La grandeur se mesure t-elle à l'aune de la folie ?

Les grands hommes sont ils tous mégalomanes ?

Des questions qui peuvent traverser l'esprit de Doreika toutes les fois où elle franchit la porte monumentale séparant Oto de l'antre de son chef. Une séparation entre le créateur et son domaine qu'il contrôle tant bien que mal afin de satisfaire ce pourquoi il est sur terre. Doreika, elle, ne sait pas pourquoi elle est sur terre, elle ne sait même pas pourquoi elle est attirée par cet endroit comme par l'homme que ce lieu symbolise. Doreika avance lentement le long de ce couloir éclairé par des torches bien familières, des lumières qui jaillissent d'une gueule de serpent en bronze. L'étrangeté de ces lieux n'a d'égal que le luxe parsemé ici et là au fil des regards, au fil des frissons, le glauque et l'opulence se marient bien quelquefois.

Echo, sons presque inaudibles, murmures mystérieux....

Les bruits de pas se font entendre alors que Doreika fait voir sa silhouette devant la salle principale de l'antre de son maître. L'arrivée de cette jeune fille au regard inhumain est accueilli par un vide, un rien qui peut devenir inquiétant mais Doreika a l'habitude de patienter longuement dans cet endroit pour attendre le serpent.

*j'espère que les drogues d'Oneika vont plaire à Orochimaru -Sama...*

Doreika fit quelques pas vers le centre de cette pièce circulaire dominée par un trône, une relique ostentatoire de plus, un signe de grandeur assurément, un amour de l'art peut être, Doreika n'en a aucunes idées.

Ce qui va suivre peut être gênant, étrange ou même douteux mais les faits sont là, Doreika s'agenouille et baisse la tête devant le trône central. Une sorte de proskynèse des temps anciens, une soumissions pour certains, une nécessité inexplicable pour Doreika.

La jeune fille fragile attend patiemment son maître dans une position qui en dit long. Un culte du chef assimilé par ses membres ? une adoration inconsidérée ?

*Encore et toujours ce poids...Orochimaru-Sama...rien en moi ne peut lutter contre cette soumission, mais est -ce -que je lutte vraiment ?...*

Une pensée qui peut paraître anodine mais cela résume pourtant assez bien l'état d'esprit actuel de Doreika, cette jeune fille fragile qui n'a pas encore réellement pris conscience de ses capacités, son devenir, son passé qu'elle n'arrive pas à faire rejaillir à la surface. Elle reste là, agenouillée,enchaînée à un destin trompeur, celui d'un serpent, le tout sera de savoir si le fruit a croquer en vaut la peine.

Spoiler:

Le reliquaire du lieu préexistait à toute autre considération. On ne pouvait que voir le luxe mêlé à un sens de la luxure artistique sans limite. Orochimaru, génie en un sens, était un amateur de tout ce qui se manifestait comme constituante de la pensée humaine. Comme une boulimie conceptuelle, il ne savait se rassasier de ce qui faisait le savoir humain. Ce genre bien trop traversé par des insanités, par des bêtises plus grandes que les édifices bâtis par les premiers grands hommes. Dans la pièce traversée par un silence empli de froideur, la jeune femme s'avanca, et dans un mouvement presque naturel, parfaitement opportun avec le lieu, s'agenouilla.

Orochimaru ne semblait vivre que de cela. Ce rapport de dominant sur dominé, de domptage outrancier. Anko avait été unes des premières à subir cette grandeur d'esprit : il faut être un grand homme pour se rendre compte de la petitesse de certains autres. Enfin, c'était du moins une considérations qui lui était propre. Il se complaisait dans la manifestation de sa vision du monde. Et cette vision, on devait la partager.
Les ninjas et leurs secrets, toute cette danse incessante d'arcanes, c'était en cela qu'Orochimaru tirait sa jouissance. Etait-ce pour cela qu'on pouvait le qualifier d'abjecte, de cruel, d'immoral ? Peu importe, les qualifications n'étant que la résultante de subjectivités sans interêt.

Doreika était là, face à lui. Elle qui déjà semblait si précieuse. Un élément, un rouage, aussi infime, à une valeur évidente dans une Horloge. Jeune Kunoichi, elle était entourée du voile d'un mystère infini. Elle même n'avait qu'une vision obscure de ce qui la qualifiais elle même, ce passé, inexistant et sans la moindre matière. Pourtant, sans avoir de passé effectif, elle jouait déjà un rôle dans l'organisation d'Oto. Un ninja exemplaire, dira t'on.

Orochimaru, amateur de déclaration précises, se livra à l'expression de quelques mots toujours emplis de valeur :

"Doreika... Si tu es là, c'est que la livraison s'est bien passé... Grâce à toi, et aux autres ninjas de ta trempe, nous pouvons financer des activités essentielles à la survie de notre village... Sache que je resterais reconnaissant pour cet acte valeureux et constant que tu dois fournir.

Retournons à l'essentiel. Je te veux pour une mission assez importante, et une seconde, moindre."

