de l’électricité et sa relative présence. Celle du village qui se rapprochait tant et plus au fur et à mesure qu’il courait calmement pour rejoindre l’odeur devenu présence.

L’autre n’était pas très rapide comparé à cette proie qu’il avait laissé s’échapper, et il regretta presque d’avoir changé son carnet de chasse pour venir rejoindre cette odeur qui lui avait semblé meilleur. Oh, il savait pourquoi il appréciait cette essence : parce qu’elle était humaine. Une odeur plus alléchante pour tout ce qu’elle pouvait signifier pour lui.
Il ne faut jamais croire au petit chaperon rouge, à cette petite fille qui sans raison, se fait attaquer par un loup juste parce qu’elle semble faible. C’est une fable racontée par les parents pour faire peur, et le loup est bien souvent un danger plus humain qu’animal. Mais ici, avec ce loup, sans doute était il préférable d’écouter ce que conseillaient les parents inquiets. Les animaux ne sont pas cruels, mais les humains oui, alors, qu’en était il des monstres comme pouvait l’être Kuro ?

Il trottinait pour reprendre tranquillement de sa précédente course, mi guilleret mi agacé par la situation. Elle n’allait pas bien vite cette nouvelle proie. Quand remarquerait-elle qu’une créature au chakra inhabituel (ni vraiment animal, ni totalement humain) la suivait ?

Mais il était toujours drôle de voir à quel point les humains pouvaient s’accrocher à tout, même à quelque chose de ridicule.
Il continua de s’approcher, prenant la peine de se mettre au pas puisque l’humaine c’était visiblement arrêtée. Il sentit la méfiance et un sourire amusé flotta sur son faciès de loup.
La première chose qu’elle put découvrir fut le pelage noir comme l’ébène d’un loup plus grand que ses congénères, les oreilles pointées en avant dans une mimique de curiosité presque innocente. Mais son regard ne démontrait pas cette innocence, ni la méfiance naturel qu’un animal à lorsqu’il croise un humain. Ces yeux là étaient trop clairs pour un loup. Trop bleu, trop brillant, trop intelligent, observateur…Chasseur.

Il l’observa encore, de ce même regard signifiant qu’il n’était pas réellement ce qu’il laissait voir, qu’elle n’avait pas en face d’elle qu’un simple loup noir un peu trop curieux pour sa propre survit. Il se lécha les babines en mettant en avant les crocs qui dépassaient de sa gueule, mais ne fit pas un geste de plus pour attiser la méfiance de la dame.

Un pas, puis un autre, il se retrouva séparé de la kunoichi de quelques mètres à peine. Une distance rapide à parcourir, mais qui préservait une certaine sécurité entre eux qu’il trouva risible. Il inclina sa tête sur le coté, faussement innocent, son regard toujours vriller dans celui améthyste de sa nouvelle proie :

« Ne t’a-t-on pas dit qu’il fallait se méfier du loup, petit chaperon rouge ? »

Il se délecta de ces quelques mots. Me connais-tu, ne me connais-tu point…Petit monstre de Kumo.

« Le sang appelle le sang, il appelle parfois d’autres créatures qu’on ne préférerait pas voir, hein, petite kunoichi traquée ? »

Et le prédateur de contempler sa proie.
La même réaction. Le même reflexe. Après tout, l’humain était un animal comme les autres, alors il était logique que son comportement ne soit pas bien différent de celui des autres créatures de mère nature. Elle s’était redressée, avait essayée de masquer les traces de la fatigue de ses membres et de son esprit bien que cela ne trompa pas ses sens animal. On ne peut duper le flair d’un loup habitué à la traque. Pas plus que les sens d’un chasseur aguerrit.

Et avec son regard mauve le suivant avec attention, déterminé et farouche, elle lui faisait de plus en plus penser à cette proie qu’il avait abandonné et qu’il retrouvait ici sous l’apparence d’une charmante humaine épuisée et acculée. Mais comparée à cette ancienne proie, elle avait l’avantage indéniable d’être humaine. Une proie de premier choix dans son carnet de chasse personnel, une de celle qui lutte avec le plus de fougue et de hargne…Et dont il prenait le plus de plaisir à briser. Et il y avait toujours beaucoup de chose à briser chez un homme.

Fier, la créature qui lui faisait face pouvait l’être. Prudente et méfiante, il ne pouvait guère en douté, comme toute être souhaitant préserver encore un peu sa vie et survivre dans un monde comme le leur. Mais il n’y avait pas vraiment de peur dans son comportement. Est-ce que la traque dont elle avait été la victime lui avait fait oublier cette réaction primaire ?
Non, sans doute que cela était plus du fait qu’elle avait l’habitude. Ou bien qu’elle ne craignait guère un loup aussi étrange puisse t’il être et qu’elle gardait sa peur pour autre chose.
Une idée germa dans l’esprit déraillé de Kuro. Autant mettre un peu de piment à cette nouvelle traque. Une chasse d’un ordre différent mais qui pouvait s’avérer tout aussi attrayant.

L’animal s’ébroua aux paroles de la jeune femme. Ridicule. Elle essayait d’inverser les rôles avec une maladresse qui aurait put le faire rire. Les yeux de glace du loup noir se braquèrent avec force dans ceux mauves de son interlocutrice.

« Un loup à plus d’arme que tu ne sembles le croire, tu sais ? »

Le faciès du loup devient de nouveau amusé, sa voix était plus guillerette et il s’amusa à faire quelques pas en arrière, inclinant la tête sur le coté puis baissant la tête et fléchissant un de ses antérieurs dans une sorte de parodie de révérence, semblable à ces tours que l’on apprenait parfois au chien de cirque et que l’on trouvait adorable lorsqu’un petit caniche le faisait, sans doute l’était ce beaucoup moins lorsque l’animal était aussi étrange que celui là.

Et puis de nouveau, il vrilla son regard dans le sien.

« Après tout, je ne suis pas vraiment un loup comme les autres, n’est ce pas ? Mais tu as sans doute déjà dut le remarquer. »

Nouvelle inclinaison de la tête comme si il interrogeait la kunoichi sur le quotient intellectuel qu’il devait lui donner comme ça, simplement en la regardant, puis haussant les épaules avec un soudain désintéressement digne de son attitude lunatique qu’elle ne connaissait sans doute pas.

« Ton erreur fut peut être simplement de rencontrer pareil…chasseur, comme tu le dis si bien. »

L’animal jeta un œil dans la direction où était le village comme si il ne se préoccupait pas de la possible menace que pouvait avoir fermenté ses mots dans la l’esprit de son interlocutrice.

« Comme c’est dommage… Si près du but et si loin en même temps… »

A la fin de cette phrase, la gueule du loup se retourna de nouveau vers la jeune femme.
Et le loup sourit, dévoilant ses crocs, ses propres armes...
Attaquera ou n'attaquera pas?
Ami ou ennemi?
Loup ou humain?

Il s’amusait. Comme un félin qui jouait avec sa proie après l’avoir attraper, lui faisait miroiter la vie alors qu’il n’y avait que la mort derrière ce jeu de manipulation. Parce qu’après tout, la vie entière était un jeu, et les animaux l’avaient bien comprit, enseignant des arts de mort et de vie en l’utilisant comme outil.
Et les humains n’en étaient pas en reste, pas plus que cette créature lupine qui jouait avec son nouveau joujou attitré.

Il était d’ailleurs drôle de voir à quel point il pouvait se jouer d’elle. Elle était acculé certes, épuisée également et avait peu de chance de s’en sortir si elle décidait d’engager un combat, pas forcément parce qu’il était plus en forme qu’elle, mais parce qu’il avait plus d’un tour dans sa manche. Se battre contre un loup était une chose, se battre contre un être comme lui en était une autre. Parce que lui, il pouvait comprendre son adversaire, l’analyser froidement comme la machine qu’il pouvait devenir, comme le petit monstre qu’il était.