Orochimaru se leva lentement, dans un geste toujours investi d'une dramaturgie évidente, une théatralité navrante mais efficiente. Il prit un rouleau, et, après ouverture, le jetta comme un os pour qu'il s'ouvre face à la Kunoichii.

"Releve toi, prend ce rouleau, et lis le..."

Sur le rouleau, la Kunoichi pouvait lire :

Citation :

Mission de rang B - Un commerce lucratif...
Type: Mission Spéciale - Infiltration et Trafic.
Lieu: Antre d'Orochimaru (pour Briefing)
Description: Votre mission : Infiltrer le village de Suna pour pourvoir le restaurant « Aux Sables chauds » en opium d'Oto. Comme beaucoup de restaurants shinobis, celui de Suna alimente un trafic de drogue constant et Oto possède quelques hommes infiltrés la bas. Vous devrez passer les portes de Suna sans déclencher de combats ou de conflits nuisibles pour Oto, trouver le restaurant et fournir les drogues aux indicateurs.
Composition de l'équipe: Doreika seulement.
Spécial: Suicide si échec de la mission

Kabuto, qui semblait naitre des ombres, adressa un bref regard à la Kunoichi avant de murmurer quelques mots à l'Otokage. Toujours des secrets, tel était le monde des Shinobis.
Le bras droit d'Orochimaru s'avanca vers la Kunoichi, affichant un sourire sur son visage. Il prit la parole, comme si les mots coûtaient cher au serpent blanc de Konoha.

"Cette mission est assez risquée, surtout pour un ninja débutant comme toi. Avant qu'elle commence, nous voulons te donner une autre mission d'ordre moindre, sous la forme d'une mission de Rang D. En effet, si tu venais à mourir lors de la mission de Rang B, la "Pillule de Mort" que tu auras pour ton suicide détruira ton corps de l'interieur de façon à ne rien laisser. Pour mes recherches, j'aurais besoin d'une certaine quantité de ton sang. Tu pourras donc partir en mission uniquement après avoir récupéré de cette premiere mission d'ordre moindre mais éprouvante.

J'espère que tu me comprends..."

Comme satisfait, il se retourna vers Orochimaru qui lui fit signe de disposer. Kabuto disparu dans l'ombre, Orochimaru reprit :

"Cet homme m'est précieux, mais je préfère n'avoir que toi face à moi en cet instant : ton passé reste un mystère, et je suis disposé à t'aider à en apprendre plus sur celui-ci. Mais te parler du passé risque de créer des conflits entre ton esprit endommagé et les informations que je pourrai potentiellement te donner. Dans ce sens, je te les livrerais petit à petit, après tes missions."

Son regard s'éleva, tandis qu'il prononca lentement :

"Es tu prête pour la première partie de ta mission ?"

Orochimaru s'adressait à elle comme un partiarche lointain mais chaleureux, forcant le respect plutôt que la crainte d'un dictateur cruel et froid. Il fallait qu'il apprenne à gérer son image de façon à créer une dynamique qui ne le mettrais pas en échec s'il venait à perdre à nouveau la maitrise de ses jutsus, à l'image de sa lutte contre Sandaime.

Doreika faisiat désormais face à ce qui s'annoncait comme sa première vraie mission depuis le temps passé à jouer les cobayes souffrant. Esperons que ses facultés de combat soient assez affûtées pour lui permettre de survivre...

Un sourire presque radieux pour un corps meurtri par le temps, aux souvenirs voilés comme une vitre pleine d'une buée tenace qui ne s'efface que du dehors. Pourquoi cette femme souriait ici ? Sourit on lorsqu'on est entouré par les ombres et par ce qui semble être l'incarnation du mal ? Une tendance sombre ou une candeur délicieuse, le serpent se nourrissait de cette vie, qui n'était, finalement, qu'une série de chiffres, de codes, de renseignements précieux. Un renseignement qui pourtant pourrait valoir de l'or, ou n'être que l'inutile composante d'une enveloppe charnelle sans le moindre interêt. C'est selon.

Orochimaru s'approcha de la Kunoichi désormais levée, position de prestance, position de force latente. Orochimaru n'aimait voir les gens debout. En effet, c'est debout qu'on se meut le mieux, c'est debout qu'on livre les plus beaux combats : c'est debout qu'on vit. A genoux, on s'atermoie, et survit. Mince, la kunoichi prenait de la confiance. Peu importe, dans tous les cas, ses mots suivants vinrent redonner du sens à la dominance d'Orochimaru, comme un ventrue sur une goule domptée.

Posant sa main sur l'épaule de Doreika, il lui sussura ces mots :

"J'ouvre la route. Réglons les choses assez vite pour te faire récupérer rapidement, et te remettre en route."

Aura t-elle put comprendre tous les mots que la langue d'Orochimaru laissait voguer au vent ? Peu importe, Orochimaru avait déjà commencé à marcher vers la porte, puis à en franchir le seuil.