Et a cet instant, il voulait la faire craquer. Créer une brèche dans laquelle il pourrait se glisser pour atteindre celle qu’il avait en face de lui en pleine poitrine. Deviner ce qui pourrait l’abattre simplement. Comprendre le mécanisme de ce nouveau jouet qu’il avait trouvé sur le bord du chemin. Oh, il n’était pas spécialement curieux, ne cherchait pas à savoir des choses sur elle – et il en avait à vrai dire, rien à faire – mais il voulait juste la voir mal. Il voulait juste jouer avec elle, quitte à lui faire mal.
Dans ce monde, peu de jeu ne sont pas dangereux.

Et puis c’était toujours aussi drôle de se jouer des apparences !
Elle le vouvoierait sans doute moins si elle avait sa forme humaine en face d’elle.
De nouveau, le regard turquoise se braqua dans ceux de la femme lui faisant face après ses quelques mots. Comme elle était loin de la vérité lorsqu’elle parlait de lui. Elle ne pouvait pas savoir, et visiblement, sa réputation de petit monstre de Kumo n’était pas parvenue aux oreilles de cette jolie kunoichi. Il n’en était pas forcément vexé, mais peut être un peu quand même. Et bien il avait l’occasion de réparer cette erreur….

Le loup noir fut de nouveau amusé tant par le dénouement de ses pensées que par ce qu’elle venait de dire.

« Mon espèce ? » Une moue amusée étira la gueule du loup feintant une feinte innocence surprise. « Tu sais, on n’en trouve plus beaucoup des monstres comme moi, alors je ne pense pas que tu es un cadre de référence dans lequel j’entrerais ! »

Il ricana un peu avant de reprendre sa propre tactique d’attaque. Il y avait encore plein de chose qu’il pouvait tester pour la mettre à bout, pour la casser un peu comme un simple insecte entre les mains d’un gamin inconscient.

« Le hasard aurait bon dos hein, si c’était le cas ? » Courte pause avant de reprendre de cette même voix guillerette, amusée mais pas forcément amusante pour tout le monde. « Mais en fait, tu ne peut t’en prendre qu’à toi dans cette histoire ! C’est parce que tu es faible et imprudente que j’ai été attiré jusqu’ici ! »

Sur ses bonnes paroles, notre loup noir se lécha les babines avec délectation. Il se savait en avantage et en profitait pleinement. Peut importait les coups qu’il pourrait physiquement lui porter, cela irait vite, et pourrait même aller beaucoup trop vite et il ne serait pas satisfait, ne prendrait aucun plaisir, mais briser quelqu’un de l’intérieur était plus jouissif.
Il inclina la tête à sa dernière demande.

« Mon nom ? » Il ricana de nouveau comme si son interlocutrice avait sortie une bonne blague – ce qui n’était pas loin du compte pour lui.
« La seule chose à laquelle tu penses pour te sauver la mise, c’est de demander son nom à ton bourreau ? »
Il rit encore un peu avant d’entrer dans le jeu. Après tout, si elle voulait gagner un peu de temps, il allait lui faire le plaisir de répondre à cette attente. Jouons, jouons. Espère et brise toi.

« Soit. »
L’animal redressa sa tête, comme la noble et fier créature qu’il était, mais garda cette étincelle d’amusement brillant dans ses iris turquoise.
« Après tout, la politesse veut que les hommes se présente en premier à ce qui parait, même si moi, je me fiche du nom de ma proie. » Continua t-il provoquant.

Le phénomène dura quelques secondes. Un temps relativement court pour une telle métamorphose, car c’était bien cela qui se déroulait devant les yeux mauves de la jeune femme : le loup se transformait en humain. Tout son corps se modelait à une vitesse stupéfiante, ôtant sa peau d'animal au pelage noir pour celle d’un humain à la peau douce et clair dressé sur deux jambes et non quatre.
Habillé de noir et de bordeaux, Katana rougeoyant à la hanche, il était peut être un peu difficile de faire la transition entre le loup noble et ce jeune adolescent à l’air rebelle (et sans contexte, combattant, ninja ou non, l'absence de bandeau frontal n'aidait pas à en savoir plus).
La couleur noir de ses cheveux était de la même teinte que le pelage du loup, les yeux aussi brillant et clair que ceux de l’animal substitué. Chaque détail de son corps pouvait rapeler ses particularité qui avait été celle du loup, sauf peut être la taille du garçon plus petite que la taille moyenne d'un homme (et frôlant sans dépasser les 1 mètres 70 pour ses 19 années qu'il ne faisait pas).
Le loup devenu homme lui fit une parodie de révérence, observant sa réaction avec un amusement non voilé, son sourire beaucoup plus voyant que sur son faciès de loup et qui ornait à présent ses lèvres.

« Par ici, on m’appelle Kuro.» Son sourire s’agrandit. « Alors jouons maintenant ! »

Comme c’était drôle !
De nouveau le jeu prenait une tournure différente pour les protagonistes et Kuro s’en amusait férocement. Il avait toujours aimé tromper ses adversaires, jouer sur les apparence tellement trompeuses dans ce monde qui était le leur. Là où les enfants assassinaient leurs propres parents sur un simple ordre. Le loup cachait l’humain qui cachait le loup, l’un et l’autre n’étant finalement que la seule et l’unique face d’une même pièce.

Nul doute que la petite poupée abimée qui lui faisait face était surprise par ce changement d’interlocuteur. Voila qui changeait les choses, comme elle le disait, et pourtant, il n’y avait pas grand-chose de différent dans sa situation. Elle était toujours la proie d’un traqueur qu’elle ne comprenait pas. Car c’était bien là l’une des plus agaçantes particularités de Kuro, le fait que son esprit soit insaisissable pour un être rationnel comme l’était bien trop souvent les ninja. Ni loup, ni homme, il ne pouvait guère être classé avec simplicité.

Ni Loup. Ni Homme. Juste Monstre.

Son interlocutrice reprit malgré tout rapidement la situation en main, effaça sa surprise dans l’espoir de trouver une parade pour sa survit.
Son sourire à lui ne quitta pas ses lèvres. Elle se battait, luttait à sa manière contre l’aléa du destin qu’il était et cela l’amusait grandement. C’était ça qu’il voulait. Qu’elle lutte avec toutes ses armes, humaines ou non, la voir s’escrimer à rester encore un peu en vie et savoir jusqu’où elle serait capable d’aller avant de couper là où il le souhaitait lui.
Etre maître de la vie ou de la mort d’une personne était délectable.

« Moi je ne trouve pas que ça change grand-chose à ta situation de savoir mon nom. A moins que cela te rassure ? »

Il ricana de nouveau à ses paroles suivant son observation. Son rire se calma rapidement et il détailla le regard de la jeune femme, plissant les yeux avec son sourire au coin des lèvres.

« Tu ne peux pas savoir à quel point ça m’amuse. »

Si elle avait essayée de lui donner du remord ou d’abattre sa fierté, c’était peine perdu. Ce n’était pas comme cela qu’elle allait s’en sortir, avec une tactique aussi puérile. Et puis Kuro n’était pas le genre à s’embarrasser de certaine particularité humaine. Il était, certes, un être particulièrement fier – de ce qu’il était, ce qu’il avait fait – mais il en fallait bien plus pour blesser son orgueil.
Et lorsqu’il jouait, son plaisir primait sur le reste.

Elle fit un geste qui attira son attention mais qu’il fit semblant de ne pas voir, puis fit semblant de bien réfléchir à ses dernières paroles, croisant un bras sur son torse et prenant son menton dans sa main dans une parfaite mimique d’intense réflexion.

« Hum… »

Il laissa son interlocutrice en suspend pendant quelques minutes encore puis finalement se tourna de nouveau vers elle.

« Je ne sais pas…ça ne me semble pas aussi drôle. »

Il abandonna sa gestuelle de mauvais acteur pour prendre le katana qu’il portait à la hanche sans pour autant le sortir de son fourreau, attrapant celui-ci à deux mains en le tendant devant lui. L’étui de l’arme était rouge foncé presque noir, la garde en forme de croix arborait la couleur de l’or ternit par des reflets rougeoyants alors que son pommeau était plus rouge que le reste.
Sa Némésis.
Il la reprit à une main puis de l’autre fit légèrement coulisser la lame hors de son carcan d’ivoire présentant a peine quelques centimètres de celle-ci à la jeune femme. Une lame non pas d’argent comme on aurait put le croire, mais d’une teinte foncé tranchante. Un rayon de soleil fit briller la lame de reflets dansants comme le feu.
Rouge comme le sang.

Si jusque là, son ton avait été claire et presque enfantin, pour la première fois, sa voix devenait dangereuse, sinueuse et grave audible par tous et pourtant ne semblant être qu’un murmure que l’on à peur d’entendre.

« Et pourquoi veux tu vivres autant ? Qu’est ce qui te rattache à cette misérable petite vie de pantin de chaire ? Que tu meurs maintenant ou dans deux jours, il n’y a pas de différence…De toute manière, tu n’es qu’une arme, qu’une chose entre les mains de son maître et qui doit mourir pour lui et faire selon son bon vouloir. N’est ce pas la vie que tu as choisit, kunoichi ? Celle de mourir pour un autre d'un moment à l'autre?»

La voix d’un Monstre.
L’amusement malsain d’une créature déformée, ni humaine, ni lupine, mais cruel comme l’éclat de ses yeux trop brillant, trop claire.

Le jeu changeait, se transformait, petit à petit et soudainement, en douceur mais avec violence.
Sans doute était ce là, le propre reflet de cet être unique et mélangé à l’esprit si ambigu. L’amusement clair qui avait été la part du loup devenait plus sinueux et appelait plus le danger qui habitait l’humain.
L’homme et le loup.
Un être unique, réunit, différent.

Les règles du jeu avaient changées. Brusquement, aussi soudainement que le ton du jeune homme c’était fait grave et que le clair avait laissé place à cette lourde tension. A ce sérieux plus tranchant. L’amusement était toujours là mais contrairement à avant, alors qu’il avait été clair et presque enfantin, devenait soudainement grave et sérieux.
Si le danger avait toujours été là, à présent, le mesurer était plus simple.
L’ambigüité n’avait plus sa place. Et ce qui dégageait de cet être autrefois loup était malsain, et l’on pouvait aisément deviner derrière la silhouette menue du jeune homme la bête tapit prête à fondre sur sa proie.
Sans état d’âme. Sans remord.
S’attaquer à un être faible sans raison était le penchant des êtres comme lui. Il n’y avait pas de but mise à part le divertissement que cela lui procurerait.

Parce qu’il est bien connu qu’un monstre n’a d’intérêt que pour sa propre existence. Celle des autres éphémères n’est qu’amusement.

Et l’être au regard tranchant de s’esclaffer des nouvelles paroles de son interlocutrice. Evidement qu’il ne connaissait pas sa vie, d’ailleurs, celle-ci ne l’intéressait pas du tout. Il n’avait d’intérêt que dans sa propre existence, c’est comme cela qu’il marchait depuis toujours. La vie des autres était négligeable et ne lui importait pas. C’était ce qu’on apprenait aux petites armes qu’il était devenu il y a de cela longtemps. S’inquiéter des autres…Remettre sa vie entre les mains d’un autre…Tout cela était aberrant. Une connerie pour les faibles.

Il cessa de rire, rengaina d’une main experte son katana sans pour autant le remettre à sa hanche. Il n’en avait pas terminé avec elle. Oh que non, cela serait sans doute bien trop facile.

« Un jugement ? » Son sourire déformé étira de nouveau ses lèvres (si tant soit peu qu’il l’ait quitté un instant). « Ce n’est pas un jugement mais un fait avéré. Tu devrais le savoir non, tu es une Kunoichi après tout. Pourquoi la vérité te blesse t’elle tant que ça ? »
Il inclina sa tête sur le coté, et son sourire redevint simplement amusé, perdant un peu de cette dangerosité qui le caractérisait depuis plusieurs minutes.
« Tu resteras un pantin tant que tu seras une kunoichi et tant que tu seras en vie, tu seras une kunoichi…C’est le cercle parfait, du parfait imbécile. » Il ricana un peu avant de reprendre d’un ton égal.
« Tu n’as pas le contrôle de ta vie, tu es et seras jusqu’à la fin un pantin de chaire, une arme pour une personne plus puissante que toi mais qui refuse de se salir les mains. Ce qu’il reste aux shinobi…C’est simplement leur mort. C’est encore la seule chose qu’ils peuvent un tant soit peut contrôler… »

Il inclina sa tête sur le coté, revenant à cette attitude qui lui semblait un peu plus normal, ou tout du moins était elle plus appréciable que l’autre – celle où il semblait plus monstre qu’autre chose.
Son regard se posa sur elle. La fière et noble proie qui abandonnait la partie et lâchait devant lui quelque chose qu’il ne connaissait pas. Il observa l’objet inconnu avec perplexité. Elle l’observa – ils s’observèrent. Le jeune homme fit la moue après ses paroles.
Il aurait put s’en amuser. La situation le restait malgré tout : la kunoichi fière qui abandonnait la partie. Mais c’était trop rapide. Trop voulut. Kuro n’aimait pas lorsqu’on abandonnait son jeu. Bien sur, c’était une façon habile de le manipuler. Oter à l’enfant la bêtise pour obtenir la récompense et celui-ci sera déçu, c’était un peu la même chose pour lui.

Cependant…

« Bien ! »

Il récupéra dans sa main gauche son arme qu’il retira entièrement de son fourreau d’un geste habitué. La lame tinta faiblement comme répondant à l’écho de son manieur. Le jeune homme sourit au doux chant du sabre en s’approchant de sa proie. Il pointa sa lame sur la gorge offerte de la jeune femme, arma son geste puis…arrêta la lame lorsque celle-ci toucha la peau halé tranchant une mèche de cheveux et entaillant superficiellement la peau.
Une simple petite blessure qui disparaitrait rapidement.

« Tu as sans doute raison…Ce n’est pas si drôle que ça. »

Et pourtant, il souriait. Que pouvait il trouver d’amusant dans cette situation ? L’humiliation ? Le fait qu’il aurait put le faire ? Le pouvoir, la crainte, la haine, la colère ?
Qui sait… ? Peut être tout à la fois…

Il recula d’un pas avant de se souvenir de quelque chose. Le sabre fendit l’air une seconde fois, mais cette fois ci, la cible n’était pas de chaire ou de sang, mais cette petite chose qui l’avait laissé perplexe mais dont il se méfiait par pur instinct (pourquoi relacherait elle un truc comme ça pour rien ? pourquoi gardait elle un truc semblant si inutile ? Pourquoi l’odeur s’en dégageant ne lui inspirait aucune confiance ?...Tant de question). La petite chose de bois se rompit et il s’en désintéressa totalement dès lors.

« Là, c’est mieux. »

D’un geste sec, il rangea son arme dans son fourreau puis le remit à sa hanche. Sans attendre la moindre réponse de la part de la kunoichi, le jeune homme se transforma de nouveau mais dans le sens inverse, passant de l’homme au loup noir en quelques instants. Il l’observa une dernière fois de son faciès lupin amusé.

« La prochaine fois sera plus divertissante. »

L’animal ricana, fit un bond sur le coté puis s’éloigna en lançant un dernier mot pour la route :

« A bientôt petite poupée de chaire. »

Avant de disparaître dans les fourrés les plus proches.
Parce qu’un loup n’abandonnait jamais réellement sa proie une fois marquée.

Le moyen de réussir n’était pas important, seul le résultat était important, c’était ce que lui avait apprit son maître durant ses longues séances d’entrainements ainsi que pendant ses missions plus compliquées les unes que les autres.
Elle avait joué tous ses atouts durant cette joute verbale, elle n’avait pas eu vraiment le choix car sa condition physique ne lui avait rien permit de faire, autant pour attaquer son nouvel adversaire que pour se défendre à ses possibles attaques. Sa semaines de courses poursuites l’avait totalement épuisé, la poussant jusqu’à son extrême limite, son chakra se faisait rare dans son corps et en malaxer lui brulerait ses dernières forces, surement en mourrait elle mais elle ne désirait pas mourir aussi bêtement.

Oui elle était une ninja et en temps que telle elle avait été entrainé pour accomplir des missions pour le compte de son village, c’était son choix, elle l’avait décidé lorsqu’elle avait été encore toute jeune, mais la vie l’avait mené sur une autre voie, beaucoup plus sombre, beaucoup plus dangereuse, mais à présent elle était revenue sur le chemin qu’elle avait tenté de suivre durant sa jeunesse et elle ne désirait pas mourir aussi bêtement face à cette créature qu’elle ne connaissait pas et qui surtout s’amusait à la juger alors qu’il ne connaissait rien sur le passé de la jeune femme. Cela la faisait bouillonner intérieurement, elle lui aurait volontiers décoché un coup de poing en pleine figure si elle avait été en état de se battre mais malheureusement elle en était incapable.

Elle s’était donc résignait à affronter cet adversaire qui s’amusait de cette situation de supériorité, elle avait jeté les armes, remarquant que son souffleur avait attiré quelques secondes l’attention du jeune homme. Son arme était plutôt étrange, personne à sa connaissance n’utilisait ces sortes de techniques qu’elle seule avait l’habitude d’utiliser, alors il était normale que Kuro soit au moins une seconde intéressé par l’objet. Anthalya s’était assise au sol, prête à recevoir le coup finale, elle jouait à présent le tout pour le tout, elle savait qu’en se rendant sans résistance cela n’amuserait pas Kuro qui s’amusait de la situation précédente. Les yeux fermées elle attendait la possible sentence qui allait arriver d’un moment à un autre.

Mais elle n’arriva jamais, elle ne sentit que trop légèrement la morsure de l’acier, elle rouvrit les yeux pour constater qu’une mèche de ses cheveux tombaient sur le sol, la peau de son cou étant légèrement entaillé, elle sentit son sang s’échapper, coulant lentement, la blessure était superficielle, il n’avait donc pas achevé sa proie… Il avoua même que cela n’était pas aussi drôle de cette façon, Anthalya venait de se sauver la vie et s’ayant offerte à son agresseur, en lui offrant la possibilité de la tuer sans le moindre effort. Elle avait vue juste, ce n’était plus aussi amusant si elle ne se battait pas pour survivre. Mais elle ne dit rien, plantant son regard dans celui de ce Kuro qui découpa son souffleur avant de ranger son katana.

Une fois de plus il se transforma, passant de l’homme à la bête, son regard toujours aussi bleu, la transformation toujours aussi étrange, il semblait enclin à la laisser partir de ces lieux vivant et ce fut effectivement le cas car il la mis en garde, comme elle l’espérait il y aurait une prochaine fois oui, et ce serait effectivement bien plus amusant. Il ricana et s’en alla, disparaissant dans la forêt, laissant la jeune femme seule qui ne tarda pas à se relever et à récupérer son kunai ainsi que son souffleur coupé en deux, elle devrait s’en refaire un… Elle scruta une dernière fois la forêt, pour voir si la créature l’épiait encore de ses yeux bleus.

« Oui… La prochaine fois sera plus intéressante… »

Elle quitta la lisière de la forêt et se rendit tant bien que mal jusqu’au village ou elle rentra directement chez elle pour penser ses blessures et se reposer, elle allait devoir s’entrainer encore longtemps…